Fiche chronothématique réalisée par Claire Delignou 2
http://www.memoire-orale.org/liste-entretien.php?col=16&scol=0
Compte rendu analytique
I – Situation professionnelle et conditions de travail au début de la guerre
(Plage 02) Avant de commencer sa carrière à la SNCF, Jean Bordes habitait à Agen [Lot-et-Garonne] chez
ses parents. Son père travaillait comme aiguilleur à la SNCF. Après avoir passé le concours d’entrée à la
SNCF, il débuta « comme élève » le 1er janvier 1938 [à l’âge de 18 ans]. Il passa un examen pour devenir
facteur aux écritures au moment de la déclaration de la guerre. Faisant partie du deuxième contingent de la
classe 1940, il n’a pas été appelé, à l’inverse des hommes du premier contingent. Il prit ensuite des cours
pour travailler au sein de « la section Mouvement ». À partir de 1941, il passa huit mois aux Chantiers de la
Jeunesse à Saint-Gaudens [Haute-Garonne]. A son retour, il fut envoyé à Castelsarrasin [Tarn-et-Garonne]
par la SNCF comme auxiliaire durant trois mois. Puis, il fut nommé à Saint-Pierre-d’Aurillac [Gironde] « qui
était la première gare de zone libre sur la ligne Bordeaux/Toulouse ». Au début de sa carrière, les conditions
de vie et de travail étaient très précaires. Il était difficile de se loger et de se nourrir, il lui arriva même de
dormir dans le magasin des colis. (6mn:58s)
(Plage 03) Situé en zone libre, il travaillait de manière quasi normale. La ligne de démarcation était à 1 km de
la gare. Il se rappelle avoir croisé des personnes qui avaient passé la ligne de démarcation clandestinement.
Il en voyait d’autres s’échanger des paquets de lettres par le biais de cheminots. Il se rappelle qu’un jour de
novembre 1942, alors qu’un train était attendu en gare, ils virent arriver un « train blindé allemand » ce qui
déclencha la panique sur le quai. Il fut par la suite muté à Port-Sainte-Marie [Puy-de-Dôme]. Il y retrouva son
chef de gare de Saint-Pierre-d’Aurillac [Gironde] qui était devenu le sous-chef de gare de Port-Sainte-Marie et
qui était milicien. (10mn:42s)
(Plage 04) Il se souvient d’une nuit de 1944 durant laquelle il fut réveillé « par un SS armé » qui le fit sortir
avec tous les hommes de la rue. Le 4 août 1944, à Port-Sainte-Marie [Puy-de-Dôme], des bombes ont fait
exploser un train de munitions. Le train n’étant pas en gare, le bâtiment ne fut pas touché. (6mn:40s)
(Plage 05) Il ne communiquait avec sa mère restée à Agen [Lot-et-Garonne] que par lettres. Son père,
aiguilleur à Agen, était mort en 1939. Parmi ses proches, il y avait d’autres cheminots, notamment un oncle
« brigadier-chef » [service de la Voie] à Agen. Ce dernier avait été licencié suite à la grève de 1920, puis
réintégré à Dax [Landes] deux ans plus tard. (7mn:44s)
(Plage 06) Il raconte que le concours d’entrée à la SNCF était très prisé à son époque car il offrait la
possibilité de voyager gratuitement, ainsi qu’une prise en charge complète des frais médicaux. Dans sa
carrière, il fut sous-chef de gare, chef régulateur puis horairiste. Avant de passer le concours d’entrée, il avait
obtenu le brevet. C’était un concours de « connaissance générale » avec de l’orthographe, de la rédaction,
des mathématiques, de la géographie. Il se rappelle de ses débuts, entre les visites médicales et les
nombreux postes qu’il a occupés. (4mn:24s)
(Plage 07) À Agen, il a travaillé sur les quais, au guichet ou encore dans les bureaux. Il se rappelle qu’à
chaque fin de mois et de trimestre, il devait aller avec le caissier déposer les recettes à la banque et en
rapporter les paies du personnel (« plus de cent personnes ») ainsi que les retraites « à remplir des sacs de
jute ». Jean Bordes se rappelle que les cultivateurs avaient la possibilité de vendre leur production à ceux qui
en avaient besoin. Et à un moment la monnaie a changé et il a été compliqué pour certains de justifier les
sommes dont ils disposaient. (5mn:54s)
III – Conditions de travail sous l’occupation allemande
(Plage 08) Il n’a pas travaillé avec des cheminots allemands, mais à la gare de Port-Sainte-Marie [Lot-et-
Garonne], il se rappelle qu’il y avait des soldats allemands stationné sur le site. Il évoque les conditions de vie
difficiles qui l’ont amené à recourir au marché noir malgré le contrôle économique. (7mn:22s)
(Plage 09) Il se rappelle que certaines personnes demandaient aux cheminots comment passer en toute
sécurité en zone occupée, tout en évitant les patrouilles allemandes situées sur la ligne de démarcation. Il
affirme n’avoir jamais su si des trains de déportés juifs passaient en gare de Port-Sainte-Marie [Lot-et-
Garonne]. Certaines de ses connaissances d’Agen [Lot-et-Garonne], mais pas des cheminots, ont été
envoyées au STO [Service du travail obligatoire]. (5mn:02s)