L’ESTONIE
Octobre 2004
Après de longues discussions, l'élargissement de l'Union européenne à 25 a finalement été
décidé lors du sommet de Copenhague de décembre 2003. Dix nouveaux pays sont ainsi entrés
dans l'Union européenne le 1er mai 2004 : l'Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne, la
Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie, pour les pays d'Europe centrale
et orientale, ainsi que Chypre et Malte.
Un marché de plus de 500 millions de consommateurs, unis par des normes économiques,
monétaires et sociales communes, va donc progressivement voir le jour, bouleversant très
certainement l'environnement économique de nombreuses entreprises. Parmi celles-ci, les
PME-PMI de la région Ile-de-France, qui voient en cet élargissement de nouvelles
opportunités de développement, mais aussi parfois des risques concurrentiels accrus.
Le CROCIS de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris et la Chambre régionale de
commerce et d’industrie Paris - Ile-de-France, lancent avec ce document un programme
d’études sur ce thème. Chaque nouvel Etat membre (NEM) fera ainsi l’objet d’une étude
mettant en avant les opportunités d’affaires dans ce pays pour les entreprises
franciliennes.
Petit pays (45 200 km²) couvert à 50 % de forêts,
l'Estonie s'est constituée en une république le
20 août 1991, après les évènements qui ont suivi
la chute du mur de Berlin. Dès son accession à
l'indépendance, les gouvernements estoniens
successifs ont mené des privatisations dans tous
les domaines, appliquant les principes d'une
économie de marché. L’Estonie bénéficie
aujourd'hui de fondamentaux solides : une
inflation maîtrisée et modérée, un secteur
bancaire structuré et fiable, une monnaie stable
et des finances publiques saines.
Au sein de cette économie très ouverte, reposant
sur le dynamisme des échanges extérieurs et sur
l'accueil d'entreprises et d'investissements
étrangers, quelle est la place des entreprises
franciliennes et quelles sont les opportunités
qu’elles doivent saisir ?
CHIFFRES-CLES EN 2003
Superfie (km²) 45 200
Capitale Tallin
Population (millions d’habitants) 1,4
PIB (mds d’euros) 7,1
PIB/habitant (euros) 5 360
Taux de croissance (2003) 5,1 %
Inflation 1,3 %
Taux de chômage 10,1 %
Source : DREE - Mission économique de Tallinn
Un nouveau partenaire
commercial pour les
entreprises franciliennes
Estonie - octobre 2004
Centre régional d’observation du
commerce de l’industrie et des services Chambre régionale de commerce et
d’industrie Paris - Ile-de-France
PORTRAIT DE L'ÉCONOMIE ESTONIENNE
En dépit de taux de croissance élevés tout au long
de la dernière décennie, le Produit Intérieur Brut
(PIB) de l'Estonie reste très inférieur à la moyenne
européenne. Le pays a de fait connu des difficultés
liées à la mise en place de nombreuses réformes
liées à l'indépendance et à la privatisation
progressive des entreprises estoniennes.
Aujourd'hui, ce processus touche à sa fin et
l'économie estonienne peut être considérée comme
une économie de marché, à l'instar des autres
économies occidentales.
La structure économique de l'Estonie est assez
diversifiée : elle repose à la fois sur l'industrie (28 %
du PIB), le transport et le commerce, mais surtout
sur la montée progressive du secteur des services
(qui atteint 65 % du PIB en 2003).
L'économie estonienne est principalement orientée
vers les activités liées à l'exploitation du bois, ses
ressources naturelles étant particulièrement riches
dans ce domaine. Le secteur du tourisme est
également générateur d'une grande partie de la
valeur ajoutée estonienne puisque plus de 2
millions de touristes par an visitent l'Estonie, on
compte parmi eux une grande majorité de
Finlandais.
L'Estonie, bien que bénéficiant d'une demande
intérieure dynamique, reste encore largement
dépendante de son commerce extérieur (qui
représente 130 % de son PIB) et est donc très
sensible aux fluctuations conjoncturelles des pays
de l'Europe du Nord, la Finlande et la Suède étant
ses principaux partenaires commerciaux.
