L`alimentation du patient

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Les cancers cervico-faciaux
L’alimentation du patient : hôpital et domicile
Le 2 octobre 2014
Mme Demarcin, Infirmière Nutrition CHU Charleroi
Mme Drumel, Diététicienne Plan Cancer, CHU Charleroi
Mme Février, Infirmière Soins à domicile – CPAS Charleroi
Plan de l’exposé
A l’hôpital
 Dénutrition ?
 Evaluation du plan nutritionnel et suivi
 L’arbre décisionnel
 Support nutritionnel entéral : sondes – solutions polymériques
 Schéma de mise en route de l’alimentation entérale
 Suivi du patient et problèmes potentiels
 Organigramme de sortie patient
A domicile
 Freins rencontrés
 Leviers
Introduction
Dénutrition
40 % patients cancéreux hospitalisés
25 % patients cancéreux ambulatoires
Carences nutritionnelles chez 25 à 50% patients porteurs d’un carcinome ORL
Ces lésions nécessitent un traitement multidisciplinaire agressif
aggrave les difficultés d’alimentation
recours à une alimentation entérale précoce pour la majorité
Indispensable d’associer le support nutritionnel à la prise en charge oncologique dès la 1ère visite.
Nutrition - malnutrition – dénutrition
De quoi parle-t-on ?
Nutrition
= ensemble des processus par lesquels un être vivant absorbe, métabolise, élimine les nutriments
pour assurer : fonctionnement – T° constante – énergie.
Malnutrition
= état nutritionnel pathologique par insuffisance ou excès d’un ou plusieurs nutriments
déséquilibre dans les apports.
Dénutrition
résulte d’un déséquilibre entre apports nutritionnels et besoins de organisme
Causes : - apports alimentaires (ingesta) inappropriés ou insuffisants
- besoins métaboliques (maladies chroniques, aigües, stress)
- pertes énergétiques (pathologie TD)
Conséquences +++
Dénutrition
Critères diagnostics fréquemment utilisés :
• perte de poids : importance et vitesse variation
• IMC
• marqueurs biologiques : albumine – préalbumine (+ protéines sériques, CRP)
• score dévaluation du risque nutritionnel : NRS 2002
Exemple :
Dénutrition sévère pour adulte < 70 ans :
perte de poids
IMC
importance et rapidité
18,5 – 25 kg/m²
> 5 % en 1 mois
> 15% en 3 mois
< 18 kg/m²
marqueurs biologiques
album 35 – 48 g/L
préalb 18 – 38 mg/dl
album < 20 g/L
préalb < 15 mg/dl
Le suivi nutritionnel
Durant l’hospitalisation ou en ambulatoire,
le diététicien nutritionniste
calcule les besoins nutritionnels
évalue les apports énergétiques et protidiques
adapte les apports alimentaires
Poids actuel (kg) / (Taille (m))²
=
IMC (kg/m²)
Les besoins journaliers
IMC < 25 kg/m²
en énergie (kcal) = poids actuel (kg) x 30 à 35 (kcal/kg)
en protéines(g) = 1, 2 à 1,5 (g) x poids actuel (kg)
IMC ≥25 kg/m²
en énergie (kcal) = poids idéal (kg) x 30 à 35 (kcal/kg)
en protéines (g) = 1,2 à 1,5 (g) x poids idéal (kg)
L’arbre décisionnel
…..
…..
Le support nutritionnel → entéral
Le support nutritionnel peut être administré par voie entérale ou parentérale.
■ N. entérale = administration directe de nutriments dans le tube digestif.
■ N. parentérale = solution macronutriments et micronutriments injectés par voie veineuse.
