Troubles cognitifs non démentiels de la maladie de Parkinson

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Synthèse
Psychol NeuroPsychiatr Vieil 2006 ; 4 (no spécial 1) : S25-S34
Troubles cognitifs non démentiels
de la maladie de Parkinson
Cognitive disorders in Parkinson’s disease
without dementia
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
RICHARD LÉVY
BERNARD PILLON
Inserm U 610 et Fédération
de neurologie,
Hôpital de la Salpêtrière,
Paris
<[email protected]>
Résumé. La maladie de Parkinson est une affection cérébrale multifocale dans laquelle les
troubles cliniques ne peuvent pas être limités au syndrome moteur. Des troubles cognitifs,
certes modérés, sont présents dès le début de la maladie. Ils sont principalement liés à la
dérégulation des circuits anatomo-fonctionnels qui unissent les ganglions de la base au
cortex frontal. Ainsi ces troubles résultent en partie de difficultés de contrôle des ressources
attentionnelles. Ces déficits perturbent particulièrement les processus stratégiques de planification du comportement. Ce défaut de contrôle se répercute sur l’ensemble des grands
champs de l’activité mentale (mémoire, langage, fonctions visuo-spatiales). Ces difficultés
cognitives résultent en premier lieu de la déplétion dopaminergique nigro-striatale et
méso-cortico-limbique. Celle-ci semble suffisante pour expliquer les troubles cognitifs frontaux qui apparaissent précocement dans la maladie de Parkinson. En particulier, la dénervation nigro-striatale induit un dysfonctionnement en cascade dans les ganglions de la base
qui retentit finalement sur le cortex frontal. Il est probable qu’avec l’évolution de la maladie,
l’altération des autres systèmes de neurotransmission ascendants (cholinergique surtout
mais aussi sérotoninergique et noradrénergique) ainsi que d’éventuelles lésions corticales
directes, concourent à aggraver les troubles cognitifs, voire à en modifier leur nature.
Mots clés : maladie de Parkinson, fonctions exécutives, attention, dopamine, ganglions de
la base, cortex préfrontal
Abstract. The cognitive disorders observed in non-demented Parkinsonian patients are
frequent but subtle. They mostly result from difficulties to control attentional resources.
These deficits particularly disturb the strategies involved in planning as well as in encoding
and retrieval processing of memory, whereas consolidation of the mnemonic traces and
instrumental functions are relatively spared. These deficits can be related to the striatal
dopamine depletion (in particular in the caudate nuclei) which seems sufficient to account
for the cognitive disorders that appear early in the course of the disease. In particular, the
caudate dopamine depletion induces a cascade of dysfunction within the basal ganglia,
downstream of the striatum, which ultimately affects the prefrontal functions. It is likely
that, in the course of the disease, lesions of other ascending systems of neurotransmission
(cholinergic, serotoninergic and noradrenergic pathways) contribute to worsen the cognitive disorders and also to modify their clinical pattern. The impact of direct cortical lesions
can also be discussed but it seems that these lesions mostly contribute to the cognitive
deficits in the late stages of Parkinson’s disease.
doi: 10.1684/pnv.2006.0005
Key words: Parkinson’s disease, executive functions, attention, dopamine, basal ganglia,
prefrontal cortex
L
a symptomatologie de la maladie de Parkinson est
dominée par des troubles moteurs. L’utilisation de
tests neuropsychologiques, sélectionnés ou mis
au point pour étudier l’efficience intellectuelle des patients
atteints de cette maladie, a cependant montré l’existence
de troubles cognitifs [1]. Leur fréquence dépend de la
sensibilité des épreuves utilisées. Avec des épreuves
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 4, n° spécial 1, décembre 2006
adaptées (tableau 1), elle pourrait atteindre environ
90 % des patients. Ces troubles sont subtils, mais susceptibles d’interférer avec une activité professionnelle.
Un véritable syndrome démentiel est beaucoup plus
rare. Quelle est la nature des troubles cognitifs des
patients parkinsoniens non déments ? Quelles sont les
bases pathophysiologiques de ces troubles ?
S25
R. Lévy, B. Pillon
Les troubles cognitifs
de la maladie de Parkinson
L’efficience intellectuelle globale et les fonctions
instrumentales (langage, praxies, gnosies) sont préservées chez la majorité des patients atteints de maladie
de Parkinson. Quatre secteurs cognitifs sont généralement considérés comme perturbés.
