Résumés du congrès de la SSP 2015

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Formation continue : congrès SSP 2015
Vol. 26 No. 4 2015
Résumés du congrès de la SSP 2015
Mustapha Mazouni, Lausanne
1. Myriam Bickle-Graz:
«Prématurité et comportement»
Myriam Bickle-Graz est responsable de
l’Unité de développement du service de néonatologie du CHUV de Lausanne. Les objectifs
de cette Unité, créée il y a plus de 30 ans,
sont le suivi des nouveaux nés à risque, dont
les enfants nés prématurément avant 32
semaines, à la sortie du service et la surveillance de leur développement neurologique. Il
s’agit d’une mise au point réalisée après une
étude approfondie de la littérature récente
dans ce domaine et présentée en 3 parties.
La présentation débute par le rappel des
données épidémiologiques de la prématurité
dans le monde et en particulier celles de la
Suisse: < 32 semaines: 1 % = 830/an, 32–36
semaines: 6.2 % = 5100/an, < 37 semaines: ~
6000/83000 naissances/année.
Dans une première partie l’auteure présente
les conséquences générales à long terme de
la prématurité, comme les atteintes cardiovasculaires et métaboliques (obésité, HTA …),
les atteintes pulmonaires (anomalies de la
fonction pulmonaire, asthme) et les anomalies
de la vision (rétinopathie: 1,4–2,5 % en Suisse,
troubles de la réfraction, strabisme) et de
l’audition (1,5–3,1 %)
Dans une seconde partie sont présentées les
conséquences de la prématurité sur le développement neurologique à long terme:
Sur le plan moteur: les anomalies transitoires du tonus et de la posture concernent
11–60 % des enfants nés avant 32 semaines
de gestation, les troubles du développement
de la coordination 19 % (9.5–34 %) et la paralysie cérébrale 8.7 % avant 32 semaines et
dans 2.4 % entre 34–37 semaines.
Sur le plan cognitif: l’atteinte de l’intelligence se manifeste par une diminution de 2
points de QI/semaine de gestation, ainsi que
2.7 points/semaine aux épreuves mathématiques, les troubles du langage concernent
20 % des enfants.
Sur le plan comportement – fonctions
exécutives, l’auteure rappelle dans un premier temps les principales fonctions exécutives, la façon de les tester, et dans un deu-
xième temps elle envisage les troubles des
fonctions exécutives avec leurs conséquences
sociales et scolaires.
En ce qui concerne les fonctions exécutives
normales, sont abordés successivement le
contrôle de l’inhibition, la flexibilité mentale
et cognitive et la mémoire de travail.
Dans une troisième partie l’auteure présente
le rapport entre la prématurité et la santé
mentale. En effet la prématurité peut entraîner plus de problèmes de régulation émotionnelle, de victimisation à l’école, de troubles
internalisants (comme une dépression) ou
externalisants (comme les troubles des
conduites). L’auteure présente en outre les
données sur l’imagerie cérébrale en lien avec
le comportement du prématuré.
Finalement, les données récentes sur autisme
et prématurité, et à plus long terme, sur schizophrénie et prématurité, sont abordées.
Enfin l’auteure aborde la question du rôle de
la douleur en néonatologie comme facteur
causatif des de troubles du comportement, et
du rôle modulateur des parents dans le comportement du prématuré.
2. Newman C.J. et coll.
«Sleep: the other life of children
with neurodisability».
C. J Newman est médecin adjoint de l’Unité
de neuropédiatrie et de neuroréhabilitation au
CHUV Lausanne.
Il s’agit d’une présentation intéressante et
assez complète du sommeil chez l’enfant avec
anomalie neurologique. L’auteur présente en
introduction les aspects normaux du sommeil
et sa neurobiologie et les troubles du sommeil
rencontrés chez l’enfant normal. Il définit
ensuite les différents types de handicap neurologique (congénital ou acquis), la localisation de l’atteinte (centrale ou périphérique),
les fonctions affectées (cognitive, motrice,
sensorielle).
Le sujet est présenté en 4 parties.
Dans une première partie il aborde le handicap neurologique et les troubles du sommeil. Ainsi la plupart des handicaps neurologiques sont associées à des troubles du
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sommeil: handicap mental, syndromes génétiques, paralysie cérébrale. Les troubles du
sommeil rencontrés sont très nombreux,
parmi lesquels sont cités les insomnies, les
troubles respiratoires liés au sommeil, l’hypersomnie d’origine centrale et autres.
La détection et l’exploration de ces troubles
du sommeil sont précisées par une anamnèse
méticuleuse, à l’aide de questionnaires et/ou
de la polygraphie nocturne.
Le sommeil et le handicap mental est présenté ainsi que les nombreux facteurs étiologiques de ces troubles du sommeil.
