Mais l’estuaire fait face à plusieurs problèmes complexes. Par exemple, près de 70 p. 100 de la
population de l’Uruguay de 3,3 millions d’habitants demeurent à moins de 100 kilomètres du
littoral. L’activité humaine crée la pollution marine et accélère l’érosion des plages et des dunes.
La déforestation et l’agriculture mécanisée contribuent aussi à l’érosion du sol, ce qui mène à la
sédimentation. De plus, les mauvaises techniques d’extraction de sable contribuent à la dégradation
du littoral. Les pêches s’épuisent rapidement. Une détérioration de l’écosystème qui nuit tout à la
fois aux populations locales et à l’industrie touristique.
Institution virtuelle, réelle collaboration
Le Canada a commencé à s’intéresser au rio de la Plata en 1991 lorsque, au cours d’une visite
officielle au Canada, le président de l’Uruguay, Louis Lacalle, a signé un protocole d’entente avec
l’Université Dalhousie. S’inspirant de cette entente, le président Lacalle a proposé une « université
de la mer » à Punta del Este.
Cependant, après avoir visité l’Uruguay, M. Fournier et M. Anthony Tillett, de l’Institut
international Lester B. Pearson de Dalhousie, ont eu une autre idée : créer une « institution
virtuelle » en rassemblant des organismes canadiens et uruguayens pour cerner et régler les
problèmes de la zone côtière. Deux ans plus tard, le Centre de recherches pour le développement
international (CRDI) a inauguré le Programme de soutien de la gestion intégrée des zones littorales
du rio de la Plata, connu depuis comme étant le projet EcoPlata.
EcoPlata a eu des débuts modestes. Au départ, « ce fut une tentative pour déterminer si nous
pouvions aider les participants à travailler ensemble, a dit M. Fournier. Parmi les partenaires, nous
comptions la Faculté des sciences de la Universidad de la República de l’Uruguay, le Servicio de
Oceanografia, Hidrografia y Meteorología de la Armada (SOHMA), el Instituto Nacional de
Pesca (INAPE) et REDES — Amigos de la Tierra, une organisation non gouvernementale. Parmi
les participants canadiens, on peut mentionner le CRDI, l’Université Dalhousie, l’Université
Acadia à Wolfville, en Nouvelle-Écosse, et l’Institut Bedford d’océanographie à Darmouth, en
Nouvelle-Écosse.
La première enquête consistait à déterminer comment les facteurs environnementaux et les
activités humaines ont des effets sur les frayères et les zones d’alevinage du « corbeau de mer » ou
corvina, une espèce importante tout autant pour la pêche artisanale que pour la pêche commerciale.
La corvina représente environ 14 p. 100 de l’ensemble des prises dans l’estuaire, mais la récolte de
poissons a diminué ces dernières années.
« Ce fut une grande question interdisciplinaire, de dire M. Fournier. Cela a permis entre autres à
des physiciens, à des chimistes, à des biologistes et à des géologues de travailler ensemble sur le
même dossier : Qu’en est-il des sédiments, des polluants, de la circulation de l’eau qui ont tous une
influence sur le corbeau de mer et un effet à long terme sur sa survie ? »
Bien que cet effort ait engendré un grand nombre d’études valables, il a aussi démontré que les
institutions participantes pouvaient très bien travailler en équipe. Résultat ? En 1997, lorsqu’on a
reconduit le projet EcoPlata, son envergure et l’aide financière ont augmenté considérablement.
Un plus grand effort
Le projet EcoPlata, ainsi élargi, poursuit un certain nombre de démarches pour examiner comment
réaliser le développement durable dans l’estuaire. Il s’agit donc :