CHAPITRE 4
OFFRE ET DEMANDE GLOBALE
Ce chapitre ecarte l’hypothèse de fixité des prix et des salaires que nous avons
retenu dans les chapitres 2 et 3. Lorsque les prix sont flexibles, l’offre n’est plus
déterminée par la demande. Elle a ses propres dynamiques. De ce fait, l’équation de IS
n’est plus suffisant pour déterminer l’équilibre sur le marché de biens et services. Il
faut modéliser le côté offre de l’économie. Pour cela il faut trouver les déterminants de
l’offre des biens. Nous allons voir que l’offre des biens dépend du salaire réel, donc il
faut d’abord déterminer comment varie le salaire réel.
Dans ce chapitre, nous allons étudier les cas de change fixe et flexible, de mobilité
parfaite ou imparfaite à partir d’un modèle générale.
1-Stabilisation économique en cas d'indexation des salaires
Pour étudier les effets des politiques économiques nous aurons besoin des équations
IS, LM et EE, plus une équation qui définit l’offre globale. De ces équations nous
allons déduire une équation de demande globale et une équation d’offre globale. Ces
deux équations vont nous donner les variations de Y contre P (les prix).
A-L'offre globale
La fonction d'offre globale est une relation entre le produit global et le prix des
biens nationaux qui correspond au niveau de l'emploi déterminé sur le marché du
travail. Autrement dit, pour déterminer l’équation d’offre nous devons integrer le
marché de travail dans notre modèle. Pour cela, considérons le problème d’une
entreprise qui décide la quantité à produire en maximisant son profit étant donné la
technologie (fonction de production), les prix des inputs et le prix du bien à produire.
2
Le volume de la production de la entreprise nationale est obtenu avec du
capital physique et des services de la force de travail . Il évolue à court terme
pour un capital don selon la loi des rendements non proportionnels.
En supposant que toutes les entreprises sont identiques et qu'elles réalisent leurs
fabrications avec des facteurs homogènes, on peut définir de la façon suivante une
fonction de production macroéconomique sur la base des fonctions individuelles:
(1)
(productivité marginale de travail F
1
décroissante)
Le profit est maximal si le coût marginal du travail qui correspond au taux de salaire
nominal w égale la recette marginale du produit du travail. Sur la base de cette
spécification microéconomique, on peut définir de la façon suivante l'expression
macroéconomique de la maximisation des profits pour un niveau des prix P des biens
nationaux :
0)K (N,F );K (N,PFw
111
<=
[2]
La fonction inverse de [2] permet de déterminer une valeur optimale de N en fonction
de w/P. Cette valeur correspond à la demande de travail :
N N (
w
P
, K ); N 0
d d
1
d
= <
[3]
(3) veut dire que la demande de travail diminue si le salaire réel augmente (car la
main d’œuvre devient plus chère). En introduisant ce volume de services du travail
dans la relation [1], on obtient la fonction d'offre macroéconomique suivante :
0f );K ,
P
w
f(Y
1
<=
[4]
Nous avons montré que l’offre dépend du salaire réel. Or le salaire réel est
déterminé sur le marché de travail, par la confrontation de la demande et l’offre de
travail. Dans les équations 1-4, on a regardé que la demande de travail. Maintenant on
doit étudier l’offre de travail. Ensuite on peut déterminer le salaire d’équilibre et donc
l’offre globale.
Si l'on admet que les salariés ne sont pas victimes d'une illusion monétaire, on peut
considérer que leur offre de travail dépend du taux de salaire nominal w et du niveau
q
i
i
ème
K
i
N
i
K
i
Y F( N , K ); F ( N , K ) 0, F ( N , K ) 0
1 11
>
<
N
d
3
des prix des produits qu'ils peuvent acheter avec leurs revenus (c'est-à-dire l’offre de
travail dépend du pouvoir d’achat du salaire reçu). En économie ouverte, les individus
ne consomment pas uniquement les biens nationaux mais aussi des biens importés.
Donc quand ils décident leur offre de travail, ils déflatent le salaire nominal avec le
prix de l’absorption et pas avec le prix domestique. L’absorption est la dépense des
résidents (voire chapitre 1). Donc le prix prix de l'absorption pris en compte par les
salariés dépend du prix domestique P et du prix étranger E exprimé en monnaie
nationale sur la base du taux de change E.
Le prix de l'absorption
P
A
se définit comme une moyenne arithmétique pondérée
des prix des produits nationaux et étrangers exprimés dans la même monnaie. On
suppose que la valeur de est dominée par les effets de prix. En effet, sa variation
reflète celle de P ou de E et celles des pondérations résultant de la substitution
entre D et IM induite par les modifications des prix relatifs.
