Dermato Mag - N°1 - janvier - février - mars - 2014 35
Le saviez-vous ?
MAG CULTUREL
Sylvie Monpoint
Montpellier
d’un chauffage trop
important visant à le
faire fondre, le ren-
dant impropre à son
utilisation).
Encore que !
À l’heure du tout-bio,
certaines boutiques
spécialisées vous
proposeront les soins
câlins au chocolat,
anticellulite et terri-
blement relaxants…
✒
Le chocolat, des Mayas au xxie siècle
Il y a plus de dix siècles déjà, dans la
lointaine Amérique centrale, longtemps
inconnue de nos ancêtres, des peuples
anciens, les Mayas puis les Aztèques,
connaissaient le secret des cabosses,
volumineux fruits du cacaoyer, dont les
fèves, disposées en épis, recelaient l’or
noir du cacao.
De ces fèves, l’Homme, en toute époque,
a su extraire le chocolat (aliment quasi
universel car qui peut dire qu’il n’a
jamais mangé de chocolat ?) mais aussi le
fameux beurre de cacao. Et c’est tout un
art de transformer la fève en beurre…
Pour faire un bon beurre de cacao et
garder toutes ses qualités médicinales, il
faut une fève à la cabosse jaune, bien
mûre… Les faire fermenter, les trier, les
cuire à feu doux, l’eau ne doit pas être
trop bouillante, car on risque de perdre
les qualités médicinales de la pâte, et
tourner le mélange toujours dans le
même sens pour en extraire l’huile pré-
cieuse.
Indispensable trésor de la pharmacopée
d’avant la chimie, ce beurre de cacao ser-
vait à cicatriser brûlures et gerçures du
fait de sa forte teneur en graisses variées.
Riche en vitamines A, B, C, E, en miné-
raux (fer, calcium, cuivre, magnésium),
et en flavonoïdes, dont des polyphénols
antioxydants, il servait aussi à combattre
les effets néfastes du soleil. Enfin, parce
qu’il stimule la synthèse du collagène,
les femmes africaines l’utilisent en mas-
sage durant et après la grossesse, pour
préserver l’élasticité cutanée et prévenir
l’apparition des vergetures. Il a même été
utilisé pour prévenir les morsures de ser-
pents (où l’on apprend que les serpents
n’aiment pas l’odeur du chocolat ?) et,
beaucoup plus tard, jusqu’au xxe siècle,
pour la fabrication de suppositoires, car
le beurre de cacao, qui ne rancit jamais, a
la particularité de fondre à 34-35 °C, à
savoir la température corporelle.
De nos jours, les
fabricants de cos-
métiques en sont
un peu moins
friands, et il est
quelque peu
délaissé au profit
du beurre de
karité ou pour
des excipients
synthétiques qui
ne sont pas sujets
à la surfusion
(altération du
beurre de cacao qui se produit lors
Figure 1. Noble maya offrant de la pâte de cacao. Source : Wikipedia
“Pour faire un bon beurre de
cacao et garder toutes ses qualités
médicinales, il faut une fève à la
cabosse jaune, bien mûre…”.
”L’eau ne doit pas être trop
bouillante, car on risque
de perdre les qualités
médicinales de la pâte.”
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