Diététique - Almanach du Marin Breton

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Almanach 1911 : P. 44
A propos des Piquettes !
Un marin nous a demandé ce qu’il fallait penser des différentes piquettes que l’on
fabrique souvent dans les ménages de travailleurs : piquette de raisins secs, piquette
de feuilles de frêne, piquette d’orge, et toute cette série do boissons de ménage que
l’on fabrique en faisant fermenter du sucre avec des fruits secs, des graines, des
feuilles, etc... Voici notre avis
Bonne au gout, la piquette ne
vaut pas l’eau...
Si on considère ces piquettes au point de vue du goût, c’est-à-dire au point de vue
du plaisir qu’elles peuvent donner en faisant passer plus facilement une nourriture
médiocre, nous répondons qu’on peut sans inconvénients les consommer, car la
petite quantité d’alcool introduite dans le breuvage par la fermentation du sucre ne
peut guère irriter l’estomac s’il est bien portant.
Si, au contraire, ou prend la peine de se faire de la piquette dans l’espoir de mieux
digérer, on est victime d’une illusion trompeuse : rien ne vaut l’eau pure (employée
ou froide ou chaude) pour satisfaire pleinement les besoins de l’organisme et l’aider
à se fortifier. Mais, la plupart du temps, on se fabrique de la piquette pour satisfaire
une sorte d’amour-propre mal placé : on aurait honte de n’avoir que de l’eau à offrir
à l’ami qui vient manger chez soi; on serait humilié que le voisin pût dire : « Quels
gens de rien du tout qui n’ont que de l’eau à boire ! pas seulement quelques sous à
dépenser en piquette ».
Enfin nous devons faire remarquer que les fruits, graines ou feuilles en question
perdent leurs qualités utiles par la fermentation : on en tire bien meilleur profit
pour la santé si on les consomme sous forme de tisanes (simplement bouillis avec
de l’eau). Ainsi la tisane d’orge est précieuse pour toutes les maladies du ventre.
Malheureusement ces tisanes sont peu pratiques dans un ménage, parce qu’elles ne
se conservent pas ; il faut recommencer tous les jours. Et puis, le goût piquant n’y
est plus : et comme l’on se figure que le doux ce n’est bon que pour les enfants, on
méprise l’humble mais salutaire tisane...
Almanach 1911 : P. 59
Pour tous ceux qui... Mangent
Ils sont quelquefois très naïfs, les savants, lorsqu’ils nous présentent, avec conviction, certaines de leurs « découvertes » comme de nouvelles conquêtes de la « Science
» et du « Progrès » .Voici qu’ils viennent de « découvrir » que les civilisés mangent
trop.
Une nourriture trop riche n’est
pas bonne pour la santé...
Depuis quelques années les médecins et les hygiénistes s’aperçoivent de plus en
plus, qu’une bonne partie des maladies et des infirmités qui affligent les gens riches
et peu actifs viennent de l’estomac, et, cela, parce qu’on lui donne trop de nourriture et de nourriture trop choisie. D’autre part, en examinant de plus près cette
question, ils se sont aperçus qu’une grande quantité de travailleurs accomplissent,
toute leur vie, les plus rudes journées et les besognes les plus fatigantes avec si peu
de nourriture que cela leur paraissait, à eux les savants, juste à peine de quoi ne pas
mourir de faim...
Les travailleurs chinois et japonais vivent avec quelques poignées de riz par jour. Les
Hindous pattamars, porteurs de dépêches, qui ne mangent que du riz, parcourent,
chaque jour, en courant d’une ville à l’autre, l’espace de 20 lieues au moins, et continuent ainsi durant des semaines. Les cultivateurs russes qui vivent de légumes, de
pain noir, de lait et d’ail, travaillent 16 et 18 heures par jour, et leur force dépasse
celle des marins américains. Les paysans norvégiens, qui ignorent la viande, accompagnent les voitures des touristes, en courant sans cesse, pendant des 3 à 4 lieues. Les
ouvriers et mariniers égyptiens, de temps immémorial, se nourrissent presque exclusivement de melons, d’oignons, de fèves, de lentilles, de dattes et de maïs, et ils ont
une force musculaire remarquable. Les mineurs de l’Amérique du sud, travailleurs
très sobres et ne mangeant pas de viande, portent sur leurs épaules des fardeaux de
200 livres avec lesquels ils montent plus de 12 fois par jour des échelles verticales de
60 à 80 mètres. Les bûcherons de la Haute-Bavière se nourrissent presque exclusivement d’un peu de farine cuite avec du saindoux et fournissent un énorme travail. Le
soldat turc est d’une sobriété étonnante ; il ne boit que de l’eau ou des limonades,
se nourrit de pilaf au riz ou de figues, et ne touche guère à la viande ; on sait que
sa vigueur est remarquable. Les portefaix de Salonique et de Constantinople, qui se
nourrissent de la même façon, sont d’une force proverbiale.
