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Document complémentaire sur
l’historique du jonglage (tiré du site agilite.free.fr)
1. Les premières traces de culture
A partir de -25.000 av JC, on a découvert des figurations d'animaux chassés, les corps
transpercés de javelots ou de flèches. C’est à partir de cette période que l’homme laissera des
traces de sa culture (statuettes animales et anthropomorphes, peintures rupestres de Vallon
Pont d’Arc ou de Lascaux, véritables temples de la nature, instruments de musique, poteries,
métallurgie ainsi que des rudiments d'écriture),
De -10.000 à -7.000 av JC, il pleut au Sahara. Cela se termine avec la naissance de la
civilisation pharaonique en Egypte.
2. La civilisation égyptienne
L’Égypte connaît la plus grande continuité historique de toutes les civilisations
méditerranéennes de l’Antiquité, entre le début du IIIe millénaire av. J.-C. et le IVe siècle
apr. J.-C. La géographie du pays, fertilisé et unifié par le Nil, sa relative fermeture face aux
influences culturelles extérieures ont donné naissance à un style artistique qui va peu évoluer
au cours de cette longue période. L’art sous toutes ses formes est essentiellement consacré au
pharaon, véritable Dieu sur terre, à l’État et à la religion. Depuis les premiers temps, la
croyance en une vie après la mort a imposé que les défunts soient enterrés avec leurs biens
matériels afin qu’ils assurent leur existence dans l’au-delà. Les cycles réguliers de la nature, la
crue annuelle du Nil, les saisons et la progression du soleil qui régit le jour et la nuit, sont
considérés comme des dons accordés par les Dieux au peuple de l’Égypte. La pensée, la
morale et la culture égyptiennes s’enracinent dans un profond respect de l’ordre et de
l’équilibre.
L’Ancien Empire d’Égypte, gouverné par les IIIe, IVe, Ve et VIe dynasties, s’étend sur
cinq siècles, de 2755 av. J.-C. à 2255 av. J.-C. Il s’est constitué au terme du processus
d’unification de la Haute et de la Basse Égypte, réalisé vers 3100 av. J.-C. par Ménès, roi de
Haute-Égypte (souvent identifié à Narmer), et de mise en place de la monarchie égyptienne.
L’écriture hiéroglyphique, forme écrite de la langue égyptienne, se trouve alors dans
les premières phases de son évolution.
Les temples et les tombeaux constituent donc la principale source d’informations sur les
coutumes et la vie des égyptiens de l’Antiquité.
Alors même que le travail de l’anatomie du corps humain est déjà bien connu en sculpture
depuis le début de la période dynastique, l’artiste égyptien, qui cherche à représenter une
forme idéale, ne s’attache pas au mouvement dans le sens où nous l’entendons actuellement :
les personnages en pied sont en effet saisis dans des positions statiques et c’est le recours à
différents canons qui permet de signifier l’action. Soit le pied le plus proche du spectateur est
avancé pour signifier le mouvement, soit les deux pieds sont joints pour exprimer
l’immobilité.
L’art du bas-relief, qui obéit également au principe de latéralité dans le mouvement,
est toujours régi par l’exigence de lisibilité. La figuration courante montre la tête et le bas du
corps de profil, tandis que l’œil et le torse se présentent de face. Chaque partie du corps doit
en effet être reproduite sous son aspect le plus reconnaissable. Cette règle, ou canon,
s’applique surtout au roi et aux membres de la noblesse ; Lorsqu’il s’agit de serviteurs et de
paysans, ces lois se font moins rigides.
Les activités sont présentées sur les parois des salles funéraires en bandeaux ou en registres
qui se lisent en dehors de toute chronologie, chaque scène étant figurée indépendamment.
Dans l’ancienne Égypte, l’artiste, qui appartient à une corporation hautement respectée, est
tenu de suivre les règles établies.
Le Moyen Empire (2160 av. J.-C.-1784 av. J.-C.) né de la réunification de l’Égypte
par Mentouhotep Ier, pharaon de la XIe dynastie.
