Jean-Baptiste COUTURE (1867-1943)
Jean-Baptiste Couture, qui réussit à rendre rentable le journalisme de
langue française en Nouvelle-Angleterre, est à Lévis, Québec le 15 mars
1867, dans une famille qui allait compter dix-huit enfants. Son père,
Olivier, était instituteur.
Jeune, il quitte les études pour devenir typographe au journal L’Événement de la ville de
Québec. En 1884, on le retrouve à Lewiston, Maine. Il avait été recruté par les dirigeants du
journal de cette ville, Le Messager. Ces derniers voulaient établir une imprimerie de langue
française à Lewiston afin de rendre leur entreprise plus rentable et pour aider la campagne
électorale en faveur de Grover Cleveland à la présidence des États-Unis auprès des
francophones. En 1884, les Franco-Américains de Lewiston, par leur nombre, commençaient
déjà à compter du point de vue économique et politique. Leur journal pouvait donc exercer une
influence considérable.
À peine sept ans après son arrivée à Lewiston, Jean-Baptiste Couture se porte acquéreur du
Messager, avec son beau-frère comme associé. Deux ans plus tard, il en devient le propriétaire
unique. Sous sa direction active et compétente, ce journal allait devenir, vers 1940, un des
quotidiens de langue française les plus répandus à travers les États-Unis. Ce journal a aussi le
mérite d’avoir été publié, de façon continue, de 1880 à 1968, ce qui lui vaut la palme de
longévité parmi les journaux de langue française aux États-Unis.
L’œuvre écrite de Couture, sauf un livre intitulé En Europe. Notes de Voyage, publié en
1926, se retrouve tout entière dans les pages de son journal. Il avait la plume courageuse pour la
défense des droits de ses compatriotes franco-américains. Il sut s’en servir, notamment dans la
querelle de la Corporation Sole (1909-1914), entre l’évêque irlando-américain du Maine et les
paroisses franco-américaines, sur l’administration des biens paroissiaux et sur l’usage du français
à l’église et à l’école, comme langue d’enseignement.
Jean-Baptiste Couture était un homme aux intérêts divers ; la musique et le théâtre le
passionnaient autant que les sports, surtout le baseball. Il écrivait sur toutes sortes de sujets d’une
plume avertie pointait son sens de l’humour. Il communiquait de façon ouverte et franche
avec ses lecteurs qui lui en savaient gré. Jean-Baptiste Couture ne croyait ni à l’anonymat ni aux
pseudonymes. Membre de plusieurs associations franco-américaines, il sut toujours leur accorder
une publicité généreuse dans les pages de son journal.
Amateur de musique et de théâtre, il dirigea des concerts et de nombreuses opérettes. On lui
doit des traductions et des adaptations d’opérettes, notamment « L’Amour à bord », traduction de
« H.M.S. Pinafore » de Gilbert et Sullivan. S’étant enseigné à jouer du piano, il trouva le temps
de fonder une fanfare, une chorale et une troupe de théâtre.
Homme d’esprit moderne, il s’impliqua dans la nouvelle industrie de la radio, devenant
propriétaire de plusieurs postes, parmi les premiers dans l’état du Maine.
Il fut élu conseiller municipal, puis député à la législature de son état adoptif. Le
gouvernement français reconnut sa vaillance dans la défense de la langue française en lui
octroyant, en 1933, les Palmes académiques avec le titre d’officier. En 1943, l’année de sa mort,
un navire de guerre américain, construit grâce à une souscription de fonds prélevés auprès des
Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre, fut baptisé le « Jean-Baptiste-Couture ».
Au début des années 1940, il laissa à deux de ses fils, Faust et Valdore (cinq enfants étaient
nés de son mariage avec Clara Brunelle), la direction de l’entreprise qu’il avait montée avec tant
de succès : son journal, ses postes de radio ainsi que son imprimerie où étaient imprimés un bon
nombre de journaux français de partout à travers les États-Unis.
Autodidacte à une époque un individu pouvait encore réussir sans grande instruction,
Jean-Baptiste Couture avait néanmoins su mettre ses dons multiples au service de ses
compatriotes franco-américains. C’est pour une cause noble, celle de la défense des droits des
Franco-Américains à survivre comme catholiques francophones, qu’il se servit de sa plume et
qu’il fit usage de son influence tout au long d’une vie largement réussie.
Paul-M. PARÉ
ŒUVRE
- En Europe. Notes de Voyage. Lewiston, ME : Le Messager, 1926. 193 p.
- Articles dans Le Messager. Lewiston, ME.
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