
Cette volonté de prendre racine dans les initiatives
de terrain s’est manifestée dès ce qui a été, en
quelque sorte, l’acte fondateur du Labo de l’ESS :
les Etats généraux de l’ESS. Pendant des mois,
des milliers d’acteurs des quatre coins du territoire
ont élaboré, à partir de leurs pratiques, quelque
400 « Cahiers d’espérance », témoignant de la ri-
chesse et de la diversité de ces initiatives. Construits
avec une méthodologie participative, ils se sont
répartis selon neuf grandes thématiques, couvrant
le champ des préoccupations des citoyens (consom-
mer et se nourrir, se loger et habiter, travailler et
entreprendre, financer et épargner, etc.). Des
groupes de travail les ont analysées et en ont
extrait de multiples propositions qui ont été mises
en débat lors du point d’orgue de ces Etats géné-
raux, un vaste rassemblement de trois jours, en
juin 2011, organisé (clin d’œil rafraîchissant) au
Palais Brongniart, ex-siège de la Bourse. A la clé,
un « Appel commun pour une autre économie »,
signé par de multiples organisations et personnalités
du secteur, formulant toute une série de proposi-
tions à l’intention des décideurs politiques, mais
aussi de l’opinion publique.
DANS CETTE EXTRAORDINAIRE MATIÈRE
RECUEILLIE, LE LABO DE L’ESS A PUISÉ
LES THÈMES QUI ONT STRUCTURÉ SON
ACTION DES ANNÉES SUIVANTES…
- les Pôles territoriaux de coopération économique
(PTCE), regroupements sur un même territoire
d’acteurs de l’ESS, d’entreprises classiques et
de collectivités, basés sur la coopération et la
mutualisation, pour développer des projets éco-
nomiques et sociaux innovants, porteurs d’un
développement local durable ;
- les circuits courts, mode d’échanges direct,
basé sur la transparence et la coopération entre
producteur, consommateur et financeur de biens
et services ;
- les outils financiers solidaires, qui mettent la fi-
nance au service de l’utilité sociale et de l’intérêt
général ;
- banques et territoires enfin, ou comment ré-
orienter l’épargne collectée par les banques vers
les projets du territoire dont elle est issue, qui
travaillent au bien commun.
Ces thèmes étaient, d’ailleurs, déjà présents dans
la toute première publication du Labo de l’ESS,
point de départ de la démarche des Etats généraux
de l’ESS : « Pour une autre économie – 60 propo-
sitions pour changer de cap » (Alternatives éco-
nomiques, hors série poche n° 46 bis – novembre
2010). Leur approfondissement passe par une
méthodologie souple et systématiquement parti-
cipative : groupe de travail réunissant porteurs
d’initiatives, chercheurs, élus et économistes, pla-
teforme collaborative sur le web, enquêtes, rapports
et publications, événements de valorisation et
tribunes dans la presse.
Ainsi, sur le thème des PTCE, le Labo de l’ESS
anime une démarche associant cinq grands réseaux
impliqués dans l’expérimentation de ce concept
en émergence, qui renouvelle l’approche du dé-
veloppement local dans le sens de la solidarité et
de la participation citoyenne (voir www.lelabo-
ess.org/?-Poles-territoriaux-de-cooperation-). Le
travail d’analyse et de caractérisation a donné
lieu à toute une série de livrables : un référentiel
d’actions, deux journées nationales, des études
sur le rôle des collectivités territoriales et sur les
dynamiques économiques, la participation à
l’appel à projets interministériel, plusieurs publi-
cations dont la toute dernière (septembre 2014)
fait le point du savoir sur ce thème et formule
une série de propositions, notamment à l’intention
des pouvoirs publics. On y voit comment les
PTCE contribuent à renforcer le tissu économique
local, apportent des réponses innovantes aux be-
soins des entreprises et des citoyens, participent
à la reconversion écologique du territoire et gé-
nèrent de nouvelles formes de coopération entre
acteurs de l’ESS, PME et collectivités territoriales.
Même démarche s’appuyant sur un groupe de
travail pluridisciplinaire pour analyser en pro-
fondeur l’impact (social, économique, environ-
nemental et territorial) des circuits courts. Avec à
la clé rencontres territoriales, journées nationales,
outil d’auto-évaluation en ligne, publications
(voir en particulier « Les circuits courts de l’ESS
– Le Labo – juin 2013) et propositions pour fa-
voriser l’essor de ces modes d’échange en pleine
effervescence. Ce travail a notamment permis de
montrer que les circuits courts dépassent largement
le champ, bien connu, de l’alimentation (avec
l’exemple des AMAP), pour toucher également
la finance (type épargne solidaire, comme les Ci-
gales), l’habitat (avec les coopératives d’habitants),
la culture (avec les AMACCA et leurs specta-
teurs-citoyens-mécènes), ou encore la santé et le
commerce équitable. Il a également conduit à
LE LABO DE L’ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE (SUITE)
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