À l'écoute des Prophètes 4
III - L'ÉPOQUE DES PROPHÈTES
L'existence / le surgissement / des prophètes a couvert principalement
la grande époque royale (9ème - 6ème siècle), jusqu'au retour de l'Exil
babylonien (586-538). Il y aura encore des prophètes à l'époque perse
(538 -333). Mais alors ce sont les " sages " qui prendront le relais des
prophètes pour maintenir et actualiser la foi d'Israël. Il y eut donc une
certaine éclipse de la prophétie orale et vivante. Mais à la même
époque (fin de l'époque perse, au 4ème s.) se constituent les grands
recueils écrits de la prédication des prophètes, et ceux-ci vont
constituer avec la Torah (la Loi) la figure fondamentale du canon des
Écritures : " la Loi et les Prophètes " (Lc 24, 27).
La prophétie refleurira à l'époque de Jésus : il n’y a plus de prophètes,
mais des prophètes charismatiques qui se donnent des allures de
libérateurs d'Israël contre la domination des païens (les Romains).
Jésus devra se défendre d'une telle confusion, mais il sera reconnu
aussi comme l'une des grandes figures du prophétisme d'autrefois,
voire comme " LE " prophète, qui serait un nouveau Moïse pour révéler
le dessein de Dieu.
Dans le N.T. ce sont " les apôtres " qui joueront le rôle majeur
"d'envoyés " de Dieu, envoyés par Jésus, à la manière des prophètes.
Cependant en plus de la vocation " apostolique ", il y a place dans les
communautés des origines pour des " prophètes ", qui font cause
commune avec les apôtres, qui disent l'actualité de l’Évangile dans des
situations inédites, souvent éprouvantes ; " fils de réconfort et de
consolation ", ils entretiennent l'espérance en disant comme les
apôtres Paul et Barnabé (qui était " prophète ") : " c'est par bien des
épreuves qu'il nous faut passer pour entrer dans le royaume de Dieu "
(Ac 14, 22).
Le charisme prophétique s'est toujours manifesté au cours de l'histoire
de l’Église, non sans conflit parfois avec " l'Institution ". La
" prophétie " est une expression majeure des dons de l'Esprit, qu'il faut
" éprouver ", mais non pas " éteindre " (1Th 5, 19-21). Le Concile
Vatican II en remettant en honneur les dons de l'Esprit a contribué à la
reviviscence de la prophétie, il en a même fait l'apanage de tout le
peuple de Dieu.
" Le Christ, grand prophète, qui par le témoignage de sa vie et
la puissance de sa parole a proclamé le royaume du Père,
accomplit sa fonction prophétique jusqu'à la pleine manifestation
de sa gloire, non seulement par la hiérarchie qui enseigne en
son nom et avec son pouvoir, mais aussi par les laïcs dont il fait
pour cela également des témoins en les pourvoyant du sens de
la foi et de la grâce de la parole ( Ac 2, 17-18 ; Ap 19, 10), afin
que brille dans la vie quotidienne, familiale et sociale, la force de
l’Évangile ". (Lumen Gentium, 35).
Le prophétisme ne se manifeste pas seulement dans l’Église, mais
aussi dans la société pour l'orienter vers plus de justice, de fraternité,