Direction des Affaires Économiques 3
Les risques portant sur les exportations allemandes ont cependant augmenté de manière significative
depuis 2014. Une part élevée de la croissance des ventes, depuis une décennie, dépendaient en effet
de la demande des pays émergents. Or, depuis deux ans, les économies émergentes sont confrontées
à un ralentissement de leur croissance, impactant de ce fait leur demande internationale. L’automobile
et l’ingénierie mécanique, secteurs phares de l’industrie allemande, sont notamment visées par cette
baisse de la demande des pays émergents
.
Au-delà de la demande internationale en berne, l’Allemagne est mise en difficulté sur les deux piliers
qui ont fait la force de son économie. La compétitivité-prix du pays recule nettement par rapport à ses
voisins européens, en raison d’un renchérissement de la main d’œuvre. Ainsi, le coût du travail, dans
l’industrie manufacturière, en Allemagne, a progressé de 8,3 % entre 2012 et le quatrième trimestre
2015, contre des hausses de 6,1 % dans la zone euro et de 4,6 % en France
. De plus, la productivité
des travailleurs allemands est désormais stagnante, voire en légère baisse dans le secteur des services.
D’autre part, des inquiétudes se portent sur la compétitivité hors-prix des entreprises. Celles-ci n’ont
pas profité de la faiblesse des taux d’intérêt pour relancer, de manière significative, leurs dépenses
d’investissements
. Or, celles-ci sont un élément essentiel pour assurer une croissance de long terme.
L’avance de l’Allemagne en termes de qualité des produits et de capacité d’innovation pourraient donc
être remises en cause à l’avenir.
L’évolution démographique du pays
A moyen terme, les perspectives de croissance de l’Allemagne sont pénalisées par une démographie
déclinante et une population vieillissante. En raison d’un taux de natalité très faible, les individus de
moins de 25 ans ne représentent que 23,9 % de la population totale en 2015, contre 30,4 % en France.
De même, les individus de 65 ans ou plus représentent 21 % de la population en Allemagne, mais
seulement 18,4 % dans notre pays. Du fait de trajectoires démographiques divergentes entre les deux
pays, la population française pourrait ainsi dépasser celle de l’Allemagne dès 2045
. Ce vieillissement
programmé de la population représente un défi pour le pays, car le poids des dépenses publiques, en
termes de santé et de retraite, va mécaniquement progresser.
Le recours aux populations étrangères est une solution pour combler le manque de main-d’œuvre à
venir. De ce fait, l’attitude de l’Allemagne à l’égard des flux massifs de réfugiés a été différente de celle
des autres pays de l’Union européenne. Le pays a ainsi diminué les barrières à l’entrée sur le marché
du travail pour les demandeurs d’asile. L’accueil et l’intégration de ces populations peuvent cependant
représenter un coût significatif pour le pays, dans le cas de faibles compétences professionnelles ou
linguistiques des immigrés.
Aussi, cette situation risque-t-elle de créer des tensions entre pays européens. Si actuellement, les flux
d’immigration en provenance des pays du Sud de l’Europe (Grèce, Espagne, etc.) permettent de réduire
The German economy: safe inside, riskier outside; Coface Economic Publications.
Données Coe-Rexecode.
Etudes économique de l’OCDE, Allemagne ; OCDE, avril 2016.
Observatoire français des conjonctures économiques