de l’enzyme GSTM1. Les sujets porteurs de la délétion du
gène gstm1 semblent incapables de métaboliser des époxy-
des ou des quinones [1, 2]. Chez les Caucasiens, la fré-
quence de l’allèle nul GSTM1*0 est de 50 % et de 27 %
dans la population asiatique.
Plusieurs études ont confirmé la présence du phénotype
nul GSTT1 suite à la délétion du gène gstt1 [1]. Récem-
ment, une variation nucléotidique a été trouvée au niveau
du gène gstt1 (A310C) qui transforme le résidu thréonine
104 en proline [5]. Ainsi, trois allèles sont décrits pour
cette classe : GSTT1*A,GSTT1*B et GSTT1*0. Ces
auteurs confirment la distribution trimodale de l’activité
GST décrite par d’autres études. En effet, en fonction du
génotype GSTT1, les sujets sont classés en trois catégo-
ries : métaboliseurs nuls, lents et rapides. La fréquence de
l’allèle nul GSTT1*0 est de 20 % dans la population cau-
casienne et de 61 % dans la population asiatique. La
GSTP1 présente quatre variants alléliques nommés
GSTP1*A,GSTP1*B, GSTP1*C et GSTP1*D [6]. Ces
variants résultent de la présence de deux variations nucléo-
tidiques au niveau de la séquence codante (A313G et
C341T). Ces transitions nucléotidiques transforment le co-
don ATC (isoleucine) en position 105 dans les GSTP1*A
et 1*D en GTC (valine) dans les GSTP1*B et 1*C. Quant
au codon GCG (alanine) en position 114, initialement pré-
sent dans les GSTP1*A et 1*B, il est transformé en GTG
(valine) dans les GSTP1*C et 1*D. Ces changements ont
une incidence sur la structure tridimensionnelle de l’en-
zyme et sur la stéréospécificité du site catalytique [7].
In vitro, l’activité enzymatique de la GSTP1 est quatre
fois plus faible pour les variants alléliques GSTP1*B et
GSTP1*C comparés à l’allèle de référence GSTP1*A
[6, 7].
Cancer et GST
De plus en plus de preuves indiquent que les sujets fu-
meurs ne sont pas tous égaux devant le cancer. À consom-
mation égale, certains sujets développeront des cancers et
d’autres n’en seront jamais atteints. La susceptibilité indi-
viduelle aux cancers induits par des carcinogènes chimi-
ques pourrait être en partie expliquée par des différences
génétiques dans la détoxication et/ou l’activation des pro-
carcinogènes. Ainsi, de nombreuses études épidémiologi-
ques se sont intéressées à l’incidence des polymorphismes
GST sur le risque de développement de cancers liés au
tabac tels que celui du poumon, des voies aéro-digestives
supérieures (VADS) ou de la vessie. Ce risque a été appré-
cié par l’odds ratio (OR) dans le cas d’une seule étude
cas/témoin ou un méta-OR pour des méta-analyses. Les
tableaux V et VI résument les principaux résultats des
études épidémiologiques relatives à l’incidence des poly-
morphismes de la GSTM1 et GSTT1 sur le risque de
survenue de ces pathologies.
Cancer du poumon
Une récente méta-analyse [8] a conclu à une faible aug-
mentation du risque de cancer du poumon chez les sujets
ayant l’allèle nul GSTM1*0 [43 études, méta-OR = 1,17
(1,07-1,27)] (tableau V). Ce risque est différent selon l’ori-
gine ethnique des patients. Ainsi, chez les Caucasiens, le
risque de cancer de poumon associé à l’absence de la
GSTM1 est faible [20 études, méta-OR = 1,10 (1,01-1,19)
comparé aux Asiatiques [12, méta-OR = 1,33 (1,06-1,67)]
et aux Latino-Américains [1 étude, OR = 1,88 (1,00-
3,29)]. La consommation de tabac est un important facteur
de risque de cancer du poumon. Comparé aux non fu-
meurs, le risque de cancer du poumon est respectivement
de 5, 22 et 35 fois plus élevé chez les fumeurs avec une
consommation inférieure à 20 paquets-années [OR = 5,50
(4,17-7,26)], chez les fumeurs moyens (20-39 paquets-
Tableau IV. Principaux polymorphismes caractérisés pour les
classes GST les plus étudiées [2, 5, 6, 8, 10, 11].
Classe GST Gène Variants
alléliques
Conséquence
Mu hGSTM1 hGSTM1*A Lys173
hGSTM1*B Lys173Asn
hGSTM1*0 Absence de l’enzyme
Pi hGSTP1 hGSTP1*A Ile105/Ala114
hGSTP1*B Ile105Val/Ala114
hGSTP1*C Ile105Val/Ala114Val
hGSTP1*D Ile105/Ala114Val
Thêta hGSTT1 hGSTT1*A Wt
hGSTT1*B Thr104Pro
hGSTT1*0 Absence de l’enzyme
Wt, type sauvage.
Activation des métabolites
Détoxication
Phase I
GST/GSH
Voie conjugative
Protéines
ADN
Excrétion
Régulation
métabolique
Inflammation
Oxygène
moléculaire
Endobiotes Xénobiotiques
Exemple : tabac, médicaments,
carcinogènes chimiques, etc.
Exemple : éicosanoïdes,
stéroïdes, quinone, etc.
Phase II
Phase III
Carcinogenèse
Pathologies
Réactions de fonctionnalisation
(cytochromes P-450)
Effets géno/cytotoxiques
Figure 1. Métabolisme des xénobiotiques et endobiotes par les
enzymes du métabolisme des médicaments et leurs conséquen-
ces.
Glutathion S-transférases
Ann Biol Clin, vol. 62, n° 1, janvier-février 2004 19
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