MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DE L’ALIMENTATION, DE LA PECHE, DE LA RURALITE ET DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DE L’INDUSTRIE Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes Direction générale de l’alimentation Paris, le 3 mai 2011 ELEMENTS D’INFORMATION POUR LES OPERATEURS (annule et remplace la note du 31/03/11) Surveillance des radionucléides en France, en lien avec la crise nucléaire au Japon La surveillance de la radioactivité en France repose essentiellement sur deux organismes : - l'ASN1, autorité indépendante, chargée du contrôle : des installations et équipements nucléaires, de la conception au démantèlement, de la gestion des déchets nucléaires, du transport des substances radioactives. - l'IRSN2, établissement public chargé, entre autres, de la surveillance radiologique de l'environnement et de l’appui technique et opérationnel aux pouvoirs publics. L’IRSN exploite des réseaux de surveillance de la radioactivité sur l'ensemble du territoire français. L'IRSN est en outre laboratoire national de référence pour les radionucléides dans les aliments. Enfin, l'ANSES3 est chargée de l’évaluation des risques sur la chaîne alimentaire. Elle s'appuie en grande partie sur les experts de l'IRSN pour son évaluation du risque. 1. Les rôles respectifs de la DGAL et de la DGCCRF La DGAL et la DGCCRF sont garantes, dans leur champ de compétences, de la sécurité sanitaire des aliments, qui intègre aussi le risque radiologique. La répartition est la suivante : - DGAL : production primaire animale et végétale, denrées animales et d'origine animale transformées, importation des denrées d’origine animale destinées à la consommation humaine et des aliments pour animaux d’origine animale ou végétale ; - DGCCRF : denrées végétales et d'origine végétale fraîches ou transformées, importation des denrées d’origine végétale destinées à la consommation humaine. Depuis l’accident de Tchernobyl, la DGAL et la DGCCRF mettent en œuvre chaque année un plan de surveillance de la contamination des denrées alimentaires par les radionucléides, avec l'appui de l'IRSN. Ce plan de surveillance s'applique également à certains produits importés (ex. viandes de gibier, champignons), les prélèvements étant réalisés lors de l’importation. 1 2 3 Autorité de Sûreté Nucléaire Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail Page 1 sur 6 2. Situation réglementaire Il existe deux règlements clés au niveau européen : - Règlement (Euratom) n°3954/87 : fixe des niveaux m aximaux admissibles (NMA) applicables pour les productions impactées par un accident nucléaire. - Règlement (CE) n°733/2008 : fixe des teneurs maxim ales à l'import de certaines marchandises provenant de pays tiers possiblement impactés par l'accident de Tchernobyl. Ce règlement sert actuellement à définir les valeurs guides pour les plans de surveillance de la DGAL et de la DGCCRF. Il existe également des valeurs fixées en 2006 par le Codex alimentarius, opposables à l’OMC en cas de différend commercial entre pays, légèrement plus restrictives que celles retenues par le règlement n°3954/87. Suite à l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima, la Commission a adopté le règlement d’exécution (UE) n°297/2011 du 25 mars 2011 imposan t des conditions particulières à l’importation de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux originaires ou en provenance du Japon. Ce règlement a été modifié par le règlement d’exécution (UE) n°351/2001 du 11 avril 2011 qui a aligné les niveaux maximaux admissibles pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux sur les valeurs utilisées par les autorités japonaises. Le règlement impose que les denrées alimentaires et aliments pour animaux en provenance du Japon expédiés depuis le 28 mars 2011 soient accompagnés d’une déclaration des autorités japonaises (cf annexe 1) précisant : • L’indication que les denrées expédiées ont été récoltées ou transformées avant le 11 mars 2011. Ces denrées n’ont pas pu être contaminées ; • Ou l’indication que les denrées ne proviennent pas des préfectures touchées par les rejets de la centrale nucléaire de