Les perspectives relatives aux dépenses
de consommation aux États-Unis sont à
la base des prévisions économiques de
2013, parce qu’elles demeurent le plus
important facteur de croissance
économique dans le monde. Les
dépenses des consommateurs
américains représentent en eet
environ 70 % du PIB des États-Unis et,
par voie de conséquence, environ 20 %
du PIB mondial. À défaut d’une
demande soutenue des consommateurs
américains, il est peu probable que
l’économie mondiale continue de
prendre de l’expansion à un rythme
raisonnable. Les dépenses des
consommateurs américains dépendent
avant tout des marchés de l’emploi et
del’habitation. Or, les nouvelles ont été
bonnes sur ces deux fronts en 2012.
L’économie américaine s’est en eet
enrichie de 155 000 emplois en
décembre et le taux de chômage est
resté stable à 7,8 % après avoir atteint
un niveau aussi élevé que 8,5 % au
début de 2012. Toujours en décembre,
lenombre moyen de nouvelles
demandes de prestations de chômage
achuté à son plus bas niveau depuis
mars 2008.
Le Département du commerce des
États-Unis a annoncé que les ventes
demaisons neuves avaient connu leur
hausse mensuelle la plus forte depuis
deux ans et demi, une autre donnée qui
semble confirmer que nous assistons
actuellement à une reprise durable
dansle secteur de l’habitation. Si les
propriétaires américains retrouvent
leurfoi dans le marché immobilier, il
pourrait bien y avoir un regain de
confiance des consommateurs.
Habituellement, la maison d’un
ménageaméricain tend à être son bien
le plus important. Si les consommateurs
ont davantage confiance dans la valeur
de leur maison et donc, dans la valeur
de l’ensemble de leur patrimoine, ils
dépenseront probablement avec plus
deprodigalité.
Les décideurs continuent de prendre
des mesures coordonnées et décisives
La prolongation incessante de la
périodede bas taux d’intérêt et de
politiques monétaires extrêmement
accommodantes devrait continuer
desoutenir la croissance mondiale.
L’andernier, nous avons recensé de
multiples exemples de la détermination
des banques centrales à maintenir les
taux d’intérêt bas afin de stimuler la
croissance économique.
Parmi les exemples les plus importants
de ce phénomène, mentionnons la
coordination très serrée des politiques
adoptées par les banques centrales et
les décideurs des diérents pays. Pour
s’en convaincre, mentionnons que
lesmarchés boursiers mondiaux ont
amorcé une remontée à la mi-juin à la
parution d’une manchette de Reuters
annonçant l’intention des banques
centrales de prendre en Grèce, si la
situation devait l’exiger, des mesures
coordonnées après les élections.
Enseptembre, Alan Blinder, ancien
vice-président de la Réserve fédérale
américaine et professeur réputé
d’économie à Princeton, a été invité
às'adresser aux personnes présentes
àla réunion annuelle des banquiers
centraux du monde à Jackson Hole au
Wyoming. Dans son allocution, il a
résumé dans ces quelques mots tous
lesarguments à l’appui d’une étroite
coordination des mesures : « un
sentiment d’urgence partagé et les
intérêts communs prépondérants
rendent virtuellement obligatoire la
coopération.1 »
La décision de la Banque centrale
européenne de lancer un nouveau
programme illimité de rachat
d’obligations constitue un autre
exemple de la détermination des
banques centrales de maintenir le
bonfonctionnement de l’économie
mondiale. En septembre, la BCE a en
eet annoncé qu’elle achèterait pour
unmontant illimité d’obligations
d’Étatde pays de la zone euro mis
souspression par les poussées du
coûtdesemprunts. Les marchés ont
réagi favorablement et ont aussi été
réconfortés d’apprendre que la BCE
exigerait en retour des emprunteurs
1 Central Bank Independence and Credibility
During and After a Crisis,
Alan S. Blinder, allocution
prononcée au Symposium de Jackson Hole, le
1er septembre 2012
qu’ils acceptent la mise sur pied
d’unmécanisme international de
surveillancedes politiques
budgétaireset économiques.
Les décideurs américains ont
égalementenvoyé un puissant
signaldeleur volonté de prendre
lesdispositions nécessaires pour
quel’économie mondiale poursuive
sacroissance. La troisième vague de
mesures d’assouplissement quantitatif
de la Réserve fédérale, baptisée
«QE3», a été très bien accueillie.
Dansle cadre du programme QE3, la
Réserve s’est engagée à procéder à des
achats mensuels de 45 milliards USD
denouveaux bons du Trésor et de
poursuivre ses achats mensuels à
hauteur de 40 milliards de dollars de
titres adossés à des créances
hypothécaires. La Réserve a par ailleurs
annoncé son intention de maintenir les
bas taux d’intérêt sur les fonds fédéraux
jusqu’à ce que le taux de chômage
retombe sous le seuil des 6,5 %. À
l’annonce de QE3, les prix des produits
de base ont connu une poussée, car ce
programme a fait bondir la demande
d’intrants économiques clés comme
l’énergie et les matériaux industriels.
L’inflation demeure sous contrôle
Dans le contexte actuel de croissance
stable, mais faible, dans les pays
avancés, l’inflation est quasi absente du
paysage économique et devrait le rester
dans un avenir prévisible. Les banques
centrales devraient donc maintenir leurs
bas taux d’intérêt dans le cadre de leurs
eorts continus pour stimuler la
croissance économique mondiale.
Ces perspectives favorables en
matièred’inflation s’appliquent plus
particulièrement aux économies
développées à croissance plus lente.
Lesbons du Trésor américain ont
amorcé une remontée à l’annonce du
maintien en décembre des prix des
produits de consommation aux États-
Unis. Les nouvelles confirmant
l’absencede toute velléité inflationniste
ont convaincu les acteurs du marché
obligataire de maintenir leurs
placements, car les bas taux d’inflation
contribuent au maintien de la valeur
deleurs obligations.
3 PERSPECTIVESMD