CONFEDERATE HISTORICAL ASSOCIATION OF BELGIUM
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Etat de l’Union. Mobile ne comptait encore que 809 habitants. La ville de Mobile
devint plus tard très prospère grâce au commerce du coton, des esclaves et des activités
portuaires diverses. En ville et sur les bateaux confortables sillonnant la rivière Mobile,
l’argent circulait en masse et le whisky, les vins fins et la bière coulaient à flot. Aux
tables de poker, il arrivait que certaines plantations changeassent de mains ! Au
recensement de 1860, la ville était peuplée de 29.258 habitants, dont 69 % de blancs,
3 % de noirs affranchis et 28 % esclaves. Elle se classait 27
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ville la plus peuplée des
Etats-Unis, ce qui, à l’échelon sudiste, était considérable. En effet, la capitale
confédérée Richmond, Virginie, en comptait alors moins de 40.000. Au recensement de
2.000, la population de Mobile s’élevait à 198.000 habitants.
L’Alabama fit sécession le 11 janvier 1861 et fut le quatrième Etat du Deep South à
rejoindre la Confédération
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. Le drapeau confédéré flottait dès lors sur Mobile. Comme
partout, la population masculine s’engagea en masse dans les armées confédérées. Les
milices d’avant guerre furent réactivées, telles que les Creole Guards, Southern Guards,
Mobile Cadets et autres Pelham Cadets. Mobile occupait également une place
déterminante dans le système ferroviaire du sud de la Confédération. En effet, de la cité
portuaire filaient vers le Nord-Ouest la ligne Mobile & Ohio, vers le Nord-Est, la ligne
Mobile & Grand Northern et, vers l’Est, pour faire jonction avec la ligne Alabama &
Florida, la ligne Mobile & Pensacola.
A Mobile, on construisait également des navires en tout genre pour la marine
confédérée, dont le fameux sous-marin CSS
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Hunley. En juillet 1863, sous les yeux de
l’amiral Buchanan en personne, le submersible simula avec succès une attaque contre
une barge chargée de charbon. Ce qui augurait des meilleurs auspices pour le combat
contre les navires en bois de la flotte de l’Union
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. Les canonnières cuirassées CSS
Gaines et Morgan sortirent également des chantiers navals locaux. Mobile ne subit
aucune attaque durant les trois premières années de la guerre. La cité constituait un rare
havre de tranquillité et de relative prospérité dans une Confédération sudiste partout en
ébullition et en détresse. Des milliers de civils et de militaires blessés ou malades seront
soignés confortablement à Mobile dans les Civil et Marine Hospitals qui existent
toujours aujourd’hui. Cependant, en 1862 et 1863, à toutes fins utiles, trois lignes de
retranchements furent établies côté terre. De plus, l’obsolète fort espagnol de 1780
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,
ancien comptoir français de 1712, était réhabilité à l’est tandis que le nouveau Fort
Blakely était édifié au nord-est de la place.
Entre-temps, le blocus nordiste finit par toucher les couches défavorisées de la
population. En avril et septembre 1863, le manque chronique de produits de base
provoqua des émeutes, comme à Richmond, Virginie, à la même époque. A partir de
1862, la défense navale de Mobile était assurée par le seul CSS Baltic, remorqueur
fluvial à aubes construit à Philadelphie en 1860 et reconverti en cuirassé avec les
moyens du bord. Il ressemblait plus à un monstre marin sorti d’un autre âge qu’à un
navire de guerre ! En 1863, il fut déclaré hors service. L’année suivante, il fut démantelé
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Après la Caroline du Sud, le 20 décembre 1860, le Floride, le 9 janvier 1861 et le Mississippi le lendemain 10
janvier.
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CSS pour "Confederate States Ship", en français : "navire des Etats confédérés", désignant officiellement les
bâtiments de la marine sudiste.
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Le CSS Hunley sera transféré ultérieurement à Charleston, Caroline du Sud. Il y trouvera son tragique destin
aux termes de son unique engagement, le 17 février 1864, après avoir coulé le sloop USS Housatonic.
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Le bien nommé "Spanish Fort".