Rare en oncologie ORL
Base = si TD fonctionnel
Raisons +++
toujours privilégier la voie entérale
Sonde gastrostomie percutanée (GEP) :
> pour stabiliser ou améliorer score nutritionnel
> attitude de prévention
→ vu localisation de tumeur en ORL
→ car traitement par radio – chimiothérapie
→ car dysphagie, troubles déglutition
→ pour faciliter rééducation alimentation orale en post-op
Avant le placement de sonde, contact du patient
avec :
▪ l’infirmière coordinatrice d’oncologie
▪ la diététicienne
▪ l’infirmière nutrition
▪ la psychologue
▪ la logopède
▪ l’assistante sociale
→ inquiétude – stress – questions – avenir – aspect financier – difficultés sociales
→ difficultés acceptation – compliance – incompliance
Techniques de placement de GEP :
Pour oncologie ORL:
 méthode « Push » endoscopique en salle d’examen de gastro-entérologie
 méthode « Push » endoscopique lors de la chirurgie ORL (salle d’op)
 méthode chirurgicale (rare, méthode de secours)
Sondes type Fréka Pexact (ballonnet) :enlèvement fils après 15 jours, sonde remplacée par :
Sondes type Gastrotube (ballonnet) : remplacée tous les 3 à 4 mois.
Techniques de placement de GEP :
Pratique d’une gastropexie
Les solutions nutritives polymériques
Une solution nutritive assure l’apport en fibres alimentaires,
sauf contre indications médicales.
Pack
500 ml
Solutions nutritives
Pack
1L
Pack
>1L
ISOCALORIQUE
1 kcal/ml



HYPERCALORIQUE
≥ 1,5 kcal/ml



HYPERCALORIQUE
et
HYPERPROTEINEE
≥ 1,5 kcal/ml
20% protéines



Mise en route de l’alimentation entérale
Schéma de base mais suivant prescription médicale.
Solution nutrition
Jour 0
___
Jour +1
H2O
___
500 ml en 4 h
prescrip. médicale
Perfusions IV
Surveillance
2000 ml
paramètres- état conscienceintégrité du pansement – D+?
1500 ml
réfection pansement
contrôle position sonde – plaie
ballonnement? - N+?- V+?
1000 ml
réfection pansement
contrôle position sonde – plaie
ballonnement? - N+?- V+?
500 ml
réfection pansement
contrôle position sonde – plaie
ballonnement? - N+?- V+?
selon tolérance patient,
en accord avec médecin :
500 ml isocalorique 42 ml/h
Jour +2
selon tolérance patient,
en accord avec médecin :
↑ quantité isocal progressiv.
rinçage sonde entre
poches + avt, apr médic
Jour +3
évolution protéino calorique
progressive
adapter débit
rinçage sonde entre
poches – avt, apr médic
500 ml maxi
500 ml maxi
Mise en route de l’alimentation entérale
En ORL, suivant la clinique et prescription médicale.
Solution nutrition
Jour 0
___
Jour +1
à +3
H2O
___
500 ml en 4 h
Jour + 3
selon tolérance patient,
en accord avec médecin :
500 ml isocalorique 42 ml/h
Jour + 4
selon tolérance patient,
en accord avec médecin :
↑ quantité isocal progressiv.
rinçage sonde entre
poches + avt, apr médic
Jours + +
évolution protéino calorique
progressive
adapter débit
rinçage sonde entre
poches – avt, apr médic
prescrip. médicale
Perfusions IV
Surveillance
2000 ml
paramètres- état conscienceintégrité du pansement – D+?
1500 ml
réfection pansement
contrôle position sonde – plaie
ballonnement? - N+?- V+?
1000 ml
réfection pansement
contrôle position sonde – plaie
ballonnement? - N+?- V+?
500 ml
réfection pansement
contrôle position sonde – plaie
ballonnement? - N+?- V+?
