Croyants chrétiens et musulmans dans l’école publique :
Questions et enjeux pour la société.
Le samedi 5 avril 2014, au Merlan, 13014, Marseille.
Nous avons été accueillis par la paroisse du Merlan. Après un repas partagé, Marc Padovani a présenté le
programme de cette rencontre et les participants, une trentaine, de tous âges, de confession chrétienne et
musulmane, se sont répartis en 4 groupes, qui ont fait part des questions et affirmations suivantes :
La société et les parents :
Diversité des façons de vivre.
Désir de vivre ensemble, mais en fait on vit à côté les uns des autres.
Les parents ont peur de l’uniformisation.
Importance capitale du dialogue parents-enfants par rapport à des sujets de société, la culture et la tradition.
Crispation sur le religieux dans les deux sens.
La connaissance réciproque :
La méconnaissance de sa propre religion et de celle de l’autre crée des tensions et des difficultés : nécessité
d’enseigner le fait religieux et la culture religieuse.
Risque d’amalgame entre l’Islamisme et le monde musulman.
Je ne connais le monde musulman qu’à travers les média.
Les réseaux sociaux sont parfois vecteurs de fractures.
Plus particulièrement à l’école :
Difficulté de s’affirmer croyant dans un contexte minoritaire, musulman dans certaines écoles, chrétien dans
d’autres.
Questions sur les signes religieux à l’école.
Importance de donner de la place à la règle commune, mais aussi à la discussion : une situation problématique
aujourd’hui le voile pendant les sorties scolaires. Une situation qui peut être apaisée : la restauration scolaire.
Choix de la mixité sociale et culturelle, un choix éthique pour les croyants : le choix de l’école catholique, ou de
filières « protégées » dans le public comporte une part de refus de vivre ensemble.
Colette Hamza, déléguée diocésaine du Service des relations avec l’Islam a repris plusieurs aspects :
La mondialisation s’accompagne d’une grande quête d’identité, presque d’identitarisme, de radicalisation. Les
chrétiens, les musulmans et bien d’autres sont concernés. Pour tous, cette quête interfère avec la question d’être
dans la majorité, d’être dans la minorité, d’où des difficultés pour les personnes et des tensions entre les groupes.
Les chrétiens ont dans notre société sécularisée à apprendre à vivre en mode mineur, les musulmans vivent en
France une période de transition, et de construction de leur communauté en contexte minoritaire aussi. L’Islam n’a
pas été pris en compte dans les lois de séparations de 1905. Dans les années 1970, les chrétiens aidaient les
migrants, maintenant les musulmans parlent de leurs droits. La visibilité de l’Islam modifie le paysage français.
Des chrétiens, des musulmans ont peur. La peur de chacun est à travailler, à analyser : qu’est-ce qui me fait peur ?
Mais aussi : qu’est ce qui dans l’attitude du groupe auquel j’appartiens est susceptible de faire peur aux autres ?
L’islam est divers dès l’origine : paramètres géographiques, modes d’appartenance, spiritualité. En France on risque
d’être victime d’une définition ethnique de l’Islam. Le contexte international, rendu présent par les média, est très
pesant. Islam et Islamisme (si « isme » veut signifie radicalisation), ce n’est pas la même chose. Ne parlons pas des
narcotrafiquants maliens qui se réclament de l’Islam ! Dans les cités, les salafistes « les anciens » sont présents et se
nourrissent de la pauvreté et des exclusions. Les imans se débattent pour contrer leur influence. La situation n’est
pas figée, beaucoup de personnes, des jeunes en particulier, peuvent passer d’un groupe à l’autre, bouger.
Connaissez-vous
Co-exister ?