Le mercredi 07 juin 2006
Les défenses d'une bactérie percées à McGill
Mathieu Perreault
Des biochimistes de l'Université McGill ont identifié une faiblesse des bactéries qui
permettra la mise au point de nouveaux antibiotiques.
« Nous avons photographié la manière dont certaines bactéries, comme celles qui
causent la méningite ou la pneumonie, ingèrent le fer», explique Peter Pawelek, l'un
des coauteurs de l'article publié dans la revue Science. «Il s'agit d'un métal très
important pour la nutrition de la bactérie. Il est aussi très difficile à trouver à l'intérieur
du corps humain, parce que le fer est étroitement lié à l'hémoglobine du sang. Le
mécanisme avec lequel la bactérie capture le fer est très efficace et donc
potentiellement fragile.»
La découverte est d'autant plus importante, selon M. Pawelek, que les antibiotiques
actuels ne fonctionnent plus très bien. Le taux de résistance atteint parfois 20 %.
L'équipe de McGill va maintenant provoquer des mutations chez ces protéines, pour
vérifier comment inhiber l'intégration du fer. Ensuite, il sera possible de concevoir un
médicament qui attaque la bactérie de la même manière que la mutation.
Les deux protéines étudiées par M. Pawelek sont connues depuis 20 ans. Mais jusqu'à
maintenant, il n'avait pas été possible de photographier la manière dont elles sont
agencées et interagissent. «Nous avons utilisé un procédé appelé cristallographie par
rayons X. Il s'agit de cristalliser les protéines et de les photographier avec des rayons
X. Or, ces deux protéines sont intégrées à une membrane cellulaire où il y a beaucoup
de lipides. Ces lipides sont très glissants, difficiles à stabiliser lors de la cristallographie.
Photographier des molécules intégrées à des membranes où il y a beaucoup de lipides
constitue la dernière frontière de la cristallographie.»