Fiche Technique Production Développée en Languedoc-Roussillon Filière Arboriculture Septembre 2008 Rédigée par : Cerise de bouche Eric HOSTALNOU Chambre d’Agriculture du Roussillon Potentiel des marchés Production Les éléments statistiques concernant la cerise séparent généralement la cerise douce de la cerise acide mais pas les cerises douces destinées au marché du frais de celles destinées à la transformation (alcools, fruits au sirop, confitures…). Au niveau mondial, la Turquie est devenue le premier producteur avec un potentiel de plus de 300 000 tonnes. La cerise est un produit traditionnel en Turquie et on en trouve de l’Ouest à l’Est du pays du bord de la mer Egée aux plateaux d’altitude de la frontière irakienne. Les volumes exportés sont en augmentation ces dernières années grâce au développement d’entreprises privées (Alara, Donus…) qui ont le marché européen comme principal objectif. La production turque est une production tardive qui débute fin Mai pour se terminer fin Juillet. Les seconds producteurs de cerise sont les Etats Unis avec 250 000 tonnes puis l’Iran avec 220 000 tonnes et les pays européens avec l’Italie, l’Espagne (autour de 100 000 tonnes), la France et la Grèce (autour de 70 000 tonnes). En France, la région Rhône-Alpes (Ardèche, Rhône, Drome) est la première région productrice suivie de PACA avec notamment le département du Vaucluse. Viennent ensuite le Languedoc Roussillon (principalement le Gard) et la région Midi-Pyrénées. Production, à retenir... Principales zones de production : Turquie, Etats-Unis, France, Grèce. Iran, Italie, Espagne, Volumes produits : - Turquie : 300 000 tonnes Etats-Unis : 250 000 tonnes Iran : 220 000 tonnes Union Européenne : 170 000 tonnes Régions productrices en France : - Rhône Alpes PACA Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées Organisation Commerciale La production de cerises est moins organisée que la production de pêches et de nectarines. Certains producteurs sont regroupés en Organisation de Producteurs, d’autres conditionnent sur l’exploitation puis commercialisent via des courtiers ou directement auprès de grossistes. On distingue des zones traditionnelles de production comme la zone de Céret dans les Pyrénées-Orientales, celle de Saint Gilles dans le Gard ou de Bédarieux dans l’Hérault. Mais ces dernières années, la cerise s’est également développée dans d’autres secteurs souvent en diversification de la production de pêches (Costières de Nîmes, Conflent et Albères). La production régionale mise principalement sur la précocité avec des calendriers de production démarrant début mai pour se terminer début juin. Dès la mi-mai, les zones de production Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 1 Parte 2 : Fiche Cerise de bouche importantes du Vaucluse, de la vallée du Rhône et du Sud Ouest entrent en concurrence. Sur le créneau précoce, c’est l’Espagne qui est le principal concurrent. Compte tenu de la sensibilité de la cerise aux aléas climatiques, cette production est le plus souvent une activité de diversification en complément d’un atelier principal (viticulture, pêche, abricot….). Synthèse Le marché de la cerise est soumis aux fluctuations des échanges commerciaux européens. La production française souffre d’un manque de compétitivité due au coût de la main d’œuvre et aux aléas climatiques qui rendent la production très aléatoire. Toutefois, la production nationale bénéficie d’une très bonne image à l’échelle européenne ce qui assure de très bons débouchés. De plus, la France est à la pointe des performances techniques. Impact environnemental Impact des intrants Le cerisier est moins exigeant que le pêcher en matière d’irrigation, de fertilisation et de protection phytosanitaire mais c’est quand même une culture que l’on peut considérer comme intensive. Le développement et la généralisation de la production raisonnée permettent de limiter l’impact de l’utilisation des intrants. Le développement de la production Bio est freiné par le manque de solution face à la mouche de la cerise qui attaque toutes les variétés de saison et tardive et peut même certaines années toucher les variétés précoces. Impact sur la ressource en eau La généralisation