MAPAR 2000510
A ces deux techniques s’oppose une méthode originale décrite par Fantoni et
Ripamonti en 1997 [5] (kit Mallinckrodt®), dite rétrograde, ou la canule est introduite
à l’envers par la bouche puis à travers le larynx et la paroi trachéale sur un seldinger,
réalisant un passage de dedans en dehors.
2.
MAIS POURQUOI RENONCER AUX TRACHEOTOMIES CHIRURGICALES-?-
En dehors des arguments de confort, de coût, d’esthétique de la cicatrice, la méta-
analyse de Dulguerov et al. [2] a récemment tenté de comparer l’incidence des
complications peri-opératoires et postopératoires des techniques chirurgicales classi-
ques et des techniques percutanées antérogrades.
Les résultats montrent une incidence statistiquement plus importante des complica-
tions péri-opératoires par les techniques percutanées (p < 0,00001 pour les complications
dites intermédiaires (désaturation, lésion de la paroi postérieure trachéale, mauvais
placement de la canule) et mineurs (hémorragie, difficulté technique de positionne-
ment du tube, fausse route, emphysème sous-cutané).
En période postopératoire, l’incidence des complications par trachéotomie
percutanée semble moindre au sujet des hémorragies tardives, des infections cervicales
mais supérieure au sujet des sténoses trachéales !
Malgré les limites que l’on peut mettre aux conclusions de cette méta-analyse par la
grande hétérogénéité des articles étudiés, ces résultats mettent manifestement un frein
aux arguments promotionnels des auteurs princeps de ces techniques.
Il ne faut pas banaliser la trachéotomie percutanée. Il s’agit d’un geste chirurgical
«aveugle» nécessitant au moins autant de rigueur qu’un geste chirurgical «ouvert» et
nécessitant la capacité de pouvoir convertir un échec en trachéotomie chirurgicale au lit
du patient.
3 . EXPERIENCES DE BICETRE
Malgré ces réserves, l’expérience commune (ORL et réanimateurs) que nous avons
développés au sein du département d’anesthésie-réanimation de l’hôpital de Bicêtre
nous a permis de définir ce que nous croyons être les limites et avantages de ces
techniques et les avantages et inconvénients respectifs de chaque méthode.
Les résultats préliminaires d’une étude prospective randomisée réalisés dans le
service et comparant la technique antérograde type Griggs (n = 8) et la technique rétro-
grade type Fantoni (n = 8) ne nous permettent aucune comparaison statistique à cette
date mais a profondément modifié nos guidelines [6].
Nous avions initialement décidé de ne pas sélectionner nos patients et d’inclure
successivement tous les patients dont l’indication de trachéotomie se posait quelle que
soit les caractéristiques anatomiques des patients, afin d’éviter les biais de sélection.
Les difficultés techniques chez les patients au cou court ou épais ne permettant pas
la palpation claire des repères anatomiques (cricoïde) ou ne laissant pas de distance
entre le bord inférieur du cricoïde et de la fourchette sternale sont à notre avis une
contre-indication aux techniques percutanées quelles qu’elles soient. L’avantage de la
voie chirurgicale s’impose par la nécessité d’identifier les structures anatomiques afin
de localiser au mieux l’orifice trachéal.
La qualité de la ponction initiale nous semble fondamental pour les trois techniques
percutanées.
Outre les considérations anatomiques externes, le contrôle endoscopique, décrit pour
la première fois par Paul et al. [7] et étudié prospectivement par Winkler et al. [8] pour
les techniques antérogrades et inhérent à la technique rétrograde décrite par Fantoni et