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Le domaine visuospatial
Des perturbations des fonctions visuospatiales ont
été observées chez des patients atteints de maladie de
Parkinson, même lorsque l’efficience intellectuelle globale est préservée et que les composantes motrices de
la tâche à effectuer sont faibles [2]. Toutefois, l’épreuve
d’appariement de formes de Benton, dont la performance est perturbée chez les patients atteints d’une
lésion pariétale, est réussie dans la maladie de Parkinson. Les difficultés des patients parkinsoniens n’apparaissent qu’avec des épreuves plus complexes, qui
requièrent un niveau de contrôle attentionnel élevé,
comme l’épreuve d’orientation de lignes de Benton, ou
l’élaboration interne d’une réponse, comme les figures
de Rybakoff. De plus, si on fait covarier les scores obtenus à des épreuves évaluant les fonctions visuospatiales et ceux qui sont obtenus à des épreuves évaluant
les fonctions exécutives, fonctions sous la dépendance
du cortex préfrontal, le déficit exécutif persiste alors
Tableau 1. Proposition pour l’évaluation neuropsychologique
des troubles cognitifs de la maladie de Parkinson.
Table 1. Proposed battery for the cognitive evaluation in Parkinson’s disease patients.
Démence
Échelle de Mattis (1)
Mémoire
Test d’apprentissage verbal de Californie (2)
Épreuve de Grober et Bushke (3)
Fonctions
instrumentales
Épreuves du Boston diagnostic aphasia
examination (4)
Batterie d’examen de l’apraxie (5)
Fonctions
exécutives (6)
Test de classement de cartes de Wisconsin
Fluence verbale
Séries graphiques et motrices
Test de Stroop
Épreuve de Trail making test
Comportement de préhension,
utilisation et imitation
1) pour évaluer l’efficience globale ; 2) pour étudier les stratégies d’apprentissage
chez les patients non-déments ; 3) pour distinguer entre un trouble de la stratégie
de rappel (d’origine frontale) et une amnésie antérograde (d’origine temporodiencéphalique) chez les patients déments ; 4) pour différencier une aphasie vraie
d’un trouble de l’évocation lexicale ; 5) pour distinguer une apraxie d’un trouble de
la planification et de la programmation séquentielle du geste ; 6) pour détecter un
dysfonctionnement frontal.
D’après Pillon et al. (1996), reproduit avec la permission des auteurs.
S26
que le déficit visuospatial disparaît [3]. Ces données
indiquent que le traitement des données visuospatiales
est respecté et que ce sont seulement l’intégration et
l’utilisation de ces données dans l’élaboration et la gestion de la réponse qui sont perturbées.
La mémoire
Les composantes d’encodage passif et de consolidation des données mnésiques dans la mémoire épisodique sont préservées dans la maladie de Parkinson,
alors que les composantes stratégiques de manipulation et d’intégration de ces données sont perturbées.
• Mémoire à court terme
La répétition immédiate d’une série de chiffres ou
du pointage séquentiel de carrés répartis aléatoirement
sur une feuille est préservée. Dans ces épreuves, le
patient doit seulement reproduire l’ordre imposé par
l’examinateur. Par contre, les épreuves de mémoire à
court terme qui imposent une manipulation du matériel
à mémoriser et donc l’utilisation de processus stratégiques (mémoire de travail) sont perturbées [4-9]. C’est le
cas, par exemple de l’épreuve de Brown-Peterson,
dans laquelle un délai pouvant aller jusqu’à une vingtaine de secondes est interposé entre la présentation
du stimulus (des lettres ou des mots) et la réponse, le
patient devant exécuter pendant le délai une tâche
interférente (compter de trois en trois à partir d’un
nombre proposé par l’examinateur). C’est le cas aussi
des épreuves de mémoire de travail visuospatiale,
dans lesquelles le patient doit, par exemple, reproduire
une matrice comprenant un nombre identique de carrés noirs et de carrés blancs, répartis de façon aléatoire. Les troubles de mémoire de travail visuospatiale
apparaissent dès les stades les plus précoces de la
maladie, alors que les troubles de mémoire de travail
verbale sont observés plus tardivement [10]. Ce décalage temporel peut être lié à une plus grande sensibilité
des épreuves visuospatiales qui demanderaient davantage de ressources attentionnelles. Il peut aussi être dû
au fait que ces deux formes de mémoire de travail font
intervenir des circuits anatomiques différents, la partie
supérieure du cortex préfrontal pour la mémoire spatiale, la partie inférieure pour la mémoire verbale.
