infections génitales à

publicité
revue générale
abc
Ann Biol Clin 2006 ; 64 (5) : 409-19
Limites et perspectives du diagnostic sérologique
à l’ère de l’amplification génique in vitro :
infections génitales à Chlamydia trachomatis
et infections respiratoires à Chlamydia pneumoniae
et Mycoplasma pneumoniae
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Serologic diagnosis of chlamydial and Mycoplasma pneumoniae infections
B. de Barbeyrac
F. Obeniche
E. Ratsima
S. Labrouche
C. Moraté
H. Renaudin
S. Pereyre
C.M. Bébéar
C. Bébéar
Laboratoire de bactériologie,
Centre national de référence
des infections à Chlamydia,
Centre hospitalier universitaire, Bordeaux
<[email protected]>
Cet article a fait l’objet d’une
communication lors du congrès de
la SFBC le 4 novembre 2005 aux
JIB
Résumé. Le diagnostic d’infection à Chlamydia trachomatis repose sur la
recherche directe de la bactérie dans des échantillons prélevés au site de
l’infection par des techniques sensibles telles que l’amplification génique in
vitro, commercialisées. La recherche d’anticorps dirigés contre la protéine
majeure de la membrane externe permet d’évaluer la dissémination de l’infection. Les trousses Elisa sont spécifiques d’espèce et donnent des résultats assez
concordants. L’étude des profils sérologiques des personnes dont l’infection
est documentée par PCR, montre que l’absence d’IgA sérique n’est pas un
marqueur de guérison, ni la présence d’IgA un marqueur d’infection récente.
La présence d’anticorps dirigés contre les hsp60 de Chlamydia trachomatis
pourrait être un marqueur de passage à la chronicité et serait donc utile à la
prise en charge thérapeutique. La recherche d’anticorps anti Mycoplasma
pneumoniae et Chlamydia pneumoniae fait partie du bilan étiologique d’une
pneumopathie atypique car ces deux bactéries sont de diagnostic direct difficile. Les techniques disponibles pour le sérodiagnostic de M. pneumoniae sont
nombreuses, fixation du complément (FC), immunofluorescence, agglutination
sur lame, EIA, immunochromatographie. Toutes ces techniques ne sont pas
équivalentes. La technique de FC, encore utilisée, a le mérite de proposer un
titre seuil de 1/64 évocateur de la maladie avec une sensibilité de 90 %. Le titre
seuil des IgG des EIA est plus difficile à déterminer. Par contre, les EIA
permettent de doser spécifiquement les IgM avec une bonne sensibilité, ce qui
permet de faire un diagnostic précoce de la maladie sur un seul sérum. Pour
Chlamydia pneumoniae, la sérologie pose de difficiles problèmes d’interprétation en raison de la non spécificité des tests et de la persistance des anticorps.
Le diagnostic d’infection respiratoire à Chlamydia pneumoniae est souvent un
diagnostic par élimination.
doi: 10.1684/abc.2006.0002
Mots clés : sérologie, Chlamydia trachomatis, Chlamydia pneumoniae,
Mycoplasma pneumoniae
Article reçu le 12 avril 2006,
accepté le 19 juin 2006
Abstract. The diagnosis of Chlamydia trachomatis infection can be based
either on direct detection of the organism or its components or indirectly by
measuring antibodies as markers of the individual’s response to the infection.
The latter is currently of limited value. Neither IgG or IgA antibodies can be
used to diagnose current genital infection by Chlamydia trachomatis or to
exclude such an infection. There is no solid ground as yet for the use of IgA
antibodies as a marker of persistant or unresolved infection. Commercial tests
Tirés à part : B. de Barbeyrac
Ann Biol Clin, vol. 64, n° 5, septembre-octobre 2006
409
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
revue générale
in the Elisa format based on peptides from the MOMP of Chlamydia trachomatis
are available and show good specificities and sensitivities. Hsp60 seems to have a
unique role in the development of tubal scarring and antibodies to chsp60 could
predict tubal factor infertility. Serology is the main diagnostic tool for the diagnosis of Mycoplasma pneumoniae infection. The serologic assays are the complement fixation test (CF), immunofluorescence, the microparticle agglutination
and recently EIAs. The CF test is still used for serodiagnosis of Mycoplasma
pneumoniae infection because of the sensitivity of 90%. Single titer of ≥ 64 are
considered to be indicative of recent infection. A number of commercial EIAs
have been developped. The difficulty for IgG interpretation is a definition of a
cutoff value for discriminating infected and healthy subjects. Most of the IgM
assays show good diagnostic sensitivities and are valuable tools for the early
diagnosis of Mycoplasma pneumoniae infection in children. There are no wholly
satisfactory serological methods for diagnosis of Chlamydia pneumoniae infection. Problems arise from the high background of IgG antibody prevalence, the
lack of standardized testing methods.
Key words: serodiagnosis, Chlamydia trachomatis, Chlamydia pneumoniae,
Mycoplasma pneumoniae
Les techniques d’amplification génique pour la détection
de Chlamydia trachomatis sont commercialisées et permettent le diagnostic sensible et spécifique de l’infection
urogénitale basse provoquée par cette bactérie. Le sérodiagnostic a des indications limitées et reste utile dans le
diagnostic des infections hautes ou disséminées quand le
prélèvement au site infectieux est d’accès difficile. Pour
Chlamydia pneumoniae et Mycoplasma pneumoniae, le
sérodiagnostic reste la méthode de choix. Cependant
l’interprétation d’un examen sérologique reste difficile
non seulement en raison de la réponse immune propre à
chaque individu, mais aussi en raison de la qualité intrinsèque de l’antigène utilisé dans la réaction et de la sensibilité de la technique elle-même. La meilleure connaissance
de la structure et de la biologie de ces micro-organismes
permet d’améliorer la spécificité des antigènes et donc
d’éviter les faux positifs par réaction croisée. Par ailleurs,
l’utilisation de technique de type Elisa améliore la sensibilité et la reproductibilité des résultats.
Nous envisagerons d’abord la situation concernant les
infections à Chlamydiae puis celle à Mycoplasma pneumoniae.
Les infections à Chlamydiae
Les infections à Chlamydiae présentent des caractéristiques originales. Elles sont spécifiques d’espèce et de sérovar. Chlamydia trachomatis comprend 19 sérovars responsables de trois pathologies bien distinctes, le trachome
(sérovars A, B, Ba, C), les infections oculo-génitales
(sérovars D à K) et la lymphogranulomatose vénérienne
410
LGV (sérovars L1, L2, L2a et L3), ces deux dernières
étant sexuellement transmises. Chlamydia pneumoniae ne
comprend qu’un biovar spécifiquement humain, le biovar
TWAR, responsable d’infections respiratoires hautes et
basses.
