Responsable Filière Blé dur :
Sophie VALLADE
s.vallade@arvalisinstitutduvegetal.fr
ARVALIS a déposé un dossier de création d’une UMT blé dur
pour répondre à la volonté du Comité d’Orientation Scientifique de la filière
soucieux de maintenir la compétitivité.
Les 6 semouleries françaises de blé dur produisent 510 000 tonnes
de semoule par an, dont environ 200 000 tonnes sont exportées.
Depuis 2006, 20% de la production française provient de l’Ouest Océan.
DEUX TEMPS FORTS
JOURNÉE NATIONALE ANNUELLE :
POINT D’ORGUE DE LA FILIÈRE
UN TEMPS FORT POUR INFORMER TOUS LES ACTEURS
DE LA FILIÈRE
Contraintes climatiques et effets de ce changement
de climat sur la conduite du blé dur français et dans
les principales zones de production au niveau mon-
dial constituait le thème technique de la 15ème jour-
née filière blé dur à Labège (Toulouse-31), le 7 février
2013. Près de 350 participants en ont profité pour
faire un large tour d’horizon des conséquences du
changement climatique sur la production de blé
dur en France et dans le monde. Michel Déqué de
MétéoFrance a présenté les principales conséquences
du changement climatique sur les précipitations et
les périodes de sécheresses.
Le témoignage de Franck Groeneweg, producteur de
blé dur au Saskatchewan (Canada) sur ses techniques
de production et de commercialisation de blé dur dans
un contexte de fin du monopole du Canadian Wheat
Board, a permis des échanges forts intéressants sur
les nouvelles règles du marché international.
Voir les vidéos réalisées : www.arvalis-tv.fr
AJUSTEMENT DE LA CONDUITE CULTURALE DU BLÉ
DUR EN FONCTION DU POTENTIEL DE PRODUCTION
RE-ESTIMÉE AU FIL DE LA CAMPAGNE
Les groupes de progrès ont été constitués en Langue-
doc et en PACA, en partenariat avec les organismes
économiques de la région. La méthode permet de
donner à chaque agriculteur les conseils adaptés à
l’année et au potentiel de rendement de ses parcelles
de blé dur. Les préconisations de fertilisation du
dernier apport ont ainsi été réévaluées à la hausse
puisque les potentiels de rendement étaient élevés.
Cet ajustement se fait grâce à des observations ap-
profondies du sol et des blés durs (biomasse, azote
absorbé, reliquat azoté, mesures tensiométriques…)
réalisées tout au long du cycle sur 10 sites représen-
tatifs de la diversité des contextes pédo-climatiques
de la région Sud-Est. Des réunions sont organisées à
deux périodes clé de la campagne (sortie d’hiver et
fin montaison) sur chaque site d’observation avec les
groupes d’agriculteurs et des messages techniques
ainsi que des SMS sont envoyés aux techniciens des
Organismes Economiques et aux observateurs du
Bulletin de Santé du végétal qui diffusent l’informa-
tion auprès des producteurs.
Mobiliser les leviers agronomiques pour des itiné-
raires techniques garantissant la compétitivité
ARVALIS est partenaire du projet de recherche ANR « Dur-Dur », piloté par l’INRA,
qui propose une analyse systémique du lien « fertilisation azotée - protéines »
intégrant l’agronomie, la qualité technologique, l’environnement et l’impact écono-
mique. ARVALIS et l’INRA cherchent à lever les verrous agronomiques pour faire
progresser la compétitivité de la filière. Les organismes stockeurs sont également
associés à ce projet afin d’assurer le relai et la communication des résultats vers
les producteurs de blé dur.
La promotion du blé dur français
pour assurer les débouchés
ARVALIS collabore aux actions de promotion du blé dur français menées par
FranceAgriMer et France Export Céréales sur les marchés européens et les exports
pays tiers. C’est dans cet esprit que les plaquettes de « qualité de la récolte de
blé dur français » ont été revues. Les concepteurs, ARVALIS et FranceAgriMer,
apportent des informations nouvelles sur la qualité et proposent un document
nouveau dans sa forme.
LA FRANCE : 2ÈME INTERVENANT
SUR LE MARCHÉ MONDIAL DU BLÉ DUR
La France est un acteur incontournable du marché mondial du blé dur :
2ème exportateur, elle dispose également d’industries sur son propre territoire et
bénéficie de débouchés de proximité comme l’Italie et le Maghreb.
