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RÉSUMÉ
PDF Québec demande de scinder en deux le projet de loi 59. Alors que la première
partie touchant les discours haineux est à rejeter, nous demandons au
gouvernement de garder et d’améliorer la seconde partie ayant trait à la
protection des personnes. Le gouvernement doit poursuivre ses efforts pour
mettre fin aux mariages forcés et aux crimes commis au nom de l’honneur,
notamment en ne se contentant pas de mesures dont la portée se limite au
territoire québécois.
Il faut également travailler en amont en mettant tout en œuvre pour créer une
société où les traditions culturelles ou religieuses inégalitaires n’ont pas leur place,
comme le Québec s’y est engagé dans de nombreuses conventions
internationales.
Le respect des lois par tous et par toutes et, surtout, la préservation d’un climat
social favorable à l’égalité des femmes avec les hommes, reste l’un des principaux
moyens de prévention pour protéger les femmes et les enfants de pressions
communautaristes qui menacent leur sécurité. Le rôle des professeures et des
intervenantes en service de garde est particulièrement vital pour renforcer
l’égalité des femmes avec les hommes. De même, il est essentiel de réformer les
cours d’Éthique et culture religieuse afin d’abolir le volet «culture religieuse» qui
fait la promotion d’habitudes sexistes où la femme apprend à voir son
infériorisation comme normale et à l’accepter.
Concernant la lutte aux discours haineux, PDF Québec constate que l’objectif du
projet de loi est louable, mais que le gouvernement pose le mauvais diagnostic et
se trompe de cible. Les moyens pour arriver à contrer les discours «présumés»
haineux peuvent rapidement déraper et menacer la liberté d’expression. Plusieurs
articles sont d’autant plus inquiétants qu’ils seraient mis en œuvre par une
institution publique, la Commission des droits de la personne et des droits de la
jeunesse (CDPDJ), à qui on accorde une grande marge discrétionnaire
d’interprétation de ce qu’est un discours haineux et des pouvoirs assez étendus
pour mettre en œuvre ses interprétations. Des pouvoirs qui seront inscrits dans la
Charte.
C’est d’autant plus questionnant que PDF Québec constate que la démarche
gouvernementale derrière le PL 59 et le plan de lutte contre la radicalisation
identifient les discours haineux (et l’exclusion) comme étant à la source de la
radicalisation, au lieu de comprendre que c’est surtout l’intégrisme religieux qui
engendre la radicalisation. PDF Québec craint notamment que la Commission des
droits de la personne et le Tribunal des droits de la personne jouent un rôle de
censeur et de chasseur de blasphèmes, menaçant ainsi le droit fondamental à la
liberté d’expression.