Elles évoluent selon un mode aigu, chronique et séquellaire ce qui soulève la question de la persistance de la
bactérie. Pour Chlamydia trachomatis, le trachome est la
principale cause de cécité dans le monde et l’infection
génitale est la principale cause de grossesse ectopique ou
d’infertilité tubaire. Pour Chlamydia pneumoniae, l’infection chronique pourrait jouer un rôle dans la maladie athéromateuse ou le déclenchement de la crise d’asthme.
Elles sont souvent asymptomatiques ou peu symptomatiques, exposant le patient aux complications par retard de
diagnostic.
La réponse immune n’est pas protectrice. Une même personne peut s’infecter plusieurs fois. La réponse immune à
ces infections multiples serait délétère et responsable des
dommages tissulaires observées dans la maladie séquellaire.
Ces caractéristiques sont liées au mode de multiplication
intracellulaire de ces bactéries et à leur évolution sous
trois formes, le corps élémentaire (CE), forme extracellulaire de dissémination de l’infection, le corps réticulé
(CR), forme intracellulaire de multiplication et le corps
aberrant (CA), forme de persistance responsable de
l’infection chronique. Ces trois formes sont antigéniquement distinctes. Le CE est limité par une membrane cytoplasmique et une paroi proche de celle des bactéries à
Gram négatif, constituée d’une membrane interne et d’une
Ann Biol Clin, vol. 64, n° 5, septembre-octobre 2006
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Sérologie des infections à Chlamydiae et Mycoplasma pneumoniae
membrane externe. Cette dernière contient le lipo-polysaccharide (LPS), porteur d’épitopes spécifiques du genre
et responsables des réactions sérologiques croisées non
seulement entre espèces du genre mais avec des espèces
d’autres genres, et des protéines. Parmi les protéines de
structure, la protéine majeure appelée MOMP (major
outer membrane protein) ou OMP1 porte les déterminants
antigéniques spécifiques d’espèces et de sérovars. Elle est
immunodominante chez Chlamydia trachomatis alors
qu’elle ne l’est pas chez Chlamydia pneumoniae. Cette
protéine est sous forme multimérique dans le CE et sous
forme monomérique dans le CR. Des peptides immunodominants ont été identifiés chez C. trachomatis et servent
d’antigènes dans les tests sérologiques.
Le CE possède d’autres protéines de structure appelées
OMP2 et OMP3, riches en ponts disulfures permettant de
maintenir le chromosome sous forme compactée. Ces protéines sont absentes du CR dans lequel le chromosome est
sous forme relâchée. Le séquençage du génome a permis
de découvrir d’autres protéines de structure appelées,
POMP (polymorphic outer membrane protein). Ces protéines sont particulièrement abondantes chez Chlamydia
pneumoniae. Elles recouvriraient la MOMP la rendant
non immunogène chez Chlamydia pneumoniae et seraient
responsables de la variabilité antigénique. Aucune protéine spécifique de Chlamydia pneumoniae n’a encore été
identifiée. Ceci explique les difficultés d’interprétation des
tests sérologiques qui utilisent encore la bactérie entière
comme antigène.
Dans certaines conditions de culture (modifications nutritionnelles, addition d’antibiotiques, présence de cytokines
comme l’interféron c, d’hormones), des altérations dans le
cycle de développement peuvent être à l’origine de l’apparition de formes morphologiquement anormales, viables
mais non cultivables appelées corps abérrants (CA). Ces
CA sont la conséquence d’un retard de maturation des CR
et/ou d’une inhibition de la différenciation des CR en CE.
Le CA se caractérise par sa grande taille et sa structure
antigénique particulière, riche en protéines de stress
Chsp60 et dépourvue de MOMP. La présence d’anticorps
anti Chsp60 serait un marqueur du passage à la chronicité.
Dans certaines conditions, les CA sont capables in vitro
de reprendre leur cycle de maturation et de donner des CE.
Ils joueraient un rôle important dans les mécanismes
immunopathologiques de l’infection [1].
Diagnostic des infections
à Chlamydia trachomatis
Recherche directe
Le diagnostic direct repose sur la mise en évidence de la
bactérie, de ses antigènes ou de ses acides nucléiques.
Ann Biol Clin, vol. 64, n° 5, septembre-octobre 2006
La méthode de référence reste l’isolement par culture cellulaire permettant un diagnostic de certitude en
48-72 heures avec une spécificité proche de 100 %. La
sensibilité dépend de nombreux paramètres, qualité du
prélèvement, du transport, de la culture cellulaire mais
également de l’état de la bactérie, cultivable ou non, suivant le stade de la maladie.
Les tests antigéniques (immunofluorescence directe, techniques immunoenzymatiques) constituent une alternative
à la culture cellulaire, mais là encore la sensibilité est
variable et dépend de la quantité de bactéries et de la
forme de la bactérie.
Les tests moléculaires avec ou sans amplification permettent de détecter la bactérie quel que soit son état. La sensibilité des techniques avec amplification autorise leur utilisation sur des prélèvements paucimicrobiens comme les
urines ou autres autoprélèvements.
Le diagnostic d’une infection basse se fait donc uniquement par la recherche directe de la bactérie.
Le sérodiagnostic
Le sérodiagnostic permet la mise en évidence d’anticorps
(Ac) dirigés contre les antigènes (Ag) de Chlamydia trachomatis. L’utilisation de peptides de MOMP spécifiques
de Chlamydia trachomatis dans des tests Elisa a bien
amélioré la spécificité du sérodiagnostic et la qualité du
résultat en termes de reproductibilité et faisabilité. Cependant, l’interprétation reste souvent difficile puisqu’on ne
peut pas dater l’infection. La recherche d’IgM pourrait
être informative. Elle est rarement positive chez l’adulte
mais peut être utilisable dans les pneumopathies néonatales à Chlamydia trachomatis.
Il a été proposé d’utiliser les IgA sériques comme marqueur d’infection évolutive sachant que ces Ac sont de
courte durée de vie. La réalité semble plus complexe et
l’interprétation des IgA reste spéculative. Récemment il a
été proposé de rechercher les Ac antiChsp60 spécifiques
de Chlamydia trachomatis comme marqueur d’une infection persistante. En effet, la présence de ces Ac est corrélée avec les complications telles qu’une infection pelvienne, une obstruction tubaire, une grossesse ectopique et
serait donc le marqueur d’une infection compliquée justifiant un traitement long et non un traitement minute.
