Situation clinique
Madame T., 80 ans, est institutionnalisée en unité Alzheimer depuis 2003. Le
diagnostic a été posé, durant l’année 2002.
Mme T. présente une altération des mémoires de court et long termes. À ce jour, elle
est aphasique, hormis quelques sons faibles qu’elle émet de temps à autres, et apraxique. Cette
atteinte de la fonction cognitive la rend dépendante pour certains actes de la vie quotidienne,
notamment pour les soins d’hygiène et de confort. Madame T. présente une incontinence
urinaire et fécale.
Elle garde, par ailleurs, d’autres fonctions telles que la marche et la déglutition, ainsi
que des réflexes pour l’habillage et le déshabillage.
Il est difficile d’entrer en relation avec Mme T., car elle ne réagit plus à la
communication verbale. En effet, j’ai pu rem arquer qu’elle ne semble pas concernée,
car elle a le regard fuyant, reste muette et semble angoissée. Cela instaura en moi un
sentiment d’échec et de mal être.
Cependant, j’ai pu observé que Mme T. réagit à d’autres stimuli : la mélodie par
exemple. Lorsqu’elle entend un air ou une chanson, son regard se pose sur l’objet émetteur
(télévision ou poste de radio) et elle se met à chantonner au rythme de cette mélodie. L’équipe
soignante m’a, également, appris que dans son histoire de vie, on peut s’apercevoir que son
mari l’emmenait danser, au bal, tous les samedis soirs, ce qui pourrait expliquer son intérêt
pour la musique.
Ainsi, le matin, au moment de la douche, il est intéressant d’expliquer et d’effectuer
les soins de Madame T. en chantonnant. Celle-ci se sent alors plus détendue et prend part au
soin. Elle est souriante, et son regard est posé sur le soignant. Dans le cas contraire, Mme T. a
le regard vague, fuyant. Elle ne participe pas au soin et est plus rétractée.
De plus, dans cette unité, des ateliers sont organisés par les soignants. L’un d’eux est
l’atelier chant. Lors de celui-ci, tout le monde, résidents et soignants, se retrouvent autour
d’une table de la salle de vie, pour chanter. Les chansons sont anciennes (populaires ou
d’après guerre), faisant appel à la mémoire à long terme des résidents, celle qui devrait leur
rester le plus longtemps. Pendant, ces moments, Mme T. sourit, pose son regard et chantonne
avec le reste du groupe. Durant le reste de la journée, elle reste très discrète.