• Mémoire explicite
Cette mémoire dépasse les limites de l’empan, soit
en terme de quantité de matériel à mémoriser, soit en
terme de durée de maintien de la trace mnésique. Elle
peut être divisée en mémoire épisodique, en référence
aux souvenirs acquis dans un contexte temporo-spatial
précis (le repas de la veille au soir ou le récit entendu
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Troubles cognitifs non démentiels
quelques minutes auparavant), et mémoire sémantique (les connaissances générales, partagées par
l’ensemble des personnes appartenant à une même
culture, sans référence aux conditions dans lesquelles
ces informations ont été apprises, par exemple : Qui a
peint La Joconde ?). Le fait que l’évocation du souvenir
soit consciente l’oppose à la mémoire implicite. La
mémoire épisodique est globalement préservée dans
la maladie de Parkinson si l’on utilise des épreuves
dont l’organisation et les liens associatifs sont suffisants pour structurer le matériel à mémoriser. C’est le
cas, par exemple, de la mémoire de récits ou de
l’apprentissage de couples de mots, particulièrement
lorsque ces couples s’appuient sur des associations
sémantiques préétablies. La procédure d’apprentissage verbal mise au point par Grober et Buschke permet, d’une part, de contrôler l’encodage et, d’autre
part, d’apprécier la quantité d’information réellement
mise en mémoire, en fournissant au patient des indices
de rappel pour les items qu’il n’a pas pu évoquer spontanément. Le rappel indicé est normal, mais la performance est, en revanche, perturbée dans les épreuves
qui impliquent le développement de stratégies comme
le test d’apprentissage verbal de Californie, dans lequel
les patients parkinsoniens utilisent davantage une stratégie externe (apprentissage par cœur) qu’une stratégie interne (organisation sémantique) [11]. L’apprentissage spatial, dans lequel le patient doit élaborer des
liens arbitraires entre des images et leur localisation,
est également perturbé dans la maladie de Parkinson
[12]. Dans toutes ces épreuves, la pente de la courbe
d’apprentissage (évolution de la performance au cours
des essais) est cependant identique chez les patients et
chez les sujets contrôles. De plus, il n’y a pas de perte
d’information après un délai de 15 minutes (écart temporel entre le dernier essai de l’apprentissage et un
rappel différé). Ces résultats montrent que la consolidation de la trace mnésique, qui dépend du système
hippocampique, est préservée dans la maladie de
Parkinson, tandis que les processus stratégiques
d’organisation du matériel à mémoriser qui dépendent
du cortex préfrontal sont perturbés dans cette maladie.
Cette dissociation est parfaitement illustrée par une
étude dans laquelle des patients atteints de maladie de
Parkinson devaient apprendre à associer des chiffres et
des couleurs dans deux conditions différentes [13].
Dans la première condition, le lien associatif était fourni
par l’examinateur qui demandait au patient de se souvenir, par exemple, que le chiffre 1 était associé à la
couleur rouge. Dans cette première condition, la performance des patients comparée à celle de sujets contrô-
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les était normale. Dans la deuxième condition, le lien
associatif devait être découvert par le sujet. Celui-ci
devait deviner par essais et erreurs quelle était la couleur associée à chacun des chiffres. Dans cette
deuxième condition, qui demande une organisation du
matériel à mémoriser, la performance des patients était
perturbée par rapport à celle des sujets témoins. Ces
différents résultats suggèrent que la performance des
patients atteints de maladie de Parkinson en mémoire
épisodique dépendrait du niveau d’auto-organisation
et des ressources attentionnelles requises par le matériel à mémoriser [14].
La même dissociation entre maintien de la trace
mnésique et organisation défectueuse de cette trace a
été observée au niveau des souvenirs anciens, qu’il
s’agisse de souvenirs épisodiques ou sémantiques. En
ce qui concerne les souvenirs personnels ou sociaux,
les patients atteints de maladie de Parkinson ont une
reconnaissance normale, mais une organisation temporelle défectueuse. Concernant des acquisitions
sémantiques comme le vocabulaire, les patients parkinsoniens n’ont pas de difficultés pour évoquer la
signification des mots, mais peuvent en rencontrer
lorsqu’ils doivent élaborer des stratégies de recherche
inhabituelles, par exemple donner en une minute le
plus grand nombre possible de mots commençant par
une lettre donnée.
• Mémoire implicite
Dans cette forme de mémoire, la performance
s’améliore avec la répétition de la tâche, attestant la
réalité d’un apprentissage. Ce fait a pu être démontré
chez les patients atteints d’un syndrome amnésique :
les patients nient le plus souvent avoir déjà vu le matériel à mémoriser, pourtant leur courbe d’apprentissage
est normale. Les épreuves d’amorçage, qui dépendent
des régions corticales postérieures, sont préservées
dans la maladie de Parkinson. Par contre, les épreuves
d’apprentissage procédural, qui font intervenir les
noyaux gris centraux, sont généralement perturbées.
