DOSSIER Diagnostic génétique préimplantatoire, vitrification ovocytaire de convenance et double don Preimplantation genetic diagnosis, oocytes cryopreservation and embryon donation Amelia Rodriguez*, Marta Colodrón*, Juanjo Guillén*, Fleur Poisot*, Oriol Coll*, Valérie Vernaeve* D epuis la publication de la première naissance obtenue par fécondation in vitro (FIV) en 1978, l´assistance médicale à la procréation (AMP) a évolué rapidement, tant d’un point de vue technologique que sociétal. Les avancées médicales ont été marquées par le passage de la FIV en cycle naturel à la FIV en cycle stimulé avec notamment de nombreuses possibilités thérapeutiques, du fait de protocoles de stimulations différents et d´une grande diversité de gonadotrophines. Les changements ont aussi été notables au sein des laboratoires de biologie de la reproduction qui ont su développer la congélation de gamètes et d’embryons tout en conservant un taux de survie élevé, mais aussi la technique de micro-injection intracytoplasmique (ICSI) du spermatozoïde, et, dernièrement, la possibilité de réaliser une sélection génétique des embryons. Cette évolution n’a pas uniquement été technologique, elle a de fait entraîné un changement de mentalités au sein de la société. Les bénéficiaires des techniques de reproduction assistée ne sont plus seulement des couples infertiles. Il existe dorénavant une demande des femmes seules, ou avec un partenaire féminin, ou simplement des femmes qui désirent préserver et retarder leur maternité en cryopréservant leurs ovocytes. L’application de ces méthodes dépend actuellement de divers facteurs : techniques, éthiques, légaux et économiques. Au sein des différents pays européens, il existe des limites et des particularités qui font que toutes les techniques d’AMP ne sont pas accessibles de manière équivalente. Dans certains pays par exemple, elles ne sont envisageables que pour les couples hétérosexuels, mariés ou concubins, avec ou non des restrictions d’âge. Les couples homosexuels, les femmes seules et les femmes d’un certain âge ne peuvent alors pas bénéficier de l’aide de la médecine pour répondre à leur désir d’enfant. Les législations varient aussi en ce qui concerne le don de gamètes : pleinement autorisé, complètement interdit ou limité au don de sperme. Quand la donation est autorisée, elle peut être anonyme ou signifiée, voire au choix du patient selon les pays. En Espagne, la loi en vigueur de mai 2006 est progressiste et essaie de réguler et d’intégrer ces nouvelles offres médicales à la demande sociale, en tenant compte des besoins des minorités. En particulier le diagnostic préimplantatoire (DPI), le double don et la vitrification ovocytaire de convenance sont de bons exemples des avancées technologiques et sociales qui sont autorisées en Espagne moyennant un cadre législatif strict, spécifique et clair. Dans cet article nous discuterons de ces différentes procédures d’AMP d’accès restreint dans certains pays, au regard de notre expérience espagnole. Diagnostic préimplantatoire En 1990, Handyside a publié le cas de la première grossesse avec transfert d’embryons sélectionnés génétiquement (1). Cette technique a été appelée DPI. Jusque-là, les couples porteurs d’une maladie génétique avérée avaient comme options en matière de reproduction : le diagnostic prénatal pendant le premier trimestre de grossesse (avec interruption médicale de grossesse si le fœtus était affecté), le don de gamètes ou l’adoption. Initialement, cette technique fut décrite pour l’étude des maladies monogéniques en utilisant seulement des méthodes d’amplification de l’ADN (PCR). Puis l’introduction de l’hybridation in situ (FISH) a permis l’étude des aneuploïdies pour un nombre limité de chromosomes (2). * Clínica Eugin, Travessera de Les Corts 322, 08029 Barcelone (Espagne). La Lettre du Gynécologue • n° 371 -avril 2012 | 19 LG 2012-04.indd 19 12/04/12 15:44 Mots-clés Points forts Diagnostic préimplantatoire Congélation ovocytaire de convenance Double don de