quelques minutes auparavant), et mémoire sémanti-
que (les connaissances générales, partagées par
l’ensemble des personnes appartenant à une même
culture, sans référence aux conditions dans lesquelles
ces informations ont été apprises, par exemple : Qui a
peint La Joconde ?). Le fait que l’évocation du souvenir
soit consciente l’oppose à la mémoire implicite. La
mémoire épisodique est globalement préservée dans
la maladie de Parkinson si l’on utilise des épreuves
dont l’organisation et les liens associatifs sont suffi-
sants pour structurer le matériel à mémoriser. C’est le
cas, par exemple, de la mémoire de récits ou de
l’apprentissage de couples de mots, particulièrement
lorsque ces couples s’appuient sur des associations
sémantiques préétablies. La procédure d’apprentis-
sage verbal mise au point par Grober et Buschke per-
met, d’une part, de contrôler l’encodage et, d’autre
part, d’apprécier la quantité d’information réellement
mise en mémoire, en fournissant au patient des indices
de rappel pour les items qu’il n’a pas pu évoquer spon-
tanément. Le rappel indicé est normal, mais la perfor-
mance est, en revanche, perturbée dans les épreuves
qui impliquent le développement de stratégies comme
le test d’apprentissage verbal de Californie, dans lequel
les patients parkinsoniens utilisent davantage une stra-
tégie externe (apprentissage par cœur) qu’une straté-
gie interne (organisation sémantique) [11]. L’apprentis-
sage spatial, dans lequel le patient doit élaborer des
liens arbitraires entre des images et leur localisation,
est également perturbé dans la maladie de Parkinson
[12]. Dans toutes ces épreuves, la pente de la courbe
d’apprentissage (évolution de la performance au cours
des essais) est cependant identique chez les patients et
chez les sujets contrôles. De plus, il n’y a pas de perte
d’information après un délai de 15 minutes (écart tem-
porel entre le dernier essai de l’apprentissage et un
rappel différé). Ces résultats montrent que la consolida-
tion de la trace mnésique, qui dépend du système
hippocampique, est préservée dans la maladie de
Parkinson, tandis que les processus stratégiques
d’organisation du matériel à mémoriser qui dépendent
du cortex préfrontal sont perturbés dans cette maladie.
Cette dissociation est parfaitement illustrée par une
étude dans laquelle des patients atteints de maladie de
Parkinson devaient apprendre à associer des chiffres et
des couleurs dans deux conditions différentes [13].
Dans la première condition, le lien associatif était fourni
par l’examinateur qui demandait au patient de se sou-
venir, par exemple, que le chiffre 1 était associé à la
couleur rouge. Dans cette première condition, la perfor-
mance des patients comparée à celle de sujets contrô-
les était normale. Dans la deuxième condition, le lien
associatif devait être découvert par le sujet. Celui-ci
devait deviner par essais et erreurs quelle était la cou-
leur associée à chacun des chiffres. Dans cette
deuxième condition, qui demande une organisation du
matériel à mémoriser, la performance des patients était
perturbée par rapport à celle des sujets témoins. Ces
différents résultats suggèrent que la performance des
patients atteints de maladie de Parkinson en mémoire
épisodique dépendrait du niveau d’auto-organisation
et des ressources attentionnelles requises par le maté-
riel à mémoriser [14].
La même dissociation entre maintien de la trace
mnésique et organisation défectueuse de cette trace a
été observée au niveau des souvenirs anciens, qu’il
s’agisse de souvenirs épisodiques ou sémantiques. En
ce qui concerne les souvenirs personnels ou sociaux,
les patients atteints de maladie de Parkinson ont une
reconnaissance normale, mais une organisation tem-
porelle défectueuse. Concernant des acquisitions
sémantiques comme le vocabulaire, les patients par-
kinsoniens n’ont pas de difficultés pour évoquer la
signification des mots, mais peuvent en rencontrer
lorsqu’ils doivent élaborer des stratégies de recherche
inhabituelles, par exemple donner en une minute le
plus grand nombre possible de mots commençant par
une lettre donnée.
•Mémoire implicite
Dans cette forme de mémoire, la performance
s’améliore avec la répétition de la tâche, attestant la
réalité d’un apprentissage. Ce fait a pu être démontré
chez les patients atteints d’un syndrome amnésique :
les patients nient le plus souvent avoir déjà vu le maté-
riel à mémoriser, pourtant leur courbe d’apprentissage
est normale. Les épreuves d’amorçage, qui dépendent
des régions corticales postérieures, sont préservées
dans la maladie de Parkinson. Par contre, les épreuves
d’apprentissage procédural, qui font intervenir les
noyaux gris centraux, sont généralement perturbées.
Les tâches de mémoire procédurale peuvent aller des
aspects les plus moteurs (poursuite de cibles en mou-
vement) aux plus cognitifs (lecture en miroir). Compa-
rée à celle de sujets contrôles, la performance des
patients atteints de maladie de Parkinson à ces épreu-
ves est caractérisée par les éléments suivants : appren-
tissage moins efficace (le niveau de la courbe reste
inférieur à celui des sujets contrôles), difficultés de
maintien, plus grande variabilité inter et intra-
individuelle. Ces éléments suggèrent que l’apprentis-
sage procédural, bien que non conscient et théorique-
ment acquis de façon automatique, ferait aussi
Troubles cognitifs non démentiels
Psychol NeuroPsychiatr Vieil, vol. 4, n° spécial 1, décembre 2006 S27
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.