Les tâches de mémoire procédurale peuvent aller des
aspects les plus moteurs (poursuite de cibles en mouvement) aux plus cognitifs (lecture en miroir). Comparée à celle de sujets contrôles, la performance des
patients atteints de maladie de Parkinson à ces épreuves est caractérisée par les éléments suivants : apprentissage moins efficace (le niveau de la courbe reste
inférieur à celui des sujets contrôles), difficultés de
maintien, plus grande variabilité inter et intraindividuelle. Ces éléments suggèrent que l’apprentissage procédural, bien que non conscient et théoriquement acquis de façon automatique, ferait aussi
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R. Lévy, B. Pillon
intervenir des ressources attentionnelles. Cette hypothèse est confirmée par le fait que la performance à la
plupart de ces épreuves est corrélée avec les scores
obtenus à des épreuves qui évaluent les fonctions exécutives qui sont sous la dépendance du cortex préfrontal. Il
est vraisemblable que : 1) les ressources attentionnelles
nécessaires augmentent en passant du moteur au cognitif ; 2) chez le sujet normal leur implication diminue au
cours de l’automatisation progressive de la procédure ;
3) chez le patient atteint de maladie de Parkinson, elles
restent requises tout au long de l’apprentissage, le dysfonctionnement des noyaux gris centraux perturbant
l’automatisation de la procédure [15].
Au total, les difficultés mnésiques des patients
atteints de maladie de Parkinson dépendent donc du
niveau d’auto-organisation de la tâche à effectuer et
des ressources attentionnelles requises. Qu’il s’agisse
de mémoire de travail, de mémoire explicite ou implicite, la sévérité des déficits est généralement associée
à la sévérité du syndrome dysexécutif.
Les fonctions exécutives
Le terme de fonctions exécutives ou intégratrices se
réfère à l’ensemble des processus nécessaires à la planification de comportements adaptés à des situations
environnementales nouvelles. Ces processus - élaboration d’une stratégie adaptée à un but et aux conditions
de l’environnement, maintien de cette stratégie malgré
la présence de distracteurs, inhibition de comportements appris antérieurement mais inadaptés à la situation présente, flexibilité mentale nécessaire pour
s’adapter à une situation nouvelle lorsque l’environnement se modifie - sont considérés comme étant sous la
dépendance des lobes frontaux. Ils sont particulièrement exposés dans la maladie de Parkinson, étant
donné les relations anatomo-fonctionnelles entre le
cortex frontal et les noyaux gris centraux. Certaines
épreuves peuvent mettre en évidence une perturbation
de ces différents processus. Dans le test de classement
de cartes de Wisconsin, le patient doit élaborer par
essai et erreur une catégorie conceptuelle (par exemple
la couleur) à partir du seul feed-back de l’examinateur,
maintenir cette catégorie pendant un certain nombre
de réponses successives, puis changer de catégorie
lorsque le feed-back est modifié. Cette épreuve, la plus
classiquement utilisée pour l’évaluation des fonctions
exécutives, fait donc intervenir, à elle seule, l’élaboration conceptuelle, le maintien du critère de classement,
l’inhibition des interférences (les autres catégories
conceptuelles) et des comportements appris antérieurement mais inadaptés à la situation présente (les catégories renforcées précédemment). D’autres épreuves
S28
font intervenir plus spécifiquement l’un ou l’autre de
ces processus. Par exemple, le test de Stroop permet
de comparer la capacité de dénommer des couleurs
dans deux situations différentes : dénomination de plages colorées, dénomination de la couleur de l’encre
avec laquelle sont écrits des mots dont le contenu
sémantique est un autre nom de couleur (mot
« rouge » écrit en vert). Dans cette deuxième condition,
le sujet doit donc inhiber sa tendance naturelle à lire les
mots, pour ne s’intéresser qu’à la plage colorée formée
par le mot. Le contraste entre les deux situations permet de mesurer la capacité à se libérer d’un automatisme acquis. La plupart des épreuves évaluant les
fonctions exécutives ont été trouvées perturbées dans
la maladie de Parkinson, souvent dès les stades les
plus précoces de la maladie, quand elle n’est pas
encore traitée [1].