gamètes Fécondation in vitro »» Le diagnostic préimplantatoire, le double don de gamètes et la vitrification ovocytaire de convenance sont les derrières avancées de l´assistance médicale à la procréation, mais il n´existe pas encore un consensus sur leurs indications et applications. On observe des grandes disparités d´exercices de ces techniques en Europe pour des raisons techniques, éthiques, légales et économiques, qui mériteraient une réflexion collective. Highlights Preimplantation genetic diagnosis, double gamete donation and social egg freezing, are the latest innovations in the field of ART, but there is as yet no consensus as to their indications and applications. The techniques are used very differently accross European countries for technical, ethical, legal and economic reasons which call for further discussion among practitioners. Keywords Preimplantation genetic diagnosis Oocyte social freezing Double gamete donation Fertilization in vitro Quelques années plus tard, Wilton a relaté la première naissance issue d’un embryon sélectionné par la puce d’hybridation génomique comparative (array Comparative Genomic Hybridization [CGH-array]) [3], technique qui permet l’étude de l’ensemble des chromosomes. Au début de cette technique, l’inconvénient était la durée de l’analyse (3 à 4 jours). Il était donc nécessaire de congeler les embryons et, par conséquent, le transfert en frais n’était pas possible. L’autre solution a été l’étude du premier globule polaire, biopsié immédiatement après l’ICSI. On obtient le résultat génétique sans avoir besoin de congeler les embryons, mais seules les anomalies d’origine féminines sont détectables (4). La CGH-array a depuis été améliorée. On peut actuellement en obtenir le résultat en 1 ou 2 jours, ce qui permet de faire la biopsie embryonnaire au 3e jour et le transfert de l’embryon frais au 5e jour (5). L’autre grand progrès de la CGH-array est la possibilité d’utiliser un seul blastomère pour étudier en même temps une maladie monogénique et la cartographie chromosomique de l’embryon. Avec les techniques précédentes, il était nécessaire de biopsier 2 blastomères pour avoir les 2 résultats, ce qui diminuait les chances d’implantation (6). Cette capacité à dépister des embryons porteurs d’anomalies chromosomiques a fait apparaître de nouvelles indications au DPI, nommé dans ce cas screening génétique préimplantatoire (PGS). Il est proposé dans des situations à risque d’aneuploïdies : âge maternel avancé (> 38 ans), fausses couches à répétition, échecs d’implantation et facteur masculin sévère. La société européenne de reproduction et d’embryologie (ESHRE) déclarait en 1997-1998, 116 cycles avec PGS contre 3 900 en 2006. Une méta-analyse récente publiée par Mastenbroek en 2011, incluant toutes les études randomisées de PGS, a conclu qu’il n’apportait pas d’amélioration évidente sur le taux d’enfants nés vivants par rapport à la FIV simple (7). Dans le sous-groupe des femmes d’âge avancé, on observe même un taux d’enfants nés vivants moindre lorsqu’elles ont bénéficié du PGS. Il est opportun de noter que toutes les études incluses utilisaient la technique de FISH, capable de ne détecter qu’un nombre limité de chromosomes. En conclusion, à ce jour, la FIV avec PGS par FISH ne devrait pas être proposée dans le but d’augmenter les taux de réussite en FIV. Il faudra attendre les résultats des prochaines études randomisées et des futures méta-analyses sur l’intérêt du PGS après l’application de techniques capables de détecter tous les chromosomes, comme la CGH-array. Le DPI offre un espoir aux couples porteurs d’une altération génétique. Mais il ne faut pas oublier qu’en fonction de leurs caractéristiques (âge maternel, réserve ovarienne, qualité spermatique), étant donné les limites de la FIV, le don de gamètes est l’autre option envisageable dans ce cas. L’ESHRE a publié en 2002 les taux de grossesses avec DPI pour maladies monogéniques. Il était de 21 % par ponction folliculaire et de 25 % par transfert