Sans aller si loin, on peut remarquer en France, quelles solides races d’hommes
a produit le régime végétarien ; voyez les Bretons, les Limousins, les Auvergnats, les
Provençaux et tant d’autres encore.
Ces hommes de science ont alors constaté combien leurs idées sur la viande et la.
suralimentation étaient fausses.
Le plus curieux, ce n’est pas cette constatation-là, si évidente d’ailleurs (et qui est
convaincante puisque ce système a engendré de fortes races d’hommes), mais c’est
la conclusion à laquelle messieurs les savants sont arrivés. Après avoir découvert que
les gens soi-disant civilisés mangeaient beaucoup trop, et trop de viande, ils ont été
amenés à déclarer qu’il est tout à fait profitable, nécessaire même, de faire, chaque
année, plusieurs semaines de jeûne, par exemple au printemps ! Voyez plutôt ce qui
s’écrit depuis quelque temps dans des revues scientifiques :
D’abord à l’étranger. Nous voyons que les directeurs professeurs des plus célèbres
Écoles de Culture Physique Sinclair et Bernaar Macfaden, enseignent et démontrent,
par leur exemple personnel, que rien n’est plus fortifiant (parce que rajeunissant nos
organes) que de se priver de temps en temps de nourriture... Leurs imitateurs commencent à être nombreux, car ils s’en trouvent beaucoup mieux. Et en France : Le
jeûne est une véritable cure bienfaisante, écrit le docteur Guelpa, « c’est, le meilleur
moyen de redonner la jeunesse à nos organes et de combattre les maladies ».
«Mangez moins et jeûnez
quelquefois...
« Mangez moins et jeûnez quelquefois, dit ailleurs le Dr Vitteaux de Sr-Désert,
votre estomac marchera mieux ; faites jeûne au moins un mois chaque année ».
Ailleurs ce sont des hygiénistes qui recommandent, au nom de la science médicale
d’une part, d’absorber beaucoup moins de nourriture, à condition toutefois de mâcher beaucoup plus les bouchées, et, d’autre part, de réduire de moitié encore notre
nourriture pendant un bon mois tous les ans. Ils ajoutent qu’il est utile pendant
ce jeûne de boire entre les repas quelques verres d’eau pour laver et purifier nos
organes.
Dernièrement, un autre savant écrivait que le gouvernement devrait faire une loi
forçant tous les citoyens à jeûner, chaque année, pendant quelques semaines, pour
purifier le sang et redonner de la vitalité à leurs organes... Ce brave docteur, s’il
avait été tout à fait savant et juste, aurait ajouté : « Cette loi que je rêve, elle a été
déjà inventée par le christianisme, et, depuis près de 2.000 ans, le jeûne annuel est
recommandé aux chrétiens » . On peut citer aussi les mahométans qui jeûnent 4O
jours chaque année, par hygiène religieuse.
Aussi, comprend-on qu’un autre médecin, le docteur Planque ait écrit naguère
avec justesse : « Si le christianisme n’avait pas institué le Carême, les médecins auraient le devoir de l’ordonner, tout au moins aux riches et aux gens de bureau ».
Voilà qui est fait pour nous consoler un peu, braves camarades qui travaillons si
dur et qui ne mangeons pas toujours à notre faim : notre estomac est plus accommodant que nous le croyons. Nous pouvons lui donner peu à condition que ce soit de
la nourriture champêtre et très mâchée : cela lui suffit, et notre organisme se trouve
alors dans les meilleures conditions pour obtenir le maximum de forces et de vitalité.
Au contraire, les riches qui excitent leur estomac avec la viande, avec les boissons
alcooliques, avec les épices, le poivre, etc., ces riches-là se font le plus grand tort tout
en se figurant, que plus ils mangent, plus ils vont augmenter leurs forces ; alors qu’au
contraire ils détruisent le bon équilibre de leur santé, et qu’ils usent et vieillissent
plus rapidement leurs organes. Tant pis pour ceux-là : c’est la juste punition de leur
mépris pour la sobriété, et de leur sensualité gourmande.