Comparaison de trousses Elisa pour
le sérodiagnostic de l’infection à Chlamydia trachomatis
Les techniques immunoenzymatiques (Elisa) récentes sont
spécifiques de l’espèce car elles utilisent comme Ag une
fraction de la bactérie constituée de peptides spécifiques
de MOMP. Les différentes classes d’immunoglobulines
peuvent être recherchées. Les résultats sont rendus en densité optique (DO), ratio ou unités arbitraires (UA). Les
411
revue générale
Tableau 1. Comparaison de trois trousses pour le sérodiagnostic de Chlamydia trachomatis.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Cas clinique
Salpingite n = 40
Faux Positif
Faux négatif
Hypofertilité n = 69
Faux positif
Faux négatif
« Tout venant » n = 67
Faux positif
Faux négatif
Total n = 176
Faux positif
Faux négatif
Labsystems
IgG/IgA
Savyon
IgG/IgA
Medac
IgG/IgA
1/1
0/0
0/3
0/1
1/0
1/4
0/4
1/0
2/5
1/0
3/5
3/3
2/4
0/0
2/2
0/0
1/0
0/0
3/9
1/0
4/10
1/1
5/5
4/7
avantages de ces techniques sont la rapidité, l’automatisation et l’objectivité de la lecture. Cependant, l’appréciation quantitative des Ac n’est pas toujours codifiée, d’où le
problème posé du seuil de positivité de la technique.
Les valeurs seuils de certaines trousses sont parfois à
réévaluer.
Une trousse de détection des Ac antiChsp 60 vient d’être
disponible. Des études sont nécessaires pour évaluer la
place de ces Ac dans le diagnostic, la décision thérapeutique, voire le suivi du traitement.
Première étude
C’est une étude comparative de 3 trousses commercialisées Elisa pour le dosage des IgG et des IgA: CT-EIA
Labsystems, Helsinki, Finlande ; trousse Sero-CT Savyon
Diagnostics Ltd, Israël distribué par BMD ; trousse
seroCT pELISA, Medac, Hambourg, Allemagne, distribué
par DiaSorin a été réalisée dans notre laboratoire. Cette
étude a porté sur 296 sérums sélectionnés dans notre sérothèque, soit dans le cadre de l’exploration d’une infection
génitale (176 sérums), soit dans le cadre de l’exploration
d’une infection respiratoire (120 sérums).
Dans le cadre de l’infection génitale, les sérums avaient
trois origines différentes : 69 sérums « tout venant »
venaient des services de maternité et de gynécologie, 40
sérums correspondaient à des suspicions de salpingites
(cliniquement et bactériologiquement documentées), 67
sérums provenaient de couples en traitement d’hypofertilité en vue d’une FIV (fécondation in vitro).
Les 120 sérums d’infections respiratoires ont été choisis
pour étudier les réactions croisées : 80 sérums « tout
venant », 40 sérums documentés, 3 Legionella, 10
Coxiella, et 27 Mycoplasma pneumoniae).
Sur les 176 sérums testés pour la recherche d’IgG ou
d’IgA anti Chlamydia trachomatis par les 3 trousses, les
résultats sont concordants dans 158 cas (89,7%) pour les
412
IgG et dans 144 cas (81,8%) pour les IgA. Le tableau 1
rassemble les résultats interprétés en faux positifs et faux
négatifs selon les critères cliniques et en fonction de la
concordance des résultats entre les trousses. Les trousses
Savyon et Labsystems donnent des résultats comparables
en IgG et IgA et diffèrent de la trousse Medac. Cependant
les trousses Savyon et Labsystems détectent des IgA de
manière non spécifique. Ceci est peut-être lié au seuil de
positivité qui est difficile à déterminer si l’on en juge par
la distribution des ratio selon le classement des sérums en
vrai et faux positif (figure 1). Dans la zone des ratios
comprise entre 1,5 et 3, on observe une répartition quasi
identique des vrai et faux positifs quelle que soit la technique. Mais c’est dans la zone des ratios comprise entre 1,1
et 1,5 que l’on trouve le plus grand nombre de sérums
classés faux positifs avec la technique Savyon, zone classée « douteuse » dans la trousse Labsystem.
Nombre de sérums
7
6
5
4
3
2
1
0
>3
1,5-3
< 1,5
Ratio IgA
VP Labsystems
VP Savyon
VP Medac
FP Labsystems
FP Savyon
FP Medac
Figure 1. Diagramme de distribution des ratio IgA anti Chlamydia
trachomatis en fonction des résultats des sérums interprétés en
vrai positif (VP) et faux positif (FP).
Ann Biol Clin, vol. 64, n° 5, septembre-octobre 2006
Sérologie des infections à Chlamydiae et Mycoplasma pneumoniae
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
L’analyse des sérums provenant d’infections respiratoires
montre que les réactions croisées avec Chlamydia pneumoniae sont rares. Par contre, des réactions croisées sont
observées sur des sérums de patients ayant une infection
respiratoire documentée, notamment à Mycoplasma pneumoniae et plus particulièrement sur les IgA (tableau 2).
Deuxième étude
Une deuxième étude sur 13 sérums comprenant 11 cas de
rectite à Chlamydia trachomatis dont 3 LGV et 2 sérums
de salpingite (trompes PCR+) a comparé 3 trousses, Anilabsystems distribué par Ingen, Medac distribué par DiaSorin et Vircell distribué par Orgentec. Les résultats des
IgG étaient concordants dans 10/13 cas (9 positifs et 1
négatif) dont les 3 cas de LGV et les 2 cas de salpingite.
Par contre, les résultats des IgA n’étaient concordants que
dans 5 cas (2 cas positifs de LGV, 2 cas négatifs de rectite
et 1 cas positif de rectite). Sur les 11 sérums contenant des
IgA par au moins une des 3 méthodes, la trousse Anilabsystems donnait des résultats positifs dans 10 cas, Medac
dans 6 cas et Vircell dans 5 cas. La trousse Vircell donne
les résultats les plus discordants en IgG et IgA.
En conclusion, le nombre de résultats discordants diffère
suivant les trousses comparées et est plus élevé sur les IgA
que sur les IgG. D’après notre expérience, les trousses
testées peuvent être classées dans l’ordre de concordance
suivant : Labsystems et Savyon, puis Medac, puis Vircell.