En considérant que les facteurs de pondération des prix b et 1-b sont fixes, on peut
définit la relation suivante qui est homogène de degré 1 par rapport à ses deux
arguments :
[5]'
Si les travailleurs ne connaissent pas les prix lors des négociations salariales, ils
sont obligés de les anticiper. Dans ce cas, l'offre de travail se finit de la façon
suivante, compte tenu de la valeur prévue du panier des biens de consommation
nationaux et étrangers :
[6]
Ces anticipations sur les prix sont inutiles si l'on admet que le taux de salaire
nominal est entièrement indexé sur les prix . Dans ce cas, l'offre de travail se définit
ainsi :
[6]'
P
A
P
*
P
A
P
*
P P ( P,EP ) = bP+ (1 b )EP
A A
* *
=
P
A
a
N N (
w
P); N 0
o o
A
a1
o
= >
P
A
N N (
w
P); N 0
o o
A
1
o
= >
4
Donc si le pouvoir d’achat du salaire nominal augmente, l’offre de travail
augmente. On admet que le taux de salaire nominal varie selon la formule d'indexation
suivante
dw dP (bdP (1 b )( dP dE )
A
*
=
=
+
+
α
α
[7]
Dans [7], α est le degré d’indexation des salaires. La valeur unitaire de α traduit
une indexation complète.
Alors que l'offre macroéconomique de biens dépend des déterminants de la
demande de travail (relation [4]), l'offre globale est fonction des facteurs qui fixent le
niveau de l'emploi .
En cas d'indexation complète ( ), le taux de salaire el qui régit les
comportements des offreurs de travail reste constant. De ce fait, admettant qu'il existe
un chômage Keynesien, une augmentation de la demande de travail entraîne celle
de l'emploi (dN>0). Les déterminants de la hausse de l'emploi peuvent donc être
définis par la relation suivante :
dN dN (1 b )N ( dP dE dP )
d
1
d *
=
=
+
[8]
L'équation [8] résulte de la différenciation de [3] pour des valeurs initiales unitaires
de P, et E et de l'introduction dans le résultat ainsi obtenu de la clause d'indexation
[7]. Elle signifie que :
-des variations parallèles et de me importance des prix nationaux et étrangers
exprimés dans la même monnaie ne modifient pas le niveau de l'emploi,
-une augmentation du prix national P pour un prix étranger donné détermine
celle de l'emploi. En effet, elle se traduit par une hausse de , donc de w, d'une valeur
bdP, selon [2] et [4]. Dans la mesure le taux de salaire nominal s'accroît moins
rapidement que le prix P (car b<1), les entrepreneurs stimulés par cette hausse de
salaire réel augmentent leur demande de travail, ce qui induit une hausse de l'emploi;
-une hausse de ou de E détermine celle de et de w, sans modifier le niveau
de P. De ce fait, le taux de salaire w/P s'accroît, ce qui induit une baisse de la demande
de travail et de l'emploi.
α
=
1
w
P
A
P
*
EP
*
P
A
P
*
P
A
5
Sur la base de ces effets, on peut définir les déterminants du niveau de l'emploi
résultant de l'égalité entre l'offre et la demande de travail :
[9]
Cette relation est homogène de degré 0 par rapport aux deux prix exprimés dans la
même monnaie.
En introduisant le volume de l'emploi défini par [9] dans la relation [1], on obtient
la fonction d'offre globale suivante :
[10]
B-La demande globale
On sait que en cas de change fixe, les autorités publiques sont obligés de réagir pour
rétablir une balance globale nulle (par achat ou vente de devises qui agit sur la masse
monétaire). En cas de change flexible, la balance globale est équilibrée d’une façon
automatique grâce aux mouvements du taux de change. Donc la masse monétaire reste
constante tant que la BCT ne fait pas une politique d’open market. La détermination de
la demande globale pend des variations de la masse monétaire. De ce fait, on calcul
différemment la demande globale, dans le cas d’une offre de monnaie exogène
(équilibre automatique par les changes flexibles) et de l’offre de monnaie endogène
(change fixe)
1-La détermination de la demande globale avec offre de monnaie exogène
Si le taux de change est flexible, la variation des réserves est nulle car les effets des
variations de la balance globale sur le taux de change ne sont pas neutralisés par la
BCT par un achat ou vente des devises. Donc, la valeur nominale de la masse
monétaire est donnée. De ce fait, la demande sur le marché de biens pend des
comportements sur les marchés de la monnaie et des biens, sans intégrer l’équation de
la balance globale.
-Equilibre monétaire et variation des prix des produits
N N( P,EP ); N 0, N 0
*
1 2
=
>
<
Y Y( P,EP ,K ); Y 0, Y 0
*
1 2
=
>
<
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