embryonnaire. La sélection génétique des embryons n’est pas une technique autorisée dans tous les pays européens. En Espagne, elle est autorisée, mais seulement dans certaines circonstances règlementées par la Loi. Selon l’article 12 de la loi 14/2006, le DPI peut s’appliquer dans les indications suivantes : ➤➤ la détection de maladies héréditaires graves, d’apparition précoce et pour lesquelles il n’existe pas de traitement curatif postnatal, conformément aux connaissances scientifiques actuelles. Les maladies comme la mucoviscidose, le syndrome de l’X-fragile, le syndrome de Turner, la myopathie de Duchenne et l’anémie de Fanconi, entre autres, remplissent ces conditions ; ➤➤ la détection d’autres altérations qui peuvent compromettre la viabilité de l’embryon : anomalies chromosomiques de structure ou de nombre (trisomie 21, trisomie 13…) et autres gains ou pertes de chromosomes qui rendent l'embryon non viable ; ➤➤ si les conditions ci-dessus ne sont pas remplies ou s’il y a une indication à déterminer le système HLA d'histocompatibilité (à des fins thérapeutiques pour autrui), il faut demander l'autorisation de la commission nationale de reproduction humaine assistée (Comisión Nacional de Reproducción Humana Asistida). Dans tous les autres cas, ni le centre d’AMP ni le patient ne peut décider de la réalisation d’un DPI. Le DPI pour détermination de sexe sans indication médicale, par exemple est clairement interdit en Espagne. Au sein des différents pays d’Europe, il n’y a pas d’attitude consensuelle en ce qui concerne le DPI, du fait notamment de l’absence de réglementation à l’échelle européenne. En Espagne, on peut combiner le diagnostic de maladie monogénique avec le dépistage d’aneuploïdie vu que celles-ci compromettent la viabilité de l’embryon. Dans certains pays, comme la France, cela est interdit en raison de la peur de potentielles dérives vers l’eugénisme. Vitrification ovocytaire de convenance La première grossesse humaine après cryopréservation ovocytaire par congélation lente a eu lieu en 1986 (8). On estima qu´il y avait en moyenne besoin de 100 ovocytes pour aboutir à une grossesse avec cette technique de 20 | La Lettre du Gynécologue • n° 371 avril 2012 LG 2012-04.indd 20 12/04/12 15:44 DOSSIER congélation, ce qui en réduisit considérablement l’application clinique. Cette technique fut quasi abandonnée. Ce n’est que 13 ans plus tard, en 1999, qu’on assiste à la première grossesse humaine obtenue cette fois après congélation ultrarapide d’ovocytes (9). Cette technique, appelée vitrification, est non seulement applicable sur les embryons mais aussi sur les ovocytes. Elle consiste en une congélation cellulaire ultrarapide qui empêche la formation de cristaux intracytoplasmiques à l’origine des dommages après décongélation (10). Nous disposons ainsi d’une technique utile, reproductible et couronnée de succès, qui obtient des taux de survie après décongélation entre 85 et 95 %, jusqu’à 75 % de fécondations ovocytaires et entre 15 et 18 % d’implantations. Autrement dit, cette technique présente des résultats comparables à ceux obtenus avec des ovocytes frais (11). Par ailleurs, les enfants conçus après la décongélation d’ovocytes vitrifiés présentent une incidence de malformations similaires à la population générale (12). La vitrification a ainsi révolutionné les laboratoires de biologie de la reproduction et a permis d’élargir les indications de la congélation ovocytaire au-delà des pratiques médicales habituelles. L’âge moyen de la première grossesse s’est situé pour la première fois en Espagne au-dessus des 31 ans. Au Royaume-Uni, on estime que le risque de ne pas parvenir à avoir d’enfant est de 6 % si une femme commence à essayer de concevoir à partir de 30 ans, de 14 % si elle commence à 35 ans et de 35 % à partir de 40 ans. Il ne faut pas oublier que les résultats en FIV avec ses propres ovocytes sont âge-dépendants. La FIV ne pourra donc pas toujours être la solution à un problème de fertilité. En Catalogne, le nombre de cycles de