x u qui courent a m Les Bulletin de santé publique, région des Laurentides destiné aux professionnels de la santé Vol. 19 N° 4, juin 2012 La maladie de Lyme au Québec La maladie de Lyme est une infection causée par une bactérie, le Borrelia burgdorferi, transmise aux humains par la piqûre d’une tique infectée. La maladie de Lyme est en émergence au Québec. Aux États-Unis, plus de 20 000 cas confirmés de maladie de Lyme sont déclarés annuellement. Le vecteur La surveillance des tiques au Québec La tique Ixodes scapularis est le vecteur principal du Borrelia burgdorferi dans le nord-est de l’Amérique du Nord. Les tiques vivent en région boisée ou dans les hautes herbes, et le chevreuil est l’hôte principal de la tique adulte. Au Québec, la surveillance des tiques Ixodes scapularis est effectuée au Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) depuis 1990. Des 7288 Ixodes scapularis reçues entre 1990 et 2010, 7040 ont été testées et 725, soit 10.3 %, étaient infectées par le Borrelia burgdorferi. La Montérégie arrive au premier rang avec près de la moitié des Ixodes scapularis soumises. La majorité des tiques, soit 89 %, provient des animaux alors que 11 % provient des humains. Pour survivre, la tique doit se nourrir du sang de son hôte, animal ou humain. C’est lors de ces repas prolongés que la tique transmet la bactérie par sa salive. Le risque est très faible avant 24 heures, augmente graduellement par la suite et devient plus important après 72 heures; de là l’importance de retirer les tiques de la peau le plus rapidement possible. Extraction de la tique Le meilleur moyen pour extraire une tique de la peau demeure l’utilisation d’une pince fine aux extrémités pointues, comme une pince à écharde. On place la pince le plus près possible de la peau et on tire délicatement la tique de façon perpendiculaire à la peau, sans la tourner. Source: INSPQ Il faut éviter de comprimer la tique ou de l’écraser, ce qui augmenterait le risque de transmission du Borrelia burgdorferi. L’Ixodes scapularis est considérée comme établie en Montérégie. Même si le risque de contracter cette maladie est actuellement faible au Québec, il pourrait augmenter dans les prochaines années avec l’établissement de la tique de façon permanente dans de plus larges secteurs géographiques. Dans les Laurentides, des 382 Ixodes scapularis testées de 1990 à 2010, près de 14 %, soit 52, étaient infectées par le Borrelia burgdorferi. Transport et identification de la tique Dans le monde La tique, vivante ou morte, doit être conservée à sec dans un petit contenant rigide propre. La tique est ensuite acheminée au laboratoire du CSSS. En plus des coordonnées du patient, le médecin doit indiquer sur la requête de laboratoire: Au Canada, des populations d’Ixodes scapularis sont établies dans plusieurs sites du sud et de l’est de l’Ontario, de la NouvelleÉcosse, du Nouveau-Brunswick et du sud-est du Manitoba. La transmission du Borrelia burgdorferi est documentée dans plusieurs de ces sites. Aux États-Unis, plusieurs états sont touchés, entre autres les états de la Nouvelle-Angleterre, et la maladie de Lyme est présente dans plusieurs pays d’Europe et d’Asie. •la date du prélèvement de la tique •les lieux et dates de chaque déplacement hors de la municipalité de résidence au cours des deux semaines précédant le prélèvement de la tique. Si aucun déplacement n’a été effectué, on doit aussi le spécifier. Les manifestations cliniques Diagnostic de laboratoire La période d’incubation de la maladie de Lyme la plus fréquemment rapportée est de 3 à 30 jours. La maladie se présente généralement en trois stades plus ou moins juxtaposés et entrecoupés de périodes de latence. Le diagnostic de laboratoire de la maladie de Lyme repose sur des analyses sérologiques. Lors de la suspicion d’une maladie de Lyme aiguë, il est requis de prélever un premier sérum. Si le résultat est négatif et que la maladie de Lyme est suspectée, il est fortement recommandé de prélever un deuxième sérum de 2 à 4 semaines après le premier. Si le premier prélèvement est fait plus de 6 semaines après l’apparition des symptômes, il n’est pas nécessaire de procéder au deuxième prélèvement. L’infection précoce localisée L’infection précoce localisée est caractérisée par l’érythème migrant, une lésion cutanée érythémateuse qui: •survient chez plus des deux tiers des