Mais, nous autres, profitons au moins de la leçon...
Almanach 1911 : P. 80
Comment et Pourquoi nous Digérons
Un homme qui digère mal est condamné forcément à souffrir, à s’affaiblir et à
tomber malade.
Comment la nourriture devient
de la force et de la vie en
passant dans notre corps...
Pour échapper aux maladies d’estomac, pour apprendre à devenir mieux portants
et plus forts, lisez ce qui suit. Vous y verrez comment la nourriture devient de la force
et de la vie en passant dans notre corps. Vous y apprendrez comment sont faits et
comment fonctionnent les organes merveilleux qui ont le pouvoir d’extraire de la
nourriture, lorsqu’elle a été bien mâchée, tout ce qu’elle contient de vivifiant pour
notre corps. Ce sont là des notions qu’il est extrêmement intéressant et utile de
connaître puisque la digestion c’est la source de la santé et de la force, et que santé et
force sont les deux grands trésors du travailleur. Ceux de nos organes qui servent à
transformer les aliments en force et en vie sont nombreux. Mais, avant de les décrire,
expliquons rapidement le rôle de la nourriture.
I
Qu’est-ce que la digestion ?
Quand nous venons de manger, la nourriture se divise en 3 parties :
1° Une partie se transforme en os, en chairs et en sang, car, tous les jours, les divers
éléments de notre corps s’usent et se réparent sans que nous nous en apercevions ;
2° Une autre partie de ce que nous mangeons sert à produire, dans le corps, la
chaleur, le mouvement, la vie ;
3° La troisième partie, c’est le déchet, le rebut dont nos organes digestifs n’ont pu
tirer rien de bon ; ce déchet est expulsé chaque jour ; son séjour dans nos intestins
est très nuisible.
La digestion, c’est donc l’opération par laquelle nos organes
digestifs sucent, séparent,
s’approprient les principes
utiles contenus dans chaque
bouchée alimentaire...
D’après les explications qui précèdent, vous comprenez facilement que les aliments, pour être profitables, doivent contenir plusieurs sortes d’éléments : les éléments divers capables de construire, capables d’entretenir les os, le sang, les chairs, et
les éléments capables de donner chaleur et vie à notre corps. Il en résulte que, d’après
ce qu’ils contiennent, certains aliments méritent le nom d’aliments de construction
et de réparation, d’autres aliments de combustion.
Les aliments de construction et de réparation, ce sont ceux qui contiennent des
albumines, des sels minéraux, de l’eau.
Les aliments de combustion ce sont ceux qui contiennent du sucre, de l’amidon,
des graisses, de la cellulose.
Prenons 2 exemples : Le lait contient de la graisse (le beurre), de l’albumine (le
caillé), du sucre et des sels minéraux (le petit lait évaporé) ; donc le lait contient tous
les éléments nécessaires au corps. Le pain contient de l’amidon, de l’albumine, des
sels et de l’eau ; lui aussi contient, à peu près, ce qui est indispensable à la vie.
Maintenant vous comprenez pourquoi la santé et la force proviennent, non pas
de ce qu’on avale, mais de ce qu’on digère et « assimile », c’est-à-dire de ce que nos
organes digestifs peuvent transformer en éléments utiles de réparation ou de combustion.
Résumons : la digestion, c’est donc l’opération par laquelle nos organes digestifs
sucent, séparent, s’approprient les principes utiles contenus dans chaque bouchée
alimentaire.
Maintenant nous voici rendus à l’explication des organes digestifs.
II
Description de nos Organes digestifs
Dans la bouche, les aliments, s’ils sont convenablement broyés par les dents, se
désagrègent et mettent en liberté la plupart de leurs principes nourrissants. Mais il
n’en est qu’un qui commence à se transformer dans la bouche sous l’influence de la
salive : c’est l’amidon. Les autres restent intacts.
Le transit intestinal...
De la bouche, les aliments sont conduits par un tube étroit, l’œsophage, jusque
dans l’estomac ou réservoir gastrique. Là, ils vont faire une première station de 3
ou 4 heures (plus ou moins longue, suivant les aliments et la force digestive de chacun). Pendant cet arrêt, ils achèvent de se mettre en bouillie et, au contact du suc
gastrique, les albumines commencent leur digestion.