500 ml maxi
500 ml maxi
Mise en route de l’alimentation entérale
Pompe : préférable
→débit régulier
→NE nocturne
Gravité : pour
patients ambulatoires
Intermittente ou
continue
Quantité et débit :
500ml /24h → débuter
50 ml/h maxi →début
↑ 25 ml/h/jour
Maxi 125ml/h
ou 42 gtes/min
Maxi 2L/24h
Selon presciption médic.
position semi assise
Suivi du patient
 réfection pansement pdt10 jours. Après : soin propre
 contrôle longueur sonde introduite
 contrôle du ballonnet 1x/sem
 après enlèvement des fils : mobilisation de la sonde haut en bas + rotation. > douche autorisée
 toujours rincer sonde si non utilisée
 contrôler poids patient 1x /semaine
 surveillance apparition éventuelle œdèmes
 évaluation biologique
 réalimentation per os au 8ème jour post-op (eau – liquides – ½ liq…)
après intervention chirurgicale ORL.
Progressive, au cas pour cas ! →en complément de l’entérale.
 Entamer et continuer éducation patient à l’autonomie
Complications et problèmes potentiels
diarrhée
constipation
vomissement, nausée
régurgitation, reflux, broncho-inhalation
sonde bouchée – arrachée – fuites
irritation et/ou infection - bourgeonnement
Organisation de la sortie du patient
Médecin
spécialiste
Infirmière
nutrition
complète
documents
organise retour
• demande de
remboursement
• prescription soins
infirm.
• lettre généraliste
• contact patient-familleinfirmier domic.
• éducation patientfamille-infirm domic.
• compléte documents
sortie + livret NE
• assure suivi société
Home Care
• remet au patient dossier
sortie+guides Nutr.
Diététicien(e)
suivi nutritionnel et/ou
idem infirmière
• contact patient
• explications schéma
nutritionnel perso.
• remise
documents
• idem infirmière
nutrition documents
sortie, si absente
Infirmièr(e)
Unité
Assistant(e)
social(e)
signale sortie
assure suivi aide
sociale
remet au patient
documents sortie du
médecin et infirmière
nutrition
• organise sortie et
payement NE avec
organisme aide
sociale
• obtient si nécess.
matériel à
administration NE
L’infirmière nutrition et la diététicienne forment le binôme
qui organise le retour au domicile du patient sous entérale.
En l’absence de l’une, l’autre prend le relais et inversement.
• Si le patient est sous alimentation entérale exclusive (rien per os) -> documents de
sortie entérale complétés par l’infirmière nutrition ou par la diététicienne.
procédure intranet http://portail-procedures/dir_gen_hop/SitePages/gastro_enterologie.aspx
http://portail-procedures/dir_gen_hop/SitePages/dietetique.aspx
• Si le patient sait manger per os : explications et remise d’un fascicule sur
l’alimentation enrichie en texture adaptée, avec ou sans CNO.
• Pendant la durée du traitement oncologique, le patient externe bénéficie d’une prise en
charge diététique gratuite .
LE RETOUR AU DOMICILE
FREINS
ET
LEVIERS
FREINS
Organisation de la sortie :
• Souvent, patient affaibli  lit au rez-de-chaussée  modification des habitudes de
vie
• Délais : parfois famille prévenue la veille  urgence pour trouver le matériel
 éducation non terminée
• Matériel :
Stockage (endroit sec)
Encombrement : pompe
• Domicile non adapté : WC, potence, largeur des « couloirs »
• Formalités administratives : formulaire demande remboursement (approbation pour 12
mois à renouveler)
FREINS
Retour au domicile
• Patient et/ou entourage souvent anxieux :
Stop personnel 24/24
Âge, état de santé, investissement, présence de l’aidant principal
Dynamique familiale : problèmes sous-jacents
Pompe à l’hôpital – par gravité à la maison  réglage et surveillance du débit
• Éducation du patient et/ou de son entourage :
Acceptation ou refus de voir et de toucher (cas pratique : 2 mois pour être autonome < rejet du principe)
Peur de « mal faire »
Décision : appel aux professionnels
totalement
 partiellement
FREINS
• Risque isolement social
< arrêt du travail
< au début, laps de temps « branché » assez long  peu de sortie
• Choix de l’administration : garder des contacts et une vie familiale/sociale en évitant
les complications
 en continu ou en intermittent de nuit
 pompe ou gravité (débit)
• Manger, boire = besoins essentiels : « mon mari, ma femme, …va avoir faim, soif »
FREINS
• Alimentation mixte ou exclusivement par sonde ?