sujets •débute généralement au site de la piqûre •peut prendre plusieurs formes : circulaire, ovalaire, triangulaire, annulaire ou en cible •est généralement asymptomatique, mais peut être associée à une sensation de brûlure, de douleur ou de prurit •augmente de taille assez rapidement et doit mesurer au moins 5 cm de diamètre pour être un critère diagnostique •disparaît en quelques jours à quelques semaines, même sans traitement. L’infection précoce localisée peut être accompagnée de symptômes et signes constitutionnels. Parfois, ce sont les seuls symptômes notés lorsque l’érythème migrant est absent. L’érythème migrant doit être distingué d’une réaction d’hypersensibilité à la piqûre laquelle provoque rapidement un érythème de moins de 5 cm disparaissant en 24 à 48 heures. L’infection précoce disséminée L’infection précoce disséminée peut survenir de quelques semaines à quelques mois après la piqûre de tique chez un patient non traité. Les atteintes les plus fréquentes sont cutanées (érythème migrant secondaire ou multiple), musculo-squelettiques, neurologiques ou cardiaques. Sans traitement, ces atteintes se résorbent généralement spontanément, mais des récurrences sont fréquentes. L’infection tardive persistante L’infection tardive persistante peut survenir de plusieurs mois à quelques années après l’infection initiale. Elle est parfois la première manifestation clinique de la maladie. La forme prédominante en Amérique du Nord est l’arthrite, mais des atteintes neurologiques peuvent aussi survenir. Sources : Ministère de la Santé et des Services sociaux, Guide d’intervention, La maladie de Lyme, septembre 2011, document de travail. Laboratoire de santé publique du Québec, Programme québécois de surveillance des tiques Ixodes scapularis, vecteur de la maladie de Lyme, 1990 à 2010 (communication personnelle, Louise Trudel, M.Sc., microbiologiste). Les maux qui courent Bulletin de santé publique, région des Laurentides destiné aux professionnels de la santé Information et urgence Tél.: 450 436-8622 Téléc.: 450 569-6305 Seulement la moitié des patients qui ont un diagnostic de maladie de Lyme se souviennent d’une piqûre de tique. Ainsi, en présence de symptômes et signes compatibles associés à une exposition possible dans une région endémique ou à risque élevé, même sans histoire de piqûre, la maladie de Lyme doit faire partie du diagnostic différentiel. L’identification de la tique n’a généralement pas d’influence sur la conduite clinique à adopter. Cependant, cette analyse est encouragée, car elle contribue à la surveillance des tiques au Québec. Traitement Au Québec, compte tenu que la prévalence du Borrelia burgdorferi chez les populations de tiques établies localement est inférieure à 20 %, il n’y a pas d’indication d’administrer d’antibiotique de façon prophylactique après une piqûre de tique. Par contre, après une exposition dans une zone endémique au Canada, aux États-Unis ou en Europe, si on croit que la tique est restée attachée à la peau pendant plus de 36 heures ou paraît engorgée, une prophylaxie pourrait être considérée (doxycycline 200 mg p.o. en dose unique) si elle est débutée en-dedans de 72 heures suivant le moment où la tique a été retirée de la peau. Toutes les personnes qui ont subi une piqûre de tique doivent être suivies pendant au moins un mois afin de détecter précocement un érythème migrant ou l’apparition de symptômes semblables à un syndrome d’infection virale (fièvre, myalgies, céphalées). En général, la maladie de Lyme répond au traitement antibiotique. Au stade précoce de la maladie, le traitement réduit la durée des manifestations cutanées, ainsi que l’incidence de la progression vers des manifestations ou séquelles tardives de l’infection. Le traitement varie selon les stades de l’infection et les atteintes cliniques. Nous avons joint à ce bulletin un arbre décisionnel résumant l’essentiel de l’intervention en regard de la maladie de Lyme. Responsable de la publication Denise Décarie, médecin Collaborateurs Jean-Luc Grenier, médecin Andrée Chartrand, infirmière Marie-Claude Lacombe, médecin Collaboration spéciale Louise Trudel, M.Sc., microbiologiste, INSPQ/LSPQ Ce bulletin est aussi disponible à l'adresse suivante: www.santelaurentides.qc.ca Publication Direction de santé publique 1000, rue Labelle, bureau 210 Saint-Jérôme (Québec) J7Z 5N6 ISSN 1201-6276