ART et CONSOMMATION Long Term Parking ARMAN 1982 Le Long Term Parking est une œuvre d'art contemporain édifiée en 1982 par Arman sur le terrain de l'ex-Fondation Cartier à Jouyen-Josas dans les Yvelines. Il s'agit de l'accumulation (geste sculptural inventé par Arman) de 59 véritables carcasses d'automobiles superposées les unes sur les autres, coulées dans du béton. Description Haute de 19,6 mètres, large de 6 mètres (avec un socle de 8×8 mètres), elle contient 59 voitures. Le choix de la couleur des voitures a été fait en fonction de la réalité, par exemple les proportions de couleurs rouges sont les mêmes que celles circulant. L'ensemble pèse 2 000 tonnes (dont 1 600 tonnes de béton). Histoire Sa construction a couté plus d'un million de francs à l'époque. Le mécène de l'œuvre est Jean Hamon. L'inauguration en a eu lieu en novembre 1982, devant la presse internationale. Cette tour a été l'objet de controverses, une association a mené (sans succès) son auteur en justice pour la faire déplacer. Il s’agit d’une œuvre monumentale, impliquant un recul au spectateur, usant de matériaux réels. L’espace de présentation est un lieu partagé (parc). Les matériaux (voitures) constituent une sorte d’archéologie du présent ou d’un passé proche. Les gestes d’Arman sont : collecter, accumuler, assembler, mouler, souder, fixer. Cette œuvre aborde différents thèmes d’histoire-géographie : ■ Le développement d’une société de consommation Après la seconde Guerre mondiale la consommation de masse qui est née aux EtatsUnis, s’étend au monde entier. Elle repose sur une production standardisée où les biens de consommations sont produits à grande échelle afin de réduire les coûts de fabrication pour proposer un prix le plus attractif possible. La consommation de masse est possible grâce à l’augmentation du pouvoir d’achat, à l’émergence des classes moyennes dans les pays les plus développés (PPD) et à l’apparition du crédit. Parallèlement à cela se développe la publicité qui incite à acheter de nouveaux produits dans les supermarchés et les centres commerciaux qui apparaissent à la périphérie des villes. La société de consommation est une société basée sur la consommation de masse. Elle crée donc des besoins artificiels chez la population afin que celle-ci consomme le plus possible. Cette société est critiquée par des artistes et des intellectuels, car elle impose la standardisation des modes de vie, elle favorise la surproduction, entraine la multiplication des déchets et du gaspillage, et sous valorise l’homme qui devient alors aliéné à la machine. ■ Les Trente Glorieuses et la crise économique Cette sculpture rappelle les Trente glorieuses (1945 – 1973), période de forte croissance économique où les classes moyennes voient leur mode de vie évoluer grâce à la consommation de masse. L’automobile devient un bien de consommation abordable. Les modèles se multiplient tout comme les coloris proposés à la vente. Cette diversité est bien visible dans l’œuvre d’Arman. A partir du début des années 1970, les crises pétrolières vont marquer un coup d’arrêt à cette période de croissance économique : c’est la crise. L’activité économique chute, le chômage augmente fortement et la consommation s’effondre. L’œuvre d’Arman illustre ainsi cette période en montrant un monument à la mémoire des 30 glorieuses révolues. Les voitures sont à l’arrêt. La crise est passée par là. ■ L’évolution des transports La production d’automobile ne cesse de croître depuis la Seconde Guerre mondiale. L’automobile devient ainsi le moyen de transport privilégié dans les pays les plus développés. Les routes se multiplient contrairement au réseau de chemins de fer qui se réduit. Cette évolution dans les transports va modifier considérablement les paysages urbains et ruraux (autoroutes, carrefours, développement des commerces en périphérie des villes,...) ainsi que les modes de vie (augmentations des déplacements, choix du lieu de résidence et du lieu de travail, mobilité croissante,...). Dustin Shuler, ‘The Spindle’, 1989