La trousse Labsytems semble détecter plus d’IgA anti
Chlamydia trachomatis que toutes les autres méthodes.
Cependant les seuils de positivité des IgA proposées par
les trousses n’apparaissent pas très discriminants.
Signification des profils sérologiques IgG/IgA anti
Chlamydia trachomatis
Il est souvent proposé d’interpréter les profils sérologiques
de la manière suivante :
– IgG+/IgA+ : infection en cours ;
– IgG+/IgA- : cicatrice sérologique ou guérison ;
– IgG-/IgA- : pas d’infection ou infection basse.
Le profil IgG-/IgA+ est rare et correspond à des réactions
non spécifiques [2]. C’est pourquoi en l’absence d’IgG, il
n’est pas utile de chercher des IgA. Nous avons étudié le
profil sérologique chez des personnes dont l’infection à
Chlamydia trachomatis était documentée par une recherche directe.
Dans une cohorte de femmes consultant au dispensaire de
l’Institut Pasteur de la Guadeloupe, il a été effectué en
parallèle une recherche de Chlamydia trachomatis dans le
col par une technique d’amplification génique (TMA,
Gen-Probe) et un sérodiagnostic. La prévalence de l’infection (TMA+) était de 21,7 % et la séroprévalence de
53,7 %. Il s’agissait d’une population à haut risque. Parmi
les femmes infectées (TMA+), 16 (23 %) avaient un profil
sérologique d’infection cicatriciel (IgG+/IgA-) et parmi
les femmes non infectées (TMA-), 60 (24 %) avaient un
profil sérologique d’infection en cours (IgG+/IgA+). Dans
un quart des cas, le diagnostic d’infection sur le profil
sérologique était erroné.
De même, l’analyse des profils sérologiques de 61 patients
infectés (PCR+) testés dans notre laboratoire, montre que
13 (20 %) avaient un profil sérologique en faveur d’une
infection en cours (IgG+/IgA+), 24 (40 %) en faveur
d’une cicatrice (IgG+/IgA-) et 24 (40 %) n’avaient pas
d’Ac. L’absence d’IgA n’est donc pas un marqueur de
guérison.
Un cas particulier est celui de la LGV dans laquelle les
IgG et les IgA sont particulièrement élevées. Si bien qu’un
taux très élevé de ces Ac doit être considéré comme présomptif de la maladie et doit faire rechercher la bactérie au
niveau rectal s’il s’agit d’un homosexuel, particulièrement
à l’heure où sévit en France une épidémie de LGV dans
cette population. Seul le typage permet de poser le diagnostic de LGV avec certitude car il existe des rectites à
Chlamydia trachomatis de sérovars autres que L, accompagnées de forts taux d’Ac.
Les anticorps antiChsp60
Certains auteurs proposent d’utiliser les Ac antiChsp60
comme marqueur du passage à la chronicité [3]. Fortement immunogènes, les protéines de stress Chsp60 sont
produites en grande quantité par les CA qui sont les corps
bactériens de l’infection chronique persistante. Des études
récentes ont montré une association significative entre
infection haute chronique (infection pelvienne ou obstruction tubaire) et la présence d’Ac anti Chsp60. Une étude
portant sur le sérum de 77 femmes (dont 16 avaient une
infection tubaire documentée à Chlamydia trachomatis) a
montré que le sérodiagnostic avait une sensibilité, spécificité et VPP de 63 %, 54 % et 26 % respectivement vis-à-
Tableau 2. Nombre de sérums ayant des Ac anti Chlamydia trachomatis détectables chez des patients ayant une infection respiratoire
documentée.
Infection documentée
Coxiella
Legionella
Mycoplasma pneumoniae
Nombre
10
3
27
Ann Biol Clin, vol. 64, n° 5, septembre-octobre 2006
Savyon +
Labsystems +
Medac +
IgG/IgA
IgG/IgA
IgG/IgA
3/2
1/0
4/3
0/2
0/0
1/2
0/1
0/0
0/3
413
revue générale
Tableau 3. Association d’Ac IgG et IgA antiMOMP et Ac antiChsp60 dans le sérum de patientes ayant une infection documentée.
Ac anti Chsp60+
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Stérilité tubaire (n = 14)
PCR+ (n = 40)
PCR- (n = 61)
vis de la MOMP et de 44 %, 92 % et 54 % respectivement
vis-à-vis de la Chsp60 [4]. Les Ac anti Chsp60 apparaissent beaucoup plus spécifiques que les Ac antiMOMP
pour détecter l’infection tubaire à Chlamydia trachomatis.
Au cours d’une étude de suivi de 280 prostituées pendant
33 mois, on a observé que la moitié des femmes qui présentaient des Ac antiChsp60 a développé une infection
pelvienne contre seulement un quart parmi celles qui
n’avaient pas d’Ac antiChsp60 [5].
Au laboratoire, nous avons regardé la distribution des Ac
antiChsp60 dans des sérums de patientes dont l’infection à
Chlamydia trachomatis était documentée (tableau 3). Des
Ac anti Chsp60 étaient présents en association avec les Ac
anti MOMP dans le sérum de 13 patientes sur 14 atteintes
de stérilité tubaire, soit dans 93 % des cas. Dans le sérum
de 40 patientes infectées (PCR+), des Ac anti Chsp60 ont
été détectées dans 13 cas (soit 33 %), associés ou non à
des Ac anti MOMP de type IgG ou IgA (tableau 3). Chez
les patientes dont la recherche directe était négative, des
Ac antiChsp60 étaient détectés dans 9 cas sur 61 (14 %)
associés ou non à des Ac antiMOMP de type IgG ou IgA.
Ces résultats montrent que les Ac antiChsp60 :
– sont présents dans la stérilité tubaire ;
– sont présents chez les femmes infectées (PCR+) (33 %)
plus souvent que chez les femmes non infectées (PCR-)
(14 %) ;
– n’ont pas la même cinétique que les IgA antiMOMP.
Des études supplémentaires sont nécessaires pour évaluer
leur intérêt diagnostique associé aux Ac antiMOMP. Leur
présence pourrait-elle être une indication de cœlioscopie ?
de traitement de longue durée ?
En conclusion, le sérodiagnostic dirigé contre la MOMP
de Chlamydia trachomatis a un intérêt limité à certaines
circonstances cliniques [6]. Il doit être réservé :
– au diagnostic des infections hautes ;
– à l’évaluation de la dissémination d’une infection basse
certifiée par la positivité d’un échantillon de la sphère
génitale basse ;
– au diagnostic étiologique d’une ulcération génitale évoquant une LGV ;
– au bilan d’hypofertilité du couple dans lequel l’absence
d’Ac exclut l’hypothèse tubaire comme cause de l’infertilité [7] ;
– au diagnostic d’une arthrite réactionnelle ou d’un syndrome de Reiter.