Apparue dans les années soixante, la culture du blé dur a connu deux grandes
phases en France : une progression continue jusqu’à la grande chute de 1992/93
(réforme de la PAC) où elle est passée de 2,3 Mt à moins d’1 Mt puis une reprise
de la progression qui la replace autour de 2 millions de tonnes depuis plusieurs
années. La production française s’oriente vers trois débouchés principaux : un tiers
est consommé sur le marché intérieur par les semouliers, un tiers dans l’UE
(Italie, Allemagne, UEBL principalement) et un tiers sur les pays tiers, notamment
le Maghreb et, tout particulièrement, l’Algérie.
Autour de 400 000 ha à 5,4 t/ha en 2012
La production française de blé dur a augmenté pendant de nombreuses années,
jusqu’en 2010 : cette augmentation était essentiellement liée à une progression
des surfaces, avec un maximum autour de 450 000 hectares en moyenne de 2005
à 2010. Les rendements moyens s’établissent à 4,9 t/ha, les années chaudes et
sèches pouvant dégrader fortement les rendements. Les régions de production
dépendent également des conditions climatiques, l’espèce étant sensible au gel
hivernal. La culture se développe sur quatre régions. L’Ouest-Océan (80 000 ha,
6,3 t/ha), où l’irrigation est possible, présente un potentiel élevé avec un fort déve-
loppement depuis 2004, entre le blé tendre, le tournesol et le maïs. Le Centre-Bas-
sin Parisien (107 000 ha, 6,2 t/ha) présente des caractéristiques assez similaires
(irrigation possible, potentiel élevé, concurrence avec d’autres grandes cultures telles
que le blé tendre, le maïs et le colza) et avec une belle progression des surfaces
depuis 2004. Le Sud-Ouest (120 000 ha, 5,7 t/ha) affiche quant à lui un potentiel
assez élevé mais l’irrigation est plus rare et le blé dur très présent. Enfin, le potentiel
est moyen dans le Sud-Est (100 000 ha, 3,5 t/ha) ou l’irrigation est également rare
et les surfaces stagnent depuis plusieurs années. D’une façon générale, les surfaces
de blé dur tendent à diminuer depuis 2 ans dans les 4 zones de production mais les
rendements, élevés en 2012, maintiennent une production conséquente.
Une filière française bien organisée
La filière française du blé dur s’organise autour de 4 obtenteurs qui livrent à
50 établissements multiplicateurs de semences. Ces derniers fournissent environ
20 000 producteurs dont la récolte se répartit entre 125 collecteurs.
6 semouleries (250 salariés) traitent 700 000 t de blé dur pour produire 510 000 t
de semoule. Celle-ci est soit exportée (200 000 t), soit transformée en France.
8 usines (1 500 collaborateurs) y fabriquent en effet des pates (250 000 t),
4 usines produisent du couscous (80 000 t) et une usine du boulgour (5 000 t).
Les exportations s’organisent principalement à partir des ports de la Pallice et/ou
La Nouvelle.
Une unité mixte technologique (UMT)
pour maintenir la compétitivité
La production mondiale de blé dur est en baisse, la production française recule aux
environs de deux millions de tonnes depuis 2 ans, alors que la demande reste élevée
notamment dans certaines zones de consommation comme le Maghreb. La fin du mo-
nopole du Canadian Wheat Board et l’arrivée de nouveaux acteurs mondiaux a incité
les acteurs français à l’export à s’organiser (avec notamment la création de Durum)
afin de mieux s’adapter au contexte de marché chahuté. Le contexte réglementaire se
durcit dans l’Union Européenne, notamment sur l’utilisation des intrants (Ecophyto
2018, loi sur l’eau, 5ème directive nitrate). La filière se pose des questions en matière
de recherche variétale jusqu’à présent financée par l’utilisation de semences certifiées
et, sur les incertitudes liées à la réforme de la PAC 2014. La filière française, à travers
son comité de pilotage national et son Comité d’Orientation Scientifique, a marqué
sa volonté de maintenir sa compétitivité et ARVALIS - Institut du végétal a déposé un
dossier pour la création d’une UMT blé dur pour concrétiser cette volonté.
En février 2013, Franck Groeneweg, agriculteur dans le
Saskatchewan au Canada explique dans cet entretien, les
avantages et les inconvénients de produire du blé dur au
Canada, par rapport à la France.
Selon les bassins de production, le rendement moyen en blé dur variait de 3,5 t/ha à 6,3 t/ha.