Lorsque enfin les aliments sont tous liquéfiés, ils passent dans l’intestin grêle ou
petit intestin, long canal de 7 à 8 mètres, enroulé comme un écheveau de fil, et dans
lequel débouchent les conduites de deux grosses glandes : l’une, le foie, fournit la
bile ; l’autre, le pancréas (qui est caché dans la gravure par l’estomac ), sécrète le suc
pancréatique. L’intestin, de son côté, fabrique également un suc appelé suc intestinal.
C’est dans cet intestin grêle que s’accomplissent les phénomènes les plus importants de la digestion. Ils sont de deux sortes : la digestion proprement dite et l’absorption.
1° Digestion. Nous avons vu que jusqu’ici, à part l’amidon et l’albumine, les principes alimentaires n’ont pas été modifiés par les sucs digestifs. Dans l’intestin grêle,
ils le sont tous et très profondément par le suc pancréatique, par la bile et par le suc
intestinal. De solides qu’ils étaient pour la plupart primitivement, ils deviennent
liquides, à peu près comme le morceau de sucre qui a fondu dans l’eau;
2° Alors seulement s’effectue l’absorption, c’est-à-dire que, grâce à la métamorphose que leur a fait subir la digestion, les principes alimentai franchissent les parois
de l’intestin et pénètrent dans le sang qui les transporte dans le foie et, de là, dans les
parties les plus éloignées du corps.
Bien que les nombreux sucs digestifs qui se rencontrent dans l’intestin grêle soient
extrêmement actifs, il arrive souvent que les principes alimentaires ne sont pas tous
absolument digérés et absorbés ; l’un d’eux, la cellulose, résiste plus particulièrement. Ces vestiges d’aliments passent alors dans la première partie du gros intestin
ou colon, appelé cœcum (et à laquelle se trouve accolé un organe minuscule, l’appendice); là, ils font une seconde station de 5 à 6 heures au moins, pendant laquelle la
digestion et l’absorption s’achèvent aussi complètement que possible, de sorte qu’il
ne reste bientôt plus que des déchets inutiles : ce sont les matières fécales.
Ces matières parcourent alors tout doucement le gros intestin, remontent d’abord,
puis passent de droite à gauche, enfin redescendent et aboutissent au rectum pour
être finalement rejetées dehors par l’anus.
Ainsi s’accomplit la « traversée digestive ». Chez un individu digérant vite et bien,
cela demande un jour environ, mais souvent deux, et plus encore quand l’appareil
digestif est affaibli ou malade (1 ).
De la nécessité de prendre soin
de ses dents...
Une importante observation pour finir. Suivant que nous mâchons les aliments
beaucoup ou très peu, ceux-ci se digèrent bien ou passent sans faire d’effet. La mastication est donc de toute première importance. Voilà pourquoi nous devons entre1 - Ce retard s’appelle la « constipation »; souvent on ne s’en doute pas, parce que, quand
l’intestin est plein, il ne se vide que des matières accumulées dans le rectum. Il y a grand inconvénient, pour ne pas dire danger, à conserver cette infirmité. Les résidus des aliments se trouvant enfermés dans le gros intestin, se putréfient et nous empoisonnent. Un des remèdes les plus
efficaces pour combattre la constipation est de faire entrer dans la nourriture de tous les jours
beaucoup de graisse et d’aliments à cellulose (pain bis, pain de ménage, légumes frais et fruits
!. Par contre, un des sûrs moyens de l’entretenir et de l’aggraver, c’est de manger habituellement
du pain blanc, des œufs, de la viande maigre, du vin, des épices, du chocolat.
tenir avec soin nos dents et les regarder comme de vraies pierres précieuses, car c’est
d’elles que dépend la bonne digestion. A mesure que les dents s’en vont, la digestion
devient difficile, les douleurs d’estomac apparaissent, les forces s’en vont... Donc,
surveillez vos dents : brossez-les le plus souvent possible avec eau savonneuse (et charbon en « poudre » si possible). Et quand votre estomac commence à bouder, soyez
assez raisonnables pour mâcher, pour chiquer plus longtemps chaque bouchée...
Les végétariens sont bien les
plus forts...
Prenons donc le temps de manger, apprenons à « mastiquer », à chiquer jusqu’à ce
que tout soit réduit à l’état de bouillie presque liquide... C’est là une excellente pratique, très efficace pour nous préserver des maladies d’estomac et prendre des forces.
