C O N S E I L 02.03 / 22 L’acétone, un ennemi de la fécondité Le problème est connu: la vache donne naissance à un magnifique veau, la production laitière est réjouissante, tout semble parfait, mais voilà que la vache ne vient pas en chaleurs du tout, présente des kystes, ou fait des retours en chaleurs. Si de tels troubles touchent plusieurs animaux du troupeau, il se peut qu’ils soient dus à un sous-approvisionnement en énergie. Une ingestion importante de fourrage pendant les premières semaines de lactation est décisive pour un métabolisme équilibré. Le volume du fourrage ingéré peut être influencé par le chef d’exploitation fhu. Fréquemment, les vaches montrent déjà des symptômes de trouble du métabolisme de l’énergie, en début de phase de démarrage: • la teneur en protéine du lait est faible (en dessous de 3.0%); • la teneur en graisse augmente éventuellement (plus de 5.0%); • l’ingestion de fourrage est réduite ou irrégulière; • le concentré est mal ingéré; • l’animal maigrit; • le test d’acétone du lait ou de l’urine livre un résultat violacé. Ces symptômes cliniques sont typiques d’une cétose latente. Formation d’acétone et indicateurs d’une cétose Si une vache ne peut plus couvrir les besoins en énergie, nécessaires à la production laitière, par le biais du fourrage ingéré, elle mobilise les réserves (graisse) corporelles. La décomposition de la graisse corporelle induit la formation d’acétone (ou autres corps cétoniques). Si le taux d’acétone augmente fortement, le métabolisme est surchargé. On parle alors de cétose ou d’acétonémie. La présence d’acétone dans le sang engendre une perte de l’appétit, ce qui conduit à un cercle vicieux. En raison de l’apport déficient en énergie dans la panse, la formation de PAI (protéine absorbable dans l’intestin) diminue, raison pour laquelle la teneur en protéine du lait chute. Souvent, le taux de graisse dans le sang augmente tellement qu’une partie de cette graisse passe directement dans le lait et que la teneur en graisse de ce dernier s’accroît également. La cétose apparente est de plus en plus rare Une vache qui a des symptômes évidents de cétose ne mange plus et elle est apathique. De nombreuses personnes décèlent même l’odeur de l’acétone. L’animal doit alors être traité par le vétérinaire. Toutefois, cette forme apparente de trouble du métabolisme devient de plus en plus rare. La cétose sub-clinique est de plus en plus fréquente De nos jours, la cétose apparaît de plus en plus souvent de manière latente et, de fait, elle est beaucoup plus difficile à diagnostiquer, surtout en cas de manque de vigilance. Toutefois, même dans ces cas-là, le bilan énergétique de la vache est déjà négatif, c.-à-d. qu’elle nécessiterait davantage d’énergie que celle qu’elle absorbe. Des analyses ont démontré que dans de nombreux cheptels, une vache sur trois souffre de cétose subclinique. Les troubles de la fécondité sont les conséquences d’une cétose sub-clinique Le métabolisme de la vache pose ses priorités. Le premier objectif est de nourrir le veau nouveauné. Son propre bien-être passe au second plan. Et ce n’est qu’une fois ces deux besoins vitaux couverts, que la possibilité de reproduction entre en ligne de compte. Si une vache se trouve en situation de déficit énergétique, la fécondité est réduite naturellement pour ne pas courir le risque que les exigences d’une nouvelle gestation entravent le développement du veau déjà né. Aujourd’hui on connaît le schéma de régulation qui se cache derrière ce phénomène. En cas de bilan énergétique négatif, les hormones du métabolisme inhibent la production des hormones sexuelles (principalement la LH, mais aussi la FSH). Par conséquent, la maturation des ovules sur les ovaires n’est pas stimulée et la vache ne vient pas en chaleurs (absence de chaleurs). Parfois la maturation a Endommagement du foie en raison d’une décomposition excessive de graisse foie normal foie engorgé de graisse (adipeux) Si pendant la phase de démarrage, une quantité excessive de graisse corporelle est mobilisée, le foie est contraint de filtrer la graisse qui circule dans le sang. Son efficacité diminue, les dégâts sont irréversibles. 