Les systèmes de gestion environnementale
au Canada : enjeux et implications pour les
politiques publiques de l’environnement
Paule Halley et Olivier Boiral*
* Paule Halley, professeure à la Faculté de droit de l’Université Laval, titulaire de la Chaire de
recherche du Canada en droit de l’environnement et Olivier Boiral, professeur au Département de
management de la Faculté des sciences de l’administration l’Université Laval, titulaire de la Chaire de
recherche du Canada sur les normes internationales de gestion et les affaires environnementales.
© Paule Halley et Olivier Boiral 2008
Mode de référence : (2008) 53 R.D. McGill 649
To be cited as: (2008) 53 McGill L.J. 649
La certification ISO 14001 constitue l’un des
systèmes de gestion environnementale (SGE) de
référence et les entités administratives
gouvernementales chargées de la protection de
l’environnement en font la promotion de manière
croissante auprès des entreprises. La normalisation
privée ISO 14001 se transpose donc dans les politiques
publiques de l’environnement pour atteindre des
objectifs plus larges de conformité à la législation
environnementale et de développement durable.
Néanmoins, il doit toujours revenir à l’État d’édicter les
normes de qualité de l’environnement dans ses lois et
règlements, puisque la norme ISO 14001 ne fixe en soi
aucune règle substantielle et vise essentiellement à
confirmer que l’entreprise possède un SGE. Les
mesures volontaires adoptées par les entreprises, bien
que réputées plus efficaces et plus flexibles, ne peuvent
engendrer que des économies relatives pour l’État. Sans
objectifs clairs et sans un contrôle étatique crédible et
fiable, les incidences environnementales des SGE
risquent en effet d’être limitées. Par exemple, les
communications externes des entreprises demeurent
partielles et facultatives et l’accès à leur information
environnementale au-delà de ce qu’exige la législation
est souvent imparfait, tout comme la formalisation de
leurs mesures volontaires. La certification ISO 14001
démontre certes un engagement environnemental, mais
cette normalisation privée ne peut que complémenter la
législation environnementale. Elle ne saurait se
substituer à l’intervention de l’État dans la régulation de
l’environnement.
ISO 14001 certification serves as a model among
environmental management systems (EMSs) and is
increasingly being promoted to businesses by
government administrative bodies whose
responsibilities lie in protecting the environment. The
private standardization that ISO 14001 provides is thus
being transposed into public policies on the
environment to achieve larger objectives such as
conformity to environmental legislation and sustainable
development. Nonetheless, it remains with the state to
determine norms of environmental quality through its
laws and regulations, as the ISO 14001 norm itself does
not establish any substantial rules but merely aims to
confirm that a business has established an EMS. The
voluntary measures undertaken by businesses, while
reputedly more effective and flexible, can only provide
relative savings for the state. Without clear objectives
and without a degree of state control that is credible and
reliable, the environmental impact of EMSs may well
be limited. For example, external communications by
businesses are optional and usually only partial, and
access to their environmental information beyond that
which is required by legislation is often imperfect, as is
the formalization of their voluntary measures. ISO
14001 certification does indicate a commitment to the
environment, but private standardization may at best
only complement environmental legislation. It cannot
replace state intervention in the regulation of the
environment.