20 mars 2015 32 20 mars 2015 énergie volaille légumes herbivores lait porc bovin-viande environnement observatoire pondeuse ovin- caprin agrobiologie culture no Projet Carbon Dairy : un plan carbone de la Face au défi du changement climatique, le projet Life Carbon Dairy va permettre de construire des références pertinentes sur l’élevage laitier français et de démontrer sa capacité d’adaptation grâce à une démarche de conseil éleveurs. La France présidera la 21e conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2015. Cette conférence doit aboutir à l’adoption d’un premier accord universel et contraignant sur le climat pour maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2°C. Le rôle de l’élevage laitier L'élevage laitier, comme toute activité, émet des gaz à effet de serre (GES). Mais une de ses spécificités est de valoriser des espaces qui capturent le CO2 de l'air et le stockent durablement : ce sont les prairies et les haies. Ce double rôle confère à l'élevage un enjeu important dans la lutte contre le changement climatique et dans le maintien de la durabilité technico-économique et sociale de l'activité. Des techniques existent pour réduire les émissions de GES de l'activité d'élevage, mais celles-ci n’ont jamais fait l’objet d’ac- tions de démonstration de grande ampleur quant à leur efficacité et surtout quant aux moyens opérationnels et structurels à mettre en œuvre pour mobiliser l'ensemble de la filière. Comprendre pour agir et anticiper Le projet Carbon Dairy a démarré en juillet 2013 pour une durée de 5 ans, dans 6 régions partenaires et bénéficie de la contribution de l’instrument financier Life de la Commission européenne. Il est coordonné par l’Institut de l’élevage en partenariat avec les chambres d'agriculture, Les 6 régions engagées France conseil élevage, les six entreprises dans Carbon Dairy conseil élevage et le Cniel. Son but est de sensibiliser l'ensemble des acteurs et de PAS-DE-CALAIS promouvoir une démarche permettant à la production laitière BASSE-NORMANDIE de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % à échéance de BRETAGNE 10 ans. La chambre régionale d’agriculture de Bretagne et BCEL LORRAINE Ouest ont souhaité être partenaires du projet afin PAYS DE LA LOIRE de construire des références sur cette thématique et formaliser une démarche de conseil pour accompagner les éleveurs sur un sujet novaRHÔNE-ALPES teur d’actualité. L’objectif, ici, est bien d ’ a n t i c i p e r e t fa i re valoir auprès des pouvoirs publics les bénéfices de l’élevage laitier comme le stocUn réseau de près de 4 000 élevages a été constitué. kage de carbone. La promotion des systèmes laitiers de demain Le programme d’action mise en œuvre se déroule en 6 étapes : - Une création d’outils de mesure de l’impact carbone, de sensibilisation et d’aide à la décision à destination des éleveurs et conseillers. - Une évaluation de l’empreinte carbone dans 3 900 exploitations laitières pour mesurer son évolution et disposer d’une base de données techniques. - Un suivi et appui d’un réseau de 60 fermes pilotes qui mettront en œuvre des pratiques innovantes associées à un suivi de la durabilité économique, sociale et environnementale. - La construction d’une feuille de route climatique de la production laitière française pour permettre une réduction des émissions de GES de 20 % d’ici dix ans. - La promotion des systèmes d’élevage de demain doublement performants pour concilier compétitivité et respect de l’environnement. - Une communication vers les conseillers et les éleveurs tout au long du projet, dont un site internet créé : www.carbon-dairy.fr La première évaluation des émissions de gaz à effet de serre sur les 60 fermes pilotes et le réseau de 3 900 exploitations est en cours de réalisation. Les résultats de cet état des lieux sont attendus pour juin 2015. Isabelle Sicot Pôle herbivore Anne Prigent BCEL Ouest ture nouveaux marchés vie des stations énergie volaille légumes lait porc bovin-viande environnement observatoire