Fukushima, ni des préfectures adjacentes (ces 12 préfectures sont citées en annexe 2). Dans ce cas, les denrées ne sont pas originaires d’une zone considérée à risque et n’ont pas fait l’objet d’une analyse au départ du Japon. A l’arrivée dans l’Union européenne, elles font l’objet d’un contrôle documentaire et d’identité systématique et d’un prélèvement avec analyse en laboratoire selon un taux de contrôle d’au moins 20% des lots ; • Ou l’indication que les denrées proviennent des préfectures jugées à risque. Dans ce cas, les marchandises sont systématiquement analysées avant leur expédition et sont accompagnées d’un bulletin d’analyse certifiant que les denrées sont conformes aux niveaux maximaux autorisés. A leur arrivée sur le territoire de l’UE, ces denrées font en outre l’objet d’un contrôle documentaire et d’identité systématique et d’un prélèvement avec analyse en laboratoire selon un taux de contrôle d’au moins 10% des lots. Cette disposition s’applique également aux produits originaires des eaux côtières de ces préfectures. Cette déclaration doit être transmise au moins deux jours ouvrables avant l’arrivée de la marchandise par l’opérateur au PIF ou au PED. Une note de la Commission du 13 avril 2011 précise que le simple transit des marchandises par les aéroports de Tokyo et Narita (localisés dans les 12 préfectures à risque) ne justifie pas la réalisation d’une analyse par les autorités japonaises. Une note complémentaire de la Commission du 22 avril 2011 précise que pour les denrées composées d’ingrédients de diverses origines, si un ou plusieurs des ingrédients sont originaires de l’une des douze préfectures contaminées ou possiblement contaminées, alors la déclaration doit être accompagnée des résultats d’analyses effectuées sur un échantillon représentatif du produit tel que vendu au consommateur. Le 16 avril 2011, une nouvelle note de la Commission a recommandé aux Etats membres de pratiquer des contrôles par sondage sur les produits de la pêche originaires de l’océan Pacifique (zones FAO 61, 67, 71, 77). Page 2 sur 6 3. Conséquences et mesures prises suite à la crise japonaise 1 - Mesures prises par l’IRSN pour la surveillance de l’environnement : L'IRSN a mis en place une surveillance renforcée du territoire métropolitain. Outre les balises de surveillance en continu de la radioactivité ambiante, l'IRSN s'intéresse aux indicateurs biologiques pertinents (notamment herbe et lait) permettant de suivre l'évolution de la qualité radiologique de l'environnement en France. Cette surveillance fournit les données nécessaires à l’évaluation de l’impact de l’accident sur le territoire français . Conformément aux prévisions, les résultats publiés par l’Institut montrent la présence d’iode radioactive à des niveaux très faibles dans certaines régions en France. Ces valeurs sont sans impact sanitaire pour les populations ou l’environnement. Il n’y a donc aucun risque lié à la consommation de denrées agricoles cultivées ou produites sur l’ensemble du territoire français (métropole, département, collectivité et régions d’outre mer). 2 - Mesures prises par la DGAL et la DGCCRF pour la surveillance des denrées alimentaires et des aliments pour animaux : Le principal risque est lié à la consommation de denrées alimentaires importées des zones contaminées du Japon. L’accent est donc mis sur les contrôles à l'importation. Le règlement (UE) n°297/2011 définit des fréquences minimales de contrôles et d’analyse, au moment de l’introduction des lots sur le territoire de l’Union européenne. Le contrôle documentaire et d’identité doit être de 100%, le contrôle analytique doit être d’au moins 10% (produits en provenance des 12 préfectures en annexe 1) et 20% (autres préfectures). Cependant, considérant que la situation n’est pas encore totalement maîtrisée, les autorités françaises ont décidé de porter à 100% les taux de contrôles frontaliers définis par le règlement européen sur les denrées alimentaires d’origine animale produites après le 11 mars 2011 et les produits frais (algues, salades, légumes et fruits) en provenance du Japon destinés à la consommation humaine. Les lots seront consignés