Compte-rendu journée éthique FEHAP Centre-Val de Loire 16 septembre 2016 Hôtel Mercure de Blois Sommaire 1. 2. 3. 4. Ouverture Management éthique Ethique et fin de vie Mise en place de comités éthiques en établissements 1- Ouverture Bruno Papin ouvre la journée régionale éthique, en présence de Présidents d’association, du Directeur des études, de la stratégie et des affaires juridiques de l’ARS, et de la Vice-Présidente chargée des solidarités du CD 41. Il précise que la délégation régionale de la FEHAP propose cette rencontre consacrée à l’éthique car elle est convaincue que les établissements et services du secteur de la santé doivent être le lieu de l’éthique. L’éthique devant être analysée, décryptée, et comprise par chacun des directeurs et cadres, afin d’être en cohérence avec les valeurs portées par le secteur privé non lucratif. Ensuite, le Dr Clère de l’ARS a affirmé son intérêt pour cette journée, ayant lui-même été en charge des questions éthiques dans son parcours de praticien hospitalier à l’hôpital de Châteauroux. L’occasion également pour l’ARS de saluer les trois thématiques abordés tout au long de la journée, et notamment le management éthique, façon originale de traiter l’éthique, mais pourtant cruciale pour des managers d’établissements des secteurs sanitaires, sociaux et médico-sociaux. L’ARS a réaffirmé le besoin pour les structures et directeurs d’établissements de réfléchir à leur pratique éthique quotidienne, pour que l’humain soit au cœur de la prise en charge. Enfin, Mme Gibotteau, Vice-présidente en charge des solidarités au CD41, a pris la parole. Elle a affirmé que le Conseil Départemental du Loir et Cher souhaitait mener une véritable politique de solidarité, au service de la population du département. L’occasion également de rappeler le soutien du CD41 aux actions innovantes dans le secteur de la santé, facilitant l’autonomie et l’intégration sociale. Enfin, Mme Gibotteau a marqué son intérêt pour cette manifestation traitant de l’éthique, éthique qui est essentielle au sein des établissements et services accueillant des 1 populations en situations de handicap ou de vieillesse. 2- Management éthique La journée a débuté par une table ronde consacrée au management éthique. Alice Casagrande, Directrice de la vie associative de la FEHAP, a articulé son propos sur le temps de l’éthique, en s’interrogeant sur ce qui fait que les managers se posent aujourd’hui la question de l’éthique, et pourquoi ils s’intéressent aux journées comme celles-ci ? Elle a éclairé son propos à travers les réflexions de ComteSponville sur le besoin de donner un sens aux choses que l’on fait, puis de Worms sur le moment du soin en réfléchissant s’il y a un moment du management du soin. Enfin, elle est revenue sur la pensée de Tocqueville: « les hommes sont occupés et passionnés par les choses qu’ils font » étant passionnés par ce qu’ils font, le grande problème est d’avoir leur attention. Le temps de l’éthique est le temps d’un autre intérieur et le temps des autres. Simon Azaïs, responsable qualité à la fondation Diaconesse de Reuilly, s’est intéressé aux moyens et méthodes de management promus par les régulateurs du système de santé, à travers l’utilisation d’indicateurs et de démarche logique. Il a cherché à savoir comment les techniques scientifiques amènent à éteindre les conflits de valeur, par le fait même qu’elles se considèrent scientifique alors qu’elles ne le sont pas. Il a souligné ensuite qu’actuellement on a tendance à mettre de la valeur sur la logique et la raison dans les modes de management, au détriment d’autres valeurs, éthiques, qui peinent à émerger. Vincent calais, formateur, et ancien avocat au Barreau de Lille est intervenu sur le thème : « l'angoisse du cadre au moment de l'accusation de harcèlement moral : aspects éthiques et managériaux ». À partir d'exemples tirés de son expérience de consultant (et, auparavant, d'avocat en droit social), il a mis en évidence quelquesunes des réactions typiques que déclenchent, dans une unité de travail, les mots de « harcèlement moral », et a éclairé avec quelques points de repères ce que pourrait être une position de responsabilité et d'autorité dans ces situations. Il a ainsi distingué plus spécialement la position de la personne mise en cause et la position de la direction générale, et montré les risques qu'implique une appréhension incorrecte de la situation Anna Altea, Responsable du Développement Professionnel à Gustave Roussy, a articulé son propos autour d’un témoignage sur la responsabilité des équipes RH en matière de développement professionnel des salariés et d’accompagnement des managers : comment mettre en place les conditions du courage et de la responsabilité ? Elle a pour cela illustré son propos au travers d’exemples de déclinaison de la politique RH de son établissement auprès de corps de métiers différents et particulièrement dans la déclinaison de leur politique de formation. Michel Dupuis, Philosophe, a clôturé la matinée d’échanges en intervenant sur l’éthique organisationnelle dans le secteur de la santé. 