414
Ac antiMOMP
IgG+/IgA+
IgG+/IgA-
IgG-/IgA-
3
6
2
10
6
4
0
1
3
Diagnostic des infections
à Chlamydia pneumoniae
Pour les infections à Chlamydia pneumoniae, les techniques de recherche directe sont très décevantes. La culture
cellulaire est peu sensible, longue et fastidieuse (incubation des cellules en milieu de culture pendant 72 heures
avec nécessité de poursuivre avec des subcultures 2 à 3
fois pour augmenter les chances de succès) et n’est donc
pas utilisée en routine. Récemment a été commercialisée
une trousse de détection des bactéries responsables de
pneumopathies atypiques (Chlamydia pneumoniae, Mycoplasma pneumoniae et Legionella) par amplification et
révélation par hybridation sur plaque [8]. Les méthodes de
PCR « maison » développées par certaines équipes ne sont
pas standardisées, le choix des amorces n’a pas fait l’objet
d’un consensus et les études multicentriques montrent
l’absence de concordance entre les résultats.
Le sérodiagnostic
Le sérodiagnostic est la méthode de choix mais se heurte à
deux écueils, la cinétique lente des Ac et l’absence de
protéine immunodominante bien définie.
En primo-infection, les IgM atteignent un pic à 30 jours
après le début de la maladie puis se négativent en 2 ou
3 mois. Les IgG montent lentement au cours du premier
mois, atteignent un pic à 60 jours, restent en plateau et
persistent longtemps [9]. En réinfection, les IgM n’apparaissent pas, les IgG augmentent après 2 semaines.
Ainsi, le diagnostic d’infection à Chlamydia pneumoniae
est toujours rétrospectif et nécessite un suivi de la cinétique des Ac sur 2 sérums, l’un précoce, l’autre tardif
2 mois plus tard et non 15 jours comme il est recommandé
le plus souvent.
Toutes les techniques utilisent la bactérie entière plus ou
moins délipidée. Deux types de méthodes sont utilisées :
la micro-immuno-fluorescence (MIF) et l’Elisa. Il existe
une bonne concordance entre Elisa et MIF [10] :
– la MIF utilise des CE formolés des 3 espèces (Chlamydia trachomatis, Chlamydia pneumoniae et Chlamydia
psittaci). Cette technique présente plusieurs inconvénients
tels qu’un manque de standardisation dans la préparation
des Ag, une lecture subjective et la difficulté de préciser
l’espèce en cause en raison de communautés antigéniques
entre les 3 espèces. D’autre part, des variations significatiAnn Biol Clin, vol. 64, n° 5, septembre-octobre 2006
Sérologie des infections à Chlamydiae et Mycoplasma pneumoniae
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
ves interlaboratoires ont été observées dans une étude
multicentrique où le pourcentage de concordance entre les
titres d’IgG s’étendait de 54 % à 92 % et pour les IgM de
50 % à 95 % [11, 12] ;
– les tests Elisa permettent la distinction des isotypes IgG,
IgM et IgA. Il est difficile de déterminer le seuil de positivité. Les trousses commercialisées donnent des valeurs
seuils souvent trop faibles compte tenu de la séroprévalence élevée dans la population.
Les critères d’infection à Chlamydia pneumoniae
L’infection à C. pneumoniae souffre d’un manque de critères positifs de diagnostic [13].
Une recherche directe positive ne signe pas obligatoirement une infection aiguë, car il peut s’agir d’un portage ou
de la persistance de la bactérie après une infection.
Le diagnostic d’infection aiguë nécessite 2 sérums et sera
posé sur une séroconversion ou une augmentation de titre
d’au moins deux dilutions. En MIF, le seuil d’IgG ≥ 1/512
sur un seul sérum a été proposé mais 20 % de sujets sains
peuvent avoir des titres aussi élevés. Par ailleurs, la séroprévalence IgG est élevée dans la population générale : les
Ac apparaissent dès l’âge de 5 ans, augmentent durant
l’adolescence, puis la prévalence continue de croître pendant le reste de la vie jusqu’à atteindre 80 % chez la
personne âgée. Enfin, les Ac persistent parfois à un titre
élevé longtemps après traitement (pendant plusieurs mois,
voire plusieurs années) et la sérologie ne permet pas de
suivre l’évolution de la maladie.
La raison de la persistance des Ac après traitement n’est
pas claire. Plusieurs hypothèses ont été émises [14] :
– l’échec thérapeutique à la suite d’un traitement antibiotique insuffisant ou inapproprié. L’infection passe à la
latence (sans symptôme clinique) ou la chronicité (avec un
risque accru de complications) ;
– la persistance d’antigènes dans les cellules dendritiques
maintenant la stimulation des cellules B productrices
d’Ac ;
– le développement d’une maladie auto-immune ne nécessitant pas la persistance d’Ag microbiens.
Les différentes études de corrélation entre résultats de
PCR et de sérologie notent l’absence de concordance et
posent la question de la définition microbiologique de
l’infection. Seule la présence simultanée de la bactérie
mise en évidence par PCR et d’Ac à un titre significatif
permet de poser le diagnostic d’infection aiguë avec une
forte probabilité.
Les infections
à Mycoplasma pneumoniae
Les mycoplasmes sont des micro-organismes largement
répandus dans la nature. Parmi les espèces décrites chez
Ann Biol Clin, vol. 64, n° 5, septembre-octobre 2006
l’homme, on distingue les mycoplasmes respiratoires et
les mycoplasmes génitaux. La plupart des mycoplasmes
respiratoires n’ont pas de pouvoir pathogène connu. Seul
Mycoplasma pneumoniae a un pouvoir pathogène certain
[15]. Mycoplasma pneumoniae n’appartient pas à la flore
commensale des voies respiratoires et serait responsable
de 15 à 20 % des pneumopathies communautaires.
