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Introduction à l’Histoire juive
Photo : fouilles archéologiques du Mur des Lamentations de Jérusalem.
Note : il serait littéralement impossible de résumer trois mille ans d’Histoire
juive en quinze pages, rien qu’en raison du fait qu’au cours des dernières 2500
années, les Juifs ont été dispersés dans le monde entier.
Ce module met en lumière juste quelques uns des événements, périodes,
personnes et problématiques les plus importants et n’a pas pour objectif d’être
exhaustif. Nous avons choisi de nous concentrer sur un nombre restreint de
personnages clés qui ont eu un impact important dans le développement de la
vie intellectuelle juive dans différentes zones à différentes époques.
Malheureusement, il n’y a aucune femme parmi eux, puisque jusqu’au XIXe
siècle le rôle des femmes juives était confiné à la maison.
Une note sur la prononciation des termes hébreux : en général, elle respecte la
prononciation de l’anglais, avec l’exception de « ch » qui est prononcé
(χ).
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Diaspora / Galut
Le mot grec diaspora signifie dispersion ou éparpillement. De nos jours, il est
utilisé pour parler de personnes de toutes nationalités qui habitent en dehors de
leur pays. Toutefois, à l’origine le mot était uniquement utilisé pour parler des
Juifs qui habitaient en dehors de la Terre Sainte. Le terme hébreux Galut (exil) a
aussi souvent été utilisé. C’est seulement au XXe siècle qu’un équivalent en
hébreux au terme de diaspora a été créé : Tfutzot.
En examinant l’histoire des Juifs et du Judaïsme, on ne peut pas passer à côté du
fait que les Juifs s’établirent dans différentes parties du monde et vécurent
longtemps en dehors de la Terre Sainte.
C’est surprenant, mais pendant plus de 2.000 ans les Juifs ont continué à se
considérer comme un seul peuple, et étaient considérés de même par les autres,
bien qu’il n’y ait pas eu d’Etat juif pendant toute cette période.
L’Histoire des Juifs est caractérisée par l’exil de leur patrie. Dans la Bible, on
peut trouver l’importante (mais jusqu’à aujourd’hui non documentée)
description de l’exode des Israélites d’Egypte (Moïse 2-5), qui est commémorée
par Pessach.
Le premier exil historiquement documenté du peuple juif est l’exil à Babylone
(586-538 av. JC). Il advint après la capture du Royaume de Juda en 586 av. JC
et l’incendie subséquent du Temple juif de Jérusalem (le « Premier Temple »).
Alors que la majorité de la population juive reste sur place à cette époque, de
nombreux rabbins, des servants à la cour et la classe aisée urbaine furent
déplacés à Babylone. Sur place, ils développèrent une théologie d’après laquelle
Dieu n’était pas seulement présent dans le Temple de Jérusalem, mais aussi en
exil. Cette étape marque la transition du culte d’un dieu parmi les autres
(hénothéisme) vers la croyance de l’existence d’un seul et unique Dieu
(monothéisme). La chute du Royaume de Juda n’était pas attribué à une
quelconque faiblesse de Dieu, mais à l’échec du peuple juif à suivre ses
commandements. Les coutumes qui prirent de l’importance pendant cette
période d’exil sont celles qui pouvaient être observées et pratiquées loin du
Temple et de la patrie juive. Elles incluaient en particulier le Sabbat et la
circoncision – qui continuent tous deux d’être des éléments centraux dans toutes
les branches de la foi juive.
Suite à la victoire des Perses sur les Babyloniens en 539 av. JC, les Juifs furent
autorisés à retourner en Terre Promise. Afin d’obtenir le statut de minorité sous
les Perses, les Juifs furent obligés de mettre par écrit leurs commandements et
leurs traditions. Aujourd’hui cet épisode est considéré comme l’une des
motivations clés ayant entraîné l’écriture de la Torah. Ce livre fut écrit en se
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basant sur les expériences rassemblées des Juifs étant restés en Terre Sainte et
ceux revenant de captivité à Babylone et il décrit à la fois les façons de pratiquer
la religion en Terre Sainte et en exil.