L’attention
L’attention n’est pas une opération mentale unitaire, mais plutôt un ensemble de processus nécessaires au traitement de l’information, à l’élaboration d’une
représentation mentale, à son maintien en mémoire de
travail, à sa manipulation et à l’élaboration de la
réponse. La perturbation de ce processus pourrait permettre d’interpréter les difficultés cognitives des
patients atteints de maladie de Parkinson.
L’ensemble des études semble suggérer que, malgré leur apparente diversité, les troubles cognitifs des
patients atteints de maladie de Parkinson pourraient
résulter du dysfonctionnement de quelques mécanismes fondamentaux. La nature de ces mécanismes
reste débattue. S’agit-il des mêmes mécanismes que
ceux qui sont perturbés dans les lésions frontales ? La
continuité fonctionnelle du cortex frontal et des noyaux
gris centraux a été suggérée à partir de travaux effectués chez l’animal [16]. En relation avec cette hypothèse, un manque de flexibilité mentale, considéré
comme caractéristique des patients présentant des
lésions frontales, a été proposé pour expliquer les troubles cognitifs des patients parkinsoniens [17]. Cette
perte de flexibilité n’apparaîtrait, cependant, que
lorsqu’une stratégie interne doit être élaborée et maintenue [18] et serait due à une diminution des ressources attentionnelles nécessaires à l’élaboration d’une
telle stratégie [19]. Comme les patients atteints de
lésions frontales, les patients atteints de maladie
de Parkinson seraient particulièrement perturbés
lorsqu’ils doivent accomplir plusieurs tâches en même
temps. Ces patients parkinsoniens effectuent normalement des temps de réaction simples visuels ou auditifs,
mais contrairement à des sujets contrôles, ils sont inca-
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Troubles cognitifs non démentiels
pables d’effectuer les deux épreuves simultanément
[20]. Les deux informations ne sont pas traitées en
parallèle, mais successivement, comme le montre
l’importance du décalage entre les deux réponses.
Cette incapacité de traiter simultanément plusieurs
informations cognitives rappelle les difficultés éprouvées par ces patients sur le plan moteur. Les mêmes
difficultés cognitives sont observées chez des patients
ayant subi une cortectomie dans les régions médianes
et dorsolatérales des lobes frontaux pour épilepsie
rebelle aux traitements médicamenteux habituels, ce
qui confirme l’hypothèse de la continuité fonctionnelle
entre cortex préfrontal et noyaux gris centraux. Cette
hypothèse n’exclut pas la possibilité que ces structures
interviennent dans les mêmes fonctions par des mécanismes différents. Par exemple, cortex frontal et
noyaux gris centraux pourraient jouer un rôle complémentaire, mais non identique, dans le contrôle de
l’attention. Les résultats de recherches récentes sont en
accord avec cette hypothèse [21]. L’utilisation du paradigme de Posner chez les patients atteints d’une maladie de Parkinson a confirmé l’existence dans cette
maladie d’une difficulté de maintien de l’attention.
Dans ce paradigme, les sujets doivent réagir le plus
rapidement possible à des stimuli qui apparaissent à
gauche ou à droite d’un écran. L’apparition des stimuli
est précédée d’un signal préparatoire neutre (ne donnant aucune information sur l’apparition du stimulus),
valide (indiquant le côté d’apparition du stimulus) ou
invalide (indiquant le côté contraire de celui où va
apparaître le stimulus). Les patients parkinsoniens
engagent leur attention aussi facilement que des sujets
contrôles, comme le montre l’amélioration de performance liée à l’indice valide par rapport à l’indice neutre. En revanche, ils désengagent plus rapidement leur
attention, comme l’indique l’absence de perturbation
de la performance liée à l’indice invalide par rapport à
l’indice neutre [22].
(SNpc) ; 2) la perte des neurones dopaminergiques de
l’aire tegmento-ventrale (ATV) ; 3) l’atteinte des structures cholinergiques du septum (en particulier du noyau
basal de Meynert) ; 4) l’atteinte des autres systèmes
ascendants de neurotransmission (systèmes noradrénergique et sérotoninergique) pourrait aussi contribuer
aux troubles cognitifs de la maladie de Parkinson ; 5)
enfin, il convient aussi de discuter de l’implication
éventuelle des lésions corticales directes observées au
cours de l’évolution de la pathologie « parkinsonienne ».