• Manger = participer à la vie familiale  repli sur soi (dépression < momentané ou
définitif)
• Alimentation strictement par sonde  patient ne participe plus aux repas
< intolérable de voir les autres manger
< entourage mal à l’aise
Cas vécu : patiente mâche la nourriture et recrache
• Fourniture de matériel :
pharmacie ou livraison à domicile par firmes (gratuité pompe, service de garde 24/24, infirmier pour
mise en route, …)
FREINS
• Coût du matériel :
Poches, trousses, potence, pompe, …(problèmes financiers)
Ex de prix :
Par pack (conditionnements de 8 x 500ml ou 8x 1000ml ou 6x 1500ml) :
environ de 5 à 21€ /pièce (semi- élémentaire)
Trousse : environ 3 à 6 € (jusque 14€)
Potence : environ 8€ /mois (parfois gratuit)
Pompe : 40 € /mois (+ caution)
FREINS
• État de santé :
Frais supplémentaires (ex : lit clinique 50 €, matelas avec compresseur 70€, matériel incontinence, …)
Matériel pour réfection pansement
• Formalités administratives (mensuelles) : interventions mutuelle (délai)
Polymère : 4,1€/J, semi-élémentaire : 15€/J, matériel : 0,71 à 1,15€/J, pompe : 0,41€/J
• «Accidents » par manque d’éducation (aidant oublie de clamper)  découragements
• Intolérance :
Diarrhée
Nausées et vomissements (débit mal réglé)
Constipation
FREINS
Complications
• Déshydratation
• Irritations/brûlures autour de la stomie /infection locale
• Apparition de bourgeons
• Ralentissement du flux /sonde se bouche
• Déconnexion du matériel  écoulements
• Arrachement de la sonde, ballonnet dégonflé  stress
(remplacement = acte infirmier si fistulisation et 1er remplacement par un médecin). Sonde de réserve ?
• Pompe sonne  stress ++ surtout la nuit
FREINS
• Horaires :
Passage des professionnels :
programmés (2 à 4 fois) : ne correspond pas toujours à la vitesse d’administration
quid si problèmes le jour, la nuit ?
participation du patient/ de la famille
Difficultés si traitement en extérieur (radiothérapie) :
Si en intermittent de nuit : 12h = parfois trop court
• Méconnaissance des techniques d’administration, de précautions, d’administration des
médicaments, des traitements des complications
LEVIERS
• Formation du personnel
• Confiance du patient et de l’entourage vis-à-vis du personnel :
< continuité des soins hôpital /domicile
Contacts avec l’hôpital et l’infirmière de nutrition
Feuille de liaison
• Education du patient et des aidants naturels :
Hygiène du domicile
Hygiène du soin et technique (prolongement de l’éducation de l’hôpital , apprentissage progressif)
Respect du rythme de chacun dans l’acceptation et l’apprentissage, pas de jugement
LEVIERS
Réduire les coûts
• Adaptation de la fréquence :
De livraison
De changement : trousse 2 à 3 jours
• Systèmes D :
porte manteau/ crampons dans le mur
Poche réutilisée pour rinçage et hydratation au lieu d’hydrobag
CONCLUSION POUR LE DOMICILE
• Le succès de l’alimentation entérale au domicile dépend de plusieurs facteurs
• Tenir compte de la répercussion sur la famille
• Privilégier toujours la vie sociale  maintien de l’alimentation mixte si possible
• Faire appel en cas de doutes
CONCLUSION GÉNÉRALE
Support nutritionnel : ▪ indispensable en oncologie
▪ le plus précoce possible
▪ axé sur la prévention et adapté au traitement
Suivi par évaluation d‘efficacité
Prise en charge pluridisciplinaire +++
Assurer un retour à domicile optimum
A nous tous de jouer !
Merci pour votre écoute
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