Mycoplasma pneumoniae tient la première place parmi les
infections respiratoires aiguës et notamment les pneumopathies atypiques résistantes aux b-lactamines de l’enfant
et de l’adulte jeune. Dans la majorité des cas, les infections à Mycoplasma pneumoniae se traduisent par de simples trachéobronchites pour lesquelles le diagnostic étiologique n’est souvent pas porté. Dans sa forme la plus
caractéristique, l’infection est caractérisée par un tableau
de pneumopathie atypique primitive, d’installation souvent progressive avec toux sèche, signes ORL, syndrome
fébrile. La symptomatologie respiratoire ne permet pas de
différencier une infection à Mycoplasma pneumoniae
d’une infection à d’autres micro-organismes responsables
de pneumopathies atypiques. L’association à des signes
extra-respiratoires, cutanées, articulaires, neurologiques,
péricardiques est plus évocatrice [16].
Mycoplasma pneumoniae colonise de manière diffuse
l’épithélium respiratoire grâce à des protéines de type
adhésine dont une majeure appelée P1.
Diagnostic direct de l’infection
à Mycoplasma pneumoniae
La recherche directe reste difficile. Les prélèvements doivent ramener des cellules auxquelles les mycoplasmes
adhèrent. Le prélèvement de choix est un écouvillonnage
de gorge ou, chez le jeune enfant, une aspiration nasopharyngée. Les mycoplasmes, très sensibles à la dessiccation,
doivent être mis dans un milieu de transport 2SP (saccharose phosphate) enrichi de 5 % de sérum de veau fœtal,
sans antibiotique. Les expectorations ne sont pas
conseillées car elles sont contaminées par de nombreuses
bactéries. Il est possible de rechercher les mycoplasmes
dans des prélèvements extra-respiratoires tels que des bulles cutanées.
L’examen direct n’est pas adapté car les mycoplasmes
sont très polymorphes. Dépourvus de paroi, les mycoplasmes ne sont pas colorables au Gram. La méthode la plus
intéressante est l’amplification génique par PCR. Différents systèmes ont été mis au point et les amorces choisies
dans le gène de l’adhésine P1 donnent des résultats sensibles et spécifiques. Cette technique est rapide et sensible
et très utile au diagnostic précoce de l’infection.
La culture, lente et difficile, nécessite des milieux complexes, rendus sélectifs par addition de b-lactamines ou de
polymyxine. Ces milieux spécifiques ne sont pas commercialisés. On peut utiliser le milieu de Hayflick modifié
415
revue générale
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
renfermant 20 % de sérum de poulain ou le milieu SP-4
renfermant du sérum de veau fœtal ; les milieux liquides
contiennent du glucose et du rouge de phénol. La détection en milieu liquide se fait en 10 à 21 jours d’après le
virage d’indicateurs colorés, traduisant une acidification
du milieu glucosé.
Sur milieu gélosé spécifique, Mycoplasma pneumoniae
donne des colonies microscopiques. N’appartenant pas à
la flore commensale, son identification dans un prélèvement respiratoire est un élément significatif.
Sérodiagnostic de l’infection à Mycoplasma pneumoniae
Les techniques disponibles pour le sérodiagnostic de
Mycoplasma pneumoniae sont nombreuses [17]. La présence d’agglutinines froides, évocatrice à un taux ≥ 1/64
n’est ni constante, ni spécifique. La réaction de fixation du
complément (FC’) met en évidence des Ac dirigés contre
un Ag glycolipidique. Cette technique détecte à la fois les
IgM et IgG. Une forte suspicion d’infection peut être évoquée soit devant un titre ≥ 1/64 (avec une sensibilité de
90 %) soit devant une séroconversion. L’agglutination sur
lame utilise des particules de latex, de gélatine ou des
hématies sensibilisées par un Ag spécifique de Mycoplasma pneumoniae. L’IFI utilise comme Ag la bactérie
entière. Ce test permet de titrer distinctement les IgG ou
les IgM. Les techniques Elisa permettent une détection
séparée des IgG ou des IgM voire des IgA. Ces tests sont
plus sensibles que les autres, mais pour les IgG, le titreseuil est variable selon les trousses et difficile à déterminer. Par contre, les Elisa permettent de doser spécifiquement les IgM avec une bonne sensibilité. Pour les IgM, le
résultat est qualitatif, positif ou négatif. Il existe des tests
rapides d’agglutination ou d’immunochromatographie de
détection des IgM dont les performances sont discutables.
Comparaison de trousses Elisa
pour le sérodiagnostic de l’infection
à Mycoplasma pneumoniae
Nous avons comparé trois trousses Elisa IgG versus FC’ et
4 trousses Elisa IgM , Medac IgG/IgM distribué par DiaSorin, Immunowell IgG/IgM distribué par BMD, Vircell
IgG/IgM distribué par Orgentec et bioRad IgM sur des
sérums de notre sérothèque, 28 sérums d’adultes et 30
sérums d’enfants dont l’infection était classée en :
– cas certain (PCR+) ou probable (PCR- ou non faite) les
sérums ayant un titre élevé d’ IgG (FC’ ≥ 1/64 ou +++ en
Elisa) et IgM positives ;
– cas possible, des sérums ayant un taux élevé d’IgG sans
IgM ;
– cicatrice sérologique, des sérums ayant un taux bas
d’IgG sans IgM.
L’ensemble des résultats est montré dans les tableaux 4 et 5.
416
Dans les cas certains ou probables, chez l’adulte, des
titres ≥ 1/64 en FC’ sont observés dans 8/9 cas alors que
des titres en IgG+++ ou ++ ne sont observés que dans 4
cas avec Medac, 5 cas avec Vircell et 7 cas avec Immunowell. Chez l’enfant, des titres ≥ 1/64 en FC’ sont observés dans 18/24 cas, alors que des titres IgG+++ ou ++ sont
observés dans 15 cas avec Medac, 9 cas avec Vircell et 19
cas avec Immunowell. Chez l’adulte, les IgM sont détectées dans tous les cas par Medac et Immunowell, 8/9 cas
par BioRad et seulement 5/9 cas par Vircell. Chez l’enfant,
les IgM sont détectés dans 22/24 cas par Medac, 15 cas
par Vircell et 20 cas par Immunowell et BioRad. La présence d’IgM dans ces sérums précoces explique le nombre
élevé de sérums ayant un titre ≥ 1/64 en FC’ et négatifs ou
faiblement positif en Elisa IgG.
Nous notons de possibles faux positifs en IgM par les
méthodes Vircell (2 cas parmi les sérums adultes classés
en cicatrice), BioRad (3 cas parmi les sérums adultes classés indeterminés), Medac (2 cas parmi les serum enfants
classés indeterminés) et Immunowell (1 cas parmi les
sérums enfants classés indeterminés).