La perte des neurones dopaminergiques
de la SNpc et le dysfonctionnement striatal
Au cours de la maladie de Parkinson, la SNpc- structure dopaminergique du mésencéphale projetant massivement sur le néostriatum (putamen et noyau caudé)est touchée précocement et intensément. La déplétion
dopaminergique est plus intense dans le putamen (en
relation avec le système moteur) que dans le noyau
caudé (en relation avec les régions corticales associatives comme le cortex préfrontal) [23]. Toutefois, l’existence de troubles cognitifs de type « frontaux », même
à la phase précoce de la maladie de Parkinson, plaide
pour le rôle crucial joué par la dénervation nigrostriatale dans la genèse d’un certain nombre de troubles cognitifs. Ainsi, des difficultés de mémoire de travail et de planification ont été mises en évidence au
Cortex cérébral
Striatum dorsal
Striatum ventral
Mécanismes pathophysiologiques
des troubles cognitifs
de la maladie de Parkinson
Les troubles cognitifs de la maladie de Parkinson
sont la conséquence d’un dysfonctionnement de structures cérébrales dévolues à l’élaboration et au contrôle
de l’action tel le cortex frontal. Plusieurs systèmes neuronaux lésés contribuent au dysfonctionnement frontal
et par conséquent à la genèse des troubles cognitifs
(figure 1) : 1) la perte progressive des neurones dopaminergiques de la pars compacta de la substance noire
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 4, n° spécial 1, décembre 2006
Locus
Coeruleus (NA)
Raphé
dorsal (5-HT)
SNpc (DA)
ATV (DA)
Basal de
Meynert
(Ach)
Figure 1. Lésions des systèmes de neurotransmission ascendants. Les lésions concernent la SNpc, l’ATV, le noyau basal de
Meynert, le locus coeruleus et le raphé dorsal ; Ach : acétylcholine ; DA : dopamine ; 5-HT : sérotonine ; NA : noradrénaline ;
SNpc : pars compacta de la substance noire ; ATV : aire
tegmento-ventrale.
Figure 1. Lesions of the ascendant neurotransmission systems.
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R. Lévy, B. Pillon
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Points clés
• La maladie de Parkinson s’accompagne de troubles cognitifs précoces, même en l’absence de
démence.
• Les modifications cognitives chez le sujet parkinsonien non dément sont dues à l’atteinte des fonctions exécutives, reflet de l’altération du contrôle des
ressources attentionnelles.
• Ce syndrome dysexécutif retentit sur la mémoire,
le langage et les capacités visuo-spatiales.
• Il peut être expliqué en grande partie par le dysfonctionnement de l’axe préfronto-striatal, démodulé par la déplétion dopaminergique intra-striatale.
cours des premières années suivant la découverte de la
maladie de Parkinson [10, 24-28], suggérant une
relation entre le déficit cognitif et la dénervation dopaminergique dans le noyau caudé [29]. Chez le singe
intoxiqué par le 1-méthyl-4-phényl-, 1-2, 5, 6-tétrahydroxipiridine (MPTP), toxique produisant un syndrome
parkinsonien expérimental par atteinte préférentielle
de la SNpc, des difficultés cognitives relatives à un
dysfonctionnement de la région dorsolatérale du cortex préfrontal (altération aux tâches de réponses différées (delayed response task) et de détour (object retrieval task), principalement) ont été mises en évidence,
même à un stade où le singe présente peu ou pas de
signes moteurs [30, 31]. Ces données suggèrent que la
dénervation nigro-striatale jouerait un rôle direct dans
l’apparition des troubles cognitifs de la maladie de Parkinson.
Comment la déplétion dopaminergique intrastriatale peut-elle conduire aux troubles cognitifs de la
maladie de Parkinson ? La somme des dysfonctionnements intra-striataux induits par la déplétion dopaminergique se répercute en cascade dans les structures
cérébrales avec lesquelles le striatum est en relation
par l’intermédiaire des neurones de sortie du striatum.
