Diversification du marché de l’énergie
Le Canada possède diverses ressources énergétiques qui sont réparties à l’échelle du pays, notamment
pétrole, gaz naturel, biocarburants et uranium ainsi que production d’électricité. Il est maintenant le
cinquième producteur mondial d’énergie et l’un des quelques pays développés qui sont des exportateurs
nets d’énergie1. À l’heure actuelle, pratiquement toutes les exportations d’énergie du Canada vont aux
États-Unis et notre pays rate sa chance d’avoir accès aux marchés mondiaux. La diversification des
marchés énergétiques du Canada pourrait créer de nouveaux emplois et stimuler la croissance
économique, car elle favoriserait la construction d’infrastructures, l’amélioration de la sécurité
énergétique, l’obtention de la valeur optimale de la production de ressources et l’accroissement de la mise
à niveau à valeur ajoutée.
L’industrie de l’énergie du Canada est essentielle à l’économie du pays : elle représente environ 7 % du
PIB, 23 % des exportations et emploie 260 000 personnes2. Elle verse des impôts et des redevances aux
gouvernements et est une armature de l’économie, fournissant du carburant à prix concurrentiel pour le
transport et de l’électricité pour les opérations commerciales.
En dépit des importantes possibilités de production et d’exportation d’énergie, le Canada reste un joueur
régional. En effet, à l’heure actuelle, les exportateurs d’énergie canadiens ont un client : les États-Unis.
Cette relation est survenue naturellement à cause de la proximité géographique, de l’approche commune
axée sur le marché, de l’intégration économique et des relations politiques amicales. Le résultat est un
marché intégré au sein duquel l’énergie circule dans les deux sens entre les deux pays.
En 2010, les exportations d’énergie canadiennes ont contribué à hauteur de 94 milliards de dollars à
l’économie, la majorité provenant des exportations de pétrole brut, de pétrole, de charbon et de gaz
naturel3. Pratiquement toutes les exportations de pétrole et toutes les exportations de gaz naturel sont
acheminées aux États-Unis par pipeline. En 2010, le Canada a exporté environ 2 milliards de dollars
d’électricité aux États-Unis, dont la majorité en provenance des provinces productrices d’hydroélectricité
à faible coût.
En même temps, le Canada importe de l’énergie des États-Unis. En 2010, les importations ont atteint
environ 40 milliards de dollars et touchaient, notamment le gaz naturel, le gaz naturel liquéfié et le
pétrole brut. Ces importations ont lieu parce que les approvisionnements intérieurs sont inaccessibles ou
coûtent plus cher que les produits offerts à l’échelle internationale.
Le commerce interprovincial de l’énergie est également un important volet du système énergétique du
Canada. Ces relations sont complexes et découlent des forces du marché et des politiquas énergétiques
provinciales/territoriales. En ce qui concerne le pétrole brut, les connexions entre l’Ouest canadien se
terminent en Ontario, car le Québec et le Canada atlantique n’ont pas la capacité pipelinière adéquate. De
nombreux projets sont envisagés pour rectifier cette situation. Pour le gaz naturel, le pipeline principal
relie la Colombie-Britannique et le Québec; cependant, l’augmentation de la production de schiste des
États-Unis diminue le volume du pipeline. En ce qui concerne l’électricité, les provinces traitent moins
entre elles qu’avec les États-Unis. Bien qu’il y ait quelques interconnexions interprovinciales,
contrairement aux États-Unis, il n’y a pas de réseau de distribution important. On pourrait améliorer la
relation commerciale énergétique pancanadienne dans le cadre d’un effort plus vaste de diversification.
L’évolution de la dynamique du marché oblige les producteurs d’énergie canadiens à se tourner vers des
marchés autres que l’Amérique du Nord. La croissance de la production pétrolière du Canada,
conjuguée au ralentissement de la demande américaine, laisse entrevoir la possibilité d’approvisionner
1 Institut canadien de politique énergétique. Une stratégie pour leadership énergétique mondial du Canada. Juillet
2011.
2 Ressources naturelles Canada. Le canada comme chef de file mondial dans le domaine de l'énergie : vers une
collaboration pancanadienne accrue. Le 18 juillet 2011.
3 Office national de l’énergie. Aperçu de la situation énergétique au Canada 2010. Juillet 2011.
les régions du monde plus dynamiques, particulièrement la région de l’Asie-Pacifique. Les États-Unis
resteront un client important et estimé, mais de nouvelles options d’exportation pourraient faire
augmenter les prix des ressources du Canada.