Peu après le retour de captivité à Babylone, la Palestine fut capturée par les
Grecs. En 168 avant JC. les Juifs perdirent leur statut de minorité autonome, le
Temple fut dédié à Zeus et la Torah fut déclarée invalide en tant que document
juridique.
En conséquence, la révolte des Maccabées advint et le Temple fut reconsacré.
Cet événement est commémoré par Hanukah.
Une fois que le premier objectif fut atteint (la consécration du Temple et la
réinsertion de la Torah comme source de droit), de nombreuses guerres de
conquêtes commencèrent, qui s’étendirent bien au-delà des frontières du
Royaume de Juda. Elles culminèrent avec l’occupation romaine de la Palestine.
En l’an 70 après JC. Jérusalem tombait finalement, suivant d’importantes
révoltes juives, et le Temple était rasé. Après cet événement, il n’y eu plus
d’Etat juif en Terre Promise pendant près de 2000 ans. Le Temple ne fut jamais
reconstruit.
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Photo : le Mur des Lamentations à Jérusalem est l’ancien mur ouest du Temple et pour cette raison, c’est
l’endroit le plus sacré pour les Juifs. De nos jours, le Dôme du Rocher et la mosquée Al Aksa, tous deux
importants sanctuaires musulmans, sont situés sur le site du Temple.
Pourtant, cet événement ne mit pas fin à la vie juive en Palestine, et pour les
siècles suivants les fondations du Judaïsme rabbinique furent posées. La
christianisation du royaume juif qui débuta au IVe siècle n’eut pas seulement un
impact négatif sur les Juifs, mais encouragea aussi un retour conscient à leurs
propres traditions.
Cependant, au Ve siècle, il y eu une augmentation des mesures répressives
contre les Juifs et leur autonomie partielle fut totalement perdue. Mais
néanmoins, même à cette époque et jusqu’à l’invasion arabe en 634 après JC.,
les Juifs continuèrent à vivre en Terre Sainte.
Les Juifs étaient aussi établis à Babylone suite à l’exil à Babylone, et aux Ve et
VIe siècles, la ville devint le foyer intellectuel du Judaïsme et le resta
longtemps. Ainsi, à l’époque où il y avait encore une population juive active en
Terre Sainte, une communauté de Juifs exilés menait le développement
intellectuel de la religion. C’est là que le Talmud en Babylonien fut écrit – pour
de nombreux érudits, il s’agit du document juif le plus important.
A cette époque, plusieurs communautés juives existaient déjà en dehors d’Israël
et Babylone. Les raisons étaient en partie dues aux mouvements de population,
mais aussi au fait que de nombreuses personnes se convertirent au Judaïsme vers
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la fin de l’époque du Second Temple. Suite à la destruction du Temple, cette
tendance augmenta. Dans les centres culturels d’Antioche et Alexandrie, mais
aussi en Palestine, des individus se convertirent au Judaïsme, ainsi que des
familles entières et des communautés.
C’est aussi à cette époque que de nouvelles communautés de la diaspora juive
arrivèrent en Europe, en particulier en Espagne, Allemagne et Pannonie
(territoire comprenant des morceaux des actuelles Hongrie, Autriche, Serbie,
Croatie et Slovénie).
A l’aube du premier millénaire, la population juive mondiale comptait huit
millions de membres, dont un quart en Judée, et un million à Babylone, en
Egypte, en Syrie et en Asie Mineure
1
. D’importantes communautés existaient
aussi à cette époque en Italie centrale et méridionale, et dans les villes
européennes de garnison, y compris Cordoue, Marseille, Londres, Trèves et
Cologne.
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Ortag Peter: Jüdische Kultur und Geschichte, Bonn, 2007, p. 77
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