don d’ovocytes est passé de 613 à 6 280 entre 2001 et 2008. Devant ces données indiscutables, qui reflètent la tendance sociale et démographique actuelle, pourrions-nous alors proposer la vitrification ovocytaire de convenance ? Réduirions-nous ainsi le nombre de patientes qui ont recours à un don d’ovocytes comme solution à leur problème de fertilité ? Même si, en médecine, aucune technique n´est idéale face à un problème donné, la vitrification ovocytaire pourrait partiellement résoudre le problème de l’infertilité inhérent à l’âge (13). La préservation de la fertilité chez les femmes qui vont devoir avoir recours à un traitement gonadotoxique est une pratique de plus en plus proposée, même si la stérilité après traitement n’est pas certaine. Ce que nous savons, en revanche, de manière incontestable, c’est que si une grossesse est retardée pour des raisons médicales ou personnelles, la fertilité diminuera de façon dramatique et inéluctable. En plus, il est établi que le diagnostic d'infertilité a le même impact émotionnel pour la femme que le diagnostic de cancer (14). En Espagne, nous disposons d’un cadre légal qui nous permet de proposer cette technique. Pour cela, chaque centre doit obtenir un permis spécifique du ministère de la Santé. La loi espagnole 02/2010 sur la santé sexuelle et reproductive et sur l’interruption volontaire de grossesse stipule que : “[…] La décision d’avoir des enfants et quand les avoir constitue un des enjeux les plus intimes et personnels auxquels les personnes font face au cours de leur vie…” La vitrification ovocytaire, l’utilisation des ovocytes et la prolongation de leur conservation sont spécifiées et réglementées par cette loi espagnole en vigueur. Aux arguments précédents, il faut ajouter que la conservation de ses propres ovocytes permettrait de diminuer le nombre de cycles de don d’ovocytes. Il ne faut pas oublier que le don d’ovocytes, même avec des indications claires, irréfutables et indiscutables, suppose un traitement complexe, non sans risques pour la donneuse et, par ailleurs, coûteux pour la receveuse. L’impact psychologique et éthique du don-réception d’ovocytes arrête certaines patientes qui ne peuvent surmonter cette barrière et, de fait, accomplir leur projet de grossesse (15). Enfin, il existe un réel obstacle géographique. L’impossibilité d’avoir accès à un cycle de don d’ovocytes dans leur propre pays oblige les patientes à se rendre à l’étranger. Des articles récents recommandent la vitrification ovocytaire seulement pour les femmes de moins de 35 ans, mettant en avant la balance bénéfice-risque de cette technique et demandent aux cliniques de dissuader celles qui la solliciteraient passé cet âge (16). Cependant, il s’agit là d’une option toute récente. Les femmes ne connaissent pas toutes l’existence de cette technique, elles ne disposent pas non plus forcément de la solvabilité économique et donc de l’accès à une préservation de leur fertilité au moment désiré. Les raisons qui conduisent une femme à avoir recours à la vitrification d’ovocytes ne doivent pas uniquement être discutées en termes de taux absolu de grossesse, mais doivent aussi prendre en compte le préjudice moral causé par la nécessité de recourir au don d’ovocytes. Il faut informer clairement la patiente des chances de succès relatif à son âge au moment de la procédure de conservation. Il est par ailleurs fort probable qu’à mesure que la population sera informée sur la possibilité de vitrification des ovocytes, le profil des femmes, qui la solliciteront se rapprochera de plus en plus de ses applications et de ses performances idéales (17). Nous devons aussi considérer que l’accès à la préservation de la fertilité de convenance sera difficilement pris en charge par la Sécurité sociale, ce qui engendrera des inégalités. Chaque société et pays devraient donc débattre sur la place de la vitrification d’ovocyte pour convenance et s’il est souhaitable que les centres d’AMP la proposent et, si oui, dans quelles Références bibliographiques 1. Handyside AH, Kontogianni EH, Hardy K, Winston RM. Pregnancies from biopsied human preimplantation embryos sexed by Y-specific DNA amplif ication. Nature 1990;344(6268):768-70. 