Ayant estimé p et r, les fréquences des allèles I
A
et I
O
, nous pouvons maintenant estimer la fréquence de l'allèle I
B
:
On sait que p + q + r = 1 ; donc q = 1 – p – r = 1 – 0,38 – 0,51 = 0,11
Les fréquences phénotypiques et génotypiques de cette population sont résumées dans le tableau de la figure 6.
3. Calcul des fréquences pour les caractères liés au sexe
La loi de Hardy-Weinberg peut être utilisée pour calculer les fréquences alléliques et génotypiques de caractères liés au sexe, mais
il faut se rappeler que dans les systèmes de détermination du sexe de type XY, le sexe homogamétique (XX) aura deux copies d'un
allèle porté par l'X alors que le sexe hétérogamétique n'en aura qu'une. Ainsi, pour les mammifères, chez qui les femelles sont XX et
les mâles XY, la fréquence de l'allèle lié à l'X dans le pool de gènes et la fréquence des mâles exprimant ces caractères liés à l'X
seront les mêmes. Comme chaque mâle possède seulement un allèle lié au sexe, la fréquence d'un caractère lié au sexe parmi les
mâles est une mesure directe de la fréquence allélique de la population, en considérant que les fréquences alléliques ainsi
déterminées sont représentatives de celles des femelles aussi. La probabilité pour qu'une femelle ait le même allèle sur ses deux
chromosomes sera q
2
, où q est la fréquence de cet allèle.
Prenons comme exemple le cas de l'allèle récessif présent sur un locus lié au sexe et responsable du daltonisme. Cette maladie
affecte 8 % des hommes. La fréquence de l'allèle responsable du daltonisme est donc de 0,08. Ceci signifie que 8 % des
chromosomes X de la population portent cet allèle. Les 92 % restants portent l'allèle dominant. Si on fait l'hypothèse que p est la
fréquence de l'allèle normal et q la fréquence de l'allèle responsable du daltonisme, alors p = 0,92 et q = 0,08. La fréquence des
femmes exprimant cette maladie (avec deux chromosomes X portant l'allèle responsable du daltonisme) est q
2
= (0,08)
2
= 0,064 et
la fréquence des femmes porteuses saines est 2pq = 2(0,08)(0,92) = 0,147. Cela signifie que 14,7% des femmes portent un allèle
responsable du daltonisme et peuvent le transmettre à leur enfant même si elles sont de phénotype normal.
IV. SELECTION NATURELLE ET VARIATIONS DE FREQUENCES ALLELIQUES
Nous avons vu que la loi de Hardy-Weinberg permet d'estimer les fréquences alléliques et génotypiques pour un locus donné dans
des populations pour lesquelles de croisement au hasard, d'absence de sélection et d'absence de mutation sont valables. En réalité,
il est bien difficile de trouver des populations naturelles pour lesquelles toutes ces hypothèses soient valables pour l'ensemble des
gènes. Dans la nature, les populations sont dynamiques et les changements d'effectifs et de pool de gènes sont fréquents. La loi de
Hardy-Weinberg permet également d'analyser les populations qui diffèrent de la population idéale.
A. La sélection naturelle
L'une des hypothèses de la loi de Hardy-Weinberg est que les individus de tous génotypes ont les mêmes taux de survie et des
fécondités équivalentes. Si l'une de ces conditions n'est pas respectées, les fréquences alléliques ne sont pas conservées d'une
génération à la suivante. Pour expliquer ceci, imaginons une population de 100 individus dans laquelle la fréquence de l'allèle A est
de 0,5 et celle de l'allèle a est de 0,5. En émettant l'hypothèse qu'à la génération précédente les individus se sont croisés au hasard,
on doit alors observer chez les zygotes de la génération présente les fréquences génotypiques suivantes : (0,5)
2
= 0,25 pour AA,
2(0,5)(0,5) = 0,5 pour Aa et (0,5)
2
= 0,25 pour aa. Notre population étant représentée par 100 individus, nous avons 25 individus AA,
50 individus Aa et 25 individus aa.
Supposons maintenant que les individus des différents génotypes aient des taux de survie différents : les 25 individus de génotype
AA, 90 % soit 45 des 50 individus Aa et 80 % soit 20 des 25 individus aa parviennent à l'âge de la reproduction. Lorsque les
survivants se reproduisent, chacun d'eux contribue à fournir deux gamètes au nouveau pool de gènes, ce qui donne 2(25) + 2(45) +
2(20) = 180 gamètes. Quelles sont alors les fréquences alléliques dans la population des survivants ?
Nous avons 50 gamètes A provenant des 25 individus AA et 45 provenant des individus Aa, la fréquence de l'allèle A est alors (50 +
45)/180 = 0,53. Nous avons 45 allèles a provenant des individus Aa et 40 provenant des individus aa, la fréquence de l'allèle a est
donc : (45 + 40)/180 = 0,47. Les fréquences alléliques diffèrent donc des fréquences initiales. L'allèle A a vu sa fréquence
augmenter, alors que la fréquence de l'allèle a a diminué. La différence de taux de survie ou de fécondité (ou les deux) entre les
différents génotypes est appelée sélection naturelle. La sélection naturelle est la principale force qui fait varier les fréquences
alléliques dans les populations à grand effectif et est l'un des plus importants facteurs de changements évolutifs.
B. La notion de valeur sélective
La sélection se produit lorsque des individus avec un génotype particulier acquièrent un certain avantage dans la survie ou la
fécondité par rapport aux autres génotypes. Cependant, la sélection peut varier de moins de 1 % à 100 % dans le cas d'un gène
létal.
Dans l'exemple précédent, la sélection était forte. Une sélection faible peut s'appliquer sous la forme d'une faible différence de
survie ou de fécondité entre les génotypes. Cette différence peut ne représenter que la fraction d'1 %. Les avantages en termes de
survie et de fécondité se traduisent immédiatement par une augmentation de leur contribution génétique dans les générations
futures. La contribution d'un génotype à la formation de la génération suivante est appelée valeur sélective ou fitness. Ainsi, les
génotypes associés à de fortes fécondités sont dits avoir de fortes fitness, alors que les génotypes associés à de faibles fécondités
ont des faibles valeurs sélectives. L'analyse de Hardy-Weinberg nous permet également d'examiner les valeurs sélectives. Par
convention, les généticiens utilisent le signe ω pour représenter les valeurs sélectives. Ainsi, ω
AA
représente la valeur sélective
relative du génotype AA, ω
Aa
celle du génotype Aa et enfin ω
aa
celle du génotype aa. Attribuer par exemple ω
AA
= 1 ; ω
Aa
= 0,9 et
ω
aa
= 0,8 signifie que tous les individus AA, 90 % des individus Aa et 80 % des individus aa survivent, comme dans le cas
précédent. Considérons une sélection contre un allèle délétère, avec ω
AA
= 1 ; ω
Aa
= 1 et ω
aa
= 0. Ces fitness décrivent une
situation dans laquelle l'allèle a est un allèle létal. Un individu homozygote récessif meurt sans laisser de descendance. La
fréquence de l'allèle a va donc décroître au cours du temps. La diminution de la fréquence de l'allèle a est définie par l'équation
suivante : q
G
= q
0
/ (1 + gq
0
)
où q
G
est la fréquence de l'allèle a à la génération g, q
0
est la fréquence initiale et g est le nombre de générations.