La sculpture du Moyen Empire est souvent décrite comme tendant au réalisme. Cela se
vérifie surtout à partir de la XIIe dynastie, les premières œuvres du Moyen Empire se
contentant d’imiter sans détours celles de l’Ancien Empire, avec l’ambition de restaurer les
vieilles traditions.
Les nobles conservent l’habitude de faire édifier leur tombeau dans leur propre zone
d’influence, plutôt que dans la capitale du pharaon. Si nombres de ces tombes sont ornées de
reliefs sculptés, comme les tombeaux d’Assouan dans le sud, celles de Beni-Hassan et
d’El Bersha en Moyenne-Égypte ne sont en revanche décorées que de peintures. Les
exemples qui subsistent sont le fruit du travail d’artisans locaux qui s’efforcent de respecter
les normes des ateliers royaux. Certains types et certains motifs nouveaux voient alors le jour,
sans que les anciens canons soient totalement abandonnés pour les sujets et les compositions.
Dans les tombes les plus anciennes de Beni Hassan, Bakti et Kheti, des peintures de
jongleuses ornent les murs. Les recherches archéologiques de Mr Vandier édités en 1964 nous
apportent une iconographie précieuse. Les attitudes, jambes écartées (signifiant le
mouvement), torse rejeté légèrement en arrière, tête sensiblement levée, pour suivre les balles,
sont observées avec une exactitude remarquable (voir couverture du mémoire, en haut à
droite). De plus, les trois jongleuses utilisent trois techniques différentes pour jongler avec les
objets. De plus, a droite de ces peintures, deux autres partenaires s’échangent trois balles en
étant portés sur le dos par d’autres femmes (comme si on voulait maintenir leur équilibre),
celle qui lance lève un bras et avance l’autre, plié de façon que la main soit au niveau de
l’épaule alors que sa partenaire se prépare à recevoir la balle en tendant les deux bras vers
l’avant et en tournant les deux mains l’une vers l’autre de façon assez rapprochée. D’autres
encore s’échangent des balles sur le rythme des applaudissements de leurs compagnes.
Une étude plus approfondie de ces peintures pourrai nous fournir des indications
précieuses sur le rapport au corps à cette époque. En outre, les coiffes que portent ces jeunes
filles possèdent trois nattes qui donne le sens de la gravité (comme le fait le système
vestibulaire) des investigations allant dans ce sens pourrai s’avérer très intéressante d’un point
de vue anthropologique.
Une statue de l’époque de ptolomaer (-200 av JC) retrouvé à Thèbes (ville des princes
thébains de la XIème dynastie), représentant un homme jonglant à trois balles avec différentes
parties de son corps que l’on peut voir au Staaliche Museem de Berlin (voir couverture en
haut, au centre). On peut remarquer sa position d’équilibre sur une jambe avec trois balles en
contact sur trois parties du corps : la tête, la main et la jambe opposée à celle-ci. Cette figure
demande une coordination et un sens de l’équilibre très développé.
Il est intéressant de noter que l'art de la jonglerie se perpétue en Asie et plus
particulièrement en Chine. Le livre Lie Zie de Lie Yukou, écrit pendant la période des
"royaumes combattants" (entre -475 et -221 av JC) décrit un jongleur mettant en fuite une
armée. Cependant, nous n’explorerons pas cette civilisation pour poursuivre l’histoire de la
jonglerie dans notre région du monde.
3. Les civilisations grecque et romaine
Durant la basse époque, les Egyptiens fondent Naucratis, ville grecque, dans le delta.
Certains affirment avoir retrouvé des traces de jongleurs sur des poteries datant de –400 av
JC, cependant aucune trace d’iconographie sur celle- ci nous a été présentée.