2. Munné S, Lee A, Rosenwaks Z, Grifo J, Cohen J. Diagnosis of major chromosome aneuploidies in human preimplantation embryos. Hum Reprod 1993;8(12):2185-91. 3. Wilton L , Williamson R, McBain J, Edgar D, Voullaire L. Birth of a healthy infant after preimplantation confirmation of euploidy by comparative genomic hybridization. New Engl J Med 2001;345(21):1537-41. 4. Wells D, Escudero T, Levy B, Hirschhorn K, Delhanty JD, Munné S. First clinical application of comparative genomic hybridization and polar body testing for preimplantation genetic diagnosis of aneuploidy. Fertil Steril 2002;78(3):543-9. 5. Rius M, Obradors A, Daina G et al. Detection of unbalanced chromosome segregations in preimplantation genetic diagnosis of translocations by short comparative genomic hibridization. Fertil Steril 2011;96(1):134-42. 6. Cohen J, Wells D, Munne S. Removal of 2 cells from cleavage stage embryos is likely to reduce the efficacy of chromosomal tests that are used to enhance implantation rates. Fertil Steril 2007;87(3):496-503. 7. Mastenbroek S, Twisk M, van der Veen F, Repping S. Preimplantation genetic screening: a systematic review and meta-analysis of RCTs. Hum Reprod Update 2011;17(4):454-66. 8. Chen C. Pregnancy after human oocyte cryopreservation. Lancet 1986;1(8486):884-6. 9. Hong SW, Chung HM, Lim JM et al. Improved human oocyte development after vitrification: a comparison of thawing methods. Fertil Steril 1999;72(1):142-6. 10. Kuwayama M, Vajta G, Ieda S, Kato O. Comparison of open and closed methods for vitrification of human embryos and the elimination of potential contamination. Reprod Biomed Online 2005;11(5):608-14. 11. Cobo A, Meseguer M, Remohi J, Pellicer A. Use of cryo-banked oocytes in an ovum donation programme: a prospective, randomized, controlled, clinical trial. Hum Reprod 2010;25(9):2239-46. La Lettre du Gynécologue • n° 371 -avril 2012 | 21 LG 2012-04.indd 21 12/04/12 15:44 DOSSIER Procréations et don d'ovocytes à l'étranger Références bibliographiques 12. Noyes N, Porcu E, Borini A. Over 900 oocyte cryopreservation babies born with no apparent increase in congenital anomalies. Reprod Biomed Online 2009;18(6):769-76. 13. Goold I, Savulescu J. In favour of freezing eggs for non-medical reasons. Bioethics 2009;23(1):4758. 14. Schover LR. Psychosocial aspects of infertility and decisions about reproduction in young cancer survivors: a review. Med Pediatr Oncol 1999;33(1):53-9. 15. Lockwood GM. 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Expensive but worth it: older parents' attitudes and opinions about the costs and insurance coverage for in vitro fertilization. Fertil Steril 2012;97(1):82-7. 22. Hill GA , Freeman MR. Embryo disposition: choices made by patients and donor oocyte recipients. Fertil Steril 2011;95(3):940-3. 23. Keenan JA, Gissler M, Finger R. Assisted reproduction using donated embryos: outcomes from surveillance systems in six countries . Hum Reprod 2012;27(3):747-52. conditions (18). En tant que professionnels de la santé, nous avons un rôle d’éducation de la population. Nous devons encourager la maternité à un âge plus précoce, mais aussi informer les femmes sur les possibilités de préservation de la fertilité, notamment du fait de l’avènement de cette technique. Double don Il existe certaines situations qui nécessitent un recours aux dons conjoints d’ovocytes et de sperme : l’insuffisance ovarienne associée à une infertilité masculine sévère, ou en cas d’une femme seule ou en couple homosexuel. Les échecs d’implantation à répétition sans facteur féminin ou masculin clairement incriminé peuvent aussi en être une indication. On peut enfin le proposer à des couples qui présentent un risque élevé de transmission à leur descendance d’une maladie génétique, pour laquelle le DPI n’est pas faisable (exemple d’une femme avec