En ce qui concerne le pétrole, les contraintes pipelinières dans le Midwest américain ont créé une
divergence du prix du pétrole nord-américain (West Texas Intermediate ou WTI) et du prix mondial
étranger (Brent). En 2011, cette différence s’établissait en moyenne à 17 $ US le baril4, privant les
producteurs de milliards de dollars de recettes et diminuant les impôts et redevances pour les
gouvernements. L’Office national de l’énergie s’attend à ce que cet écart diminue lorsqu’une nouvelle
infrastructure sera construite entre le Midwest américain et la région du Golfe. Cependant, cette approche
ajoute un risque lié au marché pour les producteurs d’énergie canadiens qui sont à la merci des
approbations de pipelines des gouvernements étrangers. L’ouverture de nouveaux marchés confère aux
producteurs la souplesse voulue pour avoir accès aux prix étrangers plus élevés (Brent) et réduire les
risques associés à une clientèle unique.
En ce qui a trait au gaz, de prolifiques formations de gaz de schiste ont plus que doublé les ressources
gazières des États-Unis, laissant plus de 100 ans d’approvisionnement selon les niveaux de production
actuels5. À l’avenir, on prévoit que les États-Unis seront un exportateur net de gaz naturel liquéfié en 2016
et un exportateur net par pipeline en 20256. La production américaine explose, car ses formations de
schiste argileux sont plus rentables par rapport aux producteurs canadiens, les frais de forage et de
transport étant moins élevés. L’argument en faveur de la diversification du marché pour le gaz naturel est
encore plus convaincant. Les prix du gaz naturel (NYMEX) américains ont été, en moyenne,
4,04 $US/MBTU en 20117. Or, la demande solide en provenance des pays de l’Asie-Pacifique comme le
Japon, la Corée du Sud et Taïwan offre la possibilité d’obtenir des prix plus élevés pour le gaz naturel
liquéfié, soit entre 12 et 18 $/MBTU. Encore une fois, des milliards de dollars sont en jeu pour les
producteurs de l’Ouest canadien par suite de cette différence.
Pour l’électricité, les possibilités de diversification du marché sont différentes de celles du pétrole et du
gaz. Il n’est pas possible d’exporter de l’électricité ailleurs qu’aux États-Unis. Mais il est possible
d’augmenter les exportations d’électricité à faibles émissions de carbone à destination des États-Unis
alors que ce pays se tourne vers des sources d’électricité qui émettent moins de gaz à effet de serre. Il est
également possible d’améliorer les interconnexions interprovinciales au Canada où il est prudent de le
faire. Un important obstacle à l’augmentation du transport d’électricité interprovincial est le suivant : les
provinces/territoires ont essentiellement créé des marchés autonomes et adopté différentes approches, y
compris des sociétés de la Couronne, des systèmes d’établissement des prix axés sur le marché servis par
le secteur privé ou autres variations. Les premiers enjeux à surmonter pour accroître le commerce
d’électricité interprovincial sont l’ensemble d’approches disparates et le manque de transparence de
l’établissement des prix.
Recommandations
Que le gouvernement fédéral travaille avec les provinces et territoires pour :
1. Appuyer le développement d’infrastructures énergétiques clés pour augmenter l’accès du Canada
aux marchés mondiaux de l’énergie et accroître les échanges commerciaux de pétrole ouest-est au
pays.
4 Office national de l’énergie. Rapport annuel 2011 au Parlement.
5 Département de l’Énergie des États-Unis, Modern Shale Gas Development in the United States : A Primer. Consulté en
mars 2011.
http://fossil.energy.gov/programs/oilgas/publications/naturalgas_general/ShaleGasPrimer_Online_4-2009.pdf.
6 US Energy Information Administration. EIA issues AEO2012 Early Release. Le 23 janvier 2012.
7 Office national de l’énergie. Rapport annuel 2011 au Parlement.
2. Élaborer un cadre de politique pancanadien propice au développement d’un environnement
favorable à la transformation des ressources naturelles en produits à valeur ajoutée tout en tenant
compte des forces du marché.
3. Envisager des possibilités d’accroître le commerce d’électricité interprovincial en augmentant la
transparence des procédures d’établissement des prix des provinces et territoires.
4. Encourager les décideurs américains à intégrer l’hydroélectricité du Canada en tant que source
d’électricité peu coûteuse et à faibles émissions.
5. Continuer d’améliorer les procédures d’examen réglementaire pour assurer qu’elles sont rapides,
efficientes et efficaces.
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