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Médecine d'Afrique Noire : 1993, 40 (10)
71 % des patients de notre série ont un âge compris entre
40 et 60 ans. Une série dakaroise note un âge moyen de
53 ans (11). L’homme est plus touché que la femme avec
un sex-ratio de 1,6/1, ces chiffres sont en accord avec les
autres séries africaines : Sénégal 2,5/1 (11). Côte d’Ivoire
2,25/1 (5).
Niveau socio-économique :
69 % des malades sont de niveau socio-économique bas.
Le rôle de l’alimentation dans la genèse du cancer gastri-
que est connu, notamment une forte consommation de
féculents et un régime pauvre en graisses, fruits frais, lait et
légumes verts (4, 9).
Antécédents :
Dans notre série 15 malades (28,3 % des cas) présentaient
des antécédents d’ulcère gastrique. Bien que le risque de
dégénérescence soit faible, entre 1,1 % et 3,8 % selon les
séries (4) une bonne surveillance avec biopsies aurait
permis le diagnostic du cancer au stade précoce.
Signes cliniques :
Les signes cliniques les plus constants sont les douleurs
épigastriques et l’atteinte de l’état général.
Les délais diagnostiques sont en moyennes de 5,1 mois,
mais l’on sait que le niveau socio-économique bas et les
possibilités d’exploration endoscopique limitées retardent
la consultation.
Anatomie pathologique :
La plupart des tumeurs sont découvertes au stade III de
BORRMAN, rendant compte du retard au diagnostic. Le
siège antral est le plus fréquent. L’épithélioma glandulaire
bien différencié est retrouvé dans 61 % de cas.
Traitement
Le taux d’opérabilité dans notre série est de 75,4 %. Le
taux de résécabilité est de 54,7 % (29 cas). L’analyse des
séries de la littérature montre des taux variant entre 41 et
70 % des cas (1,3,6,7,8,10).
Le taux de mortalité opératoire est de 7,8 % et se retrouve
chez des malades avec un cancer avancé, en rapport avec la
précarité de leur état général. Différentes études, notam-
ment celles de Boddie, Meijer et Viste (2), ont essayé de
savoir si une gastrectomie était justifiée dans les cancers
avancés. Il apparaît que le taux de mortalité reste élevé ,
mais que l’intervention permet une bonne palliation de la
douleur et met le malade à l’abri des complications hémor-
ragiques, sténosantes et/ou perforatives.
Dans notre série 22 malades ont subi une gastrectomie
totale sans mortalité ; Moraux et Huguier (8) notent les
mêmes résultats respectivement sur 66 et 21 cas. Nous pro-
posons donc volontiers une gastrectomie totale chaque fois
que l’état général du patient le permet.
CONCLUSION
Le cancer de l’estomac est le plus fréquent des cancers
digestifs au Burundi. Le pic de fréquence se situe entre
40 et 60 ans dans une population de niveau socio-économi-
que bas. Il apparaît que le diagnostic est souvent fait
tardivement.
Le traitement chirurgical est possible chez 2/3 des patients
même à titre palliatif.
L’amélioration peut-être faite dans le diagnostic par une
exploration endoscopique plus précoce et plus disponible
et par une bonne surveillance des malades présentant un
ulcère gastrique.
LE TRAITEMENT CHIRURGICAL DES CANCERS GASTRIQUES… 607
BBLIOGRAPHIE
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