insuffisance ovarienne et de son conjoint atteint d’une maladie génétique dont le gène n’est pas clairement identifié) [19]. Il existe plusieurs façons de changer les 2 gamètes simultanément : l’accueil d’embryon ou le double don. Dans le premier cas, il s’agit de couples ayant eu recours à un traitement d’AMP qui n’ont plus l’utilité de leurs embryons congelés et en font don. Ces embryons peuvent être issus des 2 gamètes du couple ou déjà d’un don de sperme ou d’ovocytes selon la cause de leur infertilité. L’autre possibilité consiste en la conception d’embryons avec à la fois du sperme de donneur et des ovocytes de donneuse, c’est ce qu’on appelle le double don. Il n’y a pas de données officielles sur le nombre de doubles dons réalisés en Europe. L’ESHRE a seulement publié le nombre d’inséminations avec sperme de donneurs (24 339 en 2006) et le nombre de cycles de don d’ovocytes (12 685 en 2006). En Espagne, il existe 2 registres – le registre national déclaratif non obligatoire publié par la Société espagnole de fertilité (SEF) et, en Catalogne, le registre (fivecat.net), obligatoire lui –, qui nous permettent d’avoir accès à ce type de renseignements. Pour l’année 2009, la SEF a communiqué 219 transferts avec don d’embryons congelés, ce qui représente 0,5 % de l’ensemble des cycles d’AMP. Et, en 2008, d’après le registre catalan, il y a eu 44 transferts d’embryons (frais ou congelés, dans le cadre d’un double don ou d’un accueil d’embryons), soit 0,3 % des transferts réalisés dans cette région. Il s’agit donc d’une technique minoritaire et de dernier recours en AMP. La législation sur le double don et l’accueil d’embryons est variable selon les différents pays européens. En Espagne, les 2 sont permis (loi 14/2006), alors que seul l’accueil d’embryons est autorisé en France, selon la loi de bioéthique. En Italie les 2 sont interdits. La donation d’embryons en Espagne doit remplir les mêmes conditions légales que la donation d’ovocytes ou de sperme (décret royal 412/1996). Le donneur doit se soumettre au moment du don à une évaluation exhaustive de ses antécédents médicaux personnels et familiaux ainsi qu’à des tests de dépistage des maladies transmissibles (VIH 1 et 2, VHB, VHC et syphilis). Le don est volontaire, anonyme et altruiste. Il n’y a pas besoin de l’accord d’une commission médicale pluridisciplinaire, ni des instances juridiques comme en France (validation par un CECOS et le tribunal de grande instance). Afin de diminuer le risque d’aneuploïdies et d’augmenter les chances de grossesse, une donneuse doit avoir moins de 35 ans et un donneur moins de 50 ans. En ce qui concerne les questions de filiation, la mère de l’enfant est celle qui donne naissance et les parents sont reconnus conformément au consentement signé au début de la prise en charge. En Espagne, il est possible que la filiation de l’enfant soit partagée entre 2 femmes si elles sont mariées (approbation de la loi sur le mariage entre personnes du même sexe le 30 juin 2005). Le nombre d’embryons congelés est important dans la plupart des pays développés et les centres d’AMP sont confrontés à un problème de conservation (stockage) des embryons surnuméraires. En Espagne, quand un couple ne souhaite plus utiliser ses embryons congelés pour ses propres fins reproductives, il a la possibilité de demander leur destruction, d’en faire don à un autre couple ou, enfin, à la science (dans le cadre de protocoles de recherche). Ces embryons initialement conçus à des fins reproductives personnelles servent alors à l’intérêt général quand ils sont donnés à des fins de recherche ou répondent à la demande individuelle d’un autre couple infertile. En Espagne, la destruction embryonnaire n’est envisageable que dans des conditions très strictes et spécifiques, et donc dans des situations limitées. Elle nécessite l’accord au cas par cas de spécialistes indépendants et extérieurs à chaque centre. Il faut justifier que la receveuse initiale ne puisse plus bénéficier d’un transfert embryonnaire