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possibilités d’aller cibler ces cellules
dendritiques in vivo. Ce sont ces essais qui
devraient débuter dans les années à venir.
Nous avons des essais qui sont un peu plus
classiques, d’utilisation de vaccin
thérapeutique qui visent à booster les réponses
immunitaires avec des stratégies vaccinales un
peu plus anciennes. Et, dans toutes ces
stratégies, nous allons regarder évidemment
l’augmentation de la réponse immunitaire,
mais aussi le réservoir et les études des
marqueurs de l’inflammation et de l’activation.
Les deux essais qui ont déjà été effectués ou
que nous allons débuter rapidement sont des
essais qui ont été faits aux Etats-Unis, avec
une promotion de l’ANRS. Ils ont été réalisés
là-bas parce que l’utilisation de ces cellules
dendritiques et la préparation de ces cellules
nécessitaient une technologie qui n’avait pas
pour l’instant été implantée en France. Dans
l’essai DALIA, nous récupérons des cellules
dendritiques, que nous appelons des
monocytes, à des patients infectés par le VIH.
Ces patients ont évidemment des critères
extrêmement stricts : ce sont des personnes
sous traitement, avec plus de 500 CD4 et il ne
faut pas qu’ils aient eu au cours de leur
évolution un taux de nadir trop bas ; parce
que si nous sélectionnons des patients qui ont
eu une forte immunodépression et que nous
arrêtons le traitement antirétroviral très
rapidement, la charge virale va remonter de
manière très importante. Nous avons donc
récupéré les monocytes et les macrophages,
nous les avons stimulés in vitro pour en faire
des cellules dendritiques. Nous avons mis des
bouts de virus VIH pour stimuler ces cellules
dendritiques et nous les avons réinjectées au
patient. Après 24 semaines, nous avons arrêté
le traitement antirétroviral et nous avons
continué à les suivre encore 24 semaines.
Nous avons observé de façon très rapprochée
l’évolution en termes de CD4, de charge virale,
et de réponse immunitaire. S’il y avait le
moindre doute sur une remontée importante
de la charge virale, nous remettions en place
le traitement antirétroviral. L’ensemble des
résultats de cet essai sera présenté à Seattle
en 2012, mais nous avons des résultats
intéressants en termes de réponses
immunitaires dans cet essai.
Un autre élément intéressant est
l’interleukine-7 (IL-7). Elle peut remonter les
lymphocytes T CD4, agir sur les virus qui sont
intégrés et agir également sur les réponses
immunitaires. Elle est capable de stimuler
notamment les réponses immunitaires contre
le virus VIH. C’est ce que nous avions montré
dans l’essai sur l’utilisation de cette cytokine,
qui a été publié il y a deux ans dans le Journal
of Clinical Investigation. Ceci a conduit à
l’utilisation de ces stratégies dans lesquelles
nous utilisons des cellules dendritiques, et de
coupler ces stratégies avec de l’IL-7 pour
augmenter les réponses immunitaires et pour
jouer sur le réservoir. On fait la charnière entre
d’un coté, la stimulation de la réponse
immunitaire, donc la guérison fonctionnelle, et
l’impact sur le réservoir, donc l’éradication.
Pour finir, il y a des essais de vaccination
thérapeutique un peu plus classiques, qui
visent à utiliser des vaccins qui ne sont pas
aussi compliqués que les cellules dendritiques,
qui pour l’instant sont vraiment à l’état de
recherche - Il y a eu très peu d’essais menés
qui visaient spécifiquement à impacter ces
cellules dendritiques. Nous allons commencer
très prochainement un essai de vaccination
thérapeutique, l’essai LIGHT, avec 105 patients
qui sont tous sous traitement antirétroviral, qui
ont plus de 550 CD4 et un nadir de CD4
supérieur à 300. Ces patients vont recevoir soit
du placebo, soit deux vaccins différents : un
vaccin ADN et un lipopeptide. Nous allons
arrêter le traitement antirétroviral et nous
allons observer l’évolution des réponses
immunitaires 12 semaines après l’arrêt du
traitement antirétroviral. Comme dans l’essai
DALIA, le but est d’observer l’efficacité donc s’il
y a le moindre frémissement important en
terme de charge virale ou en terme de T CD4,
nous reprendrons le traitement antirétroviral.
Il reste encore beaucoup de choses en cours
sur le vaccin thérapeutique, qui permettent à
la fois de booster les réponses immunitaires
et de jouer sur le réservoir viral. Les essais à
mettre en place sont compliqués parce qu’il
s’agit d’avoir des injections de vaccin, qu’il y a
des interruptions thérapeutiques qui peuvent
effrayer. Mais tout cela est important pour
comprendre comment aller plus loin demain
et comment vraiment impacter sur ce
réservoir. Et tout cela est évidemment fait
dans des conditions de sécurité qui évitent
d’avoir des problèmes et la survenue
d’évènements indésirables lors de l’arrêt des
traitements antirétroviraux. n