Dr L. P...
Almanach 1911 : P. 111
DANS LES ECOLES AMERICAINES
Toutes les écoles de la ville de Yale (République des États-Unis) ont affiché un
tableau indiquant le pouvoir nourrissant des principaux aliments.
Les voici par ordre de force nutritive :
1er - Fruits, noix, céréales, miel, beurre ;
2e - Pommes de terre et autres légumes pelés ;
3e - Petit beurre, crème, lait, œufs, sucre de canne, chocolat de cacao, fromages
cuits, lait caillé, sel en petites quantités ;
4e - Légumes (mangés avec leur enveloppe) ;
5e - Pâtisserie ;
6e - Fromages fermentés, roqueforts, etc. ;
7e - Bouillon ;
8e - Soupes de viande, extraits de viandes ;
9e - Thé et café ;
10e - Viandes, poissons, volailles ;
11e - Foie :
12e - Épiées, excepté le sel ;
13e - Alcool.
On voit que les aliments les plus utiles à notre organisme sont les fruits, les céréales (blé, avoine, etc.), le beurre, les légumes, le lait, les œufs, le miel.
Quant aux viandes, qui sont un aliment cher offrant beaucoup d’inconvénients à
côté de quelques avantages, leur .action nutritive est inférieure aux aliments naturels
végétaux. C’est donc une grosse erreur que de dépenser ses économies:-en viande
quand on a un malade à: fortifier.
Almanach 1911 : P. 113
La Bonne Bouteille
(Pour boire chaud en mer)
II faut avoir pratiqué la pêche d’hiver sur les côtes bretonnes pour se faire une idée
des souffrances que le pêcheur endure, surtout à bord des bateaux sans pont où l’on
ne peut guère faire de soupe ni de boisson chaude.
Les pêcheurs d’hiver savent seuls le bien énorme que leur feraient, en mer, surtout
pendant les travaux de nuit, quelques gorgées bien chaudes de café, de lait, de thé,
d’eucalyptus.....
N’existe-t-il donc pas, à notre époque de découvertes scientifiques et de progrès industriels, n’existe-t-il donc pas quelque bouteille perfectionnée capable de conserver
très chaud pendant un jour, deux jours, la boisson qu’on y aurait versée bouillante
avant de partir ???
Oui... et non...
Expliquons-nous. Voici pour le plus grand profit des marins de progrès ce qu’ils
peuvent avoir en fait de « bouteille à chaleur ».
Les bouteilles Thermos et
Majic sont encore trop chères...
Le problème a été résolu en partie : les bouteilles Thermos, les bouteilles Majic
conservent très chaud pendant 15 à 20 heures le liquide qu’on y a enfermé bouillant.
Malheureusement ces bouteilles sont en verre, et fragiles par conséquent. De plus,
elles coûtent encore cher malgré la forte réduction de prix que l’Œuvre des Abrisdu-Marin a obtenu pour les marins. La Thermos ou la Majic d’un litre leur coûterait
16 fr. Le demi-litre ne leur coûterait que 7 fr., mais c’est vraiment bien petit. Ces
bouteilles sont très répandues en Amérique, où un grand nombre d’ouvriers s’en
servent couramment.
L’Œuvre des Abris-du-Marin a fait des recherches pour découvrir quelque procédé
moins coûteux et à la portée de toutes les bourses de pêcheurs : elle n’a pas encore
réussi. L’enveloppement d’une bouteille de grés avec d’épais lainages (cinq centimètres d’épaisseur) ne permet de conserver un liquide très chaud que 6 ou 7 heures
seulement. A défaut de lainages on peut employer des journaux : une bouteille bien
emmaillotée avec 30 ou 40 journaux (puis revêtue d’un étui en toile huilée pour
préserver de l’humidité) conserve assez bien la chaleur : un liquide enfermé bouillant
est encore très chaud (40° à 50°) au bout de 5 ou 6 heures.
Mais tout ceci n’est pas suffisant, aussi ne pouvons-nous vraiment pas recommander aux marins ces 2 procédés.
Quant aux bouteilles Thermos et Majic, qui doivent leur grande qualité à l’emploi
du vide, elles ne deviendront vraiment pratiques que lorsque les fabricants pourront
vendre le litre moins cher et découvrir du verre moins fragile... Ce seront alors pour
les marins-pêcheurs de fameuses bouteilles : la « Bonne Bouteille », quoi !
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