du fait de contre-indications médicales. En 2009, l’Agence de la biomédecine a reporté 165 591 embryons congelés dans les centres d’AMP français et on estime que ce chiffre devrait augmenter de 20 000 chaque année (20). Dans 16 % des cas, les embryons ne sont plus l’objet d’un projet de grossesse pour les couples qui en sont à l’origine, ce qui correspond à plus de 26 000 embryons. Pourtant, le 22 | La Lettre du Gynécologue • n° 371 avril 2012 LG 2012-04.indd 22 12/04/12 15:44 DOSSIER pourcentage d’embryons électifs au don est relativement faible (21). Cette faible proportion peut s’expliquer par la difficulté de remplir toutes les conditions médicales et légales du don, mais aussi par un blocage psychologique des parents, qui perçoivent l’embryon comme un enfant virtuel qui serait élevé par d’autres. Le don peut alors être vécu comme un acte d’abandon. Il est en effet difficile de dissocier l’origine génétique de la lignée familiale. C’est le dilemme entre la parenté biologique et la transmission éducative. Les dernières études montrent cependant un pourcentage croissant de patients qui choisissent de faire don de leurs embryons surnuméraires, surtout s’ils proviennent d’un don d’ovocytes (22). La solution au problème pratique, éthique et psychologique qu’est le devenir de ces embryons congelés est peut-être d’en créer moins par cycle, voire de vitrifier certains ovocytes au-delà d’un certain nombre au décours de la ponction ? D’un autre côté, l’accueil d’embryon peut s’envisager comme une alternative intéressante au double don, notamment à moindre coût. Il faut enfin noter qu’il existe des couples demandeurs de double don par soucis d’égalité vis-à-vis du conjoint infertile : aucun des 2 parents ne transmettant son patrimoine génétique. Mais, dans ce cas, la mère gestante, légale et éducative n’est-elle pas la “mère porteuse” de son propre enfant ? Il reste bien sûr à évaluer les résultats de la grossesse avec un double don ou avec un accueil d’embryons en fonction de l’âge de la receveuse et de l’indication du don. Keenan a publié très récemment une étude dont le taux de naissances était de 28 % avec l’accueil d’embryons (sur 7 042 cycles), de 46,8 % avec un don d’ovocytes (81 050 cycles) et de 31 % avec la FIV (avec ses propres ovocytes) [23]. Le taux d’enfants vivants nés d’un accueil d’embryons serait donc similaire à celui des enfants nés par FIV, mais moindre que celui des enfants nés par un don d’ovocytes (et sans doute moindre que celui des enfants nés grâce à un double don). Ce taux relativement élevé de naissances par accueil d’embryons pourrait s’expliquer par la bonne qualité des embryons transférés (1 grossesse au moins a probablement déjà été obtenue de ce même cycle avec des embryons de la même cohorte, puisqu’il s’agit d’un embryon surnuméraire donné). Le double don de gamètes, bien que minoritaire, a de nos jours ses indications et une demande. D’un point de vue pratique, il peut prendre la forme d’un accueil d’embryons ou d’un double don, mais cette dernière possibilité n’est pas autorisée dans tous les pays. Elle présente pourtant de meilleurs résultats du fait de l’utilisation d’embryons frais, issus de gamètes a priori fertiles. ■ Objectif vaccinologie Vivez en vidéo l’actualité de votre discipline. Débats d’experts… Reportages en régions… Comptes-rendus de congrès… Suivez mois après mois l’actualité de la vaccinologie Dr Marie-Alliette Dommergues Émissions présentées par le Dr Alain Ducardonnet Edimark.tv vous propose un autre regard sur votre spécialité Soyez toujours plus nombreux à consulter et à télécharger nos émissions sur www.edimark.tv Pr François Denis *Inscription immédiate et gratuite réservée aux professionnels de santé Sous l’égide de et LG 2012-04.indd 23 et des Lettres du Gynécologue, du Pneumologue, de l’Hépato-gastroentérologue, d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale Directeur des publications : Claudie Damour-Terrasson La Lettre du Gynécologue • n° 371 -avril 2012 | 23 12/04/12 15:44