Dans ce contexte, une seule tradition a trait à Elie, il s'agit d'élucider la pureté ancestrale. Ces choses
tombent dans la juridiction des sages. Mais les institutions habilitées à prononcer un jugement sont trop
faibles pour redresser les torts qui ont été perpétrés par la force et cette tâche est donc réservée à Elie[2].
Une fonction supplémentaire fut donc assignée à Elie mais les aspects fondamentaux qui caractérisaient la
conception de la rédemption de l'époque précédente restèrent inchangés.
D'un point de vue chrétien et marial, il est frappant de voir que l'épisode des noces de Cana (Jn 2, 1-11),
premier des signes de Jésus, révèle en Jésus un nouvel Elie qui opère un miracle de multiplication du
contenu des jarres (comme Elie : 1 R 17, 14). Tandis que la parole de Marie aux servants ressemble à celle
de la jeune fille juive conseillant à son maître araméen, lépreux, d'aller confier son mal à Elisée (2 R 5, 3).
[1]Le roi Aggripa, dont l'ascendance était de pureté douteuse, s'attira l'éloge des sages lorsqu'il fit la
démonstration publique de sa fidélité à la Tora (Mishna Sota VII, 8 ; Tosefta et Talmud de Jérusalem VII
etc.)
[2]M. Eduyot VIII, 7.
Sources juives tirées de : E. Urbach, Les sages d'Israël, Cerf, Paris 1996, p.679-681
Françoise Breynaert
Extrait de :
F. Breynaert, Juifs et chrétiens, Une origine, deux chemins,
Editions du Paraclet, Brive 2010 (amazon.fr)
Chapitre : Juifs et chrétiens : une même origine, deux chemins
Lc 1, 54 : Dieu est fidèle à l’Alliance éternelle
Judaïsme, Sagesse-Torah et loi naturelle
Les sages juifs : un grand pluralisme
Les lectures juives de Genèse 3 (le premier péché)
La confession et l’expiation (sources juives)
Les deux penchants (tradition juive)
Le combat spirituel et la grâce de Dieu
Le juste soutient le monde, et attire les bienfaits
Les causes, les mérites, le but ultime (sources juives)
L'appel à la miséricorde (sources juives)
Les variantes juives sur la Rédemption