MAG Culturel Le saviez-vous ? Le chocolat, des Mayas au xxie siècle Sylvie Monpoint Montpellier [email protected] Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017. Il y a plus de dix siècles déjà, dans la lointaine Amérique centrale, longtemps inconnue de nos ancêtres, des peuples anciens, les Mayas puis les Aztèques, connaissaient le secret des cabosses, volumineux fruits du cacaoyer, dont les fèves, disposées en épis, recelaient l’or noir du cacao. De ces fèves, l’Homme, en toute époque, a su extraire le chocolat (aliment quasi universel car qui peut dire qu’il n’a jamais mangé de chocolat ?) mais aussi le fameux beurre de cacao. Et c’est tout un art de transformer la fève en beurre… Pour faire un bon beurre de cacao et garder toutes ses qualités médicinales, il faut une fève à la cabosse jaune, bien mûre… Les faire fermenter, les trier, les cuire à feu doux, l’eau ne doit pas être trop bouillante, car on risque de perdre les qualités médicinales de la pâte, et tourner le mélange toujours dans le même sens pour en extraire l’huile précieuse. Indispensable trésor de la pharmacopée d’avant la chimie, ce beurre de cacao servait à cicatriser brûlures et gerçures du fait de sa forte teneur en graisses variées. Riche en vitamines A, B, C, E, en minéraux (fer, calcium, cuivre, magnésium), et en flavonoïdes, dont des polyphénols antioxydants, il servait aussi à combattre les effets néfastes du soleil. Enfin, parce qu’il stimule la synthèse du collagène, les femmes africaines l’utilisent en massage durant et après la grossesse, pour préserver l’élasticité cutanée et prévenir l’apparition des vergetures. Il a même été utilisé pour prévenir les morsures de serpents (où l’on apprend que les serpents n’aiment pas l’odeur du chocolat ?) et, beaucoup plus tard, jusqu’au xxe siècle, pour la fabrication de suppositoires, car le beurre de cacao, qui ne rancit jamais, a la particularité de fondre à 34-35 °C, à savoir la température corporelle. Figure 1. Noble maya offrant de la pâte de cacao. Source : Wikipedia De nos jours, les “Pour faire un bon beurre de fabricants de cosmétiques en sont cacao et garder toutes ses qualités un peu moins médicinales, il faut une fève à la friands, et il est quelque peu cabosse jaune, bien mûre…”. délaissé au profit ”L’eau ne doit pas être trop du beurre de karité ou pour bouillante, car on risque des excipients de perdre les qualités synthétiques qui ne sont pas sujets médicinales de la pâte.” à la surfusion (altération du beurre de cacao qui se produit lors d’un chauffage trop important visant à le faire fondre, le rendant impropre à son utilisation). Encore que ! À l’heure du tout-bio, certaines boutiques spécialisées vous proposeront les soins câlins au chocolat, anticellulite et terriblement relaxants… ✒ Dermato Mag - N°1 - janvier - février - mars - 2014 35