L’ÉPÎTRE AUX ROMAINS
par
Roland Kleger
Kreuzlingen, mars 2016
Copyright © Roland Kleger, Docteur en Théologie,
CH-8280 Kreuzlingen (Suisse)
L’ÉPÎTRE AUX ROMAINS
par
Roland Kleger
Kreuzlingen, mars 2016
Copyright © Roland Kleger, Docteur en Théologie
CH-8280 Kreuzlingen (Suisse)
Romains.fr.3.2016 © Roland Kleger
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I. INTRODUCTION
A. Généralités sur l'épître
L’épître aux Romains contient le message fondamental du salut comme il était annoncé par
l’apôtre Paul aux païens. Saint Augustin a été touché par la lecture de Rom 13:13-14 et fut
ainsi complètement transformé. Chrysostome avait l’habitude de lire cette épître deux fois par 5 semaine. En outre, on pourrait dire que l’épître aux Romains contribua au déclenchement de
la Réforme. Luther a été touché par la lecture de Rom 1:17 : « Le juste vivra par la foi ! »
B. Auteur de l'épître
L’auteur se fait connaître déjà dans les premiers versets : « Paul, serviteur de Jésus-Christ,
appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l’évangile de Dieu. » (Rom 1:1) Malgré sa 10 dogmatique claire et nette, l'auteur ne se présente pas premièrement comme docteur
(enseignant : dida,skaloj), mais plutôt comme « apôtre, messager de Jésus-Christ » qui se
consacre de toute son âme et avec une sainte sincérité à l'accomplissement de son ministère.
Paul est juif par naissance (cf. Rom 9:1-5; 11:1; 2Co 11:22) et aime son peuple
passionnément. En tant qu'ancien pharisien, il connaît l'Ancien Testament d'une manière 15 extraordinaire. Il le cite dans cette épître seule 57 fois et y fait, en plus, souvent allusion. Son
enseignement, le style, l'esprit et le caractère sont les mêmes que dans tous les autres écrits
pauliniens. La tradition de l'Église confirme à l'unanimité la paulinicité de l'épître aux
Romains.
C. Rédaction de l'épître 20
L'épître elle-même nous fournit des renseignements au sujet de sa rédaction. Selon 1:10-13,
l'apôtre n'avait pas encore visité Rome. Cette remarque exclut chaque date après printemps
60, car à cette époque-là il se rendit pour la première fois à Rome. Lorsqu'il écrivit cette lettre,
il disposait encore librement de sa personne puisqu'il parle de projets de voyage (cf. 15:23-
25). Il écrivit donc avant son arrestation à Jérusalem qui a eu lieu lors de la fête de Pentecôte 25 en 57. L'apôtre venait d'achever la collecte en faveur des pauvres de l'Église à Jérusalem
(15:15-33) et il avait l'intention de se rendre à Jérusalem (en 56) : Comparer avec Act 19:21-
22. Deux remarques laissent entendre que Corinthe fut le lieu de rédaction de cette lettre :
Paul recommande aux chrétiens de Rome une femme croyante, Phœbé, qui était une
diaconesse de l'Église de Cenchrées, la ville portuaire de Corinthe (cf. Rom 16:1-2). Phœbé 30 semblait donc s'être préparée pour le départ à Rome et elle fut probablement chargée
d'apporter l'épître à l'Église de Rome. Paul salua l'Église de la part de Gaïus qui était son hôte
(16:23). Ce dernier fut probablement un chrétien de Corinthe que Paul avait baptisé à
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l'occasion de son premier séjour dans la ville de Corinthe (cf. 1Co 1:14). Il les salua
également de la part d'Éraste qui fut le trésorier de la ville de Corinthe (Rom 16:23). On
suppose que 2Ti 4:20 se réfère probablement à la même personne. Nous constatons donc avec
quelque certitude que Paul avait dicté cette lettre à Tertius (16:22) à la fin de son troisième
voyage missionnaire, en printemps de l'année 56, à Corinthe. 5
D. Authenticité de l'épître
L'authenticité de cette épître n'a jamais été sérieusement contestée ; à l'exception des chapitres
15 et 16 qui selon l'opinion de quelques critiques auraient été ajoutés plus tard. C'est
surtout le fait que dans le canon de Marcion l'épître aux Romains se termine avec 14:23 qui a
donné lieu à cette hypothèse. Mais il ne faut pas oublier que Marcion avait écarté ces deux 10 chapitres pour des raisons doctrinales (tendancieuses). Déjà Clément de Rome, citait l'épître
aux Romains en 95. Aussi Ignace, Polycarpe et Justin Martyr la citaient. Le canon de l'Église
syriaque et latine ainsi que le fragment de Muratori (et bien d'autres encore) lui accordent une
place parmi les livres authentiques du Nouveau Testament. Irénée de Lyon, Clément
d'Alexandrie, Origène, Tertullien et Eusèbe traitaient l'épître aux Romains de manière 15 générale comme écrit apostolique. L'authenticité de cette épître était donc unanimement
reconnue par l'Église chrétienne dans les premiers siècles.
