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COMPTES PRÉVISIONNELS
La situation économique
dans la zone Euro
La croissance soutenue dont bénéficie la zone euro devrait gagner progressivement
en autonomie. A l’issue du «trou d’air» provoqué par la crise des pays émergents, la
reprise européenne avait été tirée par un vif redémarrage des exportations. Ces expor-
tations devraient évoluer de manière plus modérée dans un contexte d’atterrissage
en douceur de l’économie américaine et de ralentissement graduel des gains de com-
pétitivité réalisés par les pays européens.
La demande intérieure, qui constituait déjà le socle de la croissance européenne
gagnerait encore en vigueur en 2000-2001. Les fortes créations d’emplois liées à la
reprise de l’activité devraient soutenir les revenus, permettre une poursuite de la
baisse du chômage et conforter la confiance des ménages. La demande des entre-
prises devrait rester de surcroît bien orientée, bénéficiant de perspectives de
demande toujours porteuses.
Ce climat général très favorable permettrait à l’Allemagne et à l’Italie de combler
leur retard de croissance avec le reste de la zone euro.
L’inflation devrait reculer progressivement avec le retour à des marchés pétroliers
moins tendus dans un contexte où les évolutions salariales restent modérées et la
concurrence sur les marché des biens et services très intense.
COMPTES PRÉVISIONNELS
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Un pic dactivité a été atteint
au premier semestre 2000
Après avoir subi les conséquences des
crises des zones émergentes à l’hiver 1998-
99, les économies de la zone euro se sont
redressées au second semestre 1999. L’ac-
célération de la demande mondiale et les
gains de compétitivité auparavant accumu-
lés ont permis un rebond des exportations
et, plus généralement, une reprise de l’ac-
tivité industrielle. Parallèlement, la détente
des conditions monétaires et financières
ainsi que le dynamisme de l’emploi ont
soutenu les composantes internes de la
demande.
Cette embellie s’est poursuivie au pre-
mier semestre 2000 où la croissance,
proche de 3,5 % en rythme annualisé, a
atteint un pic. Les moteurs de l’activité ont
toutefois évolué. Les exportations ont en
effet suivi le mouvement de décélération
de la demande mondiale, alors que la
demande intérieure, en particulier celle en
provenance des entreprises, s’est renforcée.
L’investissement en équipement a vivement
repris, porté par les perspectives de
demande toujours favorables. Parallèle-
ment, la progression de l’emploi s’est mon-
trée soutenue et la baisse du chômage s’est
accentuée, venant conforter la confiance
des ménages. Cette amélioration de la
situation sur le marché du travail, conju-
guée à la croissance soutenue du pouvoir
d’achat et à l’orientation toujours accom-
modante des conditions monétaires, a
contribué à la bonne tenue de la consom-
mation privée.
L’Allemagne et l’Italie, qui avaient pris
du retard dans cette phase de reprise
ont amorcé un processus de rattrapage.
Elles l’ont fait pour des raisons différentes.
En Allemagne l’investissement a favorable-
ment réagi au dynamisme de la demande
extérieure, puis l’emploi est venu soutenir
la consommation à l’issue d’une phase
de restauration de la productivité et de la
compétitivité des entreprises. A l’occasion
de la crise des économies émergentes,
l’Italie avait davantage souffert du fait
de la structure de son commerce exté-
rieur. Elle bénéficie donc pleinement
du redémarrage de l’activité mondiale.
La demande intérieure resterait
encore dynamique au second
semestre 2000 et en 2001
Le dynamisme de l’activité observé au
premier semestre devrait se traduire par
de nouvelles créations d’emplois en
seconde partie d’année. Grâce à une pro-
gression soutenue de l’emploi en 2000
et en 2001, le taux de chômage diminue-
rait encore sensiblement. Cette hausse
de l’emploi, conjuguée à l’accélération
des revenus salariaux (0,8 % en termes
réels en 2001 après 0,4 % en 2000) et à la
réduction des prélèvements obligatoires se
traduirait par une progression soutenue du
revenu des ménages. Compte tenu de la
stabilisation du taux d’épargne après plu-
sieurs années de baisse, la consommation
privée accélérerait encore.
De son côté, l’investissement resterait
très dynamique, notamment dans le
domaine des nouvelles technologies de
l’information. Le taux d’investissement
dépasserait ainsi son niveau du début des
années 90.
Les échanges extérieurs contribueraient,
en revanche, de façon moins marquée à la
croissance, dans un contexte où la modé-
ration de la demande mondiale continue-
rait à se faire sentir. La demande intérieure,
qui demeurerait donc le principal socle de
l’activité, serait à l’origine d’un enchaîne-
ment vertueux associant croissance soute-
nue et re-synchronisation des conjonctures
dans la zone euro.
COMPTES PRÉVISIONNELS
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Lination sous-jacente se
redresserait progressivement,
mais le glissement annuel des prix se
stabiliserait à 1,8 % en 2000 et 2001
Depuis la mi-99, la hausse de l’inflation
s’explique essentiellement par l’augmenta-
tion des prix énergétiques. L’inflation sous-
jacente(1) est restée pour sa part pratique-
ment stable, en dépit de la hausse des prix
à l’importation et de l’évolution récente de
l’euro. Elle n’accélérerait que très progres-
sivement dans un contexte de modération
des évolutions salariales. Par ailleurs, l’ou-
verture des marchés des biens et services
se poursuit, créant un environnement très
favorable à la stabilité des prix.
