Petit rappel sur l`anatomie et la physiologie du tube digestif du lapin
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Les arrêts du transit digestif Les arrêts du transit digestif chez le lapin, également nommés iléus digestifs, sont un motif fréquent de consultation en clinique vétérinaire. Aux multiples origines, cette affection doit être prise en charge rapidement car elle peut aboutir à une dégradation rapide de l’état général de votre compagnon et peut s’avérer fatale. Petit rappel sur l’anatomie et la physiologie du tube digestif du lapin Le tube digestif du lapin est caractéristique d’un herbivore avec la présence d’une importante flore bactérienne permettant la digestion des végétaux et notamment de la cellulose qu’ils contiennent. Il se compose d’un œsophage, d’un estomac et de l’intestin (subdivisé en intestin grêle et gros intestin correspondant au caecum et au colon) auxquels s’ajoutent des organes annexes à la digestion. Ces derniers sont le pancréas qui produit des enzymes* digestives et le foie qui fabrique notamment la bile pour la digestion des graisses. Œsophage Estomac Intestin grêle Dans l’estomac se déroule une digestion mécanique et chimique par l’action d’acides et d’enzymes. Les herbivores sont dotés d’un intestin très long comparativement à celui des carnivores (l’intestin grêle d’un lapin nain mesure près de 2 mètres et le colon 70 cm) et d’une cuve à fermentation où se regroupe l’essentiel de la flore bactérienne permettant une grande part de la digestion. Cette dernière correspond à l’estomac chez la vache et à une portion de l’intestin nommée caecum chez le lapin. C’est également là que se forment les crottes particulières appelées caecotrophes et Le magazine de l’association Marguerite & Cie l 2012 Côlon 4 Caecum enrichies en protéines et vitamines que le lapin consomme pour récupérer ces éléments qui seraient perdus et ainsi optimiser sa digestion. Les symptômes accompagnant l’arrêt du transit digestif L’arrêt du transit digestif peut être brutal et se caractérise par l’absence subite de crotte auquel s’associe généralement de l’anorexie, puis de la prostration* et de l’amaigrissement pouvant précéder le décès du lapin. Il peut également apparaître de façon plus progressive sur plusieurs jours voire semaines avec les mêmes conséquences, et faire suite à un ralentissement du transit caractérisé par la présence de crottes plus petites, généralement plus dures et dont la quantité diminue jour après jour. Le comportement du lapin peut changer et montrer une sélection alimentaire, des grincements de dents et une position antalgique* dos voussé ou membres postérieurs étendus vers l’arrière. Aspect des caecotrophes. principalement des herbes, riches en fibres, et non des graines qui composent souvent les mélanges de qualité médiocre que l’on trouve dans le commerce. La proportion de foin dans la ration doit être de 70%. Les granulés doivent être distribués en quantité limitée (20 grammes par kilo de lapin et par jour) et être de qualité. Privilégiez Les conséquences d’un arrêt du transit sont potentiellement graves notamment en raison de l’anorexie et de la douleur secondaire qui l’accompagnent généralement. Les origines de l’arrêt du transit digestif Les principales origines du ralentissement et de l’arrêt du transit digestif sont environnementales et comprennent une alimentation inadaptée avec notamment une carence en fibres et le manque d’exercice physique chez les lapins ayant une vie trop sédentaire dans une cage trop petite, sans occupation ni longue sortie hors de la cage. L’idéal est le maintien du lapin en liberté dans une pièce sécurisée ou dans un parc avec un minimum de deux heures de liberté quotidienne. Concernant son alimentation, rappelons que le lapin est un mammifère strictement végétarien et surtout herbivore. Sa ration ne doit donc comporter aucune protéine animale (vérifiez les ingrédients de ses granulés et friandises contenant parfois des produits laitiers ou des œufs). Il ne doit consommer que des végétaux et Le foin utilisé en guise de litière en diminue la consommation. Il est préférable de le disposer au dessus du bac à litière. les granulés complets pour lapin lui interdisant le tri et regardez l’analyse inscrite sur le paquet et devant indiquer un taux de fibre (cellulose brute) égal ou supérieur à 20%. Les autres origines alimentaires d’un arrêt du transit 5 Le magazine de l’association Marguerite & Cie l 2012 digestif sont les transitions alimentaires brutales et les rations trop riches en sucres (friandises inadaptées) qui entraînent une fermentation anormale des bactéries : il y a alors production de gaz digestifs distendant les intestins d’où un arrêt du transit et une douleur abdominale. trouble neurologique (traumatisme vertébral, paralysie), une compression du tube digestif par un phénomène extérieur à celui-ci (tumeur ou abcès dans l’abdomen, épanchement abdominal*, distension urinaire*…) ou une cause purement digestive (tumeur gastrique ou intestinale, invagination de l’intestin*…). Notons enfin que certains médicaments peuvent induire un ralentissement du transit digestif et doivent donc être utilisés avec précaution. Une