Le livre de Guillaume Depping présente un écrit intitulé ‘banquet’, traité de Xénophon,
dans lequel Callias régale Socrate et sa bande dans sa maison du Pirée, à l’occasion de la
victoire remportée dans les jeux publics par un jeune homme de sa connaissance. Le repas
achevé, les divertissements commencent. Parmi les acteurs, se trouvaient une joueuse de flûte
fort bien faite, et une danseuse, de l’espèce de celle qui font des sauts périlleux, remarquable
par ses tours de souplesse. Cet écrit est le premier à parler, avec une remarquable précision
d’ailleurs, d’un jongleur et en l’occurrence, d’une jongleuse : « La première se mit à jouer un
air de flûte ; quelqu’un s’étant alors approché de la danseuse, lui donna des cerceaux, au
nombre de douze. Elle les prit, et, en dansant, les lançait en l’air avec tant de justesse, que
lorsqu’ils retombaient dans sa main, leur chute marquait la cadence. ». Socrate, pour qui les
moindres incidents étaient matière à réflexion, fit remarquer à ce propos combien la femme
est un être intelligent, prompte à apprendre et à imiter, qui ne le céderai en rien à l’homme, si
sa force physique ne lui faisait si souvent défaut.
Un autre ouvrage intitulé « Banquet » de Xénophon, traduction d’Olivier Sedeyn donne
une version légèrement différente : « Socrate intervint alors : ‘puisqu’il y a contestation sur ce
point, remettons-en l’examen à une autre fois. Pour le moment achevons de regarder ce qui est
sous nos yeux. Je vois que la danseuse est là debout, on lui apporte des cerceaux’. Sur ce
l’autre jeune fille se mit à jouer de la flûte pour accompagner la danseuse, pendant que
quelqu’un, à côté d’elle, lui tendait les cerceaux ; il y en avait douze. Elle les prenait, et tout
en dansant les lançait en l’air en les faisant tournoyer, calculant la hauteur à laquelle elle
devait les lancer pour recevoir en mesure. » Notons que Socrate se rend compte que la nature
féminine n’est en rien inférieure à celle de l’homme, sauf pour son manque de force et de
vigueur.
Lorsque l’on regarde les meilleurs performers Américains qui pratiquent la jonglerie
comme un sport, seul deux hommes (et pas des moindres, Albert Lucas (1996) et Anthony
Gatto(1993)) sont parvenus à effectuer un flash à 12 anneaux. La performance de la danseuse
semble, a première vue, exceptionnellement incroyable. Toutefois, des hypothèses
apparaissent à la lecture de ces traductions, soit cette femme était d’une incroyable habileté,
soit Xénophon exagère la réalité (à la manière de Rabelais dans ‘Gargantua’) ou bien encore
les traducteurs ont mal interprété le texte grecque original. Il serait intéressant de consulter la
version originale de cet écrit pour vérifier les versions proposées.
Dans la Rome Antique, différents noms étaient donnés à ceux que l'on appelle jongleurs
aujourd'hui : ventilatores (lanceurs de couteaux) et pilari (jongleurs avec balles). Un dessin
mural à été découvert dans les thermes de Titus (39-81 après JC) sur lequel des hommes nus
jonglent avec des balles en se les envoyant en cercle. Cet empereur s’empara de Jérusalem
(qu’il ruina) puis fut jugé pour sa liaison avec la princesse juive Bérénice.
Par la suite, le Talmud de Babylone (IV-VIème siècle), produit par les académies de
Mésopotamie, fait référence, dans la Haggadah (partie de ces études traitant des traditions
morale, philosophique, ésotérique et historique) au Rabbi Shimon Ben Gamaliel, qui pouvait
jongler avec 8 torches enflammées sans les faire tomber.
Il faut attendre le 5ème siècle pour retrouver de nouvelles références au jonglage dans
l'histoire de "Tain Bo Cualinge", décrivant le héros irlandais, jonglant avec 9 pommes.
4. Le Moyen-Age, premières traces des jongleurs en France
Guiraud de Calenson, troubadour, dresse l'inventaire de ce que doit savoir faire un bon
jongleur:
Sache bien trouver et bien rimer,
sache bien parler et proposer un jeu-parti,
sache jouer du tambourin et des cymbales
et faire sonner la chifonie,
sache lancer en l'air des petites pommes
et les rattraper sur des couteaux,
sache bien imiter le chant des oiseaux,
faire des tours avec des corbeilles
et sauter au travers de quatre cerceaux,
sache jouer de la manicorde et de la mandore,
et garnir la rote avec dix-sept cordes.
Sache faire sonner la lyre et résonner les grelots.
Jongleur, fais préparer neuf instruments
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