La période de transition économique des années
quatre-vingt-dix a été difficile pour le marché du
travail estonien, en dépit d'une baisse rapide de la
population estonienne, et donc de sa population
active. En 2000, le taux de chômage estonien
atteignait ainsi 13,6 %. Il a diminué par la suite,
mais conserve encore un niveau élevé en 2003
(légèrement au dessus de 10 %).
LA PRÉSENCE DES ENTREPRISES FRANCILIENNES EN ESTONIE
2003 (en millions d'euros) Part du total
Produits de la construction automobile 13,8 47,3 %
Savons, parfums et produits d'entretien 3,1 10,6 %
Armes et munitions 1,8 6,2 %
Composants électroniques 1,8 6,2 %
Machines-outils 1,1 3,8 %
Produits de la parachimie 1,0 3,4 %
Articles d'habillement et fourrures 0,9 3,1 %
Appareils domestiques 0,5 1,7 %
Produits en caoutchouc 0,4 1,4 %
Machines d'usage général 0,3 1,0 %
Autres produits 4,5 15,4 %
Total 29,2 100,0 %
Source : Direction interrégionale des douanes d’Ile-de-France
Les entreprises franciliennes sont d'ores et déjà
présentes dans certains des secteurs les plus
porteurs de l'économie estonienne, au premier rang
desquels le secteur de l'automobile.
Le parc automobile estonien est de fait en forte
croissance depuis le début des années quatre-vingt-
dix, puisqu'il a doublé en un peu plus de 10 ans (on
comptait 493 500 véhicules au 1er janvier 2003). Ce
parc étant encore constitué de véhicules anciens, le
secteur reste aussi très porteur pour les
exportateurs automobiles. Le groupe PSA, Peugeot-
Citroën, se trouve ainsi en très bonne position sur
ce marché en pleine expansion, Peugeot étant le
premier vendeur de véhicules neufs dans le pays, et
Citroën le troisième.
S'il n'existe pas d'activité de production ou
d'assemblage sur le territoire estonien, la sous-
traitance d'équipements automobiles et de pièces
détachées est une activité dynamique dans laquelle
se distingue, par exemple, le groupe Saint-Gobain,
producteur de pare-brise et de vitres automobiles.
Estonie - octobre 2004 2
Exportations de l'Ile-de-France vers l’Estonie en 2003
Le secteur du textile et de l'habillement est un secteur phare de l'économie estonienne. Il représente
20 % de l’emploi et 13 % de la production du secteur de l’industrie. Cette activité bénéficie en effet
d'une main-d'œuvre à la fois qualifiée et encore peu coûteuse qui lui permet de connaître une
croissance continue depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, alors que les autres pays de l'Union
européenne subissaient dans le même temps des pertes importantes dans le secteur.
L'entreprise francilienne Expedit Diffusion, créée en 1936, produit des systèmes de fixation (boutons,
pressions, œillets, …) destinés au secteur textile. Depuis 1998, cette entreprise basée à Bondoufle
(Essonne), exporte ses produits vers l'Estonie, profitant du dynamisme du secteur textile dans ce pays.
Si elle bénéficie depuis l'intégration de l'Estonie à l'Union européenne de la simplification des
formalités douanières, la société Expedit Diffusion subit toutefois la forte concurrence présente sur les
marchés baltes, ainsi que le coût élevé des transports.
DES OPPORTUNITÉS À SAISIR : BTP ET INFRASTRUCTURES PORTUAIRES
Les infrastructures de transport ne sont qu'au tout
début de leur processus de développement en
Estonie et les opportunités sont encore nombreuses
dans ce domaine, d'autant que la majorité des
entreprises présentes dans les secteurs considérés
est d'origine nordique et joue plus sur un avantage
de proximité que de compétitivité.
Le secteur du BTP et des infrastructures portuaires
est ainsi en pleine croissance, avec la construction
d'hôtels, de bureaux, de centres commerciaux, de
logements… En 2002, le marché de la construction
a représenté 6 % du PIB estonien et enregistré une
croissance de 22 %. Divers produits liés à la
modernisation des infrastructures sont également à
l'étude : la réfection des routes (48 % des routes
estoniennes sont encore pavées), l'extension du
port de Sillamäe, la construction d'un pont entre
l'île de Muhu et le continent, …
Les opportunités pour les entreprises franciliennes
résident donc à la fois dans les ventes de produits
de second œuvre et d'équipements liés à la
construction résidentielle, et également dans le
développement de partenariats avec des
entreprises locales présentes sur ces marchés.