2 Pour Michel Dupuis, sans qu’il soit question de dépasser ou de mésestimer l’éthique clinique et l’éthique de la relation soignante, le temps est venu aujourd’hui de construire une éthique organisationnelle dans le secteur de la santé. Il s’agit ainsi d’ajouter à l’éthique de la relation personnelle celle du travail collectif. Selon le Philosophe, il faut contextualiser les pratiques et viser à considérer les situations réelles de soins, les « soins en situation ». L’éthique organisationnelle prend notamment en compte les techniques de management, les styles de leadership, les politiques institutionnelles, le climat éthique des organisations de soins, hospitalières et autres. Selon Michel Dupuis, comme Ricœur l’a montré, on ne perd rien de l’éthique en visant le niveau politique et collectif d’organisation. En passant d’une relation « courte » à autrui à une relation « longue » aux autres, on n’abandonne pas le souci de la rencontre singulière, mais on s’organise pour la rendre possible à chaque fois que se présente un nouvel autrui, anonyme, inconnu. Il s’agit donc toujours de prendre soin de personnes singulières, mais en visant le collectif qui a droit à la justice, à la reconnaissance, au partage des ressources. À ce niveau organisationnel, le professionnel trouve une position nouvelle : comme le patient, il a droit, pour lui-même, à une organisation juste, motivante, reconnaissante, légitimement exigeante. Michel Dupuis a insisté sur le fait que l’éthique organisationnelle, c’est le principe de réalité qui rejoint l’idéal soignant et qui le réalise, au moins un peu, dans les conditions concrètes des situations. 3. Ethique et fin de vie La Loi du 2 février 2016 créant des nouveaux doits en faveur des malades et des personnes en fin de vie a fait l’objet d’une table ronde en début d’après-midi de la journée éthique. S’est notamment posée la question des changements et des outils que mettait en place la loi et les décrets d’application d’août 2016. Si à cette question, les deux intervenants semblaient répondre que la loi n’apportait que peu de changements, leurs approches professionnelles différents a permis d’apporter de nombreux éléments d’informations aux adhérents présents. Loïc Blanchard, responsable juridique chez Médecin du Monde, a traité des aspects juridiques et des grandes évolutions entre 2005 et 2016. Il a ainsi pu rappeler les évolutions de la notion de traitement, de sédation, le contenu des directives anticipées, le rôle de la personne de confiance. Il a également développé une approche permettant de comprendre les tenants et aboutissants du texte (contexte sociétal, social et politique notamment). Dr Hirsch, médecin coordonnateur de l’équipe d’appui départemental de soins palliatifs du Loir et Cher, a pour sa part traité de la mise en pratique de la loi de 2005 à celle de 2015, avec sa pratique de la loi, les interrogations que posent la loi du 2 3 février 2016. Il est également revenu sur les nouvelles conditions de mise en œuvre de la procédure collégiale. Son intervention s’est attachée à décrire les conséquences directes des évolutions législatives sur la pratique quotidienne des acteurs de soins. 4. Mise en place de comités éthiques en établissements Cette dernière table ronde de la journée a permis de traiter une question fréquente pour les établissements et services adhérents. En effet, plusieurs d’entre eux ont mis en place, souhaitent mettre en place, ou sont en train d’initier des comités éthiques en établissement. Afin d’en comprendre les enjeux, les intérêts, et leur mise en place pour des travaux efficients, plusieurs intervenants venant de secteurs variés sont venus aiguiller les adhérents présents. M Sanchez, Philosophe, membre de l’espace régional éthique de Picardie, formateur conférencier pour le cabinet Socrates, a défini ce qu’était l’éthique, et ce qu’était un problème éthique. Il s’est ensuite attaché à expliquer comment mettre en place un lieu de réflexion éthique. Brigitte Birmelé, Directrice de l’Espace de réflexion éthique en région Centre-Val de Loire, a présenté des "outils": quelques concepts à utiliser dans les comités éthiques, pourquoi réfléchir à des questions éthiques au sein de comités, quel est l’intérêt dans la pratique quotidienne des soignants et cadres ? Enfin, Mme Birmelé a expliqué ce qu’était une délibération et quels principes devaient l’encadrer. Pour clôturer la table ronde, Mme Marpeau, directrice de MAS-FAM –SSIAD PH, et coordinatrice de la filière handicap moteur de la Mutualité Française Centre-Val de Loire a fait un retour de son expérience puisque les établissements de la mutualité se sont lancé dans la mise en place de comité de réflexion éthique. La mise en place des projets, le choix des thèmes abordés, les freins, les limites identifiées, toutes ces questions ont été présentées par Mme Marpeau au cour de son intervention. Bruno Papin a clôturé la journée, remercie les participants, intervenants, et partenaires, et a invité les adhérents à l’AG régionale qui se tiendra à Tours le 10 novembre 2016, en présence du Président et du Directeur Général de la FEHAP. 4