tiques administré par voie orale quelque temps avant la
ponction lombaire ne modifie pas la composition cellu-
laire et chimique du liquide céphalo-rachidien. Par con-
tre, la culture est souvent négative suite à un traitement
antibiotique précédent(9).
Traitement
Le taux de mortalité et de morbidité dues à la méningite
étant élevé, un traitement rapide par antibiotiques
administrés par voie intraveineuse est essentiel. Ainsi,
quand la méningite est pressentie et qu’une coloration de
Gram n’est pas accessible, on doit entreprendre une
thérapie empirique. Le choix de l’antibiotique sera fonc-
tion de l’âge de l’enfant et de plusieurs conditions pou-
vant avoir prédisposé l’enfant à la méningite(8). Ce choix
portera sur un antibiotique dont le spectre d’activité cou-
vre tous les agents pathogènes soupçonnés. Les enfants
de moins d’un mois doivent recevoir de l’ampicilline en
raison de son activité bénéfique contre le L. monocyto-
genes et l’entérocoque. On y adjoint un aminoside, car il
apporte une synergie lorsqu’ajouté à l’ampicilline. Une
céphalosporine de troisième génération, la céfotaxime,
est ajoutée à l’ampicilline pour son activité, entre autres
contre le E. coli et le Klebsiella. Pour les enfants âgés de
plus de trois mois, le choix empirique sera la céfotaxime
ou une autre céphalosporine de la troisième génération,
la ceftriaxone. Ce choix est basé sur leur activité contre le
S. pneumoniae, le H. influenzae et les bacilles à Gram
négatif tels que mentionnés plus haut. L’ampicilline ou
la pénicilline G seront un bon choix contre le N. menin-
gitidis. L’incidence de la résistance du N. meningitidis à la
pénicilline G reste très faible en Amérique du Nord et la
thérapie n’a donc pas changé depuis 10 ans.
Les recommandations d’une antibiothérapie pour
une méningite à pneumocoque ont changé depuis
quelques années en raison du changement dans la sus-
ceptibilité du pneumocoque à la pénicilline. En effet, on
considère qu’environ 20 % à 25 % des pneumocoques
sont résistants à la pénicilline en Amérique du Nord ainsi
qu’au Québec. En raison de ce changement de sensibi-
lité, la pénicilline ne peut plus être la thérapie empirique
recommandée. Pour cette raison, les céphalosporines de
la troisième génération ont été recommandées et se sont
avérées très efficaces contre les pneumocoques résistants
à la pénicilline.
La vancomycine est ajoutée au régime thérapeutique
de la méningite à pneumocoque afin d’assurer une cou-
verture thérapeutique adéquate même en cas de résis-
tance de niveau élevé à la pénicilline ou de résistance aux
céphalosporines, ce qui demeure encore exceptionnel.
En présence d’une méningite à cocci Gram positif et
même après la confirmation de la présence d’un S. pneu-
moniae, la vancomycine est donc ajoutée à une
céphalosporine de troisième génération jusqu’à réception
des résultats de l’antibiogramme.
Si le patient est allergique à la pénicilline, les agents
alternatifs sont le chloramphénicol si on est en présence
d’un H. influenzae ou d’un méningocoque, et le
triméthoprim-sulfaméthoxazole pour le L. monocyto-
genes. Le chloramphénicol est rarement utilisé dans les
pays développés. En effet, son métabolisme est imprévi-
sible chez les jeunes enfants et il présente plusieurs inter-
actions avec des médicaments qui peuvent être utilisés
lors d’un traitement de méningite (acétaminophène,
phénobarbital, phénytoïne et rifampicine)(10). Pour des
raisons économiques, le chloramphénicol sera utilisé
dans des pays en développement et l’apparition de la
résistance qui est survenue récemment(1) est inquiétante,
car les conséquences seront dévastatrices, ce dernier étant
largement utilisé dans ces pays où les ressources médica-
menteuses sont limitées, spécialement en Afrique à la
hauteur de la ceinture subsaharienne.
Une fois la bactérie isolée, l’antibiotique doit être
modifié pour une thérapie optimale. En raison de l’ap-
parition des résistances, la thérapie a quelque peu changé
depuis quelques années. Le choix de l’antibiotique se fait
donc en fonction de cette résistance et de la pénétration
de ce dernier en présence d’inflammation des méninges.
Pour ce qui est de la durée du traitement, elle dépen-
dra aussi de la bactérie en cause et de la réponse au traite-
ment. Pour le N. meningitidis, la durée habituelle du
traitement est de sept jours. Pour le S. pneumoniae et le
H. influenzae, elle variera entre 10 et 14 jours. Pour le
streptocoque du groupe B, de 14 à 21 jours.
Si un bacille à Gram négatif ou le L. monocytogenes
sont en cause, un minimum de trois semaines est requis.
La stérilisation du liquide céphalo-rachidien survient
rapidement lors de l’introduction de l’antibiotique. Par
exemple, la stérilisation du méningocoque s’effectue à
l’intérieur de deux heures tandis qu’elle prend quatre
heures pour le pneumocoque(7). Cependant, la stérilisa-
tion du liquide céphalo-rachidien peut être plus tardive,
particulièrement en présence d’une méningite à bacille à
Gram négatif chez le nouveau-né. Dans ce cas, on doit
pratiquer des ponctions lombaires répétées afin de s’assu-
rer de la stérilisation du liquide céphalo-rachidien.
Corticostéroïdes
On débat de l’utilisation des corticostéroïdes dans le
traitement de la méningite bactérienne depuis plus de
40 ans. Son utilisation viendrait de modèles infectieux
d’animaux, qui ont montré que la réponse inflamma-
toire de l’espace sous-arachnoïdien serait un facteur
majeur contribuant à la morbidité et à la mortalité dues
à la méningite bactérienne(11). Sur la base de ces observa-
tions expérimentales, diverses méta-analyses ont conduit
à des conclusions différentes. Selon Bashir et coll., leurs
différents critères d’admissibilité des sujets dans l’étude
36 Québec Pharmacie vol. 52, no1, janvier 2005
les pages BLEUES
Le taux de
mortalité et de
morbidité dues à
la méningite
étant élevé,
un traitement
rapide par
antibiotiques
administrés
par voie
intraveineuse
est essentiel.
Cas clinique (suite)
On a effectué une ponction lombaire et, par la suite, le médecin a prescrit
de la céfotaxime à raison de 200 mg/kg par jour et de l’ampicilline
200 mg/kg par jour. Son état clinique s’est amélioré après 48 heures.