Au total, l’inflation – mesurée par le
déflateur de la consommation privée – se
stabiliserait à 1,8 % en moyenne annuelle
en 2000 et 2001. À cet égard, les allége-
ments de fiscalité indirecte pratiqués dans
de nombreux pays européens contribue-
raient à stabiliser les perspectives d’inflation.
Les écarts d’inflation entre pays persis-
teraient en 2001. En particulier, les écono-
mies les plus en avance dans le cycle
connaîtraient un rythme de progression des
prix supérieur à la moyenne (Espagne,
Pays-Bas, Portugal, Irlande). À l’inverse,
l’inflation italienne devrait se stabiliser et
rester proche de celle de la zone euro.
Le retard de demande de la zone euro
serait pratiquement comblé n 2001
et les conjonctures nationales
se rapprocheraient fortement
L’Allemagne et l’Italie, jusqu’ici en retard,
rejoindraient les rythmes de croissance de
la zone euro en 2001 (resp. 3,1 % et 3,2 %).
Dans ces deux pays, le rebond marqué de
l’activité observé à la fin 1999 et au début
2000 devrait continuer de se traduire par
une amélioration tangible de la situation
sur le marché du travail. Les mesures d’al-
légements fiscaux prises en Allemagne
viendraient également alimenter la pro-
gression du revenu des ménages et per-
mettrait au redressement de la consomma-
tion privée de se confirmer. En Italie, les
créations d’emplois et la fin des efforts
budgétaires soutiendraient particulièrement
l’activité.
En France, alors que la croissance de
l’emploi ralentirait après une année 2000
exceptionnelle, la progression plus soute-
nue des salaires viendrait conforter la
consommation des ménages dans un
contexte où l’investissement des entre-
prises resterait très soutenu.
Enfin, le rattrapage de l’économie espa-
gnole se poursuivrait à un rythme rapide,
le comblement du retard de demande fai-
sant même peser un risque de surchauffe
sur l’activité. Il en est de même aux Pays-
Bas, où la baisse du chômage et le main-
tien de l’écart de production à un niveau
élevé se poursuivraient.
Divers aléas
entourent la prévision
La croissance dans la zone euro pourrait
s’avérer encore plus ferme si la demande
des ménages était portée par des créations
d’emplois plus dynamiques qu’anticipé. À
l’inverse, un prix du baril de pétrole plus
élevé pèserait sur la croissance des pays
européens et celle de leurs principaux par-
tenaires commerciaux tout en suscitant des
tensions inflationnistes plus marquées.
(1) Linflation sous-jacente est calculée en excluant les produits et services dont les prix sont
administrés ou soumis à des chocs exogènes importants (phénomènes climatiques, évolution des
marchés mondiaux du pétrole et des matières premières) et est corrigée des mesures fiscales qui
affectent mécaniquement les prix (modification de TVA). Cet indicateur permet danalyser la tendance
de fond de linflation, qui résulte davantage de phénomènes économiques que daspects transitoires ou
exceptionnels.
COMPTES PRÉVISIONNELS
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L’activité dans la zone Euro
Au second semestre 2000, la croissance de la zone euro atteindrait 3,5 % en rythme annua-
lisé. Elle reposerait essentiellement sur le dynamisme de la demande intérieure, la consom-
mation privée prenant progressivement le relais de l’investissement productif.
Le retard de production de la zone euro par rapport à son potentiel s’annulerait fin 2001 et les
écarts de conjoncture entre pays continueraient de se résorber. En particulier, l’Allemagne et
l’Italie rejoindraient les rythmes de croissance de la zone. En France, l’activité resterait dyna-
mique et les pays les plus en avance dans le cycle (Espagne, Pays-Bas, Irlande) conserveraient
des taux de croissance élevés.
Équilibre emplois-ressources
Taux de croissance en volume (en %) 1997 1998 1999 2000 2001
PIB 2.3 2.7 2.3 3.4 3.4
Demande intérieure 1.7 3.3 2.8 3.1 3.2
Demande intérieure hors stocks 1.5 2.8 2.8 3.0 3.2
Consommation privée 1.5 3.0 2.5 2.6 3.1
Consommation publique 0.9 0.9 1.4 1.3 1.2
FBCF totale 2.1 4.3 4.8 5.5 5.4
Contributions des stocks 0.2 0.5 0.1 0.1 -0.1
Importations 8.8 9.3 5.9 10.1 7.5
Exportations 10.3 6.9 4.3 11.0 7.9
Contributions à la croissance
Demande intérieure hors stocks 1.4 2.7 2.7 2.9 3.1
Stocks 0.2 0.5 0.1 0.1 -0.1
Extérieur 0.6 -0.5 -0.4 0.5 0.3
Croissance du PIB
Taux de croissance (en %) 1997 1998 1999 2000 2001
Zone euro 2.3 2.7 2.3 3.4 3.4
Allemagne 1.5 2.2 1.5 3.0 3.1
France 1.9 3.2 2.9 3.4 3.3
Italie 1.8 1.5 1.4 3.1 3.2
Espagne 3.8 4.0 3.7 4.2 4.2
Pays-Bas 3.8 3.7 3.6 3.7 3.2
Belgique 3.5 2.7 2.5 3.8 3.1
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