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Pour Michel Dupuis, sans qu’il soit question de dépasser ou de mésestimer l’éthique
clinique et l’éthique de la relation soignante, le temps est venu aujourd’hui de
construire une éthique organisationnelle dans le secteur de la santé. Il s’agit ainsi
d’ajouter à l’éthique de la relation personnelle celle du travail collectif. Selon le
Philosophe, il faut contextualiser les pratiques et viser à considérer les situations
réelles de soins, les « soins en situation ».
L’éthique organisationnelle prend notamment en compte les techniques de
management, les styles de leadership, les politiques institutionnelles, le climat éthique
des organisations de soins, hospitalières et autres. Selon Michel Dupuis, comme
Ricœur l’a montré, on ne perd rien de l’éthique en visant le niveau politique et
collectif d’organisation. En passant d’une relation « courte » à autrui à une relation «
longue » aux autres, on n’abandonne pas le souci de la rencontre singulière, mais on
s’organise pour la rendre possible à chaque fois que se présente un nouvel autrui,
anonyme, inconnu. Il s’agit donc toujours de prendre soin de personnes singulières,
mais en visant le collectif qui a droit à la justice, à la reconnaissance, au partage des
ressources. À ce niveau organisationnel, le professionnel trouve une position nouvelle
: comme le patient, il a droit, pour lui-même, à une organisation juste, motivante,
reconnaissante, légitimement exigeante. Michel Dupuis a insisté sur le fait que
l’éthique organisationnelle, c’est le principe de réalité qui rejoint l’idéal soignant et
qui le réalise, au moins un peu, dans les conditions concrètes des situations.
3. Ethique et fin de vie
La Loi du 2 février 2016 créant des nouveaux doits en faveur des malades et des
personnes en fin de vie a fait l’objet d’une table ronde en début d’après-midi de la
journée éthique. S’est notamment posée la question des changements et des outils
que mettait en place la loi et les décrets d’application d’août 2016. Si à cette
question, les deux intervenants semblaient répondre que la loi n’apportait que peu
de changements, leurs approches professionnelles différents a permis d’apporter de
nombreux éléments d’informations aux adhérents présents.
Loïc Blanchard, responsable juridique chez Médecin du Monde, a traité des aspects
juridiques et des grandes évolutions entre 2005 et 2016. Il a ainsi pu rappeler les
évolutions de la notion de traitement, de sédation, le contenu des directives
anticipées, le rôle de la personne de confiance. Il a également développé une
approche permettant de comprendre les tenants et aboutissants du texte (contexte
sociétal, social et politique notamment).
Dr Hirsch, médecin coordonnateur de l’équipe d’appui départemental de soins
palliatifs du Loir et Cher, a pour sa part traité de la mise en pratique de la loi de 2005
à celle de 2015, avec sa pratique de la loi, les interrogations que posent la loi du 2