En conclusion, pour la détection des IgM, les trousses
peuvent être classées, dans notre étude, de la manière
suivante, Medac > Immunowell> BioRad > Vircell. Les
plus sensibles permettent un diagnostic précoce. Mais le
plus souvent, ces IgM ne seront pas accompagnées d’IgG
ce qui ne facilite pas l’interprétation sur un seul sérum.
Dans l’objectif de fixer un seuil signicatif d’IgG par les
méthodes Elisa, nous avons comparé les titres en FC’ et
les titres en Elisa pour chacune des trois techniques. Les
résultats sont schématisés dans la figure 2. Quel que soit la
technique, les sérums dont le titre est ≥ 1/64 se répartissent dans toutes les catégories de réponse Elisa, de - à
+++. Cependant, avec les trousses Immunowell et Medac,
les résultats +++ ne regroupent que des sérums titrés
≥ 1/32, ce qui n’est pas le cas avec la trousse Vircell.
Dans une étude récente [18], les auteurs ont comparé 12
trousses commercialisées et la réaction de FC’ pour le
sérodiagnostic de l’infection à Mycoplasma pneumoniae.
Ils concluent que toutes les trousses ne sont pas équivalentes et que la trousse Labsystems présente les meilleures
performances en termes de sensibilité et spécificité.
Interprétation du sérodiagnostic
À la suite d’une infection, la réponse Ac est rapide chez
l’enfant et l’adolescent, avec apparition précoce d’IgM
dès la première semaine après le début de l’infection avec
un pic à 3-6 semaines suivie de la montée des IgG environ
2 semaines après. La présence d’IgM, témoignant une
primo-infection, est souvent observée chez les enfants,
plus rarement chez l’adulte. Chez l’adulte, il s’agit le plus
souvent de réinfection sans réponse IgM avec seulement
Ann Biol Clin, vol. 64, n° 5, septembre-octobre 2006
Sérologie des infections à Chlamydiae et Mycoplasma pneumoniae
Tableau 4. Nombre de sérums par résultats obtenus avec les différentes techniques en fonction de l’interprétation des cas d’infection à
Mycoplasma pneumoniae.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Adultes n = 28
FC ≥ 1/64
Medac IgG+++1
IgG++
IgG+
IgGIgM+
Vircell IgG+++
IgG++
IgG+
IgGIgM+
Imwell IgG+++
IgG++
IgG+
IgGIgM+
BioRad IgM+
Enfants n = 30
FC ≥ 1/64
Medac IgG+++2
IgG++
IgG+
IgGIgM+
Vircell IgG+++
IgG++
IgG+
IgGIgM+
Imwell IgG+++
IgG++
IgG+
IgGIgM+
BioRad IgM+
Cas certain
et cas probable
Cas possible
Cicatrice probable
Pas d’infection
Cas indéterminé
n=9
n=5
n=8
n=2
n=4
8
4
3
2
9
5
2
2
6
5
2
2
9
8
2
3
1
1
4
1
1
2
2
-
2
6
1
5
1
1
2
1
3
4
-
2
2
2
-
4
1
1
3
1
1
2
1
3
n = 24
n=1
n=0
n=3
n=2
18
11
4
6
3
22
6
3
8
7
15
10
9
4
1
20
20
1
1
1
-
-
3
3
3
-
2
2
2
1
1
1
-
Cas certain : PCR + associé à un taux élevé d’IgG et à la présence d’IgM ; cas probable : PCR NF ou négative, taux élevé d’IgG associé à des IgM ; cas
possible : taux élevé d’IgG sans IgM ; cicatrice sérologique : taux faible d’IgG sans IgM ; cas indéterminé : résultats discordants. Le tiret - signifie zéro.
1
Classification en croix des IgG (tableau 5).
Tableau 5. Classification en croix des IgG.
IgGIgG+
IgG++
IgG+++
Medac AU/mL
Vircell index
Imwell index adulte
Imwell index enfant
< 10
10-30
30-70
> 70
<9
11-20
20-30
> 30
< 600
600-1 200
1 200-2 000
> 2 000
< 200
200-320
320-1 000
> 1 000
Ann Biol Clin, vol. 64, n° 5, septembre-octobre 2006
417
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
revue générale
une augmentation du titre des IgG. La détection d’IgM
seule chez l’adulte est d’interprétation difficile [19].
Il est recommandé de rechercher les IgM et les IgG sur le
premier sérum d’une personne suspecte d’infection et de
détecter les IgG sur le deuxième sérum collecté 2 semaines plus tard. L’infection aiguë est confirmée par la présence d’IgM, ou en absence d’IgM par une augmentation
significative du titre des IgG x 4 ou en l’absence d’un 2e
sérum par un taux élevé d’Ac évalué au 1/64 en FC’. En
général, on n’observe pas de persistance prolongée des Ac
à un seuil significatif, et les taux résiduels sont faibles,
voire non détectables, du moins en FC’.
Au CHU de Bordeaux, nous avons analysé les dossiers de
42 cas d’infections à Mycoplasma pneumoniae dont 32
avaient moins de 18 ans (75 %). Les symptômes cliniques
étaient surtout représentés par de la fièvre et de la toux
(respectivement 92 et 84 %). Les signes radiologiques
évoquaient une pneumonie lobaire dans 46 % des cas. Les
signes extra-respiratoires étaient présents dans 71 % des
cas.
La recherche directe a été faite sur 27 prélèvements, 12
étaient positifs par culture (sensibilité 44 %) et 19 par
PCR (sensibilité 70 %). Sur les 33 sérums testés, 29
étaient positifs en IgM (sensibilité 88 %).
En conclusion, pour Mycoplasma pneumoniae, les critères
de diagnostic sont bien définis :
– une recherche directe positive permet de poser le diagnostic d’infection, le portage sain étant exceptionnel ;
– le sérodiagnostic permet le diagnostic précoce chez
l’enfant sur la présence d’IgM. Chez l’adulte, un titre
élevé d’IgG (FC’ ≥ 1/64) sur un seul sérum est présomptif.
Mais chez l’adulte, en raison de la faible sensibilité des
IgM et la difficulté d’obtenir un 2e sérum, la recherche
directe par PCR reste le moyen le plus sûr de faire le
diagnostic.
Remerciements. Toute l’équipe remercie l’assistance
technique de Nathalie Robert, stagiaire BTS.
Titre FC versus BMD IgG – à +++
5
44
418
4
.
1
2
1
1.
4
-
4
+
3
4
1
++
5
3
3
3
+++
≤ 1/8
1/16
1/32
1/64
1/128
1/256
Titre FC versus Medac IgG – à +++
9
5
5
5
3
1.
