Et voici que Jean rompt le silence ; quand Jean parait, tout Israël sait que c’est
un prophète, le peuple le reconnaît d’un instinct très sûr. Les deux critères que
je reprenais précédemment sont clairs : la cohérence entre l’appel à la
conversion et la vie sobre de Jean au désert est totale, comme chez le grand
Elie, et comme ce grand parmi les grands prophètes d’Israël, Jean ne ménage
pas les puissants, il y laissera d’ailleurs sa peau ; c’est l’exact opposé des
prophètes de cour qui ont fait tant de mal à Israël. Donc L’an quinze du règne
de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant
alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de
Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, Dieu
parlait à nouveau, par la bouche d’un très grand prophète, Jean, le fils de
Zacharie. Et Jean prêchait la conversion, et Jean baptisait en rémission des
péchés. Voici le grand, le très grand évènement que nous rapporte Luc et qui a
eu lieu quelque part sur les rives du Jourdain l’an quinze du règne de Tibère.
Une voix dans laquelle on reconnaissait celle du grand Isaïe « Quitte ta robe de
tristesse, Jérusalem, et regarde vers l’Orient » annonçait quelque chose de
neuf, quelque chose d’heureux, le probable rétablissement de l’amitié entre
Dieu et son peuple, un de ces dénouements heureux tels que la tradition des
croyants du peuple de Dieu en gardait la mémoire vive. Si Dieu est intervenu, si
Dieu l’a fait en Egypte, à Babylone, sous l’oppression de Nabuchodonosor, il
peut le faire aujourd’hui encore alors que le peuple est de nouveau soumis à la
tyrannie, de Rome cette fois. La certitude de foi du peuple de Dieu est intacte.
Jean annonce la libération du peuple, l’intervention de Dieu, dont les croyants
n’ont jamais douté, eux qui savent la fidélité de Dieu à son alliance, eux qui
savent que, même si le peuple est pécheur, Dieu ne peut revenir sur ses
promesses, ne serait-ce que pour l’honneur de son Grand Nom.
La nouvelle est donc de la plus extrême importance, Jean annonce la fin du
temps de la nuit et le peuple de Dieu peut reprendre avec la certitude de la foi,
cette belle, cette grande foi d’Israël, nourrie par mille ans et plus de fidélité de
Dieu le beau chant des rescapés de Babylone qui s’en reviennent à Jérusalem :
Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.