d’enzymes de la membrane mitochondriale (carnitine pal-
mitoyl transférase I/II et carnitine-acylcarnitine translo-
case). Dans la matrice mitochondriale, les acides gras sous
forme d’acyl-CoA sont oxydés par des enzymes spécifi-
ques de la taille de leur squelette carboné. Les acétyl-CoA
formés pourront alors être directement utilisés par la mito-
chondrie pour former des corps cétoniques et être exportés
pour fournir de l’énergie au cerveau et aux muscles. Dans
les déficits de la b-oxydation mitochondriale (défauts de
transport membranaire des acylcarnitines ou déficits en
enzymes de la b-oxydation), les acyl-CoA s’accumulent
dans la mitochondrie et sont éliminés sous forme d’acyl-
carnitines permettant le diagnostic de ces maladies [9].
L’expression clinique de ces maladies est celle d’un déficit
énergétique se révélant soit par une hypoglycémie hypo-
cétotique, soit par une cardiomyopathie hypertrophique,
soit par une atteinte musculaire de type faiblesse muscu-
laire ou rhabdomyolyse. Le traitement repose sur l’évic-
tion des périodes de jeûne prolongé associé à une supplé-
mentation en carnitine et en triglycérides à chaîne moyenne
pour les déficits de la b-oxydation des acides gras à chaîne
longue.
Les aciduries organiques
La plupart des acides organiques proviennent du catabo-
lisme des acides aminés ramifiés (leucine, isoleucine, va-
line) produisant de l’acétyl-CoA ou du succinyl-CoA ren-
trant dans le cycle de Krebs. De nombreuses enzymes
peuvent être déficientes et entraîner l’accumulation du pré-
curseur qui s’élimine ensuite sous forme d’acide(s) orga-
nique(s) dans le sang puis les urines. Les aciduries organi-
ques les plus fréquemment diagnostiquées sont les
aciduries propionique, isovalérique, et méthylmalonique.
D’autres aciduries sont retrouvées plus rarement comme
le déficit en 3-hydroxy-3-méthylglutaryl-CoA lyase et le
déficit en 3-méthylcrotonyl-CoA carboxylase. Clinique-
ment, ces maladies se présentent sous trois formes distinc-
tes : néonatale sévère, chronique intermittente et chroni-
que progressive. Les acides organiques accumulés peuvent
être éliminés directement ou couplés soit avec de la gly-
cine (sous forme d’acylglycines) soit avec de la carnitine
(sous forme d’acylcarnitines) [10].
Outre le catabolisme des acides aminés ramifiés, le cata-
bolisme du tryptophane et de la lysine peut aussi être
touché par des déficits enzymatiques conduisant à des at-
teintes neurologiques sévères dont la plus fréquente est
l’acidurie glutarique de type I [11].
Enfin, parmi les troubles de la cétolyse, le déficit en
acétoacétyl-CoA thiolase mitochondriale peut être dia-
gnostiqué par MS/MS grâce au profil des acylcarnitines.
Pour toutes ces maladies, le principe général du traitement
est un régime hypoprotidique afin de limiter l’apport du ou
des acides aminés en cause, associé à une complémenta-
tion en acides aminés essentiels, en vitamines, en miné-
raux et en oligoéléments.
Le dosage semi-quantitatif des acides aminés
La plupart des voies métaboliques impliquant des acides
aminés sont touchées par des déficits enzymatiques qu’il
est possible de diagnostiquer par le dosage des acides
aminés plasmatiques.
L’approche par MS/MS sans séparation préalable ne per-
met pas à l’heure actuelle de doser tous les acides aminés.
Nous n’envisagerons donc que les déficits qu’il est possi-
ble de mettre en évidence avec cette technique sur des
prélèvements de sang déposé sur papier.
La technique classique de dosage des acides aminés est la
chromatographie liquide d’échange d’ions. Le développe-
ment actuel des techniques MS/MS permet de doser un
certain nombre d’acides aminés. Le principe repose sur la
même préparation des échantillons que pour les acylcarni-
tines : les acides aminés sont extraits à partir d’un tache de
sang puis dérivés par butylation avant d’être introduits
dans l’appareil. Le mode d’analyse est en revanche diffé-
rent. Après fragmentation, la majorité des acides aminés
donnent un même fragment neutre de masse 102 Da (ala-
nine, sérine, proline, valine, glutamine + acide glutami-
que, leucine + isoleucine + alloisoleucine, méthionine,
histidine, phénylalanine, tyrosine, asparagine + acide as-
partique). Les acides aminés basiques (citrulline, lysine,
arginine, ornithine) donnent un fragment neutre de masse
119 Da. Le profil des acides aminés est obtenu en sélec-
tionnant tous les ions parents donnant une perte de masse
de 102 Da ou de 119 Da après fragmentation (mode d’ana-
lyse en balayage des pertes neutres). La glycine et l’acide
argininosuccinique sont dosés individuellement en mode
MRM.
La quantification est obtenue en utilisant comme étalons
internes des acides aminés marqués par des isotopes sta-
bles (
2
Hou
13
C). Le dosage des acides aminés par cette
technique reste cependant semi-quantitatif. En effet, il est
impossible de mesurer individuellement les acides aminés
isomasse comme la leucine, l’isoleucine et l’alloisoleu-
cine et l’on ne peut mesurer que la somme de ces trois
acides aminés. De plus, lors de l’étape de dérivation, la
glutamine et l’asparagine se transforment respectivement
en acide glutamique et en acide aspartique ne rendant
possible que la mesure de la somme acide glutamique +
glutamine et la somme acide aspartique + asparagine.
Les aminoacidopathies
et les déficits du cycle de l’urée
Les déficits enzymatiques à l’origine de ces pathologies
entraînent une accumulation d’un ou plusieurs métabolites
devenant toxiques pour l’organisme. Toutes ces maladies
sont traitables par un régime d’exclusion du ou des acides
Spectrométrie de masse en tandem
Ann Biol Clin, vol. 62, n° 3, mai-juin 2004 273
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