1.
1
4
1.
1
+
1
6
1
≤ 1/8
1/16
1/32
-
1
3
Conclusion
Ces trois micro-organismes ont en commun d’être de
détection difficile mais ne posent pas les mêmes problèmes diagnostiques.
Pour Chlamydia trachomatis, on dispose de méthodes
d’amplification sensibles et spécifiques qui doivent être
privilégiées pour le dépistage et le diagnostic d’une infection basse. Le sérodiagnostic est une aide au diagnostic
d’infection haute ou disséminée.
Le diagnostic d’une pneumopathie atypique passe toujours par la sérologie. Ce sérodiagnostic est d’interprétation difficile pour Chlamydia pneumoniae en raison de la
non spécificité des trousses disponibles et de la séroprévalence élevée. Il est par contre très informatif pour Mycoplasma pneumoniae et permet le diagnostic précoce de
l’infection chez l’enfant.
2
1
1/64
3
1/128
++
+++
1/256
Titre FC versus Vircell IgG – à +++
5
2
1.
1.
3
3
2
2
1
1
4
2
5
-
3
+
2
4
1
1
++
1
3
+++
≤ 1/8
1/16
1/32
1/64
1/128
1/256
Figure 2. Répartition des sérums en fonction de leur titre en FC’
et leurs résultats en Elisa évalué en + (tableau 5). Le nombre de
sérums est indiqué sur les figures.
Ann Biol Clin, vol. 64, n° 5, septembre-octobre 2006
Sérologie des infections à Chlamydiae et Mycoplasma pneumoniae
Références
1. Barbeyrac de B, Bebear C. Chlamydial pathogenesis : diagnostic and
therapeutic consequences. Arch Pediatr 2005 ; 12 (Suppl. 1) : S26-S31.
2. Clad A, Freidank HM, Kunze M, et al. Detection of seroconversion
and persistence of Chlamydia trachomatis antibodies in five different
serological tests. Eur J Clin Microbiol Infect Dis 2000 ; 19 : 932-7.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
3. Persson K. The role of serology, antibiotic susceptibility testing and
serovar determination in genital chlamydial infections. Best Pract Res
Cl Ob 2002 ; 16 : 801-14.
4. Eckert LO, Hawes SE, Wolner-Hanssen P, et al. Prevalence and correlates of antibody to chlamydial heat shock protein in women attending
sexually transmitted disease clinics and women with confirmed pelvic
inflammatory disease. J Infect Dis 1997 ; 175 : 1453-8.
5. Peeling RW, Kimani J, Plummer F, et al. Antibody to chlamydial
hsp60 predicts an increased risk for chlamydial pelvic inflammatory
disease. J Infect Dis 1997 ; 175 : 1153-8.
11. Tompkins LS, Schachter J, Boman J, et al. Collaborative multidisciplinary workshop report : detection, culture, serology, and antimicrobial
susceptibility testing of Chlamydia pneumoniae. J Infect Dis 2000 ; 181
(Suppl. 3) : S460-S461.
12. Peeling RW, Wang SP, Grayston JT, et al. Chlamydia pneumoniae
serology : interlaboratory variation in microimmunofluorescence assay
results. J Infect Dis 2000 ; 181 (Suppl. 3) : S426-S429.
13. Dowell SF, Peeling RW, Boman J, et al. Standardizing Chlamydia
pneumoniae assays : recommendations from the Centers for Disease
Control and Prevention (USA) and the Laboratory Centre for Disease
Control (Canada). Clin Infect Dis 2001 ; 33 : 492-503.
14. Tuuminen T, Palomaki P, Paavonen J. The use of serologic tests for
the diagnosis of chlamydial infections. J Microbiol Meth 2000 ; 42 :
265-79.
6. Barbeyrac de B, Allery A, Marazanof V, Bébéar C. Chlamydia :
apport de la biologie moléculaire face aux techniques sérologiques.
Feuill Biol 1999 ; 231 : 21-7.
15. Waites KB, Talkington DF. Mycoplasma pneumoniae and its role as
a human pathogen. Clin Microbiol Rev 2004 ; 17 : 697-728.
7. Mouton JW, Peeters MF, van Rijssort Vos JH, Verkooyen RP. Tubal
factor pathology caused by Chlamydia trachomatis : the role of serology.
Int J STD AIDS 2002 ; 13 (Suppl. 2) : 26-9.
16. Bébéar C. Les mycoplasmes : aspects biologiques, diagnostiques et
thérapeutiques. In : Bébéar C, ed. Mycoplasmes et Chlamydiae. Paris :
Elsevier, 2002 : 4-19.
8. Ginevra C, Barranger C, Ros A, et al. Development and evaluation of
Chlamylege, a new commercial test allowing simultaneous detection and
identification of Legionella, Chlamydophila pneumoniae, and Mycoplasma pneumoniae in clinical respiratory specimens by multiplex PCR.
J Clin Microbiol 2005 ; 43 : 3247-54.
9. Wang S. The microimmunofluorescence test for Chlamydia pneumoniae infection : technique and interpretation. J Infect Dis 2000 ; 181
(Suppl. 3) : S421-S425.
10. Hermann C, Gueinzius K, Oehme A, von Aulock S, Straube E,
Hartung T. Comparison of quantitative and semiquantitative enzymelinked immunosorbent assays for immunoglobulin G against Chlamydophila pneumoniae to a microimmunofluorescence test for use with
patients with respiratory tract infections. J Clin Microbiol 2004 ; 42 :
2476-9.
Ann Biol Clin, vol. 64, n° 5, septembre-octobre 2006
17. Waites K, Bébéar C, Robertson J, Talkington D, Kenny G. Cumitech
34, Laboratory diagnosis of mycoplasmal infections. In : Nolte FS, ed.
Washington : American Society for Microbiology, 2001.
18. Beersma MF, Dirven K, van Dam AP, Templeton KE, Claas EC,
Goossens H. Evaluation of 12 commercial tests and the complement
fixation test for Mycoplasma pneumoniae-specific immunoglobulin G
(IgG) and IgM antibodies, with PCR used as the gold standard. J Clin
Microbiol 2005 ; 43 : 2277-85.
19. Petitjean J, Vabret A, Gouarin S, Freymuth F. Evaluation of four
commercial immunoglobulin G (IgG)- and IgM-specific enzyme immunoassays for diagnosis of Mycoplasma pneumoniae infections. J Clin
Microbiol 2002 ; 40 : 165-71.
419
Téléchargement