La Philosophie Subtile de Paracelse
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Trithème en son abbaye de Spanheim. Il y aurait, d’ailleurs, beaucoup
à dire et à rechercher sur ce mystérieux et savant abbé (1462-1519),
cabaliste, alchimiste et historien, qui serait peut-être à l’origine de la
renaissance de l’alchimie dans l’Allemagne du XVIe siècle.
Mais Paracelse ne se contentait pas d’étudier dans les livres et au
contact des grands docteurs de son temps. Après avoir quitté l’abbé
Trithème, il se rendit au Tyrol où il acquit une grande connaissance des
métaux en séjournant aux mines de son ami Sigismond Fugger dont il
soignait les ouvriers.
Après une longue absence, il revint en Allemagne avec une
grande réputation de médecin et de physicien. On lui doit notamment
un traitement de la syphilis au moyen du mercure.
En 1527, il était à Bâle où il exerça à la fois les fonctions de
médecin de la ville et de professeur à l’université. Comme médecin, il y
fit un grand nombre de guérisons et devint rapidement célèbre. Mais il
était écrit que ce personnage ne devait jamais demeurer longtemps en
un même lieu et en paix. Son caractère violent, son originalité, sa
façon de bousculer sans ménagement les idées reçues, ne plaisaient
pas à tous. Son enseignement médical opposé à la mode du temps, lui
attira de nombreux ennemis parmi les autres médecins, jaloux d’autre
part du succès de ses cures. Il perdit même un procès intenté à un bour-
geois de la ville qu’il avait guéri et qui refusait de le payer. Finale-
ment, il dut quitter la ville en toute hâte, comme un fugitif, et reprit sa
vie errante.
Finalement, le duc Ernest de Bavière, administrateur de l’évêché
de Salzbourg, le prit sous sa protection. C’est dans cette ville qu’il se
réfugia. Il y mourut, peut-être assassiné, en 1541. Cet errant perpétuel
ne laissa presque rien, à peine ce qu’un voyageur peut porter dans ses
bagages: quelques livres, dont les oeuvres de saint Jérôme... On peut
encore aujourd’hui voir son monument funéraire dans l’église Saint-
Sébastien à Salzbourg1.
Paracelse était contemporain de Luther. C’est en 1517, en effet,
que ce dernier afficha ses fameuses quatre-vingt-quinze thèses sur la
vertu des indulgences, à la porte de l’église du château de Wittenberg.
Mais notre Théophraste ne paraît pas s’être beaucoup intéressé aux
1. Cf. K. Goldammer, «La vie et la personnalité de Paracelse», dans Paracelse,
collection Cahiers de l’Hermétisme, éd. Albin Michel, Paris, 1980. Nous rendons
compte de cet ouvrage ci-après, pp. 92 et sv.