02.03 / 23 lieu, mais le follicule ne produit pas assez d’œstrogène (hormone déclencheur des chaleurs) et les symptômes sont peu apparents voire inexistants. L’hormone qui devrait provoquer l’ovulation (LH) n’est souvent pas produite en quantités suffisantes. En conséquence, le follicule se développe en kyste, une fois les chaleurs terminées. Mais les effets négatifs peuvent être encore plus dramatiques: l’acétone est un poison. Il se répartit dans le corps et endommage le foie. La graisse décomposée suite à la mobilisation des réserves corporelles nuit également au foie (adiposité du foie). Ces dégâts sont irréversibles. Prévention Etant donné qu’un apport important et incontrôlé de concentrés énergétiques entraîne un risque de sur-acidification de la panse (acidose), il faut impérativement distribuer, simultanément, suffisamment de fibres brutes structurées moins riches en énergie. Ainsi, la seule possibilité pour prévenir la cétose consiste à optimiser l’affouragement des vaches dans sa globalité. En la matière, le chef d’exploitation dispose de diverses mesures: • Lors de l’élevage, il faut veiller à développer le volume et les parois de la panse des futurs animaux de haute production. • Seuls les animaux sains mangent beaucoup. Les affections des onglons et du foie (p. ex. les teneurs trop élevées de l’urine et les douves du foie) nuisent à l’ingestion de fourrage. La garde (confort de la vache) revêt également une grande importance. Le mouvement stimule l’appétit. • Pendant la phase de tarissement les vaches doivent être affourragées de manière restrictive. Au vêlage, la condition corporelle ne doit pas être trop bonne. Les vaches grasses mangent moins! • 2 à 3 semaines avant la mise bas, il faut adapter l’affouragement, afin que les mi- crobes de la panse s’habituent à la nouvelle ration. En raison du volume qu’occupe le veau, l’ingestion diminue avant le vêlage. • Seuls les meilleurs fourrages suffisent aux besoins de la vache en phase de démarrage: haute concentration en éléments nutritifs, conservation optimale (pas de moisissures!), pas de salissures et suffisamment de structure sont les critères incontournables. Les pommes de terre et les betteraves stimulent également l’appétit. • L’ordre de distribution des aliments doit respecter les besoins des ruminants (toujours commencer avec le fourrage structuré), le temps d’affouragement doit être aussi long que possible, les restes dans la crèche devraient représenter entre 5 et 10% de la ration, un apport d’eau suffisant doit être garanti (les abreuvoirs devraient fournir entre 8 et 10 l par minute). Si une cétose sub-clinique est suspectée, il est possible d’apporter de l’énergie rapidement disponible et bien supportée, sous forme de propylène-glycole ou de propionate de sodium. Le dosage dépend de la concentration du produit. Toutefois leur utilisation devrait rester une mesure d’urgence, contrairement à ce qui se passe en pratique, dans de nombreuses exploitations de haute production à l’étranger. Après quelque deux semaines de traitement, la vache devrait à nouveau être en mesure d’ingérer suffisamment de fourrage. Le propylène-glycole, distribué à long terme, peut surcharger le foie et entraîner à nouveau une perte d’appétit. D’autres additifs, tels que la niacine (une vitamine qui joue un rôle dans le métabolisme énergétique) ou des préparations à base de levures (stimulant des fonctions de la panse) peuvent également être utiles mais ne résolvent pas le problème à la base. C’est pourquoi, il est si important de surveiller l’affouragement global des vaches dans la phase de démarrage et de l’optimiser autant que possible. Tests de l’acétone L’acétone peut être détecté dans l’urine ou dans le lait. Tests de l’urine (disponibles en pharmacie ou chez le vétérinaire): – Acetest (tablettes) – Ketur (bandelettes de contrôle) Tests du lait (disponibles chez le vétérinaire, à conserver au frais): – Pink-Test (tubes) – Ketolac BHB (bandelettes de contrôle) Un test pour détecter la cétose fait partie de toute pharmacie d’étable! Les vaches très productives, en particulier celles qui ont une faible teneur en protéine, qui maigrissent et mangent mal, devraient être testées une fois par semaine, pendant la phase de démarrage. C O N S E I L