Dans une deuxième partie l’auteur aborde la
question du sommeil et de la paralysie cérébrale (PC) où les troubles du sommeil sont
très fréquents, 6 à 8 fois supérieurs à ceux de
la population normale. Les types de troubles
sont variés: troubles de l’initiation ou du
maintien du sommeil, de la transition sommeil-éveil, troubles respiratoires en lien avec
le sommeil, somnolence excessive, troubles
du réveil. L’auteur énumère ensuite les facteurs prédicteurs des troubles du sommeil
chez l’enfant PC tels que les facteurs médicaux, personnels et environnementaux.
Dans une troisième partie l’auteur aborde les
troubles neuromusculaires et le sommeil,
comme la dystrophie musculaire de Duchenne et l’atrophie musculaire spinale.
Les troubles du sommeil de ces maladies sont
passés en revue et analysés. Le rôle de l’immobilité nocturne est souligné en rapport
avec ces troubles du sommeil.
La quatrième et dernière partie pose la question «Comment répondre aux troubles du
sommeil chez l’enfant avec une infirmité
neurologique?». Après avoir détecté, clarifié
et investigué le trouble, l’auteur propose une
approche pragmatique basée sur le problème.
La question du co-sleeping est ensuite envisagée de façon détaillée. Enfin pour terminer
l’auteur présente et insiste sur le rôle de
l’équipement de la nuit à domicile.
3. Takeuchi Y.L., Bonvin R., Ambresin A.E.
«Teaching with adolescent simulated
patients. What can we learn from medical
students? A mixed methods study»
Y. L. Takeuchi est un médecin assistant en
pédiatrie rattaché à l’Unité pédagogique de
la faculté de biologie et de médecine de Lausanne. Il présente les résultats préliminaires
d’une étude menée en collaboration avec la
Division interdisciplinaire de santé des ado-
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lescents (DISA) sur les perspectives des
étudiants au sujet de l’enseignement prégradué de la médecine de l’adolescence à l’aide
de patients simulés adolescents.
L’enseignement prégradué des compétences
cliniques en médecine de l’adolescence est
essentiel afin de pouvoir offrir des soins de
qualités à cette population qui présente des
besoins spécifiques.
A Lausanne, un programme de patients simulés adolescents (PSA), regroupant des
adolescents en bonne santé entraînés pour
jouer le rôle de patients, a été introduit il y a
10 ans à la DISA. Les étudiants en médecine
de 4ème année participent en petits groupes
à des ateliers avec PSA. Au cours de ces ateliers un étudiant mène une partie de l’anamnèse avec le patient simulé tandis que les
autres observent. Après 5 à 10 minutes, le jeu
de rôle est interrompu et les étudiants observateurs, le patient simulé et l’enseignant
donnent un feedback à celui qui a joué le
médecin. Cette technique d’apprentissage
entraîne une grande satisfaction des étudiants et améliore efficacement les compétences cliniques avec les adolescents. Mais
ce qui est particulièrement important pour les
enseignants, c’est d’obtenir un changement
de comportement observable et durable de
l’étudiant dans le contexte clinique, avec un
impact possible sur la santé du patient. Ce
processus est appelé transfert d’apprentissage. Trois facteurs ont un impact possible
sur l’apprentissage et le transfert: les caractéristiques des étudiants, le type de formation
et l’environnement de travail. Les objectifs de
l’étude sont:
•D’explorer ce qui se passe dans l’atelier à
savoir les expériences des étudiants dans
cet atelier
•De décrire la perception par les étudiants
du transfert d’apprentissage et des facteurs influençant le transfert, particulièrement dans l’environnement clinique.
dans ce domaine car il n’est pas familier et
complexe pour les étudiants. Ceci pourrait
se faire par exemple avec un modèle vidéo
avant l’atelier pratique avec les PSA.
•A cause de la faible différence d’âge, les
étudiants peuvent facilement s’identifier
aux adolescents. Les enseignants doivent
être très attentifs à cet aspect et aider les
étudiants à se distancer de leur propre expérience pendant les consultations ainsi
que les aider à trouver la position adéquate
dans leur rôle de professionnels de la santé.
•Finalement, les étudiants souhaitent que
l’atelier se déroule comme dans une situation clinique réelle et que des efforts soient
fournis pour simuler au mieux un setting
clinique réel ce qui est un facteur important pour le transfert.
Correspondance
Prof. hon. Mustapha Mazouni
13 route du Pavement
1018 Lausanne
[email protected]
Cette étude inclut une première partie qualitative comprenant des entretiens semi-structurés avec des étudiants en médecine, avant
et après l’atelier avec des PSA. A son terme,
cet atelier semble avoir été très apprécié par
les étudiants. Quelques pistes pour optimiser
le transfert ont déjà émergé des résultats:
•Il semble nécessaire pour les étudiants
d’avoir un modèle concret sur comment
mener une anamnèse avec un adolescent.
Un modèle est particulièrement souhaité
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