Préface
Au lendemain de la crise financière de 2007-2008, certaines régions et certains pays, en particulier l’Asie et
l’Amérique latine, ont rapidement observé des signes encourageants de relance dans leur économie réelle, en
termes d’emploi et de réduction de la pauvreté. Pourtant, depuis la crise de la dette souveraine en Europe
déclenchée avec l’épisode grec en milieu d’année 2010 et la récession continue des bilans aux États-Unis, le monde
est entré dans une nouvelle phase de crise financière, économique et sociale de portée mondiale. Sur fond de
déséquilibres socio-économiques majeurs et d’instabilité toujours croissante, l’OIT défend, avec le soutien de
nombreuses autres parties prenantes, une mondialisation plus équitable et juste, qui place le travail décent au cœur
des politiques publiques.
La Déclaration de l’OIT sur la justice sociale pour une mondialisation équitable, adoptée lors de la Conférence
Internationale du Travail de juin 2008, a déjà reconnu que « des entreprises productives, rentables et durables,
conjointement avec une économie sociale solide et un secteur public viable, sont indispensables à un
développement économique et à des possibilités d’emploi durables ». L’économie sociale et solidaire joue en effet
un rôle significatif et croissant dans l’économie réelle, puisqu’elle est source d’emplois, de protection sociale, et elle
apporte encore d’autres avantages sociaux et économiques. De la même façon, le Pacte mondial pour l'emploi
(2009) reconnaît que « les coopératives sont source d'emplois dans nos communautés, qu'il s'agisse de très petites
entreprises ou de grandes multinationales ».
Du fait de leurs caractéristiques distinctives et leurs avantages comparatifs, notamment leur gouvernance
démocratique et leur gestion autonome, les entreprises et organisations de l’économie sociale et solidaire trouvent
le soutien d’un nombre grandissant d’États. Des cadres politiques favorables au développement de l’économie
sociale et solidaire sont mis en œuvre aux niveaux national et régional dans toutes les régions du globe. Ce
processus s’appuie sur les partenariats entre gouvernements, partenaires sociaux et société civile. Une tendance
similaire se retrouve également dans les pays d’Amérique latine. On assiste ainsi à des réformes politiques et
juridiques en Bolivie, en Équateur et au Pérou, qui reconnaissent le rôle joué par les coopératives et les autres
organisations de l’économie sociale et solidaire en réduisant la pauvreté et en promouvant l’inclusion sociale.
Au jour d’aujourd’hui, l’économie sociale et solidaire est une réalité pour nombre de personnes car elle promeut des
valeurs et des principes axés sur les besoins des individus et sur leurs communautés. Obéissant à une logique de
participation volontaire, d’entraide et d’autonomie, elle fait appel aux entreprises et aux organisations et cherche à
concilier la réussite économique avec l’équité et la justice sociale, de l’échelle locale à l’échelle mondiale. Au
Canada, qui accueille cette seconde édition de l’Académie, plus de 30 % de la population a adhéré à des
coopératives. Au Brésil, les coopératives couvrent les trois quarts de la production de blé et 40 % de la production
de lait ; les produits qu’elles exportent génèrent plus de 1,3 milliard de dollars américains.
Promouvoir l’économie sociale signifie contribuer à chacune des dimensions de l’Agenda du travail décent. Les
entreprises et organisations de l’économie sociale et solidaire créent et maintiennent les emplois et les moyens de
subsistance, étendent la protection sociale, renforcent et étendent le dialogue social pour tous les travailleurs, et
encouragent l’application et la mise en œuvre de normes pour tous. En ces temps de crise et d’instabilité, la
promotion de l’économie sociale et solidaire dans le cadre de l’Agenda du travail décent est un moyen efficace pour
promouvoir la justice sociale et l’inclusion sociale dans toutes les régions.
L’OIT a assumé un rôle pionnier en matière de promotion de l’économie sociale et solidaire. Le Directeur général de
l’OIT, Albert Thomas, a créé en 1920 un Service des coopératives, connu aujourd’hui sous le nom de Programme
pour les coopératives de l’OIT (EMP/COOP). Dans les années 80, l’OIT a développé la notion de « finance sociale »,
et elle a été l’une des premières à appuyer, vers la fin des années 90, le développement des mutuelles afin d’étendre
la protection sociale. En 2001, la CIT a défini un « Nouveau Consensus » sur la sécurité sociale, qui s’est donné
comme priorité centrale d’étendre la couverture à ceux qui en étaient dépourvus, amenant l’OIT à intensifier encore
ACADÉMIE SUR L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE
DOCUMENT DE RÉFÉRENCE
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