LES MARCHÉS DE BREVETS DANS L’ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE 5
Introduction
Tout le monde s’accorde à reconnaître l’importance de l’économie du
savoir et de la connaissance en sortie de crise et, au-delà, en régime perma-
nent. Autant, face à la crise, il a fallu mettre en œuvre des ripostes keyné-
siennes du côté des politiques monétaires et des politiques budgétaires, autant
il va falloir « faire du Schumpeter » pour, en sortie de crise, relever le
sentier de croissance et mordre sur le chômage. L’Europe, qui en compa-
raison des autres régions du monde fait figure de zone de basse pression,
est spécialement concernée par le besoin de stratégies publiques misant sur
la R&D, l’innovation, l’enseignement supérieur, l’essor des PME…
C’est dans ce cadre qu’il convient de situer le rapport qui suit, centré sur
la question des marchés de brevets. Un défi récurrent consiste à trouver le bon
équilibre entre, d’une part, la protection de l’inventeur et de l’invention et,
d’autre part, la souhaitable diffusion du savoir (y compris vers les pays en
développement). Les marchés de brevets, déjà actifs dans les pays anglo-
saxons, facilitent la circulation des droits de propriété intellectuelle et des
technologies, en particulier vers le tissu des PME. La France et l’Europe
doivent et peuvent prendre leur place dans cette activité de diffusion de la
connaissance, en créant des fonds de brevets et en mettant en place le cadre
juridique et les compétences professionnelles nécessaires à leur dévelop-
pement. Les pouvoirs publics à l’échelon national mais aussi au plan commu-
nautaire ont un rôle important à jouer, pour installer ce cadre et remplir la
fonction de « facilitateurs ». Les premières étapes se mettent en place. Il va
falloir accélérer le mouvement si nous voulons rester sur la « frontière techno-
logique », c’est-à-dire nous donner les moyens de demeurer dans le peloton
de tête pour ce qui touche au savoir, à l’innovation et à la R&D, donc aux
ingrédients essentiels de la compétitivité des entreprises, de la croissance
et de l’emploi.
Ce rapport a été présenté à Madame Valérie Pécresse, ministre de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche, lors de la séance plénière du
CAE du 28 juillet 2010. Il a, par ailleurs, bénéficié du concours efficace
d’Anne Yvrande-Billon, conseillère scientifique au CAE.
Christian de Boissieu
Président délégué du Conseil d’analyse économique