dans l’attente des résultats de laboratoire pour une durée maximale de 5 jours ouvrables. En cas de contrôle documentaire non conforme (absence de déclaration ou absence de résultats d’analyse), les produits ne pourront pas être libérés, ils seront détruits ou réexpédiés vers le pays d’origine. Si le produit se révèle non conforme, son devenir sera défini en lien avec l’ASN. Il pourra être détruit ou réexpédié vers le pays d’origine. Ces mesures sont applicables au moins jusqu’au 30 juin 2011 et révisables par l’Union européenne tous les mois en fonction de la situation. Le plan de surveillance des produits de la pêche importés a été modifié le 19 avril afin de tenir compte des recommandations de la Commission européenne dans sa note du 16 avril. L’objectif général du plan est de sélectionner par tirage aléatoire 3% des lots de produits de la pêche importés pour réaliser des analyses de laboratoire. Lorsque les lots ainsi sélectionnés seront issus du Pacifique (zones 61, 67, 71 et 77), la recherche de radionucléides sera effectuée (Cs-134 et 137, I 131). Conformément aux principes généraux du plan de surveillance, ces contrôles seront à la charge de l'État et les lots seront libérés sans attendre les résultats, qui pourront être communiqués aux opérateurs sur simple demande de leur part auprès des postes frontaliers. Pour toute question supplémentaire, les opérateurs peuvent se rapprocher de la DD(CS)PP de leur département. Page 3 sur 6 Tableau de synthèse des mesures : Date de Origine récolte et/ou géographique de des produits transformation japonais des produits Mesures sur produits originaires ou en provenance du Japon Règlement n°297/2011 FOOD Japon Avant le 11/03/2011 Toutes préfectures Déclaration∗ Autres préfectures que celles citées en annexe 2 Déclaration∗ Après le 11/03/2011 Préfectures citées en annexe 2 Mesures France aux frontières sur produits originaires ou en provenance du Japon Déclaration∗ + Rapport d’analyse (Césium 134, 137 et Iode 131) UE (aux frontières) Produits d’origine 2 animale et denrées en contenant (DGAL) FEED (DGAL) Produits 4 frais (DGCCRF) Autres denrées 5 alimentaires (DGCCRF) Contrôle standard + vérification de la déclaration Minimum 20% d’analyse aux frontières 20% d’analyse aux frontières 100% d’analyse aux frontières Minimum 10% d’analyse aux frontières 10% d’analyse aux frontières 2 Pour les produits de la pêche originaires des zones FAO 61, 67, 71 et 77 entrant en France via les PIF français, des mesures de contrôle sont mises en place par sondage. 4 Produits frais : fruits et légumes frais (hors tubercules et racines) et algues fraîches 5 Autres produits alimentaires d’origine végétale : sauce de soja, préparations pour sauces, boissons alcoolisées de type bière, hydromel, whisky ou liqueur, vinaigre, farines et pâtes alimentaires, préparations pour soupes, thé vert, eaux, fruits et légumes (au vinaigre type « pickles », en conserve, séchés, surgelés…), riz, algues, graines de sésame et huile de sésame, etc. ∗ cf. annexe 1, pour les produits expédiés depuis le 28 mars 2011 Page 4 sur 6 Annexe 1 : modèle de déclaration d’importation dans l’Union européenne Page 5 sur 6 Annexe 2 : Liste des préfectures japonaises pour lesquelles les produits récoltés ou transformés à compter du 11/03/2011 sont soumis à analyse au départ de la marchandise : Chiba Fukushima Gunna Ibaraki Miyagi Nagano Niigata Saitama Tochigi Tokyo Yamagata Yamanashi Liens utiles Ces sites contiennent notamment des informations sur la surveillance de l’air en France, des conseils, des foires aux questions. ASN : http://www.asn.fr/ IRSN : surveillance de l’air en France, points de situation au Japon et en France, http://www.irsn.fr/FR/Documents/home.htm Ministère de la Santé : recommandations sanitaires, http://www.sante.gouv.fr/japon-point-sur-lesrecommandations-sanitaires.html OMS : Risques et gestion des risques : - http://www.who.int/hac/crises/jpn/en/index.html - http://www.who.int/hac/crises/jpn/faqs/en/index6.html Site du programme conjoint FAO/AIEA : Conseils en cas de contamination radioactive d’aliments, http://www-naweb.iaea.org/nafa/emergency/index.html Page 6 sur 6