Un système de connexions unit indirectement le striatum au cortex frontal [32]. Il est donc logique d’envisager que le dysfonctionnement du striatum retentisse
sur le fonctionnement du cortex frontal avec lequel il
est indirectement connecté par ses voies de sortie. De
plus, les circuits anatomiques unissant le cortex frontal
aux ganglions de la base sont bien différenciés en fonction de la région corticale de départ et la zone d’arrivée
au sein des ganglions de la base [33, 34]. Ainsi, au sein
du striatum, le noyau caudé est le « récipient » principal des projections en provenance de la région dorsolatérale du cortex préfrontal, tandis que la région stria-
S30
tale ventrale (appartenant au striatum limbique) reçoit
des afférences de la région orbitoventrale du cortex
préfrontal. D’autre part, il faut noter que le noyau caudé
reçoit des projections d’autres cortex associatifs : ainsi
la région du noyau caudé qui reçoit des projections de
la région dorsolatérale du CPF en reçoit également du
cortex pariétal postérieur et de l’aire 8 (aire oculomotrice frontale) ce qui suggère que cette zone du noyau
caudé pourrait intervenir dans le traitement des informations visuospatiales [35]. Par ailleurs, la queue du
noyau caudé ainsi que la partie postéro-ventrale du
putamen reçoivent des projections des régions temporales latéro-inférieures qui sont impliquées dans le traitement discriminatif des caractéristiques physiques
des objets. Cette dissociation relative des projections
corticales au sein du striatum pourrait suggérer une
spécialisation fonctionnelle des différentes sousrégions composant le noyau caudé (traitement visuospatial pour la partie centrale de la tête du noyau caudé
et traitement des caractéristiques physiques des objets
visuels pour la partie postérieure du corps et la queue
du noyau caudé [16]). Cette régionalisation relative
pourrait permettre de comprendre pourquoi les troubles visuo-spatiaux (y compris dans le cadre de la
mémoire de travail) surviennent précocement dans la
maladie de Parkinson : en effet, la déplétion dopaminergique est plus précoce et plus intense dans les
régions dorsales et antérieures (sous-tendant le traitement visuo-spatial) que dans les régions postérieures
et ventrales du striatum (sous-tendant le traitement des
caractéristiques d’objets).
En résumé, au cours de la maladie de Parkinson, il
est probable que la déplétion dopaminergique intrastriatale retentisse en cascade sur l’ensemble des
structures des ganglions de la base puis sur le cortex
frontal. La régionalisation des circuits unissant le cortex frontal aux ganglions de la base explique que le
dysfonctionnement du noyau caudé joue le rôle le plus
important dans les troubles frontaux dysexécutifs (planification, programmation, mémoire de travail, stratégie d’évocation et de restitution...) habituellement
observés dans la maladie de Parkinson.
L’implication de l’atteinte
de l’aire tegmento-ventrale
Au cours de la maladie de Parkinson, les neurones
dopaminergiques dont les corps cellulaires sont groupés dans l’aire tegmento-ventrale (ATV) dégénèrent,
mais à un moindre degré que les neurones de la SNpc
[36]. Les axones des neurones de l’ATV forment les
voies ascendantes dopaminergiques méso-corticolimbiques. Ces voies fournissent l’innervation dopami-
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Troubles cognitifs non démentiels
nergique des cortex associatifs (en particulier, le CPF)
et des structures limbiques (en particulier, les régions
temporales internes et le nucleus accumbens au sein
du striatum ventral). Il est probable que les lésions de
ces voies contribuent à la genèse des troubles cognitifs
et comportementaux de la maladie de Parkinson, en
particulier au syndrome dysexécutif, et cela pour plusieurs raisons, [37] : 1) la destruction de l’ATV chez
l’animal produit des troubles comportementaux (diminution de l’exploration, désinhibition, difficulté dans les
tâches de réponses différées [38] ; 2) l’administration
par microdialyse d’agonistes et d’antagonistes dopaminergiques dans la région dorsolatérale du cortex
préfrontal chez le singe module les performances au
cours de tâches de mémoire de travail (tâche de saccades oculomotrices mémorisées) [39]. En outre, une
dérégulation dopaminergique dans le système limbique (cortex orbitaire et striatum ventral) peut entraîner
des troubles de la motivation et de l’intégration des
affects au comportement chez les patients parkinsoniens [40-46] et, de ce fait, interférer avec les fonctions
exécutives car celles-ci sont modulées par la motivation [47-51].
L’implication de l’atteinte des noyaux
cholinergiques du septum
L’atteinte des voies cholinergiques ascendantes
naissant des noyaux septaux est bien documentée au
cours de la maladie de Parkinson [52, 53]. La perte en
neurones cholinergiques septaux, en particulier ceux
des régions septales moyennes et antérieures incluant
le noyau basal de Meynert, conduit à une déplétion
cholinergique corticale marquée, notamment au sein
du CPF [54, 55]. La perte cholinergique est plus marquée chez les patients parkinsoniens déments que chez
les non-déments [52] et il existe une corrélation entre la
sévérité de l’atteinte cholinergique et les troubles
cognitifs [56].
