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d’entreprise par les travailleurs formés. Les entreprises n’entrent pas en formation
professionnelle continue dans les cas où se présentent des coûts « non-retour » de la formation,
tels que le coût avant (préparation, équipement), pendant (perte de temps de travail, salaire en
formation) et après (hausse de salaire, le turnover). Ou encore, pour les entreprises non
formatrices, l’absence de la formation professionnelle continue est liée à la satisfaction des
besoins de compétences des salariés. A contrario, l’entreprise peut organiser la formation dans
l’idée du « pouvoir monopolistique sur le marché du travail »
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. Dans ce cas, elle n’investit qu’en
formation spécifique. Selon Becker (1964), le capital humain spécifique n’est pas facilement
transféré d’une firme à l’autre et a un impact positif sur les gains de productivité. C’est la raison
pour laquelle l’entreprise finance plus facilement la formation spécifique au détriment de la
formation générale. De surcroît, l’organisation ne tient pas compte des motivations du personnel
dans la politique de formation. Elle décide les bénéficiaires, les programmes et les formes
d’organisation. Les salariés n’ont pas de « voix » dans les décisions managériales qui les
concernent. Malgré des dispositifs légaux en faveur de formation des salariés, persistent
l’inégalité d’accès à la formation. Or, cette dernière est un droit pour tous. La formation
professionnelle continue améliore non seulement les compétences des salariés, elle peut aussi
contribuer à développer la personnalité des formés dans la mesure où ces derniers puissent
« sortir de chez soi », « s’épanouir », « avoir plus d’assurance », et « avoir un meilleur moral ».
A ce stade, l’objectif principal de formation est d’améliorer le niveau culturel des salariés
(Dubar, Debuchy, Delaunay, Feutrie, Gadrey et Verschave, 1981). Par conséquent, dans le sens
de la responsabilité, l’entreprise devrait assurer une meilleure maîtrise de l’environnement
professionnel et social pour ses employés.
Si la formation développe les compétences, renforce la confiance en soi et contribue à
l’épanouissement de la personne, il nous semble que cet objectif permet d’améliorer d’une part la
compétitivité de l’entreprise et d’autre parte l’appartenance des salariés à l’organisation
(satisfaction plus = perception d’appartenance plus = productivité plus).
Pourtant, ce contexte «gagnant-gagnant » n’est pas maîtrisé par la plupart des employeurs. Ils
poursuivent l’objectif économique en oubliant leur responsabilité envers leurs salariés. Ainsi, les
entreprises participent à la formation professionnelle continue de la façon coercitive par les
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Mahy B. et Volral M., La formation financée par l’entreprise favorise-t-elle l’emploi en Belgique ?, Reflets et
perspectives de la vie économique, 2007, pp. 103-116.