E. But de l'épître
1. Le but personnel
Le but personnel de l'épître était d'annoncer la visite de l'apôtre Paul à Rome. De nombreux 20 commentateurs pensent que Paul aurait probablement eu l'intention de faire de l'Église de
Rome sa base centrale pour son travail missionnaire à l'occident (cf. 15:22-32).
2. Le but didactique (d'enseignement)
Cette jeune Église devait recevoir un solide fondement doctrinal par un exposé objectif et
spirituel de l'enseignement chrétien. C'est pourquoi les idées de base de l'enseignement 25 chrétien y sont traitées à fond : L'universalité du péché, la justification par la foi, la nouvelle
naissance par l'Esprit, la sanctification par la foi et la victoire sur le principe du péché etc.
3. Le but pacifique
Les judéo- et les pagano-chrétiens devraient apprendre à vivre en coexistence pacifique (cf.
14:15.19). Ces deux partis se sont disputés. Aucune autre personne que l'apôtre Paul pouvait 30 mieux expliquer sur quelle base commune ces deux partis pourraient s'entendre et collaborer.
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4. Le but polémique
Les « chrétiens judaïsants » qui s'infiltraient partout où l'évangile était annoncé afin de relever
l'ancienne foi (l'observation de la loi mosaïque) devaient être démasqués et convaincus de leur
erreur.
F. La fondation de l'Église 5
La tradition qui attribue la fondation de l'Église de Rome à l'apôtre Pierre et qui prétend que
Pierre eut été le premier évêque de Rome, est en contradiction avec les écrits du Nouveau
Testament. Selon cette tradition (catholique), Pierre serait venu en environ 40 après J.C. à
Rome et y aurait servi pendant 25 ans comme évêque (c'est-à-dire jusqu'à la fin du règne de
l'empereur Néron) et subi la mort du martyre ensemble avec l'apôtre Paul. Il est vrai que la 10 mort de l'apôtre Pierre à Rome semble être historiquement fondée, mais le reste de cette
tradition est remis en question par les faits suivants :
En 44, lorsque Jacques avait subi la mort d'un martyr, Pierre remplissait son ministère au
sein de l'Église de Jérusalem (cf. Act 12:1-3). 15
En 49, à l'occasion du concile de Jérusalem (cf. Act 15), Pierre se trouvait toujours à
Jérusalem en tant que « apôtre de la circoncision ».
En 53-55, pendant son jour à Éphèse, Paul décida de visiter Rome afin d'y annoncer
l'évangile (Act 19:21), ce qu'il n'aurait guère fait par principe (Rom 15:20) si Pierre y
avait été comme évêque. 20
En 56, lorsque Paul écrivit son épître aux Romains, il salua tous les membres importants
(Rom 16), mais il n'y mentionna aucunement Pierre.
En 59, Paul arriva comme prisonnier à Rome. Le récit de Luc en Act 28 prouve que Pierre
n'y était pas. Il ne se trouva ni parmi les frères qui vinrent à sa rencontre ni dans la ville de
Rome. 25
Si Paul a vraiment écrit l'épître aux Philippiens à Rome (ce qui semble être assez
vraisemblable), il l'aurait fait environ en 61. Il écrivit cette lettre en son propre nom et
celui de Timothée (cf. Phi 1:1), et en 4:21-22 il salue les Philippiens de la part de tous les
frères et surtout aussi de la part de ceux qui étaient dans la maison de l'empereur. Mais il
ne souffle mot de Pierre. 30
Ces indices et faits bibliques nous permettent de discerner le caractère légendaire de la
tradition catholique romaine selon laquelle Pierre aurait été le fondateur et premier évêque de
l'Église de Rome.
35 En ce qui concerne la fondation de l'Église de Rome, nous ne disposons pas d'informations
certaines. En général on suppose que l'évangile y a été apporté par des pèlerins qui seraient
rentrés de Jérusalem (après la Pentecôte cf. Act 2:10) ou bien par des Juifs qui se seraient
convertis à Christ et qui seraient venus à Rome. D'autres pensent à des soldats convertis qui
sont rentrés à Rome. Paul mentionne surtout deux hommes renommés dans les églises à Rome 40 et qui ont été croyants avant lui (cf. Rom 16:7). La présence de plusieurs amis de l'apôtre Paul
à Rome laisse entendre que des chrétiens de l'Asie Mineure s’étaient rendus à Rome, cette
ville mondiale, pour raison d'affaires (des commerçants etc.). Ces gens avaient en tout cas
témoigné de leur foi en Christ et ouvert leurs maisons pour les adhérents de la foi chrétienne.
Priscille et Aquilas en sont un exemple (Rom 16:3-5). 45
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