Pneumologie 2016 Dr Gilles DARNEAU PNEUMOPATHIES INFILTRATIVES DIFFUSES PID Affections chroniques, non infectieuses et non malignes caractérisées par une association d’atteintes isolées ou associées : 1. atteinte prédominante de l’interstitium pulmonaire, surface d'échange entre l'air (épithélium alvéolaire) et le sang (endothélium capillaire), avec risque d’évolution vers une fibrose selon l’étiologie = pneumopathie interstitielle diffuse avec parfois une composante alvéolaire, 2. atteinte des bronchioles respiratoires = bronchiolite, 3. atteinte du réseau vasculaire pulmonaire = angéite pulmonaire. 4. un risque évolutif commun : la fibrose pulmonaire et l’insuffisance respiratoire Physiopathologie de l’atteinte pulmonaire interstitielle Phase d’agression initiale = stade aigu (inflammation) Phénomènes de destruction cellulaire, au niveau de l’endothélium capillaire et des cellules alvéolaires, Œdème lésionnel par trouble de perméabilité et exsudation dans la lumière alvéolaire d’un liquide riche en protéines, entraînant la formation de membranes hyalines L’interstitium est infiltré d’oedème et de cellules inflammatoires. Phase de pneumonie interstitielle = stade chronique L’oedème inflammatoire se résorbe au niveau de l’épithélium une prolifération de pneumocytes II (« métaplasie cubique » de l’épithélium) remplaçant les pneumocytes I La lumière alvéolaire comporte, de même que l’interstitium, de nombreuses cellules : macrophages, lymphocytes, polynucléaires granulomes par exemple. Phase de fibrose diminution de la cellularité des lésions et prédominance des dépôts de tissu conjonctif = fibrose remplacement du tissu interstitiel par le collagène et prolifèration de fibroblastes La fibrose détruit la structure d’échanges alvéolo-capillaires, rigidifie l’interstitium Les bronchioles respiratoires sont souvent concernées par le processus fibrosant A ce stade évolué de fibrose apparaissent des cavités kystiques (poumon en rayon de miel). Principales étiologies Environnement professionnel - Pneumopathies d’hypersensibilité par inhalation d’antigènes organiques poumon de fermier, éleveur d’oiseaux, des fromagers… maladie des climatiseurs et humidificateurs. - Pneumopathies interstitielles par inhalation de substances chimiques Isocyanates par exemple - Pneumoconioses : Asbestose surtout, bérylliose, métaux durs, silicose exceptionnellement. Environnement domestique (oiseaux, amiante …) Médicaments : Cytostatiques (bléomycine), anti-infectieux (nitrofurantoïne), cardiologiques (AMIODARONE Maladies systémiques auto immunes - Connectivite : lupus érythémateux disséminé, polyarthrite rhumatoïde, sclérodermie, syndrome de Gougerot-Sjögren, myopathies inflammatoires - Granulomatose : sarcoïdose, Wegener - Angéite ou vascularite des vaisseaux de petit calibre Facteur non connu (Fibrose Pulmonaire idiopathique) : 30% au moins Pneumologie 2016 Dr Gilles DARNEAU Un profil général élémentaire des PID Il se caractérise par des : - données cliniques : La dyspnée est le signe majeur, parfois s’accompagnant de toux ; les râles crépitants fins à l’auscultation sont très évocateurs. - données radiologiques : Les images réticulaires et nodulaires du « syndrome interstitiel » radiologiques sont quasi constantes. - données fonctionnelles respiratoires (EFR) - trouble ventilatoire restrictif - abaissement de la diffusion du CO, - hypoxémie d’exercice puis de repos avec hypocapnie ; Sarcoïdose Affection multi systémique fréquente de cause inconnue touchant avec prédilection le poumon et le système lymphatique et qui se caractérise par la formation de granulomes au niveau des organes atteints. Un facteur X entraîne une hyperproduction de lymphocytes au niveau des ganglions le plus souvent thoracique et de l’interstitium pulmonaire. Ces lymphocytes s'organisent en granulomes au niveau des organes qu'ils atteignent. Maladie inflammatoire qui peut toucher tous les organes (peau, ganglions, foie, cœur, système nerveux, yeux, rein...), et plus particulièrement le poumon : ganglions et interstitium. Maladie souvent bénigne évoluant favorablement spontanément (80%), elle peut cependant évoluer vers une fibrose pulmonaire en cas de PID. Fréquente et souvent asymptomatique Touche plus le sujet jeune, la femme, la race noire FORME THORACIQUE : Adénopathies médiastinales, symétriques, non compressives, asymptomatiques, Plus rarement atteinte parenchymateuse avec risque d’évolution vers une fibrose pulmonaire pouvant évoluer vers l'insuffisance respiratoire chronique. Le diagnostic de certitude est parfois difficile à poser : biopsie bronchique, pulmonaire ou ganglionnaire : granulome lavage broncho-alvéolaire : lymphocytes en grand nombre IDR tuberculine négative FORMES EXTRATHORACIQUES : peau : érythème noueux yeux : iridocyclite foie : hépatite sys.nerveux : atteinte des nerfs périphériques rein : insuffisance rénale cœur : troubles du rythme parfois graves TRAITEMENT : Le plus souvent pas de TTT : évolution vers la guérison dans 80% des cas. Corticothérapie dans les atteintes graves (rein, cœur, nerf) ou dans les atteintes pulmonaires avec risque de fibrose évoluant vers l'IRC. Fibrose pulmonaire idiopathique Correspond à 30 % au moins des pneumopathies infiltratives diffuses, de survenue plus fréquente chez le sujet âgé. Signes révélateurs : - toux et dyspnée puis hypoxie, - aspect scanographique typique associant différents éléments : - aspect d’atteinte micro nodulaire touchant plus volontiers les bases en zone périphérique, Pneumologie 2016 Dr Gilles DARNEAU - images de fibrose pulmonaire en rayons de miel à type de destruction du parenchyme pulmonaire - images de bronchectasies correspondant en fait à la rétraction du parenchyme pulmonaire. Bilan biologique recherche de maladie systémique négative. EFR diminution des volumes mobilisables et en particulier de la CVF, diminution de la DLCO. Gaz du sang hypoxémie avec apparition secondaire d’une hypercapnie. L’interrogatoire ne retrouve pas d’environnement domestique ou professionnel particulier ni d’exposition médicamenteuse. Un diagnostic peut être affirmé par une biopsie pulmonaire (chez les sujets jeunes uniquement). Traitement En cas de notion d’évolution de cette FPI, décision de mise sous ESBRIET (PIRFENIDONE) qui est le seul agent anti fibrotique qui ait une action sur le déclin de la fonction respiratoire chez les adultes atteints de FIP légère à modérée (CVF sup à 50 %, DLCO sup à 35 %). Discussion chez le sujet jeune d’une greffe pulmonaire.