de l’irrigation localisée (goutte à goutte et microjet) limite l’utilisation des quantités d’eau. La récolte précoce fait que cette culture a des besoins limités pendant la période estivale. Toutefois, une irrigation de soutien est nécessaire pendant l’été dans la plupart des conditions. Impact sur les paysages Parcellaire entretenu, mosaïque des paysages avec les différentes variétés, les haies brise-vent et dans certaines régions les canaux d’irrigation. A la floraison très belles couleurs. Impact sur la biodiversité Le développement de la production raisonnée, de l’enherbement et des haies favorise la biodiversité. Synthèse L’effet environnemental est globalement positif. Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 2 Parte 2 : Fiche Cerise de bouche Contraintes techniques agronomiques et Calendrier de production Type de sols La gamme de porte-greffes existants permet de s’adapter à différents types de sol. Le Maxma 14 s’est imposé ces dernières années parce qu’il combine une vigueur plus faible que le franc tout en étant plus rustique que les porte-greffes nanisants comme le Tabel Edabriz. D’autres portegreffes sont à l’étude : Gisela … En règle générale, le cerisier est sensible à l’asphyxie racinaire, au calcaire actif et au pourridié (armillaria mellea). Il préfère les sols profonds et drainants. Le cerisier se cultive dans des sols légers ou limono-argileux. La présence de cailloux et les pH acides peuvent favoriser la bactériose Topographie Il est préférable de disposer d’un terrain en plaine, sur des terrains de faible pente. Adaptation au climat Besoin de froid l’hiver, sensible aux gelées de printemps (mars, avril). La végétation et surtout les fruits sont sensibles au vent (dégâts sur épiderme et chutes) d’où la nécessité d’implanter des haies brise-vent. Mais le principal problème climatique est la sensibilité des fruits à la pluie à partir de la véraison et jusqu’à la récolte. Les fruits sont sensibles au cracking (fente) ce qui les rend non commercialisables et favorise le développement de pourritures (botrytis, monilia…). Des abris anti-pluie ont même été développés ces dernières années malgré le coût élevé de l’investissement. Implantation de la production Labour de défoncement ou rippage Extraction des racines si précédent cultural ligneux Apport d’amendements organiques, calciques et fumure de fond si corrections nécessaires Automne Taille Broyage des bois Février à Octobre Entretien : Fertilisation Traitements phytosanitaires Désherbage Enherbement inter-rangs Mai / Juin Récolte Façon superficielle Traçage et plantation Conduite de la production Culture exigeante en main d’œuvre principalement à la récolte mais les nouveaux modes de conduite sont également exigeants avec des temps de taille et d’attachage importants. Intervention phytosanitaires : de février à octobre Fertilisation : fractionnement à 2 à 3 fois Désherbage (4-5 passages) ou entretien mécanique du rang (4 à 8 passages) Broyage des bois de taille et de l’enherbement entre rangs (8 à 15 passages) A noter pour le cerisier, l’existence de variétés autofertiles (ne nécessitant pas de pollinisation croisée) et de variétés autostériles (besoin de variétés pollinisatrices compatibles en mélange et apport d’abeilles, 4 à 8 ruches/ha ) pour assurer le transport du pollen. Les variétés autostériles sont les plus cultivées car les plus intéressantes commercialement. Traditionnellement, les arbres étaient hauts et nécessitaient l’utilisation d’échelles importantes. Afin de réduire les coûts de production et améliorer les rendements de cueillette, le système de verger piéton s’est développé. Ces vergers sont maintenus bas par de la taille en vert et/ou de l’attachage (arcure de charpentières). Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 3 Parte 2 : Fiche Cerise de bouche Depuis ces dernières années on voit également apparaître des vergers conduits en axe vertical et palissés comme des pommiers. Ce mode de conduite permet une entrée en production plus rapide mais nécessite un investissement plus lourd (nombre de plants, palissage) et surtout beaucoup de main d’œuvre d’entretien (arcure de branches fruitières, attachages) Mécanisation Aucun de ces travaux n’est mécanisable si ce n’est l’utilisation de plate-formes d’assistance à la récolte. Sensibilité au précédent vigne Il est souvent nécessaire de remonter le taux de matière organique, sensible au pourridié. Pas de toxicité liée à l’excès de cuivre dans les sols suite à un précédent vigne. Irrigation Indispensable dans la quasi-totalité des situations. L’irrigation localisée est très majoritaire (aspersion, micro jet, goutte à goutte). Calendrier des besoins de mi-mars à fin septembre en moyenne Besoin de 400 à 600 mm/an. Forts besoins précoces (avril-juin). Contrainte de main d’oeuvre Très exigeant en main d’œuvre pour la récolte. La vitesse de récolte est fonction des modes de conduite (hauteur des arbres), de la charge, du calibre des fruits et de l’homogénéité de la maturité. Le rendement à la cueillette peut ainsi varier entre 8 et 20 kg/personne et par heure. On devra donc être capable de mobiliser entre 500 et 700 heures sur une période de 10 à 15 jours pour assurer la récolte. Pour la conduite de l’arbre si on a opté pour des formes attachées ou palissées les temps de travaux sont également importants. Contrainte foncière Plusieurs variétés pour couvrir un peu plus d’un mois de production soit 4 à 8 variétés sur une exploitation mais dans le même temps nécessité d’avoir des volumes et des surfaces minimums par variété (interventions phytosanitaires, chantiers, lot d’apport…). Intérêt d’un parcellaire peu morcelé et regroupé. Intérêt d’étaler la récolte pour étaler les risques en matière de pluies à l’approche de la récolte Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 4 Parte 2 : Fiche Cerise de bouche Dispositif réglementaire auquel la production est soumise Risque financier et intérêt économique pour l’exploitant C’est une culture fruitière soumise à l’OCM Fruits et légumes. L’évolution de l’OCM Fruits et Légumes prévoit que toute culture sera éligible aux Droits à Paiement Unique (DPU) en découplage total à partir de 2011. Les modalités ne sont pour l’instant pas connues. Résultats économiques et facteurs de risque Les principaux facteurs de risque sur la marge brute sont liés : Coûts de production bord verger supérieurs à 1 € voire 1,5 € pour les variétés précoces. Production irrégulière Risques climatiques importants Production spéculative Besoins de trésorerie Coût de mise en place du verger (plantation + entretien de la culture pendant 4 ans) : 19 000 € dont : 11 500 en frais d’approvisionnements (travaux entreprise, plants, irrigation….) 6 000 € en frais de personnel. En production, besoins importants de trésorerie car la main d’œuvre est importante à la récolte (plus de 6 000 €). Risque financier lié aux investissements Matériel : Tracteur, pulvérisateur, broyeur Pour la mise en marché, le conditionnement se fait en cagettes (5 kg) ou barquettes. Le conditionnement se fait la plupart du temps sur l’exploitation voire sur la parcelle (tables de tri). Les calibreuses font leur apparition depuis ces dernières années. Elles apportent un plus en matière d’homogénéité du calibre. Ce plus peut permettre une valorisation notamment sur les variétés de saison et tardives. Ce sont des outils importants et de coût élevé, difficiles à amortir sur une exploitation petite à moyenne. Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 5 Parte 2 : Fiche Cerise de bouche Personnes ressources Chambres d’Agriculture : E. HOSTALNOU - Chambre d’Agriculture du Roussillon - 19 Av de Grande Bretagne 66025 Perpignan cedex - [email protected] Bibliographie Le Cerisier - Monographie du CTIFL Les coûts de production en arboriculture - Chambre d’agriculture du Roussillon Guide de protection raisonnée SudArbo® 2008 - Chambre d’agriculture du Roussillon - motsclés : protection phytosanitaire Liens Internet : Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes CTIFL : www.ctifl.fr Station d’Expérimentation Fruits à noyau de la façade méditerranéenne SERFEL : www.serfel Stadion Régionale d’Expérimentation La Tapy : www.domainelatapy.com Centre Expérimental des Fruits et Légumes du Roussillon CENTREX (site Internet en cours de construction) Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 6 Parte 2 : Fiche Cerise de bouche