De nombreux arguments issus de travaux de pharmacologie et d’études du comportement chez l’animal
et de neuropsychologie chez l’homme suggèrent que la
neutralisation du système cholinergique ascendant
induirait des troubles cognitifs. Ainsi, chez l’animal, les
antagonistes des récepteurs cholinergiques muscariniques, l’atropine, la scopolamine et les injections
d’acide iboténique dans le noyau basal de Meynert
produisent des difficultés dans des tâches d’apprentissage spatial, d’évitement, d’alternance, de réponses
spatiales différées [57-59]. Chez l’homme, le blocage
cholinergique produit des troubles de l’apprentissage
(stockage et restitution) [60].
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Les lésions des systèmes de neurotransmission
noradrénergique et sérotoninergique
Les systèmes ascendants noradrénergiques et sérotoninergiques, issus respectivement du locus coeruleus et des noyaux du raphé dorsal, jouent un rôle
significatif dans la cognition. Le locus coeruleus et les
noyaux du raphé dorsal sont le siège d’une perte neuronale dans la maladie de Parkinson, ce qui entraîne
une déplétion noradrénergique et sérotoninergique
corticale, en particulier dans le cortex frontal et les
structures limbiques [61]. La destruction du locus coeruleus entraîne chez l’animal des troubles de l’attention
et de la mémorisation [38]. Au cours de la maladie de
Parkinson, la perte noradrénergique est plus sévère
chez les patients déments que chez les non-déments
[62]. Les agonistes noradrénergiques améliorent les
performances cognitives des patients parkinsoniens
[63]. La relation entre cognition et sérotonine a aussi
été montrée chez l’animal [64]. Il est aussi possible que
la déplétion sérotoninergique, ainsi que la déplétion
noradrénergique, interviennent dans les états dépressifs des patients parkinsoniens [65].
Lésions directes du cortex cérébral
L’impact clinique des lésions directes du cortex
cérébral se discute surtout dans les états démentiels
survenant chez les patients parkinsoniens. En effet, un
certain nombre de patients parkinsoniens déments présentent des lésions histologiques corticales (perte neuronale, corps de Lewy, dégénérescences neurofibrillaires et/ou plaques séniles) ce qui suggère que les
lésions corticales contribueraient aux troubles cognitifs
de la maladie de Parkinson. L’existence de corps de
Lewy dans le cytoplasme des neurones corticaux chez
des patients parkinsoniens secondairement déments
pose la question de savoir si ces lésions s’intègrent
dans l’évolution de la forme traditionnelle « souscorticale » de la maladie de Parkinson idiopathique ou
si leur présence (associée ou non à un syndrome
démentiel) signe de façon constante une autre affection
(démence à corps de Lewy diffus). Un problème proche
se pose concernant la présence de plaques séniles, de
dégénérescences neuro-fibrillaires et de dépôts anormaux de protéines tau dans les cortex préfrontal et
temporal des patients atteints de maladie de Parkinson
[66, 67]. S’agit-il de l’association de deux pathologies
neurodégénératives fréquentes (maladie de Parkinson
et maladie d’Alzheimer) ou bien alors d’une affection
spécifique (ou une variante de la maladie de Parkinson)
partageant les stigmates histopathologiques des deux
S31
R. Lévy, B. Pillon
affections ? Il n’est pas question de discuter ici des
arguments en faveur de chacune de ces hypothèses.
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Conclusion
Les troubles cognitifs de la maladie de Parkinson
sont fréquents, mais subtils. Ils paraissent résulter, au
moins en grande partie, de difficultés de contrôle des
ressources attentionnelles. Ces déficits perturbent particulièrement les processus stratégiques de planification du comportement, d’organisation et d’évocation
des souvenirs, alors que la consolidation des traces
mnésiques et les fonctions plus instrumentales,
comme le langage et le traitement des informations
visuospatiales, sont préservées jusqu’à un stade
avancé de la maladie. Ces difficultés cognitives résultent en premier lieu de la déplétion dopaminergique
(nigro-striatale et méso-cortico-limbique). Celle-ci semble suffisante pour expliquer les troubles cognitifs frontaux apparaissant précocement dans la maladie de Parkinson. En particulier, la dénervation nigro-striatale
induit un dysfonctionnement en cascade dans les ganglions de la base retentissant finalement sur le cortex
frontal. Il est probable qu’avec l’évolution de la maladie, l’altération des autres systèmes de neurotransmission ascendants (cholinergique surtout mais aussi
sérotoninergique et noradrénergique) concourent à
aggraver les troubles cognitifs, voire à en modifier la
nature. Enfin, les lésions corticales observées quelquefois chez des patients parkinsoniens déments posent la
question du classement nosologique des affections
neurodégénératives associant syndromes extrapyramidal et démentiel.
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