pondeuse ovin- caprin culture e la production laitière française Daniel Le Couviour Directeur de la ferme du lycée du Gros Chêne à Pontivy (56) "L’un de nos rôles est l’engagement dans l’expérimentation et l’innovation" Daniel Le Couviour dirige depuis 1995 l’exploitation agricole du lycée du Gros chêne à Pontivy (56). Il nous explique pourquoi l’exploitation s’est engagée dans le projet Carbon Dairy et comment la baisse des émissions de GES y est envisagée. Pouvez-vous nous présenter l’exploitation ? Daniel Le Couviour. L’exploitation est diversifiée et engagée dans le développement durable depuis de longues années. 38 ha sont conduits en agriculture conventionnelle avec réduction des intrants, 18 ha sont en agriculture biologique (triticale et RGH-TV). L'atelier laitier conventionnel se compose de 60 vaches laitières et la suite, pour une production annuelle de 460 000 litres. L'atelier porcin naisseur-engraisseur comporte 80 truies. Les porcs charcutiers sont sur paille. L'élevage avicole est conduit en agriculture biologique avec 3 000 poules pondeuses. Pourquoi le lycée du Gros chêne s’est-il engagé dans le projet Carbon Dairy ? D.L.C. L’un des rôles des exploitations des lycées agricoles est l’engagement dans l’expérimentation et l’innovation. Et au-delà des objectifs économiques et pédagogiques, l’exploitation du lycée a pour objectif la réduction de son impact sur l’environnement. Le programme s’inscrit donc naturellement dans le projet de l’exploitation. Depuis de nombreuses années, les BTS ont des projets de communication autour de l’environnement et de l’énergie. Ils calculent les consommations d’énergie de l’exploitation avec l’outil Planete et avec l’association Aile. Ils font venir un banc d’essai de la consommation de carburants des tracteurs pour les agriculteurs du secteur. laitières est non négligeable (1,3 t de concentrés hors luzerne déshydratée par vache soit 173 g de concentrés par kilo de lait produit). Enfin, une parcelle de 2 000 m2 va accueillir une unité de méthanisation avec mise en route prévue début 2016. Quelles sont les particularités de cette unité de méthanisation ? D.L.C. Cette unité sera la première en Bretagne à injecter directement du biométhane dans le réseau de gaz naturel de GRDF, dont une des canalisations passe juste devant le lycée. Des cuves, semi-enterrées, seront installées à proximité des élevages porcins et bovins du lycée. Elles recevront les déchets et effluents de l’exploitation, mais également des graisses des Salaisons Celtiques (Le Sourn), les eaux blanches de Lactalis (Pontivy), les déchets des cantines du secteur… Au total, 5 000 tonnes de déchets qui, fermentés, vont être transformés en biogaz par l’unité de méthanisation. Environ 2 800 mégawatts/h devraient être produits à l’année sur ce site. Ce qui représente à peu près l’équivalent de la consommation en énergie de 500 maisons neuves. Dans le cadre du projet Carbon Dairy, il sera intéressant d'évaluer l'impact environnemental, technique et économique de ce projet (production d'énergie et valorisation du digestat comme effluent). Avez-vous déjà une idée des leviers d’actions qui permettront de baisser les émissions de gaz à effet de serre sur l’exploitation ? D.L.C. Depuis 1995, un gros travail sur la fertilisation a été réalisé. Nous n’achetons plus d’engrais minéral et valorisons au maximum les effluents d’élevage. En 1997, nous avons créé avec les agriculteurs du secteur une Cuma de compostage. Concernant la conduite du troupeau, la principale contrainte du système est le parcellaire et le manque d'autonomie fourragère. Sur 56 hectares de SAU, 18 hectares se trouvent à 4 km de l’exploitation où l’herbe est fauchée. Le pâturage des vaches est donc limité (1 tMS/ VL/an) et nous achetons tous les ans, 8 hectares de maïs sur pied. Cette contrainte aura donc un impact sur le bilan environnemental. Cependant, des pistes de travail sur l’alimentation du troupeau existent. La complémentation des vaches La ferme du lycée. 33