LE DYNAMISME DU SECTEUR TEXTILE
Aujourd’hui, le secteur des technologies de
l'information et des communications (TIC) est sans
aucun doute l'activité économique la plus porteuse
en Estonie. En 10 ans, le pays a été propulsé parmi
les leaders européens et même mondiaux des
sociétés de l'information.
Selon une étude réalisée par le World Economic
Forum en février 2003, le pays occupe aussi la
première place des nouveaux Etats membres (NEM)
en termes de points d'accès publics à Internet et de
nouvelles offres de services. Ce développement
rapide est le résultat à la fois de politiques
publiques efficaces dans ce domaine (toutes les
écoles estoniennes sont connectées à Internet),
mais également d'un attrait particulier de la
population locale pour ce type de technologies. Le
pourcentage d'utilisation des téléphones portables
est ainsi rapidement monté à plus de 65 % de la
population.
Cet attrait pour les TIC est un atout pour les PME
de ce secteur désirant s'implanter en Estonie,
d'autant plus que le gouvernement estonien
encourage ces implantations en finançant de
nombreux projets publics ou privés dans ce
domaine.
LE BOOM DES TIC : UNE CHANCE POUR LES PME FRANCILIENNES
Estonie - octobre 2004 3
LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS : FACTEURS CLÉS DU DÉVELOPPEMENT ECONOMIQUE
L'investissement direct étranger (IDE) est
actuellement, avec la consommation intérieure, le
moteur principal de la croissance en Estonie. Le
pays a axé sa politique de développement écono-
mique sur la création d'un environnement favorable
aux investisseurs étrangers, stimulant ainsi les flux
d'IDE entrants.
Ces 5 dernières années, la progression des IDE a été
particulièrement rapide, ceux-ci passant de 2 453
millions d'euros en 1999 à 5 129 millions d'euros en
2003 (en stock).
Le principal pays investisseur est la Suède qui
détient 42 % du stock d'investissement, du fait de
son implication importante dans le secteur
financier. C'est d'ailleurs le secteur bancaire qui
reçoit la majeure partie des investissements de
l'étranger, soit le tiers du stock total en 2003.
Si les investissements productifs ont longtemps été
très dynamiques du fait de la main-d'œuvre à la fois
très qualifiée et peu coûteuse, ils se réduisent
depuis quelques années, cédant du terrain aux
investissements dans les secteurs des services
financiers ou aux entreprises. La qualification
croissante des jeunes diplômés estoniens leur
permet en effet de prétendre à des salaires plus
élevés, notamment au sein des entreprises
étrangères implantées dans leur pays. Les salaires
estoniens devraient donc, grâce à l'impulsion
donnée par l'intégration à l'Union européenne,
rejoindre les standards européens à moyen terme.
Suède
42%
Finlande
27%
Etats-Unis
5%
Pays-Bas3%
Danemark 3%
Norvège 3%
Grande-Bretagne2%
Autriche 2%
Italie 2%
Russie1% Autres 7%
Allemagne3%
Stocks d’IDE en Estonie par pays au 31/12/2003
Source : DREE - Mission Economique de Tallinn
Dossier réalisé par Aurélie TERLIER - CROCIS
Contact
Aurélie TERLIER
33 1.55.65.62.04
www.crocis.ccip.fr
À paraître au 4e trimestre 2004
- Fiche pays sur la Lituanie
- Fiche pays sur la Lettonie
Pour en savoir plus...
La Direction des actions et de la coopération internationale vous
apporte tous les éléments utiles à l’élaboration de votre projet à
l’international. Ce service de la Chambre de commerce et d’industrie
de Paris s’est doté d’une organisation par zone, avec des conseillers
spécialistes du tissu économique des pays concernés.
Pour plus d’information sur l’Estonie, vous pouvez ainsi contacter :
- Brigitte LAFARGUE, tél. : 33 1 55 65 35 18
- Igor MALCEFF, tél. : 33 1 55 65 39 59
L’exportateur.com
Les règles pour exporter et investir à l’étranger
www.lexportateur.com
Contact : Joana DEHAECK - tél. : 01.55.65.74.86
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