autre origine essentielle de l’arrêt du transit digestif est une anorexie prolongée quelle qu’en soit la cause : stress, douleur (maladie dentaire, cystite*, gaz dans le tube digestif, fracture, diarrhée…). Toute maladie peut donc déboucher sur un ralentissement du transit. Les premières prendre On rencontre ensuite des origines mécaniques avec notamment l’ingestion de corps étrangers tels que les poils en période de mue, du plastique, du carton ou des fibres textiles. Ces corps étrangers indigestes transitent difficilement dans le tube digestif et peuvent être à l’origine d’une occlusion s’ils ne sont pas évacués par les voies naturelles. Dans le cas de l’ingestion de poils en grande quantité, on parle de trichobézoard, vous observerez parfois avant l’arrêt total du transit des crottes en chapelet. Le brossage très régulier de votre lapin est indispensable. Il est également possible de lui offrir des friandises à la papaye ayant la propriété d’aider à la dissolution des boules de poils. mesures à Tout arrêt du transit digestif doit être pris en charge rapidement et justifie une consultation vétérinaire. Vous pouvez en attendant offrir essentiellement du foin à votre lapin car c’est l’aliment le plus riche en fibres, et le faire trotter ce qui stimule le transit. Assurez-vous qu’il boive normalement, sinon proposez-lui de l’eau à la seringue. Ne donnez aucun médicament sans avis médical car une médication inadaptée peut aggraver l’état de votre compagnon. La prise en charge du lapin en clinique vétérinaire Votre vétérinaire fera avec vous ce que l’on appelle un recueil des commémoratifs pour savoir les évènements qui se sont déroulés durant le passé de votre lapin (antécédents médicaux et chirurgicaux) et surtout durant les derniers jours. Il contrôlera ensuite l’environnement de votre lapin pour déterminer s’il peut être à l’origine de l’arrêt du transit, ce qui peut orienter ses examens complémentaires et son traitement. A l’examen clinique, les lapins faisant l’objet d’un arrêt du transit digestif montrent souvent une sensibilité ou une douleur à la palpation de l’abdomen. Leur ventre est souvent pâteux ou distendu par les gaz. Divers examens complémentaires pourront être choisis en fonction du cas, tels qu’une radiographie abdominale, Crottes en chapelet lors d’ingestion de poils. Viennent ensuite des causes médicales : arrêt du transit suite à une anesthésie ou une chirurgie abdominale, un Le magazine de l’association Marguerite & Cie l 2012 6 travers l’abdomen peut être pratiquée. La chirurgie est parfois nécessaire notamment lors d’une occlusion ou d’une tumeur. Conclusion Les arrêts du transit digestif sont fréquents et aux origines multiples dont la plupart peuvent faire l’objet d’une prévention facile à travers un environnement et une alimentation adaptée. Leur prise en charge doit être rapide car ils peuvent conduire à une dégradation rapide de l’état général de votre compagnon et lui être fatals. N’hésitez pas à contacter votre vétérinaire pour lui demander son avis. Pour les lapins faisant régulièrement l’objet de ralentissement du transit et ce malgré une alimentation adaptée, il existe de nos jours à disposition des vétérinaires des aliments spécialement formulés reposant notamment sur un taux de fibres très élevés ou de la phytothérapie incorporée aux aliments Dr Bulliot Christophe, vétérinaire en exercice exclusif NAC Glossaire Enzyme : protéine qui augmente la vitesse d’une réaction biochimique, par exemple en découpant une molécule en petits morceaux. Cellulose : glucide et principal constituant des végétaux, en particulier de la paroi de leurs cellules. Radiographie avec préparation montrant la dilatation de l’estomac lors d’un arrêt du transit. Prostration : immobilité du lapin, le plus souvent causée par la douleur. Antalgique : qui permet de lutter contre la douleur, de manière mécanique en adoptant la position la plus confortable ou de manière médicale par la prescription de médicaments. une échographie ou une prise de sang pour vérifier le bon fonctionnement du foie. Le traitement, également à adapter au cas par cas, peut comprendre des médications stimulant le transit, de la paraffine, des substances visant à dissoudre les boules de poils (bonbons pour lapin à la papaye, jus de fruit frais d’ananas), des antalgiques, des médications pour absorber les gaz et les toxines produites par les bactéries et le gavage avec des produits riches en fibres et en énergie. L’hospitalisation est souvent nécessaire dans les cas avancés pour l’administration d’une perfusion. Lors d’une dilatation aérique* conséquente, une ponction du gaz à Cystite : inflammation de la vessie. elle peut être d’origine variée (inflammation, infection, calcul, tumeur). Epanchement de l’abdomen : accumulation de liquide dans le ventre. Dilatation aérique : phénomène au cours duquel une cavité est étirée et élargie par du gaz. Distension urinaire : elle est provoquée par l’incapacité d’évacuer tout ou partie des urines contenues dans la vessie. Invagination intestinale : incorporation d’un segment d’intestin dans la portion intestinale qui lui fait suite. 7 Le magazine de l’association Marguerite & Cie l 2012
